Les conférenciers invités par Jacques Culioli à gauche et la mairie de Solaro. Une bonne manière de dynamiser culturellement les villages de l'intérieur.
Devant un public venu en nombre, on notait d'ailleurs la présence des maires de Solaro Jean-Baptiste Paoli et de Prunelli di Fium'orbu Pierre Siméon de Buochberg, mais également celle du commandant de la base aérienne le colonel Le Bouilh, les intervenants ont au cours de cette conférence donné avec brio et émotion un coup de projecteur franc et sans détour sur ce conflit meurtrier que fut la grande guerre 1914 1918. Un conflit qui en Corse, bouleversa de manière irrémédiable le développement économique et démographique de l'île comme l'a souligné dans un brillant exposé Jean Raphael Cervoni historien. En effet, après avoir décrit les conditions dans lesquelles la mobilisation a soustrait à leurs familles les hommes de plusieurs générations ou fratries, le premier conférencier a rappelé l'état d'esprit dans lequel les hommes de Corse partaient à la guerre. Certains optimistes pensaient revenir vite, d'autres moins enthousiastes ont du vite se rendre à l'évidence. Ce conflit serait une boucherie. " Les corses contrairement à ce que l'on pourrait croire ont rencontré au sein de leurs régiments la barrière de la langue. Beaucoup d'entre eux ne parlaient que le corse. Ils ont ensuite participé au sein de régiments coloniaux ou d'infanterie comme le célèbre 173ème RI aux grandes batailles de la Marne, de l'Aisne ou encore de Verdun" a expliqué Jean Raphael Cervoni. Poursuivant sur les retombées du conflit dans l'île, l'historien s'est attaché à décrire l'angoisse des familles privées du mari, du ou des frères, les femmes qui partent au champ, la peur viscérale de voir surgir le maire du village pour annoncer la mort d'un proche, les cartes de correspondance tant attendues au contenu allégé par la censure, les bons de rationnement ou bien encore les liaisons maritimes incertaines et dangereuses. Malgré cela, la Corse fut solidaire de l'effort de guerre: " Les emprunts financiers souscrits pour la guerre reçurent en Corse un accueil favorable. Ce fut l'une des régions la plus généreuse malgré l'atmosphère oppressante et incertaine de ces temps de guerre. Economiquement, ce conflit tomba pour la Corse au mauvais moment, et il est un devoir collectif de rappeler aujourd'hui que la désertification de l'intérieur a un rapport direct avec ce conflit" a expliqué Jean Raphael Cervoni en concluant son intervention.
L'artillerie en difficulté en 1915
Après l'historien corse, Eric Marchal président de l'association "la main de Massiges", Massiges étant un haut lieu de combat champenois, a détaillé les combats qui se sont produits à l'issue de la première bataille de la Marne dès 1915 dans ce qu'il a dénommé la Champagne pouilleuse, des terrains plats légèrement vallonnés qui furent l'objet d'âpres combats. Des vestiges qui sont de nos jours exhumés par les membres de son association. Afin que le devoir de mémoire perdure à travers les années et les siècles.
Ancien militaire de carrière, dans l'arme technique des artilleurs, Eric Marchal a ainsi pu décrire l'impossibilité pour les premiers canons de l'époque de traiter les champs de barbelés installés la nuit venue par l'ennemi allemand. Ces derniers ne tiraient qu'en coups directs et ne pouvaient donc atteindre efficacement leurs objectifs , notamment dans le fameux secteur de la Main de Massiges.
Aujourd'hui , en compagnie d'une dizaine de bénévoles, sur un terrain dédié aux fouilles, Eric Marchal, aidé de plans d'époque, a réussi l'exploit de mettre à nu d'anciennes tranchées et de reconstituer certaines d'entre elles à l'identique :" Nous travaillons en relation avec les services de l'état, les services de déminage, les services de recherche archéologique et historique des armées et avec la gendarmerie lorsque nous retrouvons des corps" explique l'ancien militaire qui ajoute :" Le plus émouvant est de retrouver des effets personnels, ceux que portaient les soldats au moment où, en pleine force de l'âge, ils furent fauchés par la mitraille". Ainsi, chapelets, pipes, étuis à lunette, couteaux de poche, médailles et médaillons sont retrouvés par les membres de l'association. Lorsqu'il s'agit des restes d'un malheureux poilu, des spécialistes du CNRS sont chargés de déterminer l'âge, le sexe, les antécédents médicaux et la cause de la mort du combattant ainsi que son identité si ce dernier porte sur lui sa plaque d'immatriculation militaire. Ainsi, sur cette terre champenoise, de nombreux corses sont tombés au champ d'honneur ou peut être d'horreur, l'horreur d'une guerre qui inscrit au fronton du monument aux morts de Solaro les noms d'Alexandre Luzi ou encore de Limperano Andréani et bien d'autres. Des corses enterrés en terre champenoise et sur lesquels veillent avec bienveillance et respect les membres de l'association "La main de Massiges".
