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Législatives 2024 : Nazione ne donne aucune consigne de vote


MV le Jeudi 27 Juin 2024 à 16:17

À deux jours du premier tour des élections législatives anticipées, Nazione a annoncé qu'il ne donnera aucune consigne de vote, critiquant vivement une campagne que le mouvement indépendantiste juge déconnectée des intérêts corses et marquée par des enjeux franco-français.



Alors que la campagne du premier tour touche à sa fin, Nazione, qui ne présente pas de candidat, a annoncé qu'il ne donnera aucune consigne de vote. Le mouvement indépendantiste a tenu une conférence de presse ce jeudi pour asseoir sa position ferme et tranchée sur ce scrutin qualifié de "mascarade électorale déclenchée par un gouvernement en perdition". "Il était essentiel pour nous d'intervenir durant cette campagne, même sans être directement impliqués dans cette élection, car elle marquera un tournant politique décisif pour la Corse," a justifié Petru Antone Tomasi, porte-parole du mouvement "Les intérêts de la Corse et des Corses sont complètement ignorés dans cette péripétie électorale strictement franco-française. Le contexte n'était pas propice à ce que notre mouvement y participe."

Nazione a également clarifié sa position quant au second tour, réaffirmant qu'aucune consigne de vote ne sera donnée. "Les Corses sont des hommes et des femmes libres qui se détermineront en leur âme et conscience," a insisté Petru Antone Tomasi. 

Critique de l'échiquier politique
Abordant la situation politique actuelle, le porte-parole du mouvement l'a qualifiée de "chaotique" et a vivement critiqué cette élection imposée par les "fluctuations erratiques de la vie politique française" et affirmé que ce scrutin "ne suscite d'intérêt en Corse que parmi les partis alignés sur Paris ou ceux qui suivent une feuille de route dictée par l'Etat."  

En ce qui concerne les candidats en lice, Petru Antone Tomasi a dénoncé la présence de "profils issus de la colonisation de peuplement et totalement étrangers à la Corse", qu'il accuse de "parasiter les débats législatifs". "Il est grand temps que la Corse se libère de cette relation étouffante avec l'État français," a-t-il martelé, appelant à un changement radical vers une solution politique internationale.   

Le mouvement indépendantiste a également fustigé les partis de gauche et d'extrême droite "identitaire" qui se présentent à cette élection sur l'ile. "La Corse n'a nul besoin d'un programme commun de la gauche française qui nie notre identité de peuple et de nation, ni d'un régionalisme identitaire calqué sur l'extrême droite française," a souligné Petru Antone Tomasi. Selon lui, ces forces politiques relèguent les Corses "au rang de sous-peuple" et soutiennent une "mise sous tutelle" dégradante. Il a appelé à un mouvement national fort, capable de résister à ces influences.


Menace de montée du RN
En ce qui concerne la possible ascension de l'extreme droite en Corse, Nazione a vivement critiqué la majorité territoriale. "Si le Rassemblement National parvenait à s'imposer en Corse et à accéder au second tour, ceux qui ont semé la discorde au sein du mouvement national, en reniant leurs engagements envers le peuple corse et les principes fondamentaux du nationalisme, devront en assumer la responsabilité," a dénoncé Petru Antone Tomasi. Le parti regrette que l'ascension de l'extrême droite sur l'ile soit le résultat d'un mouvement national fragmenté et vulnérable. "Un mouvement national fort, cohérent, avec des objectifs clairs et une unité dans sa diversité aurait constitué le meilleur rempart contre le Rassemblement National," a observé le porte parole.  

Nazione a aussi réaffirmé sa critique de l'accord de Beauveau sur l’autonomie, conclu entre l'État et l'Assemblée de Corse, qu'il juge "très en deçà de ce qui est nécessaire pour la Corse". Le parti qui maintient ses revendications essentielles : la reconnaissance du peuple corse, la promotion de son identité culturelle, linguistique et environnementale souhaite que la question nationale corse soit abordée par le droit international, "indépendamment des changements politiques en France." Il a mentionné les démarches entreprises par le mouvement pour que la Corse soit reconnue comme un territoire à décoloniser par les Nations Unies, et a insisté sur l'importance de trouver une issue positive à la situation actuelle, jugée néfaste.