Voici le texte de son discours :
« Pour débuter, je vous présente à toutes et à tous mes vœux sincères de pace è salute. Que 2020 vous apporte joie, bonheur et amour. En ce début d’année, je veux avoir une pensée pour tous ceux qui souffrent d’un deuil, d’une maladie, ceux qui sont seuls, hospitalisés ou en prison. Que cette année soit plus sereine et qu’ils soient assurés que notre Assemblée poursuit son travail en faveur d’un avenir solidaire et apaisé.
Je veux également avoir une pensée pour le Docteur Jean-Charles Vellutini, décédé il y a quelques jours. Il était l’époux de notre ancienne collègue Dorothée Vellutini. Jean-Charles Vellutini avait joué un grand rôle dans la prise de conscience relative aux conséquences en Corse de la catastrophe de Tchernobyl et avait participé très activement aux travaux de notre Assemblée sur cet important dossier.
Pensons aussi à notre ancien collègue, Marceau Simeoni, qui a connu un deuil très cruel. Nous sommes à ses côtés et aux côtés de sa famille.
On dit en corse : « chì vole a pace, a face », « qui veut la paix, la fait ». Je veux rappeler qu’un grand pas vers la paix a été fait en 2014 par le FLNC avec sa décision de mettre un terme à la lutte armée. Pourtant, l’année nouvelle s’ouvre aussi par le procès à Paris de militants nationalistes. Bien entendu, je les assure de tout mon soutien et espérons que l’Etat français sera, lui aussi, dans une logique de justice et d’apaisement, pour l’avenir de ces militants et pour l’avenir de la Corse.
La paix ! C’est ce que, nous, les Corses, voulons ; c’est ce dont a besoin le Monde. Mais pour y parvenir, il nous faut d’abord relever trois défis de taille, trois enjeux : celui du climat, celui de la justice sociale et celui que Camus appelait « la civilisation mécanique ». Il avait utilisé cette expression après le lancement de la bombe atomique sur Hiroshima. Alors que de grands titres de presse parlaient de révolution scientifique ou de succès technique, Albert Camus, lui, le 8 août 1945, dans l’éditorial de Combat, écrivait : « la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie ». Il ajoutait : « Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques ». Bien que Camus soit mort il y a soixante ans, ses mots ont la même résonance aujourd’hui et, ces derniers temps, ils font peut-être encore plus sens que jamais. L’actualité nous le rappelle.
En décembre, notre assemblée a voté pour déclarer l’urgence climatique et écologique. Deux jours après ce vote, la tempête Fabien est venue confirmer, s’il en était besoin, la nécessité de se préoccuper davantage de la préservation de l’environnement. Elle a confirmé la nécessité d’agir rapidement pour lutter contre le réchauffement climatique et celle de mettre en place des moyens d’urgence. Nous l’avons vu, la situation de crise a été parfaitement gérée par la compagnie Air Corsica – que nous félicitons à nouveau – mais Fabien nous a également rappelé qu’il est urgent d’adapter nos infrastructures à ces changements du climat.
Par ailleurs, voilà maintenant plusieurs mois que l’Australie brûle. Pour se faire une idée, elle a perdu sept fois la superficie de la Corse, 25 personnes sont mortes, des millions d’animaux également, de nombreux habitants ont dû quitter leur maison, leur village... Malheureusement, ce drame se poursuit.
La transition démographique que nous vivons, avec une augmentation du nombre de personnes âgées et de la population au niveau mondial, doit nous conduire à imaginer de nouveaux mécanismes de solidarité, entre les générations, entre les plus puissants et les plus faibles. En ce sens, la justice sociale représente un enjeu majeur, pour la Corse, pour la France et pour le monde entier. Le mouvement de grève relatif aux retraites est le meilleur exemple d’une demande de maintien d’un bien commun. Peu importe l’universalité du régime des retraites. Ce qui compte, c’est l’universalité de la dignité des gens et des travailleurs, par exemple face aux mutations à venir du travail avec la robotisation.
Enfin, dans l’actualité, il y a le conflit entre les Etats-Unis et l’Iran. Cela nous rappelle à quel point le monde dans lequel nous vivons peut être inquiétant. Dans notre monde, aujourd’hui, la technologie permet de tuer un homme avec un tir de précision de drone mais elle ne permet pas de venir à bout des incendies en Australie. Aujourd’hui, au nom du progrès, nous abîmons notre monde.
Alors, revenons à l’éditorial de Combat. Il nous dit : « Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier [...] On nous apprend en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes, que n'importe quelle ville d'importance
moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football ». Comme Camus, nous sommes conscients des dangers, nous sommes conscients des malheurs possibles mais nous sommes également remplis d’espoir et de volonté. »
« Pour débuter, je vous présente à toutes et à tous mes vœux sincères de pace è salute. Que 2020 vous apporte joie, bonheur et amour. En ce début d’année, je veux avoir une pensée pour tous ceux qui souffrent d’un deuil, d’une maladie, ceux qui sont seuls, hospitalisés ou en prison. Que cette année soit plus sereine et qu’ils soient assurés que notre Assemblée poursuit son travail en faveur d’un avenir solidaire et apaisé.
