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Législatives. Jean-Baptiste Lucciardi (Core in Fronte) : « Il faut redonner du pouvoir d’achat aux gens qui subissent la question des monopoles »


le Mercredi 19 Juin 2024 à 22:23

Militant de 46 ans originaire de Santu Petru di Tenda, Jean-Baptiste Lucciardi est le candidat de Core in Fronte dans la 1ère circonscription de Haute-Corse pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet. Il y sera le seul nationaliste opposé au député sortant, Michel Castellani. Avec sa suppléante, Serena Battestini, ils entendent défendre les valeurs portées par le parti indépendantiste.



- Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter à ces élections ?
- C’est une décision de notre mouvement de se présenter à ces élections législatives. À la base, la semaine dernière, nous avions appelé à l’union de l’ensemble du mouvement national en vue de ces élections. Malheureusement celle-ci n’a pas pu se faire et par conséquent nous avons décidé de nous présenter dans les quatre circonscriptions de Corse.
 
- Core in Fronte est habituellement absent de ce scrutin. Cette décision de présenter des candidats pour ces législatives anticipées témoigne-t-elle de l’importance du moment et des enjeux ?
- Tout à fait. Ce n’est pas pour nous une élection de référence. Nous ne nous étions pas présentés au scrutin de 2022. Les élections législatives ont toujours été difficiles notamment pour le mouvement indépendantiste, mais néanmoins dans le contexte actuel, suite à la montée du Rassemblement National et de l’extrême-droite, on peut se retrouver dans les semaines à venir face à une situation politique inédite à laquelle seront confrontées les revendications du peuple corse. Dans ce contexte, y compris avec la montée du RN en Corse, nous pensons qu’il est du devoir des nationalistes de se présenter, de porter notre message de façon forte et d’être les moteurs d’un changement en Corse.
 
- Vous l’avez dit, l’union tant espérée entre les nationalistes ne s’est pas faite. Dans votre circonscription en particulier vous serez opposé à Michel Castellani, l’un des trois députés nationalistes sortants. Est-ce que cela ne va pas contribuer à diviser un peu plus la famille nationaliste ?
- Il n’y a pas de risque de diviser la famille nationaliste. Michel Castellani a le discours de son parti Femu a Corsica, qui est autonomiste. Nous nous présenterons dans cette campagne pour porter notre discours et nos revendications que ce soit en matière de vie chère, de pouvoir d’achat, de spéculation immobilière, sur la fin des monopoles, ou sur une évolution que la Corse attend pour plus d’autonomie.
 
- Vous êtes assez critique envers le bilan des députés nationalistes sortants. Pourquoi ?
- Si le score du Rassemblement National est aussi haut en Corse, c’est probablement que pour l’opinion publique corse et nationaliste, il n’y a pas eu de résultats à hauteur de ce qui était attendu et espéré. C’est la raison de notre présence sur ces élections.
 
- Quelles sont vos thématiques de campagne ?
- Ce sont des thématiques classiques que nous portons. Il y a la question de la vie chère et du pouvoir d’achat. Aujourd’hui, la Corse est en voie de paupérisation, elle est socialement en difficulté. 30 000 personnes vivent dans une situation sociale précaire, 20 000 vivent sous le seuil de pauvreté. Tout cela est inacceptable. Il faut redonner du pouvoir d’achat aux gens qui subissent de plein fouet la question des monopoles notamment dans les transports. Dans la grande distribution, il est aussi tout à fait anormal que l’on subisse des prix qui soient supérieurs de 17% par rapport à la moyenne française. Idem pour les carburants, où malgré un taux de TVA moindre - 13% contre 20% en France - l’essence est plus chère en Corse. Tout cela n’est pas acceptable. Si nous sommes élus, nous demanderons notamment des commissions d’enquête sur les prix en Corse et sur la fin des monopoles.
 
- Autre priorité majeure en Corse : l’accès au logement. Quelles mesures proposez-vous en la matière ?
- L’accès au logement est lié à la spéculation foncière et immobilière qui font grimper les prix. Cette question est aussi liée mécaniquement à l’arrivée de 5000 personnes par an en Corse. Nous n’avons pas les infrastructures ni les possibilités de loger tout le monde, et donc il est nécessaire de trouver des solutions qui puissent enrayer à la fois la spéculation immobilière et la spéculation foncière.
 
- En matière de santé, poursuivrez-vous le combat pour la demande de création d’un CHU sur l’île ?
- C’est une vieille revendication du mouvement nationaliste. Elle a ces derniers temps été portée par Paul-André Colombani, mais aussi par Laurent Marcangeli. C’est une demande qui est légitime. La Corse doit aller vers l’excellence en matière de santé. La demande de création d’un CHU est donc une des revendications de Core in Fronte. Dans le cadre d’un CHU multi-sites, pour ma circonscription, il faut également qu’il y ait une rénovation et une nouvelle construction d’un hôpital à Bastia.
 
- La question environnementale est un cheval de bataille de Core in Fronte. Quid des actions que vous pourrez porter en la matière ?
- L’écologie est l’une de nos priorités. Aujourd’hui, il est notamment nécessaire d’aller vers un tourisme maîtrisé pour la protection de nos sites environnementaux.
 
- Comment imaginez-vous poursuivre le processus d’autonomie ?
- Nous aurons une réponse générale le 7 juillet au soir. Si le RN venait à l’emporter de façon partielle ou totale, il a déjà annoncé la couleur en se prononçant contre ce processus. Je rappelle simplement que la question de l’évolution institutionnelle vers l’autonomie est une demande démocratique de la Corse validée à plus de 70% à l’Assemblée de Corse et que par conséquent, nous mettrons toutes nos forces dans la bataille pour aller vers une véritable solution politique globale pour la Corse.
 
- Si vous n’êtes pas présent au 2nd tour, quelles consignes de vote pourrez-vous donner ?
- Pour le moment cela n’a pas été tranché. Nous nous concentrons sur le 1er tour, et nous verrons cette question par la suite.