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Législatives. Laurent Marcangeli (Horizons) : "Je pense avoir été utile"


le Vendredi 21 Juin 2024 à 18:53

Candidat à sa propre succession, le député sortant de la 1ère circonscription de Corse-du-Sud repart en campagne pour les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, aux côtés de son suppléant de 2022, Xavier Lacombe, le maire de Peri et vice-président de la CAPA. Fort de son bilan et sous la seule bannière Horizons, groupe dont il était président à l’Assemblée nationale, Laurent Marcangeli souhaite continuer le travail qu’il a entrepris durant deux ans lors d’un nouveau mandat. Insistant sur la solennité de ces élections et la gravité des enjeux, il entend agir d’un côté sur des problématiques insulaires qu’il juge particulièrement importantes comme la santé, le désordre foncier, ou l’alimentation énergétique de la Corse, tout en articulant ses priorités autour de l’éducation, de l’autorité de l’État, ou encore la lutte contre le séparatisme religieux. Des défis face auxquels il promet d’être à la hauteur.



- Après la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue de ces élections législatives anticipées, quel sentiment vous anime alors que vous êtes candidat à votre propre réélection ?
- Avant tout un sentiment de responsabilité parce que les temps sont compliqués et qu’il va falloir être à la hauteur. Je pense qu'au cours des 15 dernières années durant lesquelles j'ai exercé différentes responsabilités politiques, j'ai su faire face à la confiance que les électeurs m'ont apportée. Je me sens encore capable de le faire et je me sens armé pour pouvoir le faire. Vu les temps que nous vivons, je crois qu'il va falloir avoir des élus, notamment à l'Assemblée nationale, qui seront capables de pouvoir être à la hauteur de ces exigences et de ces moments un peu particuliers et confus que nous vivons.
 
- Lors de votre déclaration de candidature, il y a quelques jours, vous évoquiez « l'élection la plus décisive de (votre) vie ». Pourquoi ?
- Après toutes ces années d'engagement, j'ai le sentiment que nous sommes à la croisée des chemins et que nous vivons des temps particulièrement troubles. Il va falloir avoir les idées claires et les capacités requises pour pouvoir prendre les bonnes décisions. Ce que nous vivons est décisif parce que le monde est traversé par des crises qui se répercutent sur l'Europe, sur la France et sur la Corse. Je suis un père de famille et pour moi il est particulièrement important de faire en sorte que le monde que j'ai eu en héritage soit transmis dans les meilleures conditions aux générations futures. Ainsi, je crois que cette élection, vu le contexte dans lequel elle se déroule, est décisive. 
 
- Quel bilan vous tirez de ces deux années de mandat ?
- Je pense avoir été utile. J'ai été utile tout d’abord lorsqu'il s'est agi de proposer une loi qui a été adoptée à l'unanimité par l'Assemblée nationale et par le Sénat, visant à protéger nos enfants des dérives des réseaux sociaux, à responsabiliser les parents par rapport à ce fléau, à faire en sorte que nous nous armions pour pouvoir réguler ce phénomène. J'en ai véritablement la conviction parce qu’aujourd'hui, au niveau de l'Union européenne tout entière, on voudrait faire de la majorité numérique à 15 ans la norme, et je suis particulièrement content d'avoir eu cette idée car je crois que nous sommes véritablement face à un enjeu de civilisation. Cette loi, j'y ai mis beaucoup de moi et elle est particulièrement importante. J'ai également travaillé d'arrache-pied en vue d'être fidèle à mes engagements. Les textes de loi que j'ai votés, je l’ai fait parce que je considérais qu'ils allaient dans le bon sens. Alors que j'étais président de groupe, j'ai aussi été volontaire pour m'engager en vue de rédiger le rapport de la commission d'enquête qui concernait la mort d'Yvan Colonna. J'ai donné six mois de travail quasi quotidien pour pouvoir répondre présent, et je crois que ce que nous avons fait à ce moment-là va dans le sens de la justice. Lorsque je discute pendant des mois du devenir de la Corse, notamment à travers un processus institutionnel qui n'est que la continuité d'une volonté démocratique et qui a été validé par le chef de l'État, j'ai aussi le sentiment d'être utile. Mon combat, n'est pas pour un parti, pas pour un camp, pas pour un clan. Mon combat, il est pour la Corse et les Corses. Et je crois avoir démontré au cours de ces deux dernières années que j'étais capable de ranger de côté les querelles partisanes, les accords d'appareil et les copinages politiques pour pouvoir trouver les consensus et les rassemblements nécessaires en vue de créer un chemin de prospérité et surtout de paix pour la Corse. 
 
