« La forêt corse est effectivement mal en point. Il y a d’abord ce plan social d’envergure à l’ONF qui prévoit des suppressions de postes et la Corse sera la région la plus touchée. Autre point négatif, cette nouvelle taxe qui met fortement à contribution les communes forestières avec le risque de voir à terme les « distractions » du régime forestier et donc un impact sur l’emploi » explique Dumè Santelli, technicien forestier.
- Vous avez employé le terme de distractions du régime forestier, qu’est-ce que cela signifie ?
- Dumè Santelli : « Il s’agit simplement des communes forestières qui demanderont à ce que les forêts communales sortent du régime forestier. En clair, ne plus avoir à les gérer. Il n’y aura plus de gestion durable avec, pour conséquences, de voir des massifs à l’abandon. Actuellement, sur un massif forestier, qu’il soit communal ou territorial, il existe un aménagement, sorte de document qui défini sur une période donnée (20 ans) tout ce qu’il y a lieu de faire sur cette forêt, en termes de prélèvement de bois, travaux forestiers ; en fait, une gestion complète du massif afin de le pérenniser. Sans cela, le massif sera purement et simplement à l’abandon. »
- Dans son allocution, votre collègue a évoqué les dangers pour la forêt mais aussi et surtout pour les emplois. Est-ce votre avis ?
- D.S. : « Totalement. On constate depuis pas mal de temps qu’à l’ONF il y a beaucoup de postes vacants alors même qu’il existe une filière forestière au lycée agricole de Sartène qui forme tous les ans des jeunes diplômés en BTSA Gestion forestière dont certains ont été embauchés en CDD et se retrouvent peu après au chômage alors qu’il existe des postes. Il y a également le jeu de la fonction publique qui fait que l’ONF ne veut recruter sur ces postes que des fonctionnaires. On sait par ailleurs que la Corse est peu prisée par le personnel fonctionnaire qui reste au maximum trois ans sur le poste. Ce « turn-over » à savoir la rotation de l’emploi, rend de ce fait l’activité particulièrement difficile, la transmission du savoir professionnel et culturel du triage n’est plus respectée, la gestion en discontinue, l’établissement et le propriétaire ne s’y retrouvent plus. »
A quoi servent les diplômes ?
Il va sans dire que les salariés ne s’opposent absolument pas aux règles qui régissent l’emploi et la mobilité des fonctionnaires, mais force est de constater qu’elles ne répondent plus à la problématique de régionalisation des emplois mais bien au contraire, contribuent à en bloquer la mise en œuvre…
Cela, bien entendu, malgré les efforts de la Direction Régionale et les avancées notables obtenus par le STC au sein des instances du personnel (mise en place de concours). Le constat est cruel : on constate l’insuffisance des démarches entreprises. Pour preuve, le BTSA gestion forestière (BAC plus 2) et la mise au chômage des jeunes diplômes après leur CDD…
Raison pour laquelle les salariés STC montent au créneau et tirent la sonnette d’alarme : « L’ONF en Corse doit apporter sa contribution aux problématiques de la société insulaire. Nous demandons qu’une réflexion « ressources humaines » soit menée afin que l’emploi offert à l’ONF Corse devienne accessible à la jeunesse insulaire diplômée. »
Une DSP pour quoi faire ?
Depuis 2004 et le transfert de propriété de l’Etat à la CTC des 50 000 ha de forêts domaniales, les travaux sont réalisés par l’ONF et son personnel de droit privé dans le cadre d’une Délégation de Service Public de 12 ans. Cette DSP arrive à son terme à la fin de l’année prochaine et à ce jour, il ne semble pas y avoir de réflexion et de travail sur l’élaboration éventuelle d’un nouvel engagement de ce type. Il faut savoir également que la fin de cette convention coïncide avec la fin de la mandature de la CTC. Aussi, le STC s’inquiète de ces incertitudes qui pèsent sur l’avenir : « Dans ce contexte, nous demandons aux élus de la CTC d’engager une étude sur la faisabilité juridique d’un prolongement d’une année supplémentaire de l’actuelle DSP de manière à ne pas avoir de chevauchement avec le calendrier électoral. Nous souhaitons également être associés à l’élaboration d’un nouveau document de manière à pouvoir apporter notre éclairage sur les imperfections de l’actuelle DSP. Tant qu’une véritable table de négociation ne sera pas ouverte, le STC-ONF Corse s’opposera systématiquement à la mascarade orchestrée par la Direction Générale de l’ONF… »
J. F.