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Jean-Martin Mondoloni, candidat aux Territoriales pour conduire les espoirs de la Droite régionaliste


Nicole Mari le Vendredi 1 Septembre 2017 à 23:21

Comme on s’y attendait, le leader de la « Nouvelle Corse » et conseiller territorial du groupe « Le Rassemblement », Jean-Martin Mondoloni, conduira sa propre liste aux élections territoriales des 10 et 17 décembre prochains. Deuxième candidat de la famille libérale à se déclarer après Valérie Bozzi pour LR (Les Républicains), le chef de file de la droite régionaliste entend surfer sur son score des Législatives et continuer à marteler sa différence. Défendant une Droite ouverte, émancipée des tutelles parisiennes, profondément régionaliste et autonomiste, il explique, à Corse Net Infos, qu’il veut rassembler sur une vision de la Corse et non sur un Mercato. Son programme, intitulé « Sapè », reste axé sur un triptyque : Salute, Prufessiunalisazione, Ecunumia (Santé, Formation, Economie).



Jean-Martin Mondoloni, leader de la « Nouvelle Corse » et conseiller territorial du groupe « Le Rassemblement ».
Jean-Martin Mondoloni, leader de la « Nouvelle Corse » et conseiller territorial du groupe « Le Rassemblement ».
- Conduirez-vous votre propre liste aux élections territoriales de décembre ?
- Oui ! Ce n’est pas une surprise ! Avec Valérie Bozzi et d’autres, nous avons arrêté l’idée que l’expression de la Droite devait s’opérer sur deux courants : un courant légitimiste et un courant régionaliste. Dans ce cadre, j’avais vocation à conduire les espoirs de la Droite régionaliste, mouvement que j’essaie d’incarner, trop discrètement à ses débuts m’a-t-on assez reproché, moins discrètement lors des élections législatives de juin dernier. Mon score, somme toute satisfaisant, a démontré qu’il y avait bien une place pour ce courant.
 
- Est-ce ce résultat et les soutiens dont vous avez bénéficié en juin qui vous ont poussé à constituer votre propre liste ?
- Oui ! Toux ceux, qui m’ont accompagné aux législatives, m’ont confirmé leurs soutiens. D’autres viennent s’agréger pour conforter la démarche. Ce qui me conduit à penser que ma candidature a toute sa pertinence dans le paysage politique. Mais la liste, que je suis en train de constituer, n’aura de sens que si nous avons, en commun et en partage, un socle idéologique. C’est la raison pour laquelle la première décision, que j’ai prise, a été de demander à Christophe Mori, qui est hydrobiologiste et universitaire, d’être le chef du projet que je porterai. Il me donnera, d’ici à une quinzaine, les trames de la base programmatique sur laquelle je m’engagerai auprès des électeurs.
 
- Quels seront les grands axes de votre projet ?
- Il sera basé sur une plateforme appelée « Sapè », ce qui, en corse, veut dire « savoir ». Ce nom, en référence à l’économie du savoir, est un acronyme : Sa pour Salute, P pour Prufessiunalisazione, et E pour Ecunumia. Le triptyque de mon engagement part de l’idée que les préoccupations des Corses sont de trois ordres : la santé, la formation et l’économie. C’est, aussi, en pleine sécheresse, un symbole de faire appel à un hydrobiologiste.
 
- Votre liste sera-t-elle centrée à droite ou politiquement plus ouverte ?
- Ma liste sera régionaliste. Je souhaite faire appel à des membres de la société civile et, pourquoi pas, s’ils le souhaitent, à des personnalités du Centre gauche. Je ne ferme aucune porte, je ne m’enferme ni dans un dogme, ni dans une doctrine ! Je suis un pragmatique. Des gens de Gauche peuvent être en phase avec l’idée que je me fais de mon engagement au service de la Corse. Si la base programmatique que je présenterai leur agrée, nous avons vocation à nous rejoindre à un moment ou à un autre. Je dévoilerai, après les fêtes religieuses, les noms des personnes qui m’accompagneront pour soutenir, à la fois, cette démarche et le projet.
 
