Le ministre Jean-Michel Baylet au fort de Matra à Aleria.
Pour sa dernière visite officielle en tant que ministre, Jean-Michel Baylet a choisi la Corse. Un choix, à la fois symbolique et affectif, pour celui qui, dès sa nomination, il y a près d’un an, fut parachuté « ministre de la Corse ». Après un premier contact assez frais avec les élus insulaires lors d’un groupe de travail sur la création de la collectivité unique où il avait asséné : « J’ai une feuille de route définie par le Premier ministre et je n’en sortirai pas ! », les relations se sont progressivement réchauffées pour devenir carrément chaleureuses et même amicales. Il est vrai qu’il n’avait au départ, de son aveu même, qu’une image biaisée des élus nationalistes qui venaient d’accéder au pouvoir à l’Assemblée de Corse, une image renvoyée par ses relais du PRG local ! Les préjugés envers le patron du PRG national, soutien de leurs plus farouches adversaires dans l’île, n’étaient guère plus favorables, côté nationaliste. C’est dire si les relations commençaient sous de mauvais auspices et si leur évolution et ses conséquences furent, pour la Corse, l’heureuse et inattendue surprise de cette morne mandature.
Un contrat de ruralité
C’est, donc, avec beaucoup d’allégresse que le ministre occitan a entamé son dernier périple ministériel dans l’île, pour clôturer une mission qu’il estime avoir menée à bien, faire le point sur la collectivité unique qui devrait voir le jour au 1er janvier 2018, énoncé les avancées obtenues et boucler quelques contrats. Après une réunion de travail à Ajaccio (cf article par ailleurs), Jean-Michel Baylet s’est envolé, avec le président de l’Exécutif régional, Gilles Simeoni, en hélicoptère vers la Haute-Corse. Première escale : le fort génois de Matra à Aleria, siège du musée départemental d’archéologie, pour signer un contrat de ruralité avec la Communauté de communes de l'Oriente en présence du président de ladite ComCom, Jean-Claude Franceschi et des maires concernés, notamment le maire d’Aleria, Ange Fraticelli, du tout nouveau Préfet de Haute-Corse, Gérard Gavory, du président du conseil départemental, François Orlandi, du président des maires de Haute-Corse, Pierre-Marie Mancini, et du Conseiller exécutif et président du Comité de massif, Jean-Félix Acquaviva.
Deux gestes forts
Un geste fort du ministre puisqu’habituellement les contrats de ruralité ne se signent que dans le cadre des PETR (Pôle d'équilibre territorial et rural) constitués de plusieurs intercommunalités. « Nous allons, enfin, pouvoir programmer des investissements de façon à initier une politique cohérente de développement des territoires et de gommage des carences que nous connaissons dans le rural », se félicite Jean-Claude Franceschi.
Un geste réitéré lors de la deuxième escale à Cervione où l’attendait un déjeuner avec les élus de la Communauté de communes du Cap Corse, désireux également d’obtenir un contrat du même type. Une Interco normalement encore moins éligible que sa consœur de l’Oriente, vu la petitesse de sa taille. Mais sous la pression de Pierre Chaubon, son président, le ministre a cédé et a accepté de signer un protocole d’accord, justifie-t-il, « une dérogation comme une sorte de décoration pour services rendus ». Tout en l’enjoignant de s’atteler au plus vite à la constitution d’un PETR « qui vous permettra d’avoir une vision de l’espace mieux aboutie et de tracer une politique structurante, ce qui est la vocation d’un contrat de ruralité que nous finançons sur les fonds de l’aménagement urbain ».
Des projets à boucler
L’escale de Cervione s’est conclue avec l’inauguration, en présence du maire Marc-Antoine Nicolai, des élus de la microrégion et du directeur de la Poste, de la maison des services au public (MSAP) La Poste. La 13ème ouverte sur l’île et la 9ème en Haute-Corse. Il en a profité pour signer avec Fabienne Giovannini, présidente de l’Agence d'urbanisme de la Corse, des conventions MSAP. Avant de s’envoler, en milieu d’après-midi, vers sa troisième escale : Bonifacio pour évoquer avec le maire, Jean-Charles Orsucci, le projet de réhabilitation de la caserne Montlaur et les travaux de rénovation des escaliers des Rois d’Aragon. « Le temps presse ! Il faut faire aboutir le travail », conclut le ministre qui entend œuvrer pour la Corse jusqu’à l’extrême fin de son mandat.
N.M.
