Jean-Baptiste Luccioni, Président du groupe Corse Social Démocrate à l’Assemblée de Corse et maire de Pietrosella.
- Pourquoi avez-vous participé à ce débat ?
- Notre mouvement politique, quand il est invité par un autre mouvement politique, quelqu’il soit, à venir débattre et préciser nos positions et notre façon de voir l’avenir de notre île, estime normal que nous répondions à cette invitation. Le débat a été riche et fort. Nous avons entendu des composantes non nationalistes et nationalistes, notamment Corsica Libera, affirmer que nous pouvons faire un bout de chemin ensemble sans transgresser les valeurs de chacun. Il est apparu que nous avons, au moins, la volonté d’avancer sur un chemin commun : celui de la paix. Je pense que c’est pour cela qu’il était important que nous soyons présent aujourd’hui.
- Vous avez été le 1er élu non nationaliste à vous prononcer pour le statut de résident. C’était assez inhabituel pour un élu de la classe traditionnelle ?
- Tout-à-fait. Je suis parti d’un constat, de mon vécu et de mon histoire. Mon parcours politique m’a conduit, avant de m’engager dans un parti plus régional et d’être élu territorial, à devenir maire d’une commune du littoral. Dans cette commune, Pietrosella, j’ai souhaité travailler et lutter contre l’exclusion sociale et générationnelle touchant des gens qui vivent en Corse et, en particulier, sur le bassin de vie d’Ajaccio. A Pietrosella, nous avons, donc, construit un document d’urbanisme, nous sommes même l’une des rares communes du littoral à en posséder un. Dans ce document d’urbanisme, nous avons acté des points forts comme le droit de préemption ou les lotissements communaux. Ce sont des outils techniques qui permettent, aujourd’hui, aux élus de proximité d’agir afin que les gens, qui habitent sur ce territoire, vivent mieux ensemble.
- Alors, qu’est-ce qui motive un statut de résident ?
- On s’aperçoit, malheureusement, qu’une fois que l’élu de proximité a mis en place tous ces outils, qu’il a agi à son niveau, il se heurte encore à des limites qui ne peuvent être franchies que par une vision politique de l’aménagement du territoire. L’exclusion sociale et générationnelle ne peut pas être combattue à travers la spéculation immobilière, elle ne peut l’être qu’à travers le statut de résident. C’est pour cela qu’il y a quelques années, je me suis prononcé pour le statut de résident.
- Est-ce, également, la position de votre groupe politique ?
- Tout à fait. J’ai été le 1er ou l’un des 1er élus non nationalistes à me prononcer en faveur du statut de résident. Ensuite, cette position a fait débat au sein de notre mouvement, des instances, du bureau et des militants. Nous avons, tous, acté, ensemble, que ce statut était une des solutions, pour ne pas dire la réponse adaptée à mettre en place pour lutter contre la spéculation foncière et immobilière. Mais, aussi pour lutter contre l’économie résidentielle que voulait mettre en place la majorité territoriale de la précédente mandature et qui est, pour nous, la négation de ce que doit être la vie sociétale en Corse. D’ailleurs, Corse Social Démocrate a fait campagne, lors des Territoriales de 2010, sur la possibilité d’instaurer un statut de résident.
- Fin août, votre parti tient son assemblée générale et doit trancher sa position sur la réforme institutionnelle. Qu’allez-vous proposer au vote des militants ?
- Nous allons, d’abord, travailler avec nos militants, comme c’est notre habitude à Corse Social Démocrate. Nous allons leur soumettre un document sur la réforme institutionnelle et constitutionnelle qui sera étudié dans les groupes de travail. Ceux-ci feront des propositions d’amendement et d’enrichissement du texte. Notre Assemblée générale, qui se tiendra fin août-début septembre, va, donc, enrichir et amender le texte. Elle va, ensuite, proposer au groupe politique, que je représente à la CTC, d’être la voix, la courroie de transmission entre les mandants et les mandataires. Nous pourrons, alors, nous prononcer lors du débat, prévu fin septembre à la CTC.
- Y êtes-vous favorable ?
- Je vous rappelle, quand même, que le groupe Corse Social Démocrate s’est prononcé, il y a plus de 17 ans, pour la collectivité unique. Nous nous sommes, ensuite, prononcés pour le statut de résident et pour la coofficialité de la langue corse. Nous avons, aujourd’hui, bien avancé sur la réforme institutionnelle que nous souhaitons. Mais, nous voulons aussi inclure, dans cette partie évolutionnelle, un volet sur l’intercommunalité qui, nous semble-t-il, lui fait défaut.
- C’est-à-dire ?