Ancien militaire de carrière, dans l'arme technique des artilleurs, Eric Marchal a ainsi pu décrire l'impossibilité pour les premiers canons de l'époque de traiter les champs de barbelés installés la nuit venue par l'ennemi allemand. Ces derniers ne tiraient qu'en coups directs et ne pouvaient donc atteindre efficacement leurs objectifs , notamment dans le fameux secteur de la Main de Massiges.
Aujourd'hui , en compagnie d'une dizaine de bénévoles, sur un terrain dédié aux fouilles, Eric Marchal, aidé de plans d'époque, a réussi l'exploit de mettre à nu d'anciennes tranchées et de reconstituer certaines d'entre elles à l'identique :" Nous travaillons en relation avec les services de l'état, les services de déminage, les services de recherche archéologique et historique des armées et avec la gendarmerie lorsque nous retrouvons des corps" explique l'ancien militaire qui ajoute :" Le plus émouvant est de retrouver des effets personnels, ceux que portaient les soldats au moment où, en pleine force de l'âge, ils furent fauchés par la mitraille". Ainsi, chapelets, pipes, étuis à lunette, couteaux de poche, médailles et médaillons sont retrouvés par les membres de l'association. Lorsqu'il s'agit des restes d'un malheureux poilu, des spécialistes du CNRS sont chargés de déterminer l'âge, le sexe, les antécédents médicaux et la cause de la mort du combattant ainsi que son identité si ce dernier porte sur lui sa plaque d'immatriculation militaire. Ainsi, sur cette terre champenoise, de nombreux corses sont tombés au champ d'honneur ou peut être d'horreur, l'horreur d'une guerre qui inscrit au fronton du monument aux morts de Solaro les noms d'Alexandre Luzi ou encore de Limperano Andréani et bien d'autres. Des corses enterrés en terre champenoise et sur lesquels veillent avec bienveillance et respect les membres de l'association "La main de Massiges".
Le Chemin des Dames, la bataille occultée par l'histoire
Dernier conférencier à intervenir au cours de cette soirée instructive, Noel Genteur captive l'auditoire par son franc parler mais aussi par l'humanité profonde que le personnage dégage. Une forme de sensibilité exacerbée que cet homme de la terre, ce paysan de Croanne sait faire partager et ressentir. Ce sont les chiffres d'abord qui impressionnent sur cette bataille du chemin des Dames en 1917. 90 000 combattants français sur un front très étroit. 5600 canons de différents calibres dont le fameux 75 qui ne parviendra pas à détruire les horribles séchoirs, ces réseaux de barbelés allemands sur lesquels venaient mourir les français, et qui faute d'être récupérés, séchaient agrippés aux barbelures. 30 millions d'obus qui décimèrent dès les premières heures de l'attaque des compagnies de 250 hommes réduits à 17 survivants par la mitraille, les shrapnells et les imposants obus de 155 allemands.
Le chemin des dames, un lieu dont les stratèges français de l'époque, politiques et généraux d'état major n'avaient pas compris ou voulu comprendre la dangerosité mortifère, le Chemin des Dames, une bataille vite oubliée pour ne pas avoir à assumer des manquements, des erreurs :" Le chemin des dames, c'est un secteur fait de cuvettes et de saillants, une géologie en terrasses. les allemands occupaient les hauts et les français ne pouvaient que tomber lors de leur progression en vallée sous les tirs croisés de l'ennemi" explique l'ancien maire de Croanne qui ajoute :" Des anciens combattants m'ont raconté: ah on en a mis des coups de pied au cul dans le secteur. J'avais du mal à comprendre. En fait ils voulaient me signifier qu'en courant au combat, ils marchaient sur les corps de leurs frères d'armes". Commentant l'ineptie des décisions politiques notamment lors de la conférence de Compiègne, Noel Genteur a eu des mots durs: " La 3 ème république porte la lourde responsabilité du mal qu'elle a pu faire à l'humanité".