Un contrat de ruralité
C’est, donc, avec beaucoup d’allégresse que le ministre occitan a entamé son dernier périple ministériel dans l’île, pour clôturer une mission qu’il estime avoir menée à bien, faire le point sur la collectivité unique qui devrait voir le jour au 1er janvier 2018, énoncé les avancées obtenues et boucler quelques contrats. Après une réunion de travail à Ajaccio (cf article par ailleurs), Jean-Michel Baylet s’est envolé, avec le président de l’Exécutif régional, Gilles Simeoni, en hélicoptère vers la Haute-Corse. Première escale : le fort génois de Matra à Aleria, siège du musée départemental d’archéologie, pour signer un contrat de ruralité avec la Communauté de communes de l'Oriente en présence du président de ladite ComCom, Jean-Claude Franceschi et des maires concernés, notamment le maire d’Aleria, Ange Fraticelli, du tout nouveau Préfet de Haute-Corse, Gérard Gavory, du président du conseil départemental, François Orlandi, du président des maires de Haute-Corse, Pierre-Marie Mancini, et du Conseiller exécutif et président du Comité de massif, Jean-Félix Acquaviva.
Deux gestes forts
Un geste fort du ministre puisqu’habituellement les contrats de ruralité ne se signent que dans le cadre des PETR (Pôle d'équilibre territorial et rural) constitués de plusieurs intercommunalités. « Nous allons, enfin, pouvoir programmer des investissements de façon à initier une politique cohérente de développement des territoires et de gommage des carences que nous connaissons dans le rural », se félicite Jean-Claude Franceschi.
Un geste réitéré lors de la deuxième escale à Cervione où l’attendait un déjeuner avec les élus de la Communauté de communes du Cap Corse, désireux également d’obtenir un contrat du même type. Une Interco normalement encore moins éligible que sa consœur de l’Oriente, vu la petitesse de sa taille. Mais sous la pression de Pierre Chaubon, son président, le ministre a cédé et a accepté de signer un protocole d’accord, justifie-t-il, « une dérogation comme une sorte de décoration pour services rendus ». Tout en l’enjoignant de s’atteler au plus vite à la constitution d’un PETR « qui vous permettra d’avoir une vision de l’espace mieux aboutie et de tracer une politique structurante, ce qui est la vocation d’un contrat de ruralité que nous finançons sur les fonds de l’aménagement urbain ».
Des projets à boucler
L’escale de Cervione s’est conclue avec l’inauguration, en présence du maire Marc-Antoine Nicolai, des élus de la microrégion et du directeur de la Poste, de la maison des services au public (MSAP) La Poste. La 13ème ouverte sur l’île et la 9ème en Haute-Corse. Il en a profité pour signer avec Fabienne Giovannini, présidente de l’Agence d'urbanisme de la Corse, des conventions MSAP. Avant de s’envoler, en milieu d’après-midi, vers sa troisième escale : Bonifacio pour évoquer avec le maire, Jean-Charles Orsucci, le projet de réhabilitation de la caserne Montlaur et les travaux de rénovation des escaliers des Rois d’Aragon. « Le temps presse ! Il faut faire aboutir le travail », conclut le ministre qui entend œuvrer pour la Corse jusqu’à l’extrême fin de son mandat.
N.M.
Jean-Michel Baylet : « La Corse restera, dans ma mémoire personnelle, un très grand et très beau moment »
- Pourquoi avez-vous choisi la Corse pour votre dernier voyage officiel ?
- Je suis venu mettre le point final à un travail commencé il y a un an, au mois de février 2016, quand nous nous sommes rencontrés, pour la première fois, avec l’ensemble des élus corses pour mettre en place la collectivité unique par la fusion des deux départements et de la Collectivité territoriale (CTC). C’était la feuille de route qui m’avait été confiée dans ce ministère concernant la Corse. Cela ne s'est pas fait tout seul. Beaucoup de salive a coulé, beaucoup de discussions, de concertation, de négociations ont eu lieu pour arriver à une véritable co-construction qui a débouché au Parlement sur l’adoption de trois ordonnances : une institutionnelle portant création de la collectivité unique de Corse, une fiscale pour régler les problèmes financiers et une électorale pour organiser en décembre les élections. C’est désormais chose faite depuis quelques semaines !
- Est-ce une visite bilan ?
- Oui. J’ajoute que, grâce à une proposition de loi portée par l’ensemble des parlementaires corses, nous avons réussi à régler le problème du désordre foncier, les fameux Arrêtés Miot, en prolongeant de dix ans l’action du GIRTEC pour la titrisation. Au-delà du bilan, nous avons tracé, avec l’Etat et les élus corses, en particulier avec le président de la CTC, Gilles Simeoni, les grandes lignes du travail qu’il reste à faire pour arriver à l’organisation des élections au mois de décembre et à la mise en place de la collectivité corse au mois de janvier. Les choses sont bien engagées. Je n’ai aucun doute que nous y arriverons. Il y a aura, au mois de janvier en Corse, une collectivité unique à la place des trois collectivités territoriales.