Je veux également avoir une pensée pour le Docteur Jean-Charles Vellutini, décédé il y a quelques jours. Il était l’époux de notre ancienne collègue Dorothée Vellutini. Jean-Charles Vellutini avait joué un grand rôle dans la prise de conscience relative aux conséquences en Corse de la catastrophe de Tchernobyl et avait participé très activement aux travaux de notre Assemblée sur cet important dossier.
Pensons aussi à notre ancien collègue, Marceau Simeoni, qui a connu un deuil très cruel. Nous sommes à ses côtés et aux côtés de sa famille.
On dit en corse : « chì vole a pace, a face », « qui veut la paix, la fait ». Je veux rappeler qu’un grand pas vers la paix a été fait en 2014 par le FLNC avec sa décision de mettre un terme à la lutte armée. Pourtant, l’année nouvelle s’ouvre aussi par le procès à Paris de militants nationalistes. Bien entendu, je les assure de tout mon soutien et espérons que l’Etat français sera, lui aussi, dans une logique de justice et d’apaisement, pour l’avenir de ces militants et pour l’avenir de la Corse.
La paix ! C’est ce que, nous, les Corses, voulons ; c’est ce dont a besoin le Monde. Mais pour y parvenir, il nous faut d’abord relever trois défis de taille, trois enjeux : celui du climat, celui de la justice sociale et celui que Camus appelait « la civilisation mécanique ». Il avait utilisé cette expression après le lancement de la bombe atomique sur Hiroshima. Alors que de grands titres de presse parlaient de révolution scientifique ou de succès technique, Albert Camus, lui, le 8 août 1945, dans l’éditorial de Combat, écrivait : « la civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie ». Il ajoutait : « Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques ». Bien que Camus soit mort il y a soixante ans, ses mots ont la même résonance aujourd’hui et, ces derniers temps, ils font peut-être encore plus sens que jamais. L’actualité nous le rappelle.
En décembre, notre assemblée a voté pour déclarer l’urgence climatique et écologique. Deux jours après ce vote, la tempête Fabien est venue confirmer, s’il en était besoin, la nécessité de se préoccuper davantage de la préservation de l’environnement. Elle a confirmé la nécessité d’agir rapidement pour lutter contre le réchauffement climatique et celle de mettre en place des moyens d’urgence. Nous l’avons vu, la situation de crise a été parfaitement gérée par la compagnie Air Corsica – que nous félicitons à nouveau – mais Fabien nous a également rappelé qu’il est urgent d’adapter nos infrastructures à ces changements du climat.
Par ailleurs, voilà maintenant plusieurs mois que l’Australie brûle. Pour se faire une idée, elle a perdu sept fois la superficie de la Corse, 25 personnes sont mortes, des millions d’animaux également, de nombreux habitants ont dû quitter leur maison, leur village... Malheureusement, ce drame se poursuit.
La transition démographique que nous vivons, avec une augmentation du nombre de personnes âgées et de la population au niveau mondial, doit nous conduire à imaginer de nouveaux mécanismes de solidarité, entre les générations, entre les plus puissants et les plus faibles. En ce sens, la justice sociale représente un enjeu majeur, pour la Corse, pour la France et pour le monde entier. Le mouvement de grève relatif aux retraites est le meilleur exemple d’une demande de maintien d’un bien commun. Peu importe l’universalité du régime des retraites. Ce qui compte, c’est l’universalité de la dignité des gens et des travailleurs, par exemple face aux mutations à venir du travail avec la robotisation.
Enfin, dans l’actualité, il y a le conflit entre les Etats-Unis et l’Iran. Cela nous rappelle à quel point le monde dans lequel nous vivons peut être inquiétant. Dans notre monde, aujourd’hui, la technologie permet de tuer un homme avec un tir de précision de drone mais elle ne permet pas de venir à bout des incendies en Australie. Aujourd’hui, au nom du progrès, nous abîmons notre monde.
Alors, revenons à l’éditorial de Combat. Il nous dit : « Le monde est ce qu'il est, c'est-à-dire peu de chose. C'est ce que chacun sait depuis hier [...] On nous apprend en effet, au milieu d'une foule de commentaires enthousiastes, que n'importe quelle ville d'importance
moyenne peut être totalement rasée par une bombe de la grosseur d'un ballon de football ». Comme Camus, nous sommes conscients des dangers, nous sommes conscients des malheurs possibles mais nous sommes également remplis d’espoir et de volonté. »