Aujourd'hui, Noel Genteur ne cesse de rappeler le souvenir de ces hommes tombés sous la mitraille. Il organise d'ailleurs pour le centenaire de cette bataille une marche à laquelle sont conviés tous ceux et toutes celles qui ne veulent pas oublier. Elle aura lieu le 15 avril 2017. Peut être passera t-elle non loin du monument des fantômes de Paul Landowski, une sculpture représentant des militaires des différentes armes et un jeune homme nu , tête levée vers le ciel en une ultime supplique, lui qui à vingt ans dans les tranchées sacrifiait sa vie pour des intérêts qu'il ne maitrisait peut être pas. Aujourd'hui le département de l'Aisne se remet difficilement de ce premier conflit mondial. Il vient il y a à peine dix ans de retrouver sa démographie d'avant guerre. Les stigmates sont toujours présents, les vaches meurent encore, tuées par des morceaux de barbelés de la première guerre mondiale qu'elles ingurgitent en paissant.
Paysages baignés de mort et de souffrance, air parfois lourd et pesant du cri des suppliciés et de la peur du néant, envers et contre tout, l'espoir renaît sans cesse telle la lueur bleu azur de ce phare placé en haut d'un observatoire. Dans les champs, des bleuets fleurissent ça et là, âmes apaisées de ces combattants zélés, des bleuets bercés par les chants de Jacques Culioli, de Don-Mathieu Santini et du groupe Arapà. Des bleuets nourris par l'espoir de ne jamais plus voir le sang abreuver leurs racines, eux qui se vivifient maintenant de l'amour de l'humanité, le seul engrais capable d'éviter l'ignominie de ces conflits sans nom.
Le chemin des dames, un lieu dont les stratèges français de l'époque, politiques et généraux d'état major n'avaient pas compris ou voulu comprendre la dangerosité mortifère, le Chemin des Dames, une bataille vite oubliée pour ne pas avoir à assumer des manquements, des erreurs :" Le chemin des dames, c'est un secteur fait de cuvettes et de saillants, une géologie en terrasses. les allemands occupaient les hauts et les français ne pouvaient que tomber lors de leur progression en vallée sous les tirs croisés de l'ennemi" explique l'ancien maire de Croanne qui ajoute :" Des anciens combattants m'ont raconté: ah on en a mis des coups de pied au cul dans le secteur. J'avais du mal à comprendre. En fait ils voulaient me signifier qu'en courant au combat, ils marchaient sur les corps de leurs frères d'armes". Commentant l'ineptie des décisions politiques notamment lors de la conférence de Compiègne, Noel Genteur a eu des mots durs: " La 3 ème république porte la lourde responsabilité du mal qu'elle a pu faire à l'humanité".
Aujourd'hui, Noel Genteur ne cesse de rappeler le souvenir de ces hommes tombés sous la mitraille. Il organise d'ailleurs pour le centenaire de cette bataille une marche à laquelle sont conviés tous ceux et toutes celles qui ne veulent pas oublier. Elle aura lieu le 15 avril 2017. Peut être passera t-elle non loin du monument des fantômes de Paul Landowski, une sculpture représentant des militaires des différentes armes et un jeune homme nu , tête levée vers le ciel en une ultime supplique, lui qui à vingt ans dans les tranchées sacrifiait sa vie pour des intérêts qu'il ne maitrisait peut être pas. Aujourd'hui le département de l'Aisne se remet difficilement de ce premier conflit mondial. Il vient il y a à peine dix ans de retrouver sa démographie d'avant guerre. Les stigmates sont toujours présents, les vaches meurent encore, tuées par des morceaux de barbelés de la première guerre mondiale qu'elles ingurgitent en paissant.
Paysages baignés de mort et de souffrance, air parfois lourd et pesant du cri des suppliciés et de la peur du néant, envers et contre tout, l'espoir renaît sans cesse telle la lueur bleu azur de ce phare placé en haut d'un observatoire. Dans les champs, des bleuets fleurissent ça et là, âmes apaisées de ces combattants zélés, des bleuets bercés par les chants de Jacques Culioli, de Don-Mathieu Santini et du groupe Arapà. Des bleuets nourris par l'espoir de ne jamais plus voir le sang abreuver leurs racines, eux qui se vivifient maintenant de l'amour de l'humanité, le seul engrais capable d'éviter l'ignominie de ces conflits sans nom.
Très impliqués dans la sauvegarde d'une mémoire encore vive, les chanteurs du groupe Arapà rendent hommage aux poilus
21 titres chantés par Arapà en mémoire des hommes victimes de ce premier conflit mondial.
L'interview de Jean Raphael Cervoni, historien, auteur de quatre ouvrages sur le premier conflit mondial.
Jean Raphael Cervoni
Interview JR Cervoni.mp3 (2.22 Mo)
L'interview d'Eric Marchal président de l'association "La Main de Massiges"
Eric Marchal
Interview Eric Marchal.mp3 (2.06 Mo)
L'interview de Noel Genteur, ancine maire de Croanne et spécialiste de la bataille du chemin des Dames.
Noel Genteur
Interview Noel Genteur.mp3 (3.99 Mo)