Lors du premier tour des élections législatives, plus de 47 000 électeurs se sont prononcés en faveur du Rassemblement National (RN) en Corse. Un coup de massue qui a ébranlé les quatre circonscriptions de l’île, dans lesquelles l’ensemble des candidats du parti de Marine Le Pen se sont pour la première fois qualifiés pour le deuxième tour – même si Sylvie Jouart s’est depuis désistée dans la 2ème circonscription de Haute-Corse -. Dans les deux circonscriptions du sud, les candidats du parti à la flamme ont même mis les députés sortants, Laurent Marcangeli et Paul-André Colombani, dans des positions délicates. Une vague bleu marine qui a aussi fait des ravages au niveau national et menace de submerger l’Assemblée nationale à l’issue du scrutin de dimanche prochain. Une perspective à laquelle nombre d’acteurs politiques, syndicaux, associatifs, et même anonymes ne peuvent se résoudre.
Tout au long de la semaine, au fil des appels à « faire barrage » aux trois candidats du parti à la flamme toujours en course sur l’île -Ariane Quarena dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud ; François Filoni dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud ; et Jean-Michel Marchal dans la 1ère circonscription de Haute-Corse -, un front républicain s’est ainsi construit sous un mot d’ordre : « pas une seule voix pour le RN ». Une tentative de contrer la déferlante pour laquelle certains acteurs politiques n’ont pas hésité à s’allier à ceux qui étaient encore leurs adversaires quelques jours plus tôt. À commencer par le mouvement nationaliste au sein duquel les divergences semblent avoir été balayées – du moins jusqu’à dimanche – pour faire front face à un ennemi commun.
Une reprise des discussions entre les composantes du mouvement nationaliste ?
Au point que si l’union entre les différents courants avait été impossible à trouver avant le premier tour, donnant lieu à deux voire trois candidatures nationalistes dans chaque circonscription, les scores historiques du RN semblent ressouder des liens qu’on pensait durablement brisés. Dès l’annonce des résultats, Gilles Simeoni a ainsi annoncé vouloir faire barrage contre le parti à la flamme et soutenir l’ensemble des députés sortants, y compris donc Paul-André Colombani, le candidat du Partitu di a Nazione Corsa (PNC) (2èmecirconscription de Corse-du-Sud). Lundi, le PNC a à son tour appelé à « laisser les querelles d’appareils politiques et les logiques partisanes de côté » et à créer « un front central qui rassemble les nationalistes, les autonomistes, les progressistes de droite et de gauche, de façon à barrer la route du Rassemblement National » afin de « faire réélire les quatre députés sortants ».
« Devant l’urgence de la situation », Core in Fronte a renchérit mercredi en sollicitant un « vote patriotique » en faveur de Michel Castellani, Jean-Félix Acquaviva et Paul-André Colombani, les trois candidats nationalistes encore en lice, et en ajoutant qu’ « aucune voix ne doit aller au RN » dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud où le député sortant, Laurent Marcangeli (Horizons), fait face à la candidate du Rassemblement Ariane Quarena. En outre, Core in Fronte a également dévoilé avoir rencontré « les responsables de Femu a Corsica et du PNC mardi 2 juillet à Bastia et Ghisunaccia ». « Nous leur avons demandé une remise en cause collective et un sursaut patriotique unitaire nécessaire afin de rentrer en rupture et en résistance collective. Ils s’y sont engagés. Nous jugerons sur acte », a indiqué le parti en annonçant également qu’il « prendra une initiative politique majeure en ce sens et sera amené à rencontrer d’autres partis et syndicats nationalistes ». La situation politique pourrait-elle avoir comme effet collatéral une reprise des discussions entre les différents acteurs du mouvement national ? Seul Nazione, qui s’est refusé à participer à ces législatives qualifiées de « mascarade », est resté en marge de cette dynamique. Au cours d’une conférence de presse, ce jeudi, le mouvement indépendantiste a seulement rappelé son « opposition frontale aux thèses du Rassemblement National, héritier direct du Front National de Jean-Marie le Pen », tout en pointant également « la faillite de la majorité territoriale autonomiste et sa pleine responsabilité dans la situation calamiteuse que connait la Corse aujourd’hui ».