- Quelle est la ligne forte de votre démarche ?
- Cette démarche prend appui sur une ligne politique claire. Je suis pour une large autonomie dans le cadre d’un Etat fédéraliste qui peut donner toutes ses compétences et tous ses moyens à de grandes régions, au premier rang desquelles : la Corse. Cela doit rester dans un horizon indépassable : celui de l’appartenance au modèle républicain français. L’horizon indépassable, c’est l’indépendance !
 
- L’indépendance, est-ce vraiment une perspective d’actualité ?
-  On a bien vu, aux dernières Ghjurnate di Corti, que la majorité territoriale a fait ce choix, assumé et revendiqué. Elle a basculé dans, ce qu’elle appelle, « un processus d’émancipation et d’autodétermination ». Elle met une sémantique pour modérer les craintes, mais cela n’en reste pas moins prégnant, elle va vers un modèle d’indépendance ! Ce n’est pas blâmable, mais ce n’est pas le modèle que je privilégie. Une fois cette ligne politique clairement posée, il faut proposer un programme et expliquer aux gens pourquoi on s’engage, sans quoi ils nous suspectent de vouloir une place… Je me suis engagé en politique parce que j’ai des convictions et des idées. Je veux arriver, un jour, au pouvoir pour mettre en œuvre mes idées sur la base de mes convictions et de ma ligne politique.
 
- Aujourd’hui, tout le monde revendique l’autonomie. Dans cette quasi-unanimité, comment vous différenciez ?
- Je suis un autonomiste. Pour moi, les territoires doivent obtenir de l’Etat central davantage de respiration en matière de finances, de moyens et de compétences. Quand je parle du cadre républicain, ce n’est pas le cadre habituel avec ses tentations centralisatrices, mais un cadre républicain complètement revisité. Dans ce cadre-là, il y a des autonomistes de droite et des autonomistes de gauche. Rien n’interdit qu’à terme, on puisse s’entendre.
 
- L’autre liste de droite, celle LR de Valérie Bozzi, n’est pas sur cette ligne-là.  Vous n’êtes pas très compatibles ! Une fusion au 2nd tour est-elle envisageable ?
- Comment voulez-vous que je réponde à cette question aujourd’hui ! Comment peut-on envisager de fusionner quand ni les uns, ni les autres n’ont dévoilé les idées qui prévalent dans leur engagement ? On ne pourra répondre à cette question qu’une fois que les idées seront sur la table, alors nous pourrons dire si, oui ou non, elles sont compatibles. Néanmoins, cela n’étonnera personne de dire que la Droite a vocation à se rapprocher de la Droite ! Mais on ne fusionne pas parce qu’on se sent de droite ! On fusionne au prix d’efforts partagés, d’une ligne politique en commun et parce qu’on veut gagner les élections pour mettre en œuvre ce socle idéologique !
 
- Gilles Simeoni a signifié sa volonté d’ouverture et de rassemblement de l’ensemble des forces vives de l’île. Ne seriez-vous pas compatible pour une telle union ?
- La vraie question n’est pas de s’unir, mais de s’unir pourquoi ? Ce n’est pas de savoir avec qui on va, mais pourquoi on y va. Si Gilles Simeoni dit qu’il privilégie l’autonomie dans le cadre de la République, il peut trouver non seulement Jean-Martin Mondoloni, mais aussi nombre de personnes à ses côtés. S’il va, comme il semble en prendre le chemin, vers un processus d’émancipation qui tend vers l’indépendance, c’est un signe de divergence qui, pour l’heure, nous interdit de travailler ensemble. On ne peut pas mettre tout le monde dans la même marmite en disant : « On s’entend sur une base programmatique et on verra plus tard pour l’indépendance ». Non ! Le temps est venu de clarifier les choses. Si elles sont claires, on ne peut pas exclure, à priori, des passerelles. Mais, il ne s’agit, pour ma part, ni de retourner à un conservatisme de mauvais aloi qui prévalait dans les années 90, ni de se jeter dans les bras des Indépendantistes ! Entre les deux, il y a un espace politique à ouvrir afin que les électeurs puissent choisir en leur âme et conscience.
 
