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L'Ora di u ritornu : "La France doit redevenir le pays du droit…" estime Thierry Casanova


le Jeudi 16 Février 2017 à 22:57

Jeudi dernier, les avocats de P. Alessandri et A. Ferrandi accompagnés d’un membre du collectif « L’Ora di u ritornu » ont été reçus, à la chancellerie, par un conseiller du garde des sceaux, ministre de la justice J.-Jacques Urvoas. A l’ordre du jour, la question de la levée, après 18 ans d’incarcération en France continentale, du classement « Détenu Particulièrement Signalé » et son corollaire, le rapprochement familial de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi sur le centre de détention de Borgu.



L'Ora di u ritornu : "La France doit redevenir le pays du droit…" estime Thierry Casanova
Thierry Casanova du collectif l'Ora di u ritornu explique dans une tribune son "expression d'indignation".


"A ces deux demandes, légitimes et respectueuses, en tout point du droit, il a été opposé une fin de non - recevoir sur des principes indéfendables juridiquement et inavouables politiquement. En réalité, l’échange plus que la discussion, l’assemblage très hétéroclite des arguments juridiques ou judiciaires, a confirmé la force et l’iniquité de la décision politique qui fait écho aux déclarations de M. VALLS en juillet dernier
« …Il y a le droit, l’esprit de la loi, la règle et son exception, les membres du commando Erignac… »
Ce principe républicain porte en germe les marques d’une dérive autoritaire, sécuritaire et antidémocratique qui finit par diluer l’esprit émancipateur de l’idéal républicain. Ce discours d’ordre ne trompe personne. Par ailleurs, il infirme les déclarations du Président de la République – François Hollande, au mois de septembre dernier salle WAGRAM, qui affirmait avec l’autorité constitutionnelle qui est la sienne « qu’il n’y aura pas de législation de circonstances aussi inapplicables qu’anticonstitutionnelles » et que « l’idée d’un état d’exception qui suspendrait l’état de droit n’est en l’état actuel des choses impensable ».


Entre ces deux déclarations, entre ces deux conceptions de la justice, qu’elle est celle qui garantit l’esprit de la loi ?
Nous ne savons plus. Nous ne comprenons plus. Le peuple, ses élus, les corps intermédiaires et organisés sont, en Corse, démunis face à ces abus de pouvoir.
Car il s’agit bien d’un abus de pouvoir. Il y a plus de deux siècles que Montesquieu est mort mais nous vivons toujours sur la fiction de la séparation et de l’indépendance de la justice. La justice comme la police (l’actualité du moment, en Corse – Julien, Adrien, Maxime, Ghjilormu, Jean – Philippe - et sur le continent français – Théo -  nous le rappelle douloureusement) est un instrument du pouvoir politique en même temps que l’expression d’une certaine société. Quand cette société concorde avec la volonté du pouvoir, on trouve toujours des magistrats qui se plient à ses injonctions.


"La justice, disait Christiane Taubira, a du sens dans les situations exceptionnelles. C’est le cas aujourd’hui comme hier, dans le dossier de P. Alessandri et A. Ferrandi.
J’ajouterai  quand la justice n’est pas juste, on met la société en danger !
Nous nous devons donc collectivement : le peuple Corse dans sa pluralité citoyenne mais aussi élective  faire valoir notre exigence de justice et d’équité face à la loi et à l’application du droit. La France qui passe pour le pays des droits de l’homme doit avant tout redevenir celui du droit.
Pierre Alessandri et Alain Ferrandi doivent être rapprochés dans les meilleurs délais de leur famille. Rien ne s’y oppose, mis à part quelques arguties judiciaires qui témoignent d’un esprit de vengeance qui n’a rien à voir avec l’esprit des lois fait d’impartialité, d’équité, de loyauté. Qui méconnaît les doubles condamnations (la condamnation pénale et la condamnation politico-carcérale) et qui institutionnalise le principe d’exception.
A chacun de prendre sa part !"