- C’est la cinquième fois que vous revenez en Corse. Pourquoi tant de visites ?
- J’ai voulu terminer ma vie gouvernementale officielle en Corse. J’avais promis, au-delà de cet aspect politique et administratif de revenir, parce que j’aime la Corse et j’aime les Corses. J’ai sillonné la Corse en moto et même en bateau pendant des années. Je vous connais encore mieux désormais ! J’ai beaucoup apprécié la manière dont nous avons travaillé dans la confiance et la loyauté, dans le respect de nos différences, mais avec tous le même objectif : l’avenir de la Corse et l’intérêt du peuple corse.
- Pourtant les premiers contacts furent assez tendus. Qu’est-ce qui a permis une telle évolution ?
- J’étais ministre depuis quatre jours. On me dit : « Les Corses arrivent, nombreux, une quarantaine ». Je demande : « Les Corses arrivent ! Pourquoi ? ». On me répond : « Parce que c’est toi, le ministre de la Corse ! ». « Très bien ! De quoi allons-nous parler ? ». « De la construction d’une collectivité unique… ». Nous ne nous connaissions pas. Les Nationalistes avaient de moi l’image du Radical socialiste républicain que je suis. J’avais une image d’eux un peu distante, je ne les connaissais qu’au travers de mes amis radicaux ! Dire que la première réunion s’est bien passée, ce serait exagéré ! Quand on ne se connaît pas, les choses sont difficiles. Il a fallu se rencontrer, s’apprivoiser, apprendre à se connaître, à se faire confiance, à s’estimer. Aujourd’hui, nous sommes même dans l’amitié, l’amitié profonde, sincère, réelle ! Nous travaillons la main dans la main.
- Est-ce la principale raison des avancées finalement obtenues ?
- Oui ! Au fur et à mesure que tout cela évoluait et que nous portions le débat sur les valeurs que je viens d’évoquer, nous avons pu discuter beaucoup plus facilement. En toute confiance. Du coup, j’ai poussé pour que la Corse ait un statut plus autonome. Je crois d’ailleurs, je l’ai dit ce matin à Ajaccio, que ce n’est pas une fin, mais un début ! C’est la fin du travail que l’on m’avait confié. Ma mission est totalement remplie et aboutie à la virgule près. Mais, je pense qu’il faut aller vers d’avantage d’autonomie, de reconnaissance de la Corse dirigée par les Corses, de l’existence de son peuple. Tout cela sous le couvert de la République française qui est une et indivisible, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des particularismes, des spécificités, des différences. Quand on parle de ces trois sujets, la Corse arrive vraiment en tête. Ici, ce n’est pas comme ailleurs, vous n’êtes pas comme les autres, même si vous êtes au sein de la République !
- Avez-vous un regret ?
- Je n’ai aucun regret ! Ni d’avoir travaillé pour la Corse ! Ni d’avoir travaillé avec les Corses ! Ni d’avoir porté les textes que j’ai portés jusqu’au bout ! A chaque temps suffit sa peine ! Il y aura d’autres étapes. Si, avec mes successeurs, l’ensemble des Corses, quelques soient leurs convictions, arrivent à travailler dans la même confiance et avec la même volonté de servir la Corse et le peuple corse, ce sera très bien. La Corse restera, dans ma mémoire personnelle, un très grand et très beau moment. J’ai noué, ici, des amitiés indéfectibles. J’aimais, déjà, la Corse. J’y venais, chaque année, en vacances. Désormais, je me sens encore d’avantage citoyen corse.
- Reviendrez-vous dans l'île ?
- Bien sûr ! Je reviendrais cet été, comme chaque année, passer mes vacances en Corse. J’y viendrais, peut-être même avant, faire une ballade en bateau avec des copains.
Propos recueillis par Nicole MARI
- Pourquoi avez-vous choisi la Corse pour votre dernier voyage officiel ?
- Je suis venu mettre le point final à un travail commencé il y a un an, au mois de février 2016, quand nous nous sommes rencontrés, pour la première fois, avec l’ensemble des élus corses pour mettre en place la collectivité unique par la fusion des deux départements et de la Collectivité territoriale (CTC). C’était la feuille de route qui m’avait été confiée dans ce ministère concernant la Corse. Cela ne s'est pas fait tout seul. Beaucoup de salive a coulé, beaucoup de discussions, de concertation, de négociations ont eu lieu pour arriver à une véritable co-construction qui a débouché au Parlement sur l’adoption de trois ordonnances : une institutionnelle portant création de la collectivité unique de Corse, une fiscale pour régler les problèmes financiers et une électorale pour organiser en décembre les élections. C’est désormais chose faite depuis quelques semaines !
