" Ce problème politique majeur est la pauvreté. Les acteurs ici présents, malgré leurs actions, n'arrivent pas seuls à résoudre ce problème. Il faut monter d'un cran. Cela veut dire atteindre les étages politiques et ceux-ci sont atteints depuis que la charte de la lutte contre la précarité a été introduite au milieu du PADDUC. Avec la mandature actuelle, il y a le plan pauvreté qui est pour nous le chapitre 1. Et il commence à se décliner de façon opérationnelle. Nous, petites associations d'assistances sociales, nous prenons en charge l'urgence mais pas le fond du problème" explique de docteur Pernin, avant d'ajouter " la solution est dans l'Intelligence collective ! Il faut sortir du cadre, avoir d'autres idées, chercher ailleurs que dans l'assistance sociale et expérimenter. Nous ne pouvons pas continuer à appliquer les recettes actuelles qui statistiquement, n'empêchent pas la croissance de la pauvreté".
La Corse est l'un des territoires les plus pauvre de france
Paradoxalement, comme l'a précisé le docteur Pernin, en Corse, ce sont les territoires à première vue les plus riches qui sont les plus pauvres. " Ces territoires touristiques ne donnent que des jobs saisonniers et mal payés. Les locations sont elles aussi saisonnières et extrêmement chères". Pour faire reculer cette précarité si bien ancrée sur l'île, les mobilisations doivent se multiplier. "Les actions menées ne sont malheureusement pas suffisantes. Nous sommes le service des urgences de l'hôpital, mais un hôpital ne fonctionne pas seulement grâce aux urgences ".
Marie-Florence Dabrin, directrice de l'association Corse Mobilité Solidaire, revenait elle aussi sur les offres d'emplois en Balagne. "En ce mois de novembre, sur 37 offres d'emplois, 27 proposaient un poste saisonnier pour 2019".
1/3 de la population vit avec un revenu fiscal inférieur 1 300€.
En Corse plus de 60 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté estimé à 855€ ( https://www.inegalites.fr/Les-seuils-de-pauvrete-en-France). "On sait qu'il y a 108 000 personnes qui vivent avec un revenu fiscal inférieur à 1 300€. Personne ne peut vivre avec 1 000€ par mois. C'est impossible ! Et 80% de population serait éligibles aux logements sociaux".
Qu'est ce que la précarité ? Cette question a, selon le docteur Pernin, plusieurs définitions. " S'il existe plusieurs définitions, c'est que nous ne sommes pas en mesure de nommer le problème. Et si on ne peut pas nommer un problème, on ne sait pas le traiter. Nous devons donc donner des critères de pauvreté et les critères qualitatifs sont les meilleurs. Quelques exemples : "ne pas pouvoir chauffer son foyer à plus de 16° en hiver, sauter des repas dans la semaine, ne pas pouvoir soigner ses enfants et les habiller à leurs tailles et vivre dans des conditions insalubres. Le second est financier. Ce qui vous reste dans la poche pour vivre une fois que tout est payé. Le secours populaire dit que 20% des gens ont entre 50 centimes et 3€ par jour pour vivre. Là nous comprenons ce qu'est la pauvreté".
Dans la salle, on pouvait noter la présence de nombreux acteurs de terrains, comme le docteur François Agostini, Frédérique Densari et Pascal Carlotti, conseillers territoriaux, U Svegliu Calvese, le garage solidaire.