- Vous avez déposé une proposition de résolution invitant le Gouvernement à "créer les conditions d’implantation d’un Centre hospitalier universitaire en Corse". Pourquoi ?
- D'abord, je suis frappé de voir que les politiques publiques prennent assez mal en compte le caractère insulaire de la Corse et ses conséquences sur les services publics en général. La France souffre de déserts médicaux et la Corse, plus encore. N'ayant pas de possibilité d'étudier la médecine sur le long terme, les étudiants qui partent risquent de ne pas revenir et faire leur vie ailleurs. C'est encore une chance de moins d'avoir des médecins pour la Corse, que de ne pas avoir de centre de formation, à la différence de toutes les autres régions de France.
- Pourquoi est-il fondamental d'avoir un CHU dans la dernière région de France à ne pas en disposer ?
- Parce qu'avec un CHU, on peut former les médecins sur place. On sait que les médecins ont tendance à exercer à l'endroit où ils se sont formés. En ayant un CHU en Corse, on multiplierait les chances de voir les étudiants en médecine rester sur l'île.
- Au-delà de la formation, un CHU permettrait aussi de renforcer l'attractivité médicale d'une Corse en grande difficulté dans ce secteur...
- C'est un cercle vertueux qui peut se mettre en œuvre. Si vous créez un CHU, les médecins font se former en Corse. Ils vont donc, pour la majeure partie, y rester. Ce qui va augmenter le tissu de médecin, qui lui-même poussera un certain nombre d'étudiants à rester voire même à venir en Corse.
Les médecins, quand ils sont installés, accueillent des stagiaires. En augmentant le nombre de médecins à l'hôpital ou en libéral sur l'île, on augmente les capacités de stage et donc les raisons de voir d'autres étudiants arriver. On peut même imaginer qu'avec un CHU, des continentaux viendraient faire leurs études en Corse pour diverses raisons.
- Le besoin de répondre à l'accès limité aux soins en Corse et aux dizaines de milliers d'aller-retour de patients sur le continent qui en découlent nécessite une réponse locale aujourd'hui ?
- Bien sûr. Dans un CHU, vous avez la panoplie complète des spécialités. Aujourd'hui, certaines pathologies nécessitent d'aller sur le continent pour être traité ou diagnostiqué. Comme il faut apprendre la médecine aux étudiants dans un CHU, il est obligatoire de se doter de toutes les spécialités.
Un CHU est un écosystème qui va bien au-delà des soins et de l'enseignement, c'est aussi de la recherche. C'est un facteur d'attractivité économique pour l'île car autour de la recherche médicale, viennent se greffer des sociétés qui peuvent mettre en œuvre le fruit des recherches travaillées.
- D'abord, je suis frappé de voir que les politiques publiques prennent assez mal en compte le caractère insulaire de la Corse et ses conséquences sur les services publics en général. La France souffre de déserts médicaux et la Corse, plus encore. N'ayant pas de possibilité d'étudier la médecine sur le long terme, les étudiants qui partent risquent de ne pas revenir et faire leur vie ailleurs. C'est encore une chance de moins d'avoir des médecins pour la Corse, que de ne pas avoir de centre de formation, à la différence de toutes les autres régions de France.
- Pourquoi est-il fondamental d'avoir un CHU dans la dernière région de France à ne pas en disposer ?
- Parce qu'avec un CHU, on peut former les médecins sur place. On sait que les médecins ont tendance à exercer à l'endroit où ils se sont formés. En ayant un CHU en Corse, on multiplierait les chances de voir les étudiants en médecine rester sur l'île.
- Au-delà de la formation, un CHU permettrait aussi de renforcer l'attractivité médicale d'une Corse en grande difficulté dans ce secteur...
- C'est un cercle vertueux qui peut se mettre en œuvre. Si vous créez un CHU, les médecins font se former en Corse. Ils vont donc, pour la majeure partie, y rester. Ce qui va augmenter le tissu de médecin, qui lui-même poussera un certain nombre d'étudiants à rester voire même à venir en Corse.
Les médecins, quand ils sont installés, accueillent des stagiaires. En augmentant le nombre de médecins à l'hôpital ou en libéral sur l'île, on augmente les capacités de stage et donc les raisons de voir d'autres étudiants arriver. On peut même imaginer qu'avec un CHU, des continentaux viendraient faire leurs études en Corse pour diverses raisons.
- Le besoin de répondre à l'accès limité aux soins en Corse et aux dizaines de milliers d'aller-retour de patients sur le continent qui en découlent nécessite une réponse locale aujourd'hui ?
- Bien sûr. Dans un CHU, vous avez la panoplie complète des spécialités. Aujourd'hui, certaines pathologies nécessitent d'aller sur le continent pour être traité ou diagnostiqué. Comme il faut apprendre la médecine aux étudiants dans un CHU, il est obligatoire de se doter de toutes les spécialités.
Un CHU est un écosystème qui va bien au-delà des soins et de l'enseignement, c'est aussi de la recherche. C'est un facteur d'attractivité économique pour l'île car autour de la recherche médicale, viennent se greffer des sociétés qui peuvent mettre en œuvre le fruit des recherches travaillées.