- Est-ce une visite bilan ?
- Oui. J’ajoute que, grâce à une proposition de loi portée par l’ensemble des parlementaires corses, nous avons réussi à régler le problème du désordre foncier, les fameux Arrêtés Miot, en prolongeant de dix ans l’action du GIRTEC pour la titrisation. Au-delà du bilan, nous avons tracé, avec l’Etat et les élus corses, en particulier avec le président de la CTC, Gilles Simeoni, les grandes lignes du travail qu’il reste à faire pour arriver à l’organisation des élections au mois de décembre et à la mise en place de la collectivité corse au mois de janvier. Les choses sont bien engagées. Je n’ai aucun doute que nous y arriverons. Il y a aura, au mois de janvier en Corse, une collectivité unique à la place des trois collectivités territoriales.
- C’est la cinquième fois que vous revenez en Corse. Pourquoi tant de visites ?
- J’ai voulu terminer ma vie gouvernementale officielle en Corse. J’avais promis, au-delà de cet aspect politique et administratif de revenir, parce que j’aime la Corse et j’aime les Corses. J’ai sillonné la Corse en moto et même en bateau pendant des années. Je vous connais encore mieux désormais ! J’ai beaucoup apprécié la manière dont nous avons travaillé dans la confiance et la loyauté, dans le respect de nos différences, mais avec tous le même objectif : l’avenir de la Corse et l’intérêt du peuple corse.
- Pourtant les premiers contacts furent assez tendus. Qu’est-ce qui a permis une telle évolution ?
- J’étais ministre depuis quatre jours. On me dit : « Les Corses arrivent, nombreux, une quarantaine ». Je demande : « Les Corses arrivent ! Pourquoi ? ». On me répond : « Parce que c’est toi, le ministre de la Corse ! ». « Très bien ! De quoi allons-nous parler ? ». « De la construction d’une collectivité unique… ». Nous ne nous connaissions pas. Les Nationalistes avaient de moi l’image du Radical socialiste républicain que je suis. J’avais une image d’eux un peu distante, je ne les connaissais qu’au travers de mes amis radicaux ! Dire que la première réunion s’est bien passée, ce serait exagéré ! Quand on ne se connaît pas, les choses sont difficiles. Il a fallu se rencontrer, s’apprivoiser, apprendre à se connaître, à se faire confiance, à s’estimer. Aujourd’hui, nous sommes même dans l’amitié, l’amitié profonde, sincère, réelle ! Nous travaillons la main dans la main.
- Est-ce la principale raison des avancées finalement obtenues ?
- Oui ! Au fur et à mesure que tout cela évoluait et que nous portions le débat sur les valeurs que je viens d’évoquer, nous avons pu discuter beaucoup plus facilement. En toute confiance. Du coup, j’ai poussé pour que la Corse ait un statut plus autonome. Je crois d’ailleurs, je l’ai dit ce matin à Ajaccio, que ce n’est pas une fin, mais un début ! C’est la fin du travail que l’on m’avait confié. Ma mission est totalement remplie et aboutie à la virgule près. Mais, je pense qu’il faut aller vers d’avantage d’autonomie, de reconnaissance de la Corse dirigée par les Corses, de l’existence de son peuple. Tout cela sous le couvert de la République française qui est une et indivisible, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas des particularismes, des spécificités, des différences. Quand on parle de ces trois sujets, la Corse arrive vraiment en tête. Ici, ce n’est pas comme ailleurs, vous n’êtes pas comme les autres, même si vous êtes au sein de la République !
- Avez-vous un regret ?
- Je n’ai aucun regret ! Ni d’avoir travaillé pour la Corse ! Ni d’avoir travaillé avec les Corses ! Ni d’avoir porté les textes que j’ai portés jusqu’au bout ! A chaque temps suffit sa peine ! Il y aura d’autres étapes. Si, avec mes successeurs, l’ensemble des Corses, quelques soient leurs convictions, arrivent à travailler dans la même confiance et avec la même volonté de servir la Corse et le peuple corse, ce sera très bien. La Corse restera, dans ma mémoire personnelle, un très grand et très beau moment. J’ai noué, ici, des amitiés indéfectibles. J’aimais, déjà, la Corse. J’y venais, chaque année, en vacances. Désormais, je me sens encore d’avantage citoyen corse.
- Reviendrez-vous dans l'île ?
- Bien sûr ! Je reviendrais cet été, comme chaque année, passer mes vacances en Corse. J’y viendrais, peut-être même avant, faire une ballade en bateau avec des copains.
Propos recueillis par Nicole MARI