Une vague populaire
Mais au-delà de la famille nationaliste, c’est une grande partie de la classe politique insulaire qui s’est aussi mobilisée. Du Parti Communiste Français, jusqu’à la représentation locale de Renaissance, en passant par A Manca, La France Insoumise, le Parti Socialiste ou encore le Parti Radical, tous ont appelé à faire barrage au RN. Au-delà des incantations, cette opposition radicale au parti à la flamme s’est en outre bien faite bien sentir en ces derniers jours de campagne. En témoignent les nombreux élus, venus parfois de loin, qui étaient notamment présents au meeting de Paul-André Colombani mercredi soir à Zonza, à l’instar du maire de Bonifacio Jean-Charles Orsucci, de Paul-Félix Benedetti, le leader de Core in Fronte ou encore de Jean-Baptiste Luccioni, maire de Pietrosella et candidat du Nouveau Front Populaire auquel il était opposé lors du 1er tour. « Le combat que nous menons face aux héritiers de Vichy est moral et historique », a lancé le député sortant à cette occasion, comme un ultime appel aux derniers indécis, devant le musée de la Résistance et la fresque Jean Nicoli dont les petits enfants, Marie-Jeanne et Jean Nicoli, avaient tenu à manifester leur inquiétude face à la percée du RN dans un communiqué mercredi.
Plus loin, cette vague d’opposition massive au RN est également palpable au sein de la société civile insulaire. Si bien que depuis les résultats du premier tour, des communiqués sont publiés par dizaines dans tous les secteurs. Et ont rarement été aussi unanimes. Le syndicat étudiant Ghjuventù Indipendentista appelle par exemple à « barrer la route à une idéologie aux antipodes de la nôtre », tandis que le STC affirme que les intérêts de la Corse et des travailleurs corses se trouvent à « l'opposé de leurs idées rétrogrades, de leur politique colonisatrice et de leur vision destructrice de l'idée Nationale Corse ». « L’extrême droite représente une menace directe pour les droits des travailleuses et des travailleurs, pour nos libertés fondamentales et pour le vivre-ensemble. Elle promeut des politiques qui divisent, stigmatisent et isolent, remettant en cause les conquis sociaux pour lesquels nous nous sommes battus », pose de son côté la CGT de Corse-du-Sud tandis que la LDH Corsica souligne que « ce qui se joue dimanche dépasse radicalement ce qui nous divise ». « Ce n’est pas une question de droite ou de gauche ou de nationalisme. Ce qui est en jeu, c’est la possibilité de vivre toutes et tous ensemble, celle de faire de notre communauté de destin une société fraternelle. A cette question, le RN répond par un projet politique raciste et violent, celui de la destruction progressive des libertés. Il s’agit de l’arrivée au pouvoir d’un parti dont le programme est construit autour de la négation de l’égalité en droit des êtres humains proclamée par l’ONU en 1948 », insiste-t-elle.
Plus exceptionnel, cette prise de position est également venue d’acteurs culturels insulaires. « Devant l’imminence d’un danger qui menacerait à court terme les fondements mêmes de leur motivation (la culture, la connaissance, le respect de tous) » les Éditeurs de Corse exhortent ainsi « à ne pas tomber dans la facilité promise d’une issue lourde de conséquences pour notre avenir ». Un collectif d’artistes a de son côté organisé deux manifestations à Ajaccio et Bastia ce jeudi soir, qui ont rassemblé plusieurs centaines de personnes. Et puis il faut aussi compter ces milliers de voix d’anonymes qui ont également affiché leur refus de voir l’extrême-droite dominer l’hémicycle de l’Assemblée nationale.
