Sur l’île de beauté, comme partout en France, l’agriculture biologique a le vent en poupe. Dans le centre ville de Bastia, les petits magasins bio indépendants fleurissent. En périphérie, c’est une grande surface franchisée de 450 m2 à Biguglia qui a ouvert il y a un an et demi. Pour fournir tous ces commerces, le nombre de producteurs a été multiplié par 2,65 en dix ans pour atteindre aujourd’hui 396.
Comment expliquer cette progression du bio en Corse ?
“ Depuis quelques années, le Bio est dans l’air du temps. Les consommateurs veulent des produits plus sains et les producteurs insulaires ont la volonté de travailler de façon plus responsable”, explique Joseph Colombani, président de la chambre d’agriculture de Haute-Corse et ancien président de la chambre d'agriculture de Corse.
La transition d’une agriculture conventionnelle à une agriculture biologique est fortement accompagnée de subventions de l’Etat et de la politique agricole commune (PAC) européenne. Ces incitations à la transition reposent sur trois financements principaux : l’aide à la conversion pour permettre aux producteurs de compenser les manques à gagner pendant la phase de conversion, l’aide au maintien pour soutenir les producteurs en place et un crédit d’impôt. Grâce à ces aides, en 20 ans la Corse a multiplié par 35 ses surfaces en filière bio. Aujourd’hui 15% des surfaces agricoles utilisées (SAU) de l’île sont bio.
Le prix du bio est en moyenne 20 à 30% plus élevé que celui d’un produit traditionnel. Cet écart s’explique par des plantations plus difficiles à entretenir et une main d’oeuvre plus importante. Le président de la chambre d’agriculture de Haute-Corse donne pour exemple la filière viticole : “L’année 2018 a été très difficile pour les vignerons de la filière bio car les fortes pluies ont nécessité 12 à 13 passages de traitement sur la vigne. Pour les cultures traditionnelles ce n’était que 6 à 7.”
Les subventions attribuées à la culture du bio ne suffisent pas à baisser son prix. Pour pouvoir le rendre plus accessible il faudrait que la demande soit encore plus grande. Joseph Colombani en est convaincu : “On peut s’approcher d’une auto-suffisance alimentaire bio à condition d’en payer le prix.”