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Le monde rural sur le déclin


Jacques RENUCCI le Mercredi 13 Février 2019 à 17:20

C'est une réflexion de plus en plus présente chez les décideurs : comment enrayer la désertification de l'intérieur ?



Le monde rural sur le déclin

Assises de la ruralité à Chisa, colloque sur le rural à Vico... Des rencontres, des échanges, qui ont pour objectif de de dessiner un état des lieux, il est alarmant, d'établir un diagnostic, il est inquiétant, et de chercher des solutions _ mais dans quelle direction ? L'état des lieux est facile à constater : le rural est agonisant, en voie de désertification, ou pire, de « banlieuisation ». Traditionnellement, il est d'usage de distinguer le rural de l'urbain. Mais la notion d'espace rural recouvre des contours divers, sociaux, patrimoniaux et environnementaux. Il y a peu de points communs entre le rural des plaines, où l'agriculture entre en conflit avec la spéculation et le mitage immobiliers, et le rural de l'intérieur, touché de plein fouet par la fracture territoriale, avec la fermeture des services, de la poste à l'école, l’abandon des bars et des commerces, l'absence de médecin et le vieillissement inexorable des habitants.


Quelles sont les conditions d'une hypothétique survie ? On parle d'agrotourisme, de tourisme vert, de pôles artisanaux, mais pour le moment elle tient à la persistance sur le terrain, et plus rarement à l'installation nouvelle, d'exploitants agricoles qui maintiennent tant bien que mal les traditions du lieu. La nature ayant horreur du vide, voit-arriver une population de remplacement ? Dans la France profonde, cette mutation a été entreprise il y a trente ans, au point qu'un mot anglais a été employé par les sociologues pour décrire le phénomène, la gentrification : l'installation de nouveaux habitants, plus bourgeois que paysans, attirés par un mode de vie différent et des prix attractifs sur le foncier bâti.

 

Uniformisation des modes de vie
Ce changement de profils démographiques n'est pas sans conséquence sur l'évolution des lieux, en particulier en ce qui concerne les mentalités, avec une hétérogénéisation contribuant parfois à l'« entre-soi » des nouveaux arrivants. Mais la Corse de l'intérieur n’est pas le Lubéron, du moins à ce niveau, et la plupart de ceux qui y débarquent sont loin d'être des nantis. Dans la future cohésion des espaces habités, le remplacement des porcs en divagation par des caniches n'est pas pour demain...

Mais c'est la présent qui est préoccupant. Le « déménagement des territoires » semble suivre une pente continue. Nos villes sont peuplées de villageois, fondus dans la communauté de destin, qui vivent un déracinement de proximité. On le comprend : avant de mettre en œuvre toute recette de revitalisation, il est nécessaire de rapprocher le rural des centres de vie en améliorant le réseau routier et en y installant des accès à internet performants. Car on ne peut pas réduire le rural à un ensemble de particularismes, productifs ou non, il est nécessaire de l'intégrer économiquement à un espace plus vaste. La ville d'un côté, la campagne de l'autre, cela a vécu. L'accès aux services de santé et d'éducation obéit désormais à la même exigence : c'est une des conditions de l'attractivité migratoire de l'intérieur et de sa renaissance, même si celle-ci, comme on l'a noté plus haut, emprunte des voies différentes de celles qu'ont créées au fil des siècles les coutumes. Il faudra compter avec l'uniformisation des modes de vie entre ruraux et citadins. Le rural aujourd'hui se trouve engagé dans une double confrontation : face à la ville sans doute, mais surtout face à son passé, avec, comme risque majeur, la marginalisation possible de ceux qui l'ont fondé, les agriculteurs.

 


colloque sur le rural à Vico
colloque sur le rural à Vico