- Il faut qu’il y ait un lien de gouvernance entre l’Assemblée territoriale et les communes. Ce lien, qui fait partie des politiques de territorialisation, doit passer par les intercommunalités. Je pense, en particulier, aux deux plus grosses intercommunalités que sont Ajaccio et Bastia, mais aussi à toutes les communautés de communes qui sont en train de se créer sur notre territoire. Le but est que cette politique de territorialisation soit utilisée au meilleur moment et de la meilleure façon possible par les communes et par les politiques.
- Dans la majorité territoriale dont vous faites partie, le débat sur le statut de résident et la réforme est très dur, des groupes y sont opposés. Pensez-vous dégager une majorité ?
- Il faut laisser le temps au débat et aux propositions. Maria Guidicelli l’a bien rappelé, elle qui travaille énormément sur le PADDUC et qui souhaite un PADDUC co-construit. Dans ce PADDUC est introduite cette notion de statut de résident. Il faut que tous les groupes politiques à la CTC cheminent ensemble, travaillent et fassent des propositions. Je n’ai pas de doute sur le fait qu’on puisse arriver à trouver un consensus fort, comme nous avons pu le trouver sur le statut de la langue ou sur les orientations stratégiques du PADDUC.
- Etes-vous réellement confiant ?
- Peut-être que tous les groupes de la CTC ne seront pas présents ! Malheureusement, c’est déjà le cas sur ces deux sujets majeurs ! Mais, je pense que nous allons dégager une vraie majorité pour qu’au niveau national, Paris puisse avoir, comme l’a demandé Claude Bartolone, le Président de l’Assemblée nationale, l’expression de la majorité territoriale qui, bien sûr, doit être, ensuite, validée par un référendum.
- Pensez-vous que le gouvernement, qui, pour l’instant, fait la sourde oreille sur tout, va entendre ?
- Si on écoute les propos du Président de l’Assemblée nationale, la semaine dernière à Bonifacio, on s’aperçoit qu’il reprend à son compte les thèmes de campagne du Président François Hollande. On est peut-être à un tournant. Entre les positions du ministre de l’Intérieur et les positions fermées d’hier, Paris est en train d’évoluer. J’espère qu’il évoluera jusqu’à la convocation d’un Congrès afin que le Parlement et le Sénat se prononcent sur la volonté qu’auront exprimée le plus grand nombre d’élus à la CTC et surtout les Corses.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Notre mouvement politique, quand il est invité par un autre mouvement politique, quelqu’il soit, à venir débattre et préciser nos positions et notre façon de voir l’avenir de notre île, estime normal que nous répondions à cette invitation. Le débat a été riche et fort. Nous avons entendu des composantes non nationalistes et nationalistes, notamment Corsica Libera, affirmer que nous pouvons faire un bout de chemin ensemble sans transgresser les valeurs de chacun. Il est apparu que nous avons, au moins, la volonté d’avancer sur un chemin commun : celui de la paix. Je pense que c’est pour cela qu’il était important que nous soyons présent aujourd’hui.
- Vous avez été le 1er élu non nationaliste à vous prononcer pour le statut de résident. C’était assez inhabituel pour un élu de la classe traditionnelle ?
- Tout-à-fait. Je suis parti d’un constat, de mon vécu et de mon histoire. Mon parcours politique m’a conduit, avant de m’engager dans un parti plus régional et d’être élu territorial, à devenir maire d’une commune du littoral. Dans cette commune, Pietrosella, j’ai souhaité travailler et lutter contre l’exclusion sociale et générationnelle touchant des gens qui vivent en Corse et, en particulier, sur le bassin de vie d’Ajaccio. A Pietrosella, nous avons, donc, construit un document d’urbanisme, nous sommes même l’une des rares communes du littoral à en posséder un. Dans ce document d’urbanisme, nous avons acté des points forts comme le droit de préemption ou les lotissements communaux. Ce sont des outils techniques qui permettent, aujourd’hui, aux élus de proximité d’agir afin que les gens, qui habitent sur ce territoire, vivent mieux ensemble.
- Alors, qu’est-ce qui motive un statut de résident ?
- On s’aperçoit, malheureusement, qu’une fois que l’élu de proximité a mis en place tous ces outils, qu’il a agi à son niveau, il se heurte encore à des limites qui ne peuvent être franchies que par une vision politique de l’aménagement du territoire. L’exclusion sociale et générationnelle ne peut pas être combattue à travers la spéculation immobilière, elle ne peut l’être qu’à travers le statut de résident. C’est pour cela qu’il y a quelques années, je me suis prononcé pour le statut de résident.
- Est-ce, également, la position de votre groupe politique ?