En somme, malgré le vote massif en faveur du RN, c’est donc une vaste partie de la société corse, souvent si divisée, qui s’est rassemblée derrière un même combat. Une vague populaire qui donne bon espoir pour la suite aux députés sortants. « Je pense qu’avec un front républicain à l’usu nustrale nous allons arriver à dépasser le Rassemblement National qui a atteint son plafond de verre », glisse Paul-André Colombani.
Tout au long de la semaine, au fil des appels à « faire barrage » aux trois candidats du parti à la flamme toujours en course sur l’île -Ariane Quarena dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud ; François Filoni dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud ; et Jean-Michel Marchal dans la 1ère circonscription de Haute-Corse -, un front républicain s’est ainsi construit sous un mot d’ordre : « pas une seule voix pour le RN ». Une tentative de contrer la déferlante pour laquelle certains acteurs politiques n’ont pas hésité à s’allier à ceux qui étaient encore leurs adversaires quelques jours plus tôt. À commencer par le mouvement nationaliste au sein duquel les divergences semblent avoir été balayées – du moins jusqu’à dimanche – pour faire front face à un ennemi commun.
Une reprise des discussions entre les composantes du mouvement nationaliste ?
Au point que si l’union entre les différents courants avait été impossible à trouver avant le premier tour, donnant lieu à deux voire trois candidatures nationalistes dans chaque circonscription, les scores historiques du RN semblent ressouder des liens qu’on pensait durablement brisés. Dès l’annonce des résultats, Gilles Simeoni a ainsi annoncé vouloir faire barrage contre le parti à la flamme et soutenir l’ensemble des députés sortants, y compris donc Paul-André Colombani, le candidat du Partitu di a Nazione Corsa (PNC) (2èmecirconscription de Corse-du-Sud). Lundi, le PNC a à son tour appelé à « laisser les querelles d’appareils politiques et les logiques partisanes de côté » et à créer « un front central qui rassemble les nationalistes, les autonomistes, les progressistes de droite et de gauche, de façon à barrer la route du Rassemblement National » afin de « faire réélire les quatre députés sortants ».
« Devant l’urgence de la situation », Core in Fronte a renchérit mercredi en sollicitant un « vote patriotique » en faveur de Michel Castellani, Jean-Félix Acquaviva et Paul-André Colombani, les trois candidats nationalistes encore en lice, et en ajoutant qu’ « aucune voix ne doit aller au RN » dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud où le député sortant, Laurent Marcangeli (Horizons), fait face à la candidate du Rassemblement Ariane Quarena. En outre, Core in Fronte a également dévoilé avoir rencontré « les responsables de Femu a Corsica et du PNC mardi 2 juillet à Bastia et Ghisunaccia ». « Nous leur avons demandé une remise en cause collective et un sursaut patriotique unitaire nécessaire afin de rentrer en rupture et en résistance collective. Ils s’y sont engagés. Nous jugerons sur acte », a indiqué le parti en annonçant également qu’il « prendra une initiative politique majeure en ce sens et sera amené à rencontrer d’autres partis et syndicats nationalistes ». La situation politique pourrait-elle avoir comme effet collatéral une reprise des discussions entre les différents acteurs du mouvement national ? Seul Nazione, qui s’est refusé à participer à ces législatives qualifiées de « mascarade », est resté en marge de cette dynamique. Au cours d’une conférence de presse, ce jeudi, le mouvement indépendantiste a seulement rappelé son « opposition frontale aux thèses du Rassemblement National, héritier direct du Front National de Jean-Marie le Pen », tout en pointant également « la faillite de la majorité territoriale autonomiste et sa pleine responsabilité dans la situation calamiteuse que connait la Corse aujourd’hui ».
