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L'Erea d'Ajaccio gagne le concours national du prix de la littérature de jeunesse de l’Unicef


Marilyne SANTI le Mardi 8 Janvier 2019 à 20:54

Dans le cadre du projet Slam du dispositif soutien FLE, coordonné par l'enseignante spécialisée Aurore Morata, une partie des élèves allophones de l'Erea d'Ajaccio ont travaillé ensemble le premier semestre à l’écriture d’un texte, afin de participer à la 3e édition du Prix littérature jeunesse de l’Unicef. Les élèves de l’Erea d'Ajaccio ont gagné le concours national du prix de la littérature de jeunesse dans la catégorie Slam grâce à un texte qui parle du passé douloureux et d’un avenir espéré meilleur de neuf élèves.



Pour participer à ce concours les jeunes âgés entre 15 et 25 ans, devaient s’exprimer via deux catégories : nouvelle, poésie/slam. « Leurs mots s’uniront pour aborder et parfois dénoncer la réalité et les destins de ceux qui sont déracinés par la guerre, la violence et la pauvreté. Histoire romancée, parcours personnel ou familial, il s’agit de mettre en mots, avec leur propre style, ce que peut être la difficulté d’un parcours au cours duquel on quitte son pays, sa région pour aller vers un inconnu, dont on ne peut que fantasmer l’accueil et anticiper, souvent à tort, la bienveillance » détaillait le règlement.

Les inscriptions faites, les textes ont été inscrits dans la catégorie choisie sur une plateforme dédiée : https://concours.myunicef.fr/. Un jury, composé de Maxime Chattam le président, de salariés de l’UNICEF France, de Librinova, et des partenaires Le Livre de Poche et EnJeu[x], ont sélectionnés le meilleur texte de chaque catégorie qui sera édité en 2019 par le livre de poche, dans un ouvrage collectif qui rassemblera des textes de grands auteurs français écrits pour l’occasion. Tous les bénéfices seront reversés à l’UNICEF.

Un projet nommé » M.A.G.I.C »
M comme marocain, A comme albanais, G comme guinéen, I comme indien, C comme camerounais », quatre lettres, quatre nationalités pour neuf jeunes de l’EREA (établissement régional d’enseignement adapté) d’Ajaccio, venus d’horizon différents, avec une histoire lourde de déracinement. Ils ont eu envie de découvrir la langue française à travers le concours Unicef sur le thème : « Réfugiés et migrants : du déracinement à l’exil ».

Ces élèves allophones de l'EREA d'Ajaccio ont travaillé ensemble le premier semestre à l’écriture d’un texte, afin de participer à la 3e édition du Prix littérature jeunesse de l’UNICEF, en partenariat avec le Livre de Poche.

Du texte à la musique, de la musique au clip
Après plusieurs heures de travail et beaucoup d’abnégation, puis devant l’émotion provoquée par ce texte, les élèves et leur professeur ont décidé d’aller plus loin et de mettre ce texte en musique. Avec l’aide précieuse de M. Lechenault (EPS) et Mme Camilleri (CPE), une composition musicale fut créée et jouée. Doublé d’un texte en surimpression et d’un refrain en corse.
Pour finaliser le projet, nos jeunes artistes, ont décidé de mettre en image ce somptueux projet artistique d’apprentissage de la langue en créant un clip vidéo. Sans moyens particuliers, avec de l’abnégation, de l’émotion, de la volonté et une véritable leçon de vie à raconter, nos élèves accompagnés de leurs professeurs, ont créé une œuvre de qualité qui ne laisse pas insensible après l’écoute.

Un travail collégial récompensé
Ce projet vient de gagner le concours national du prix de la littérature de jeunesse dans la catégorie Poésie et SLAM. Ainsi, ce texte a été lu le 28 novembre par un Slameur au salon du livre, Porte de Montreuil.
Un membre du jury et représentant de l’UNICEF est venu ce 8 janvier à Ajaccio remettre officiellement le prix aux élèves lauréats, en présence de l'inspectrice de l'académie ASH, des éducateurs des élèves concernés et de l'ensemble de la communauté éducative de l'établissement. Ce moment convivial a permis de mettre en lumière le travail de ces élèves et de féliciter leur engagement dans ce projet.

Quand les mots aident à la résilience
Aurore Morata, enseignante spécialisée à l’EREA coordinatrice du projet Slam, pense que « bien au-delà des espérances, a permis à ces élèves de poser des mots sur leurs maux, tout en créant un groupe uni, au départ par un vécu douloureux mais à présent, uni par la création de ce texte qui parle de leur croisade vers un meilleur avenir, et de se délivrer par la même occasion d’un début de vie des plus difficiles. Il a aussi a permis à ces élèves de créer un groupe uni, au départ par un vécu douloureux mais à présent, uni par la création de ce texte qui parle de leur croisade vers un meilleur avenir. Il nous a également donné l'occasion de sensibiliser l'ensemble des élèves sur le parcours et le courage de ces jeunes mineurs isolés et par là même relativiser leur quotidien tout en retrouvant la motivation et la volonté de prendre en main leur destin comme ces garçons ont su le faire. »

Bravo à Enor, Matéo, Arjinder, Bashkhim, Anas, Ayoub, Ismaël, Aahron et Mohamed pour leur implication, car mettre des mots sur ses maux tout en poésie n’est pas un exercice des plus faciles.
 
 

Enor, Matéo, Arjinder, Bashkhim, Anas, Ayoub, Ismaël, Aahron et Mohamed lors de la remise du prix