Jean-Martin Mondoloni, conseiller territorial du groupe Le Rassemblement et leader du mouvement "Une Nouvelle Corse".
- La Droite s’est abstenue au moment du vote du rapport sur le revenu universel. Pourquoi ?
- Sur la forme d’abord, ce sujet n’est pas dans le champ de compétences que nous a conféré le législateur. Il y a beaucoup de sujets dont il faut s’occuper dans cette collectivité ! Même s’il n’est jamais vain de réfléchir, charger encore la barque avec une Commission, qui ne correspond pas à nos compétences, est, déjà, en soi, un problème ! Comme cela a été souligné dans les récents débats de la Primaire de Gauche, il faut, enduite, considérer le coût initial de cette affaire.
- Sur le fond, êtes-vous totalement réfractaires au principe ?
- Oui ! Nous ne sommes pas des Ultralibéraux, nous sommes simplement des Libéraux : nous croyons à la valeur du travail. Ensuite, mécaniquement, là où vous créez des revenus, vous augmentez le pouvoir d’achat, donc, vous augmentez les prix. Je vous renvoie, notamment, au RSA (Revenu de solidarité active) qui a augmenté le prix des loyers. Ce système donnera deux catégories de gens, ceux qui seront rémunérés sur le dos des actifs, et les actifs qui produiront de la richesse. Parce qu’il faudra bien produire des richesses pour rémunérer les inactifs ! Pour cela, il faudra des actifs ! Le cercle n’est pas vertueux du tout !
- Le Sénat, de majorité de droite, vient, pourtant, de sortir un rapport sur le sujet. Des pays, comme l’Islande, l’expérimentent. Le revenu universel, n’est-ce pas dans l’air du temps ?
- Ce n’est pas du tout dans l’air du temps ! Cela fait cinq siècles que la question est posée ! Elle l’a été, pour la première fois, par un humaniste judéo-chrétien du 16ème siècle, Rivès, qui avait été le premier à dénoncer le bizutage parce qu’il avait été maltraité à la Sorbonne. Il s’est intéressé à ce sujet et avait interdit la pauvreté ! Sauf que ça fait cinq siècles que cette théorie se heurte au modèle du travail. Que le Sénat amorce des réflexions sur le sujet, comme des régions ou des communes peuvent le faire, rien ne l’interdit… mais ce n’est pas pour autant que cette idée court ! Ce n’est pas parce qu’un candidat à l’élection présidentielle s’est saisi de façon assez habile et opportune de ce sujet que la mise en œuvre de ce revenu sera opérante dans les mois ou les années qui viennent.
- Les Nationalistes sont partisans d’une expérimentation de ce revenu dans l’île, à l’instar d’autres régions, comme La Gironde. Qu’en pensez-vous ?
- On croit rêver ! Les bras m’en tombent ! Nous avons eu, jeudi, à l’Assemblée de Corse, un débat d’orientations budgétaires avec des gens qui nous expliquent que nous sommes dans une situation difficilement tenable, notamment sur l’emprunt, sur la structure financière de plus en plus fragile de la collectivité territoriale (CTC). Le lendemain de cet exercice budgétaire contraint, notamment dans la perspective de la fusion avec les deux autres collectivités, on nous propose l’étude du revenu universel dont les coûts sont, en termes d’estimation, complètement hors des clous de ce que peut imaginer faire, demain, à moyen ou à long terme, la CTC !
- Serez-vous d’accord pour faire un test ?
- Je suis résolument contre le fait qu’en Corse, on initie ce projet. Se rend-on compte du message qui est délivré aux plus jeunes notamment, à qui on essaye de faire valoir le sens de l’effort, la vertu pédagogique du travail. Nos vieux travaillaient ! Le travail ne leur faisait pas peur ! Nous venons de là ! Il faut se souvenir que nous sommes les petits-enfants et les arrière-petits-enfants de gens qui ont labouré la terre et qui nous ont légué en héritage un code d’honneur sociétal qui passe par la valeur travail.
- Le candidat PS aux Présidentielles, Benoit Hamon, dit que c’est une alternative à la disparition des emplois et du travail. Comment réagissez-vous à cette nouvelle donne ?
- Je crois à la liberté d’action de l’individu. Que le monde du travail soit en train de changer, notamment avec les pratiques numériques, c’est une chose ! De là à dire que le travail n’existera plus à court terme, je vous renvoie aux thèses y compris des défenseurs du système, qui ne sont pas du tout d’accord avec l’analyse de Benoit Hamon sur le sujet. Ne pas travailler a un coût ! Il faut mettre en œuvre des mécanismes de solidarité à l’égard des plus démunis, de ceux qui sont sans emploi, et travailler sur une meilleure redistribution des richesses. C’est ma fibre sociale qui parle, mais de là à dire qu’on va créer un revenu universel !
- Est-ce, pour vous, une utopie ?
- Oui ! On essaye de vendre du rêve et de l’illusion ! On essaye de vendre des messages à l’opinion. Mais, je crois qu’au-delà des aspects matériels, de coût et de financement, le premier message qu’on envoie à l’opinion, ne serait-ce qu’en créant ce type de Commission, c’est la prime à l’oisiveté, c’est une sorte de prime au mérite à la paresse ! C’est ravageur en termes de modèle sociétal ! Nous sommes résolument contre cette idée !
