L’affaire remonte à octobre 2012 et a été jugée cette semaine au tribunal correctionnel de Marseille. Jacques Mariani comparaissait pour subornation présumée de témoin lors du procès en appel de la « tuerie des marronniers », qui se tenait aux Assises du Var. Un triple assassinat commis en avril 2006 dans un bar marseillais avec un seul prévenu dans le box des accusés : Ange-Toussaint Federici. Cette autre figure du grand banditisme corse avait été condamnée en première instance à 28 ans de réclusion. Elle en écopera deux de plus en appel. La justice accuse Jacques Mariani d’être intervenu auprès d’un témoin, Karim Boughanemi, lieutenant d'une des victimes des Marronniers, pour qu'il témoigne en faveur d’Ange-Toussaint Federici en échange de 130 000 €. Les deux hommes étant détenus à la même centrale de Saint-Maur, le tribunal a estimé que Jacques Mariani a joué un « rôle central ». Il a délivré un mandat de dépôt à son encontre, alors qu’il est déjà, depuis quelques semaines, détenu aux Baumettes dans le cadre d’une affaire d'extorsion en bande organisée. Il avait été condamné en 2008 à quinze ans de réclusion pour assassinat. Quatre complices présumés ont également été condamnés, dont Jean Quilichini, un entrepreneur porto-vecchiais proche de la famille Federici, qui aurait réuni l’argent. Il a écopé de deux ans de prison ferme, les trois autres, de peine variant de 18 mois de prison avec sursis à 18 mois de prison ferme.
Moins de droits ?
S’estimant, pour sa part, « jugé d’avance », Jacques Mariani n’avait fait qu’un petit tour à l’audience avant de regagner sa cellule. Ses deux avocats, Me Jean-Sébastien De Casalta et Me Eric Dupont-Moretti, ont, également, quitté la barre après avoir, en vain, soulevé des nullités de procédure et plaidé le supplément d’information. « Des incidents ont émaillé l’expression de la défense. Nous avons compris que le tribunal, au vu du peu de considération qu’il avait pour la défense et la règle de droit, n’avait qu’une envie : celle de combler sa soif répressive. Il semblerait que Jacques Mariani, que l’on présente comme la figure méphitique du grand banditisme, ait moins de droits qu’un autre justiciable ! C’est ce que la 7ème Chambre du tribunal correctionnel de Marseille lui a signifié en le condamnant dans des conditions procédurales proprement inadmissibles, dans un dossier qui ne contient aucun des éléments constitutifs de la subornation de témoin. Le comble, c’est qu’il a été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour des faits qui, tels qu’ils ont été qualifiés par le juge d’instruction, ne peuvent, en aucune manière, s’analyser comme un délit ! », commente Me De Casalta.
Un demande d’appel
L’avocat bastiais, qui se dit « consterné » et « ahuri » par cette décision de condamnation, s’explique : « Selon le libellé de l’ordonnance de renvoi, Jacques Mariani, est renvoyé pour avoir incité Karim Boughanemi à faire une déposition devant la Cour d’assises alors que le délit de subornation de témoin nécessite, au premier chef de ces éléments constitutifs, l’incitation au mensonge. Or, on ne sait même pas ce que ce témoin avait à dire à la Cour d’Assises ! Cela veut dire que le tribunal correctionnel était saisi de faits qui n’étaient pas caractéristiques du déni de subornation de témoin. Nonobstant la carence de la procédure, l’absence d’éléments susceptibles de considérer la présence d’un délit, le tribunal a décidé de le condamner, particulièrement lourdement, en lui infligeant de surcroît un mandat de dépôt ». Les avocats de Jacques Mariani ont immédiatement fait appel du jugement et déposé une demande de mise en liberté afin que la Chambre correctionnelle de la Cour d’appel procède à une main levée du mandat de dépôt. Néanmoins, même si cette demande était acceptée, Jacques Mariani resterait détenu.
N.M.
Moins de droits ?
S’estimant, pour sa part, « jugé d’avance », Jacques Mariani n’avait fait qu’un petit tour à l’audience avant de regagner sa cellule. Ses deux avocats, Me Jean-Sébastien De Casalta et Me Eric Dupont-Moretti, ont, également, quitté la barre après avoir, en vain, soulevé des nullités de procédure et plaidé le supplément d’information. « Des incidents ont émaillé l’expression de la défense. Nous avons compris que le tribunal, au vu du peu de considération qu’il avait pour la défense et la règle de droit, n’avait qu’une envie : celle de combler sa soif répressive. Il semblerait que Jacques Mariani, que l’on présente comme la figure méphitique du grand banditisme, ait moins de droits qu’un autre justiciable ! C’est ce que la 7ème Chambre du tribunal correctionnel de Marseille lui a signifié en le condamnant dans des conditions procédurales proprement inadmissibles, dans un dossier qui ne contient aucun des éléments constitutifs de la subornation de témoin. Le comble, c’est qu’il a été renvoyé devant le tribunal correctionnel pour des faits qui, tels qu’ils ont été qualifiés par le juge d’instruction, ne peuvent, en aucune manière, s’analyser comme un délit ! », commente Me De Casalta.
Un demande d’appel
L’avocat bastiais, qui se dit « consterné » et « ahuri » par cette décision de condamnation, s’explique : « Selon le libellé de l’ordonnance de renvoi, Jacques Mariani, est renvoyé pour avoir incité Karim Boughanemi à faire une déposition devant la Cour d’assises alors que le délit de subornation de témoin nécessite, au premier chef de ces éléments constitutifs, l’incitation au mensonge. Or, on ne sait même pas ce que ce témoin avait à dire à la Cour d’Assises ! Cela veut dire que le tribunal correctionnel était saisi de faits qui n’étaient pas caractéristiques du déni de subornation de témoin. Nonobstant la carence de la procédure, l’absence d’éléments susceptibles de considérer la présence d’un délit, le tribunal a décidé de le condamner, particulièrement lourdement, en lui infligeant de surcroît un mandat de dépôt ». Les avocats de Jacques Mariani ont immédiatement fait appel du jugement et déposé une demande de mise en liberté afin que la Chambre correctionnelle de la Cour d’appel procède à une main levée du mandat de dépôt. Néanmoins, même si cette demande était acceptée, Jacques Mariani resterait détenu.
N.M.