"Un signal très important à donner aux jeunes"
- Pour autant, il semble difficilement envisageable de voir arriver toutes les spécialités, surtout au départ...
- Évidemment. Un CHU, ce sont des locaux, du matériel, mais surtout, des hommes et des femmes. Le jour où la mise en place d'un CHU sera décidée, ce n'est pas deux mois plus tard qu'on verra arriver une équipe d'oncologie pédiatrique ou de transplantation de foie...
Ça va mettre du temps, mais aujourd'hui, les conditions ne sont pas créées pour que les gens viennent. Je prends l'exemple d'Orléans, qui n'avait pas de CHU. Le maire a beaucoup insisté pendant des années jusqu'à ce que le Premier ministre de l'époque, Jean Castex, annonce qu'un CHU arriverait. Cette année, ils vont embaucher une dizaine de professeurs pour autant de spécialités, et ça montera encore l'année suivante. Le CHU ne réglera pas du jour au lendemain l'accès aux soins, mais peut le régler sur le moyen terme et être un facteur d'attractivité.
- Quand vous dites "créer les conditions d'implantation" pour un CHU, ça signifie quoi concrètement ?
- Un CHU est d'abord une décision administrative : dire qu'un hôpital devient universitaire. On va ouvrir des postes et nommer dans les services de l'hôpital des professeurs d'université (PU) qui vont structurer le soin, la pédagogie et la recherche. Ces PU montent des équipes qui vont développer peu à peu ces missions. C'est la première étape.
Puis, d'autres spécialités pourront venir se greffer, certaines augmenteront leur taille, etc. C'est comme tout en politique, il faut commencer ! Il y a un signal très important à donner aux jeunes qui voudraient faire médecine, mais ne le font pas parce qu'ils savent qu'ils seraient obligés de quitter la Corse pour leur cursus.
- Vous emboîtez le pas au député insulaire Paul-André Colombani, qui a déposé il y a quelques jours une proposition de loi sur ce sujet. Avez-vous abordé cette question ensemble ?
- Bien sûr, nous échangeons souvent à ce propos et sommes en total accord sur ce texte. Il a d'ailleurs cosigné ma proposition de résolution.
- Pourquoi cette visite au nouvel hôpital d'Ajaccio, vendredi ?
- Je connaissais l'ancien hôpital, mais depuis le temps que tout le monde attendait le nouveau, je suis heureux de pouvoir enfin le visiter. Je veux comprendre comment c'est organisé, que le comité médical m'explique leurs projets et voir comment le projet de CHU peut s'y greffer. Voir aussi avec les médecins libéraux comment le public peut s'articuler avec le privé, car le CHU n'est pas autarcique.
- Évidemment. Un CHU, ce sont des locaux, du matériel, mais surtout, des hommes et des femmes. Le jour où la mise en place d'un CHU sera décidée, ce n'est pas deux mois plus tard qu'on verra arriver une équipe d'oncologie pédiatrique ou de transplantation de foie...
Ça va mettre du temps, mais aujourd'hui, les conditions ne sont pas créées pour que les gens viennent. Je prends l'exemple d'Orléans, qui n'avait pas de CHU. Le maire a beaucoup insisté pendant des années jusqu'à ce que le Premier ministre de l'époque, Jean Castex, annonce qu'un CHU arriverait. Cette année, ils vont embaucher une dizaine de professeurs pour autant de spécialités, et ça montera encore l'année suivante. Le CHU ne réglera pas du jour au lendemain l'accès aux soins, mais peut le régler sur le moyen terme et être un facteur d'attractivité.
- Quand vous dites "créer les conditions d'implantation" pour un CHU, ça signifie quoi concrètement ?
- Un CHU est d'abord une décision administrative : dire qu'un hôpital devient universitaire. On va ouvrir des postes et nommer dans les services de l'hôpital des professeurs d'université (PU) qui vont structurer le soin, la pédagogie et la recherche. Ces PU montent des équipes qui vont développer peu à peu ces missions. C'est la première étape.
Puis, d'autres spécialités pourront venir se greffer, certaines augmenteront leur taille, etc. C'est comme tout en politique, il faut commencer ! Il y a un signal très important à donner aux jeunes qui voudraient faire médecine, mais ne le font pas parce qu'ils savent qu'ils seraient obligés de quitter la Corse pour leur cursus.
- Vous emboîtez le pas au député insulaire Paul-André Colombani, qui a déposé il y a quelques jours une proposition de loi sur ce sujet. Avez-vous abordé cette question ensemble ?
- Bien sûr, nous échangeons souvent à ce propos et sommes en total accord sur ce texte. Il a d'ailleurs cosigné ma proposition de résolution.
- Pourquoi cette visite au nouvel hôpital d'Ajaccio, vendredi ?
- Je connaissais l'ancien hôpital, mais depuis le temps que tout le monde attendait le nouveau, je suis heureux de pouvoir enfin le visiter. Je veux comprendre comment c'est organisé, que le comité médical m'explique leurs projets et voir comment le projet de CHU peut s'y greffer. Voir aussi avec les médecins libéraux comment le public peut s'articuler avec le privé, car le CHU n'est pas autarcique.