- La candidature de Valérie Bozzi a creusé les divisions chez les LR. Est-ce une chance, pour vous ?
- J’ai, pour principe, de ne jamais commenter les prises de position individuelles de mes concurrents, moins encore celles concernant une femme que j’ai rencontré, apprécié et qui a eu le courage de s’engager dans une démarche ! Ceux qui pensent que je peux me réjouir des difficultés de mes amis politique se trompent, je ne tomberai pas dans ce piège grossier !
 
- A trois mois du scrutin, que vous inspire cette crise de la droite ?
- La Droite, comme toutes les familles politiques, doit être en adéquation avec les évolutions sociétales. Depuis décembre 2015, ensuite avec l’élection présidentielle, une mutation sociale s’est opérée, les formations politiques, comme les engagements individuels, doivent s’y adapter. C’est, dans ce cadre-là, que je m’inscris. Comme dans les autres formations, certains à Droite sont traversés par l’idée qu’il faut, maintenant, imaginer le monde de demain, là où d’autres voudraient reconstituer les repères d’hier !
 
- L’échec de la Droite traditionnelle aux Législatives ne vous inquiète-t-il pas ?
- Non ! Ma propre candidature est précisément motivée, non par un échec, mais par le succès relatif que les observateurs m’ont prêté. C’était ma première candidature, on ne m’accordait guère de chance quand je l’ai annoncée. On me prédisait quelques centaines de vois, j’en ai recueilli 4700 et j’ai fait jeu égal avec une candidate bardée de soutiens, d’investitures et d’autres appuis considérables. C’est bien la preuve qu’une nouvelle offre politique doit être mise sur la table et qu’il y a une attente de changement, y compris dans ma famille politique. Je souhaite incarner ce changement, donner une chance à une offre nouvelle. Je ne veux pas faire du neuf avec du vieux, moins encore du vieux avec du neuf ! Nous avons la capacité de produire, en termes d’idées et de pratique, du renouvellement, à faire émerger de nouveaux talents, et Dieu sait s’il y en a ! Mon intention est de poursuivre la démarche, bien au-delà de cette élection.
 
- C’est-à-dire ?
- Ce dont souffre ma famille politique, aujourd’hui, c’est son incapacité chronique à faire émerger une force militante, un corps idéologique et un cap stratégique. On ne peut pas se retrouver, tous les deux ou trois ans, lors d’élections avec pour fonction dominante d’organiser un Mercato. Ce n’est plus possible ! Dans les mois et les années qui viennent, notre devoir sera de créer une formation politique qui nous amènera aux prochaines élections dans des conditions beaucoup plus sereines. Je m’y attellerai dès janvier 2018.
 
- Dans ce moment critique, la présence de deux listes ne risque-t-elle pas de fragiliser encore plus le camp libéral ?
- Non ! Ce qui fragiliserait la droite, c’est l’atomisation de l’offre ! Deux listes, c’est, tout à fait, raisonnable ! Il y a deux courants, donc deux listes, les électeurs le comprennent très bien. Cela ne choque personne. Il y a deux listes à Gauche, deux listes chez les Nationalistes… Toutes les élections territoriales, sans aucune exception, ont été gagnées grâce à l’expression de la diversité au 1er tour. Maintenant, s’il devait y avoir d’autres velléités de liste, ce serait suicidaire ! Cela favoriserait naturellement nos adversaires, alors qu’on peut canaliser, sur les deux listes existantes, des tentations de candidature.
 
- Quel objectif vous fixez-vous en termes de score au 1er tour?
- Je m’engage dans une élection pour gagner, ce sera aux électeurs de décider. On prête, aujourd’hui, de façon hégémonique, aux Nationalistes, un pouvoir sans partage. Sur la base d’un 1er tour, ils n’ont jamais dépassé 30% des voix. Il y a, quand même, 70% de l’électorat qui n’est pas devenu nationaliste ! La dernière fois, Paul Giacobbi avait, avant le scrutin, partie gagnée ! Pour les présidentielles, François Fillon avait, aussi, partie gagnée ! Pour les Législatives, Camille de Rocca Serra avait, lui aussi, partie gagnée ! On peut être assez lucide sur la façon dont les Nationalistes ont irrigué la vie politique, ces deux dernières années, mais cela reste une élection et, dans une élection, on ne fait pas le match à-priori !
 
Propos recueillis par Nicole Mari