- Tout à fait. J’ai été le 1er ou l’un des 1er élus non nationalistes à me prononcer en faveur du statut de résident. Ensuite, cette position a fait débat au sein de notre mouvement, des instances, du bureau et des militants. Nous avons, tous, acté, ensemble, que ce statut était une des solutions, pour ne pas dire la réponse adaptée à mettre en place pour lutter contre la spéculation foncière et immobilière. Mais, aussi pour lutter contre l’économie résidentielle que voulait mettre en place la majorité territoriale de la précédente mandature et qui est, pour nous, la négation de ce que doit être la vie sociétale en Corse. D’ailleurs, Corse Social Démocrate a fait campagne, lors des Territoriales de 2010, sur la possibilité d’instaurer un statut de résident.
- Fin août, votre parti tient son assemblée générale et doit trancher sa position sur la réforme institutionnelle. Qu’allez-vous proposer au vote des militants ?
- Nous allons, d’abord, travailler avec nos militants, comme c’est notre habitude à Corse Social Démocrate. Nous allons leur soumettre un document sur la réforme institutionnelle et constitutionnelle qui sera étudié dans les groupes de travail. Ceux-ci feront des propositions d’amendement et d’enrichissement du texte. Notre Assemblée générale, qui se tiendra fin août-début septembre, va, donc, enrichir et amender le texte. Elle va, ensuite, proposer au groupe politique, que je représente à la CTC, d’être la voix, la courroie de transmission entre les mandants et les mandataires. Nous pourrons, alors, nous prononcer lors du débat, prévu fin septembre à la CTC.
- Y êtes-vous favorable ?
- Je vous rappelle, quand même, que le groupe Corse Social Démocrate s’est prononcé, il y a plus de 17 ans, pour la collectivité unique. Nous nous sommes, ensuite, prononcés pour le statut de résident et pour la coofficialité de la langue corse. Nous avons, aujourd’hui, bien avancé sur la réforme institutionnelle que nous souhaitons. Mais, nous voulons aussi inclure, dans cette partie évolutionnelle, un volet sur l’intercommunalité qui, nous semble-t-il, lui fait défaut.
- C’est-à-dire ?
- Il faut qu’il y ait un lien de gouvernance entre l’Assemblée territoriale et les communes. Ce lien, qui fait partie des politiques de territorialisation, doit passer par les intercommunalités. Je pense, en particulier, aux deux plus grosses intercommunalités que sont Ajaccio et Bastia, mais aussi à toutes les communautés de communes qui sont en train de se créer sur notre territoire. Le but est que cette politique de territorialisation soit utilisée au meilleur moment et de la meilleure façon possible par les communes et par les politiques.
- Dans la majorité territoriale dont vous faites partie, le débat sur le statut de résident et la réforme est très dur, des groupes y sont opposés. Pensez-vous dégager une majorité ?
- Il faut laisser le temps au débat et aux propositions. Maria Guidicelli l’a bien rappelé, elle qui travaille énormément sur le PADDUC et qui souhaite un PADDUC co-construit. Dans ce PADDUC est introduite cette notion de statut de résident. Il faut que tous les groupes politiques à la CTC cheminent ensemble, travaillent et fassent des propositions. Je n’ai pas de doute sur le fait qu’on puisse arriver à trouver un consensus fort, comme nous avons pu le trouver sur le statut de la langue ou sur les orientations stratégiques du PADDUC.
- Etes-vous réellement confiant ?
- Peut-être que tous les groupes de la CTC ne seront pas présents ! Malheureusement, c’est déjà le cas sur ces deux sujets majeurs ! Mais, je pense que nous allons dégager une vraie majorité pour qu’au niveau national, Paris puisse avoir, comme l’a demandé Claude Bartolone, le Président de l’Assemblée nationale, l’expression de la majorité territoriale qui, bien sûr, doit être, ensuite, validée par un référendum.
- Pensez-vous que le gouvernement, qui, pour l’instant, fait la sourde oreille sur tout, va entendre ?
- Si on écoute les propos du Président de l’Assemblée nationale, la semaine dernière à Bonifacio, on s’aperçoit qu’il reprend à son compte les thèmes de campagne du Président François Hollande. On est peut-être à un tournant. Entre les positions du ministre de l’Intérieur et les positions fermées d’hier, Paris est en train d’évoluer. J’espère qu’il évoluera jusqu’à la convocation d’un Congrès afin que le Parlement et le Sénat se prononcent sur la volonté qu’auront exprimée le plus grand nombre d’élus à la CTC et surtout les Corses.
Propos recueillis par Nicole MARI.
Jean-Baptiste Luccioni aux Ghjurnate di Corti en compagnie de Pierre Ghionga et de Maria Guidicelli.