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« La consommation de produits stupéfiants se développe assez largement en Corse »


le Jeudi 17 Août 2023 à 20:35

Le procureur de la République d'Ajaccio a réaffirmé sa volonté de lutter contre le trafic de stupéfiants ce jeudi à l'occasion d'une conférence de presse au tribunal, aux côtés du directeur territorial de la police judiciaire, Thierry De Maria, du chef du Groupe Interministériel de Recherches (GIR) en Corse, Arnaud Pirard, et de sa substitut en charge de la lutte contre les stupéfiants, Louise Bolufer. Deux jours après une saisie record de résine de cannabis et de cocaïne sur le port de Bastia, il invite à tempérer l'ampleur de la présence de drogues sur l'île, tout en concédant toutefois des évolutions récentes et un "schéma de consommation important"



Le procureur de la République d'Ajaccio a réaffirmé sa volonté de lutter contre le trafic de stupéfiants
Le procureur de la République d'Ajaccio a réaffirmé sa volonté de lutter contre le trafic de stupéfiants
« Notre détermination est totale pour lutter contre ce phénomène ». Ce jeudi matin, à l’occasion d’une conférence de presse au tribunal d’Ajaccio, le procureur de la République, Nicolas Septe, a tenu à réaffirmer sa détermination à agir contre le trafic de produits stupéfiants. « C’est l’une des priorités d’action de ma politique pénale, mais aussi celle du parquet général de Bastia et plus globalement celle du ministère de la Justice », martèle-t-il en pointant la récente circulaire politique pénale territoriale du Garde des Sceaux.  « Nous avons, depuis septembre 2022, porté 37 enquêtes préliminaires, ce qui est un chiffre assez important pour un parquet comme le nôtre. Nous avons en permanence au sein du parquet entre 20 et 25 enquêtes actives », note pour sa part Louise Bolufer, substitut en charge de la lutte contre les stupéfiants.
 
« Notre objectif est de vraiment assainir la situation que nous connaissons en Corse », insiste le procureur d’Ajaccio, en relativisant toutefois l’ampleur du phénomène sur l’île. « Il n’est pas si différent de ce qui se passe au niveau national. On sait que les quantités saisies augmentent, mais on ne peut pas faire le lien avec une augmentation du trafic de stupéfiants », tempère-t-il en détaillant : « Les services d’enquête ont depuis plusieurs années multiplié leurs interventions dans ces domaines et on a donc plus de résultats ». De plus, il relève que les « variations saisonnières » sur le territoire jouent également un rôle majeur dans la présence de stupéfiants sur le territoire. « La Corse est fréquentée l’été par des touristes qui eux aussi consomment des produits stupéfiants, ce qui peut aussi expliquer l’augmentation et l’importance des quantités saisies », explique-t-il.

" La consommation de cocaïne chez les jeunes a totalement explosé "

Mais Nicolas Septe concède toutefois l’existence d’« un schéma de consommation important en Corse ». « Régulièrement mon parquet est confronté des conduites sous l’emprise de produits stupéfiants. C’est un premier marqueur à partir duquel on peut voir que la consommation de produits stupéfiants, plutôt de résine de cannabis se développe assez largement, mais comme au niveau national », dévoile-t-il. Une tendance aggravée selon Louise Bolufer par une certaine démocratisation de la consommation de stupéfiants qui concerne désormais des publics de tous âges et catégories sociales. « La consommation a nettement évolué en Corse, comme sans doute ailleurs », souffle ainsi Arnaud Pirard, commandant de police et chef du Groupe Interministériel de Recherches (GIR), « La consommation de cocaïne chez les jeunes a notamment totalement explosé ». 
 
De facto, le procureur d’Ajaccio note « que la lutte sera longue et difficile », et indique que « l’objectif est de perturber le trafic de stupéfiants » en Corse-du-Sud. « Il y a des gagnants à ces trafics qui eux en général ne consomment pas. Ce sont des gens qui sont en col blancs, qui profitent de l’argent récupéré par ces vendeurs de mort, mais qui agissent dans l’ombre. Ce sont eux que nous essayons d’identifier », livre-t-il en instillant par ailleurs : « Il est factuellement erroné et sociètalement dangereux d’imputer le trafic de stupéfiants à une communauté en particulier. Factuellement les personnes mises en cause sont d’abord françaises, mais aussi d’origine corse, tout autant que d’autres origines ». Il signale d’ailleurs que « les clans criminels en Corse se sont réorientés sur d’autres manières de récupérer et de blanchir l’argent », et que « le trafic de stupéfiants fait partie d’un des moyens pour se saisir d’opportunités de marchés juteux ».  

 

Des mesures mises en place sur le quartier des Cannes d'ici quelques semaines

« Notre attention est également focalisée sur un certain nombre de quartiers difficiles, notamment à Ajaccio comme le quartier des Cannes qui fait aujourd’hui beaucoup parler de lui. Sur ce quartier nous mettrons le paquet à la rentrée, en créant notamment un groupe local de traitement de la délinquance pour analyser et mettre des moyens en œuvre contre celle-ci », annonce d’autre part Nicolas Septe. 
 
En outre, il rappelle que « saisir des produits stupéfiants c’est aussi saisir des armes à feu, des véhicules, des biens immobiliers et du numéraire ». « Nous travaillons sur le blanchiment de cet argent sale qui est recyclé dans l’île avec le GIR et cherchons à démanteler tout ce qui est occulte et qui découle du trafic de stupéfiants », livre-t-il encore. 
 
Selon le procureur d’Ajaccio, en France environ 240 000 personnes vivraient du trafic de stupéfiants et près de 3 milliards de chiffre d’affaires seraient générés chaque année par la revente de produits stupéfiants.