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Législatives. Après le retrait de Sylvie Jouart, François-Xavier Ceccoli assure n’avoir « aucun contact » avec le RN


le Mardi 2 Juillet 2024 à 14:56

Quelques heures après les résultats du premier tour des élections législatives, et alors qu'une triangulaire devait se jouer dans la 2ème circonscription de Haute-Corse, le Rassemblement National a annoncé le désistement de sa candidate, Sylvie Jouart, au profit du candidat libéral et maire de San Giuliano, François-Xavier Ceccoli. Ce dernier affirme être totalement extérieur à cette décision et l'avoir découvert dans la presse. Il assure en outre que s'il est élu, il siégera "dans la famille des Républicains modérés". Jean-Félix Acquaviva, le député sortant et candidat de Femu a Corsica, y voit pour sa part "un accord politique local et national pour conforter une majorité d'union des droites".



C’est une décision qui pourrait bien rebattre les cartes pour le 2ème tour des élections législatives dans la 2èmecirconscription de Haute-Corse. Arrivée en troisième position avec 25,42 % des voix, derrière François-Xavier Ceccoli (34,05 % des suffrages) et Jean-Félix Acquaviva (28,63% des voix), la candidate du Rassemblement National (RN), Sylvie Jouart a annoncé se désister lundi en fin de journée. Contactée par CNI elle expliquait alors : « Ce n'est pas de mon fait. C'est le RN qui a décidé de me retirer de la deuxième circonscription de Haute-Corse, afin de laisser le champ libre à François-Xavier Ceccoli pour mener sa campagne. Je le regrette, car ce n'est pas dans ma nature d'abandonner un travail commencé ».  
 
La triangulaire annoncée pour le second tour laisse donc finalement la place à un remake du duel serré de 2022 entre le député sortant, Jean-Félix Acquaviva, et le candidat sans étiquette et maire de San Giuliano, François-Xavier Ceccoli. Ce dernier qui pourrait donc bénéficier du report des quelques 11 275 voix du RN dit avoir « appris le désistement de Sylvie Jouart dans la presse et en avoir pris acte ». Il pointe avant tout « une décision démocratique ». « J’ai cru comprendre, en lisant le communiqué extrêmement clair du Rassemblement National que les propos outranciers du président de l’Exécutif de Corse qui ont tendance à stigmatiser une famille politique, ce qui est à mon avis est une erreur en démocratie, étaient la raison principale », analyse-t-il en ajoutant : « D’autre part, Hélène Sanchez, qui se veut être la représentante de Jean-Luc Mélenchon à travers sa famille politique, a appelé dès les premières heures à me faire battre en faisant voter pour le candidat pour le candidat. Je suppose qu’il y avait donc aussi une crainte du Rassemblement National de voir Jean-Félix Acquaviva rejoindre les rangs de Jean-Luc Mélenchon ». 
 
Une "stigmatisation nauséabonde" 

« Je constate que c’est à la fois une décision centraliste locale et nationale de Marine le Pen. C’est une décision d’appareil qui veut faire barrage au candidat nationaliste corse que je représente et donc barrage à la demande d’autonomie, à la défense de la langue et de la culture corse, à notre lutte contre la spéculation foncière et immobilière, à nos valeurs démocratiques », souffle pour sa part Jean-Félix Acquaviva qui fustige le fait que « François-Xavier Ceccoli accepte cette intronisation de l’appareil parisien du RN ». « Il conforte ainsi le propos initial qu’il avait tenu : qu’il siégerait dans sa famille politique des Républicains. Or, on sait Les Républicains très ambigus : non seulement Eric Ciotti a déjà franchi le Rubicon pour aller au Rassemblement National – et je rappelle qu’il est toujours président des Républicains – mais aussi François-Xavier Bellamy avait fait un appel à voter le RN au second tour selon les candidats en face, et glisse vers l’extrême droite. Il y a fort à parier qu’il y a eu un accord politique local et national pour conforter cette majorité d’union des droites, au détriment de ce que demandent les Corses et de la réalité corse », estime-t-il. 
 
De son côté, le principal intéressé se dit totalement extérieur à cette décision, et assure n’avoir eu « aucun contact » avec les représentants du RN, qu’ils soient locaux ou nationaux. « Moi je vais rester fidèle à ce que j’ai dit depuis le début de la campagne. Si je suis élu, je siégerai dans la famille des Républicains modérés, ceux qui sont aujourd’hui la famille historique. Et je voterai en mon âme et conscience les lois qui me semblent les meilleures », affirme-t-il. En outre, François-Xavier Ceccoli déplore la « stigmatisation nauséabonde » à son égard, à laquelle a donné lieu ce désistement. « Sur le continent, il y a des dizaines de candidats de La France Insoumise qui se retirent au profit d’autres candidatures.  Je ne vois pas pourquoi ce qui se passe ici serait plus scandaleux que ce qui se passe ailleurs. Il faut arrêter avec ce deux poids deux mesures : je ne vois pas pourquoi ce qui se passe avec Jean-Luc Mélanchon serait diabolisé avec le Rassemblement National. En démocratie il faut être honnête avec tout le monde, et surtout respecter les électeurs », commente-t-il.
 
L’exception corse
 
Dans les colonnes du journal Le Monde, Marine Le Pen annonçait ce mardi qu’au sein du RN « la décision a été prise de ne pratiquer aucun désistement ». « Quand on analyse les situations où nous sommes troisièmes, il y a très peu de cas où un LR compatible avec nous a fini premier. Et puis, nos électeurs sont assez sérieux pour faire le bon choix », indiquait-elle. Le choix de retirer Sylvie Jouart apparait donc comme une exception au niveau national. « Je me trouve honoré d’être aussi ciblé par Marine Le Pen et François Filoni, cela veut dire que tout ce que l’on représente en termes de valeurs, en termes de principes, en termes d’objectifs, de projet de société, de projet d’émancipation au service exclusif des Corses est un danger pour eux », glisse en écho Jean-Félix Acquaviva. « Je me soucie également des électeurs qui ont pu se porter leur voix vers le RN au premier tour par vote contestataire ou antisystème qui se trouvent otages aujourd’hui d’une décision parisienne de Marine Le Pen qui veut montrer qu’elle est patronne jusqu’en Corse. Au détriment même de la candidate Sylvie Jouart qui voulait se maintenir, ce qui prouve que concernant la Corse et les grands thèmes à défendre comme la fiscalité du patrimoine, la régulation des prix du carburant, la langue, la culture ou le foncier, nous aurons ce genre d’attitude verticale de la direction centrale parisienne », ajoute-t-il par ailleurs avant de conclure : « L’heure est un point de bascule historique. J’en appelle au rassemblement des nationalistes, au rassemblement des démocrates de gauche qui ne peuvent pas supporter cette évolution, et au rassemblement des démocrates de droite libérale et sociale, gaullistes, qui sont opposés à ce genre de glissement des Républicains vers le RN ».