Une vague populaire
Mais au-delà de la famille nationaliste, c’est une grande partie de la classe politique insulaire qui s’est aussi mobilisée. Du Parti Communiste Français, jusqu’à la représentation locale de Renaissance, en passant par A Manca, La France Insoumise, le Parti Socialiste ou encore le Parti Radical, tous ont appelé à faire barrage au RN. Au-delà des incantations, cette opposition radicale au parti à la flamme s’est en outre bien faite bien sentir en ces derniers jours de campagne. En témoignent les nombreux élus, venus parfois de loin, qui étaient notamment présents au meeting de Paul-André Colombani mercredi soir à Zonza, à l’instar du maire de Bonifacio Jean-Charles Orsucci, de Paul-Félix Benedetti, le leader de Core in Fronte ou encore de Jean-Baptiste Luccioni, maire de Pietrosella et candidat du Nouveau Front Populaire auquel il était opposé lors du 1er tour. « Le combat que nous menons face aux héritiers de Vichy est moral et historique », a lancé le député sortant à cette occasion, comme un ultime appel aux derniers indécis, devant le musée de la Résistance et la fresque Jean Nicoli dont les petits enfants, Marie-Jeanne et Jean Nicoli, avaient tenu à manifester leur inquiétude face à la percée du RN dans un communiqué mercredi.
Plus loin, cette vague d’opposition massive au RN est également palpable au sein de la société civile insulaire. Si bien que depuis les résultats du premier tour, des communiqués sont publiés par dizaines dans tous les secteurs. Et ont rarement été aussi unanimes. Le syndicat étudiant Ghjuventù Indipendentista appelle par exemple à « barrer la route à une idéologie aux antipodes de la nôtre », tandis que le STC affirme que les intérêts de la Corse et des travailleurs corses se trouvent à « l'opposé de leurs idées rétrogrades, de leur politique colonisatrice et de leur vision destructrice de l'idée Nationale Corse ». « L’extrême droite représente une menace directe pour les droits des travailleuses et des travailleurs, pour nos libertés fondamentales et pour le vivre-ensemble. Elle promeut des politiques qui divisent, stigmatisent et isolent, remettant en cause les conquis sociaux pour lesquels nous nous sommes battus », pose de son côté la CGT de Corse-du-Sud tandis que la LDH Corsica souligne que « ce qui se joue dimanche dépasse radicalement ce qui nous divise ». « Ce n’est pas une question de droite ou de gauche ou de nationalisme. Ce qui est en jeu, c’est la possibilité de vivre toutes et tous ensemble, celle de faire de notre communauté de destin une société fraternelle. A cette question, le RN répond par un projet politique raciste et violent, celui de la destruction progressive des libertés. Il s’agit de l’arrivée au pouvoir d’un parti dont le programme est construit autour de la négation de l’égalité en droit des êtres humains proclamée par l’ONU en 1948 », insiste-t-elle.
Plus exceptionnel, cette prise de position est également venue d’acteurs culturels insulaires. « Devant l’imminence d’un danger qui menacerait à court terme les fondements mêmes de leur motivation (la culture, la connaissance, le respect de tous) » les Éditeurs de Corse exhortent ainsi « à ne pas tomber dans la facilité promise d’une issue lourde de conséquences pour notre avenir ». Un collectif d’artistes a de son côté organisé deux manifestations à Ajaccio et Bastia ce jeudi soir, qui ont rassemblé plusieurs centaines de personnes. Et puis il faut aussi compter ces milliers de voix d’anonymes qui ont également affiché leur refus de voir l’extrême-droite dominer l’hémicycle de l’Assemblée nationale.
En somme, malgré le vote massif en faveur du RN, c’est donc une vaste partie de la société corse, souvent si divisée, qui s’est rassemblée derrière un même combat. Une vague populaire qui donne bon espoir pour la suite aux députés sortants. « Je pense qu’avec un front républicain à l’usu nustrale nous allons arriver à dépasser le Rassemblement National qui a atteint son plafond de verre », glisse Paul-André Colombani.