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Sur la forme d’abord, ce sujet n’est pas dans le champ de compétences que nous a conféré le législateur. Il y a beaucoup de sujets dont il faut s’occuper dans cette collectivité ! Même s’il n’est jamais vain de réfléchir, charger encore la barque avec une Commission, qui ne correspond pas à nos compétences, est, déjà, en soi, un problème ! Comme cela a été souligné dans les récents débats de la Primaire de Gauche, il faut, enduite, considérer le coût initial de cette affaire.
- Sur le fond, êtes-vous totalement réfractaires au principe ?
- Oui ! Nous ne sommes pas des Ultralibéraux, nous sommes simplement des Libéraux : nous croyons à la valeur du travail. Ensuite, mécaniquement, là où vous créez des revenus, vous augmentez le pouvoir d’achat, donc, vous augmentez les prix. Je vous renvoie, notamment, au RSA (Revenu de solidarité active) qui a augmenté le prix des loyers. Ce système donnera deux catégories de gens, ceux qui seront rémunérés sur le dos des actifs, et les actifs qui produiront de la richesse. Parce qu’il faudra bien produire des richesses pour rémunérer les inactifs ! Pour cela, il faudra des actifs ! Le cercle n’est pas vertueux du tout !
- Le Sénat, de majorité de droite, vient, pourtant, de sortir un rapport sur le sujet. Des pays, comme l’Islande, l’expérimentent. Le revenu universel, n’est-ce pas dans l’air du temps ?
- Ce n’est pas du tout dans l’air du temps ! Cela fait cinq siècles que la question est posée ! Elle l’a été, pour la première fois, par un humaniste judéo-chrétien du 16ème siècle, Rivès, qui avait été le premier à dénoncer le bizutage parce qu’il avait été maltraité à la Sorbonne. Il s’est intéressé à ce sujet et avait interdit la pauvreté ! Sauf que ça fait cinq siècles que cette théorie se heurte au modèle du travail. Que le Sénat amorce des réflexions sur le sujet, comme des régions ou des communes peuvent le faire, rien ne l’interdit… mais ce n’est pas pour autant que cette idée court ! Ce n’est pas parce qu’un candidat à l’élection présidentielle s’est saisi de façon assez habile et opportune de ce sujet que la mise en œuvre de ce revenu sera opérante dans les mois ou les années qui viennent.
- Les Nationalistes sont partisans d’une expérimentation de ce revenu dans l’île, à l’instar d’autres régions, comme La Gironde. Qu’en pensez-vous ?
- On croit rêver ! Les bras m’en tombent ! Nous avons eu, jeudi, à l’Assemblée de Corse, un débat d’orientations budgétaires avec des gens qui nous expliquent que nous sommes dans une situation difficilement tenable, notamment sur l’emprunt, sur la structure financière de plus en plus fragile de la collectivité territoriale (CTC). Le lendemain de cet exercice budgétaire contraint, notamment dans la perspective de la fusion avec les deux autres collectivités, on nous propose l’étude du revenu universel dont les coûts sont, en termes d’estimation, complètement hors des clous de ce que peut imaginer faire, demain, à moyen ou à long terme, la CTC !
- Serez-vous d’accord pour faire un test ?
- Je suis résolument contre le fait qu’en Corse, on initie ce projet. Se rend-on compte du message qui est délivré aux plus jeunes notamment, à qui on essaye de faire valoir le sens de l’effort, la vertu pédagogique du travail. Nos vieux travaillaient ! Le travail ne leur faisait pas peur ! Nous venons de là ! Il faut se souvenir que nous sommes les petits-enfants et les arrière-petits-enfants de gens qui ont labouré la terre et qui nous ont légué en héritage un code d’honneur sociétal qui passe par la valeur travail.
- Le candidat PS aux Présidentielles, Benoit Hamon, dit que c’est une alternative à la disparition des emplois et du travail. Comment réagissez-vous à cette nouvelle donne ?
- Je crois à la liberté d’action de l’individu. Que le monde du travail soit en train de changer, notamment avec les pratiques numériques, c’est une chose ! De là à dire que le travail n’existera plus à court terme, je vous renvoie aux thèses y compris des défenseurs du système, qui ne sont pas du tout d’accord avec l’analyse de Benoit Hamon sur le sujet. Ne pas travailler a un coût ! Il faut mettre en œuvre des mécanismes de solidarité à l’égard des plus démunis, de ceux qui sont sans emploi, et travailler sur une meilleure redistribution des richesses. C’est ma fibre sociale qui parle, mais de là à dire qu’on va créer un revenu universel !
- Est-ce, pour vous, une utopie ?
- Oui ! On essaye de vendre du rêve et de l’illusion ! On essaye de vendre des messages à l’opinion. Mais, je crois qu’au-delà des aspects matériels, de coût et de financement, le premier message qu’on envoie à l’opinion, ne serait-ce qu’en créant ce type de Commission, c’est la prime à l’oisiveté, c’est une sorte de prime au mérite à la paresse ! C’est ravageur en termes de modèle sociétal ! Nous sommes résolument contre cette idée !
Propos recueillis par Nicole MARI.