 

- À travers ces élections européennes et un vote qui s'est porté largement vers les partis d'extrême droite, les électeurs ont quelque part voulu exprimer un cri de colère. Quel message voulez-vous leur faire passer ?
- Il n'y a pas que de la colère, il y a beaucoup de choses en même temps. Ce n'est pas anodin que des millions de Français fassent ce choix. Je pense que derrière ce vote, d'abord, il y a de la peur. Et moi aussi, j'ai peur pour mes enfants, peur de la société dans laquelle nous vivons. Mais j'ai confiance en nos bonnes volontés, j'ai confiance en nos services publics, même si parfois, on peut considérer qu'ils ont des défaillances, et j'ai confiance en la justice. Il m'arrive aussi d'être en colère lorsque je vois certaines choses. Il y a des drames qui se produisent qui provoquent l'indignation, mais ce n’est pas pour autant que je me tourne vers des votes radicaux parce que je ne considère pas que cela règle les problèmes, bien au contraire, l'histoire a parlé avant moi. Je veux dire à ceux qui font ce choix que je ne les juge pas. En revanche, je vais essayer de donner tout ce que je peux pour démontrer que les solutions qui sont proposées par certaines plateformes électorales ne vont pas dans la bonne direction et ne correspondent pas à ce que le bien commun nous commanderait de faire. Aujourd'hui, beaucoup de gens se tournent vers ces solutions, ce qui nous amène à faire preuve d'humilité parce qu'il y a des choses qui ne marchent pas, des choses qui révoltent, et des choses qui rendent les gens en colère. Cette colère ne vient pas de rien. Donc, il ne faut pas être dans un esprit de déni par rapport à un certain nombre de problèmes qui se posent dans notre société. 
 
- Quelles sont vos priorités d'action pour cette campagne ?
D’abord, c'est de servir celles et ceux qui me font l'honneur d'être leur représentant. En Corse, les problématiques liées à la santé, au désordre foncier, à l'environnement, à l'alimentation énergétique me préoccupent et me semblent particulièrement importantes. Il y a également aussi la poursuite d'un dialogue avec l'État, quels que soient les résultats des élections, en vue de définir une solution politique qui fasse l'objet d'un accord et d'un consensus pour l'avenir de la Corse. En ce qui concerne les sujets nationaux, et cela n'est pas antinomique avec le fait d'être un élu de la Corse, la première chose c'est de parler d'éducation. Notre modèle éducatif a besoin d'être défendu et d'être renforcé, peut-être même d'être repensé. Nous devons apporter des réponses en vue de faire en sorte que l'école soit la priorité. La deuxième chose, c’est l'autorité de l'État qui ne doit pas être un vain mot, mais une réalité. Ensuite, il y a aussi une question qui me semble particulièrement importante, c'est l'Europe. Proposer de sortir de l'Europe, même si on refuse de le dire de manière stricto sensu, c'est une folie dans le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui, où des puissances étrangères voudraient qu'on s'éloigne d'un mode de vie que nous avons adopté depuis maintenant près de 80 ans. C'est un sujet superbement important qui concerne aussi la Corse. Il ne faut pas croire que nous sommes loin des conflits, ni que nous obtenu de manière ferme et définitive les droits qui sont les nôtres. Et puis, je ne ferme pas les yeux sur le fait qu'aujourd'hui en France il y a des personnes qui considèrent que notre modèle de société n'est pas bon et qu'il faudrait instaurer des systèmes gouvernés par des pensées religieuses, notamment basés sur le fondamentalisme islamiste. Je sais que beaucoup de gens aujourd'hui votent en faveur des extrêmes parce qu'ils considèrent que rien n'est fait et que les responsables politiques ne regardent pas les choses en face par rapport à cette problématique. Je ne fais pas partie de ces responsables politiques, parce que constaté qu’il se passe des choses qui sont inacceptables. C'est un sujet dont il faut parler et qu'il ne faut pas laisser seulement aux candidats du Rassemblement National ou de Reconquête. Pour moi, être dans ce déni est grave. Et surtout, je pense que la façon dont j’en parle ne fait pas de moi un raciste, ni quelqu'un qui rejette la religion de l'Islam que je respecte. Cela fait de moi quelqu'un qui regarde la société telle qu'elle est et qui constate qu’il faut y apporter des réponses. 
 
-  Vous avez été l’un des acteurs du processus de Beauvau durant cette mandature. Si vous êtes réélu, comment poursuivrez-vous le travail parlementaire visant à l’évolution institutionnelle de l’île ?
- Toujours dans la recherche du bien commun, et dans la recherche de la co-construction. Modifier la Constitution est un exercice difficile et cela demande un esprit de dialogue qui est très fort. C'est ce que j'ai fait jusqu'à présent. Au cours des deux dernières années, quand certains évènements ont fait que, parfois, le dialogue aurait pu être grippé entre l'État et les élus de la Corse, j'ai toujours fait en sorte que le dialogue ne soit pas rompu. Là d’où j'étais, j'ai joué ce rôle parce que je considérais que rien ne serait pire. Donc la première chose est toujours de garder cette boussole du dialogue. Ensuite, c'est également d'être campé sur des positions qui sont fortes. Lorsque je trouve un compromis avec des élus qui ne sont pas du même bord que moi, je ne vais pas au-delà de ce que je peux accepter. Tout cela je l'ai toujours fait dans le cadre d'une République que je veux plus apte à déléguer des responsabilités aux territoires qui la forment, à faire confiance aux élus locaux. Et à ceux qui penseraient que je me suis réveillé un bon matin avec cette idée d'agir comme je l’ai fait depuis deux ans, je les renvoie aux archives. En 2012, jeune député de Corse du Sud, je suis monté aux Ghjurnate de Corte, et j’avais déjà dit des choses. C'est le combat de ma vie de faire en sorte que la Corse puisse avoir un dialogue politique qui soit serein et d'aller chercher des résultats. Il faudra convaincre le Gouvernement, quelle que soit sa coloration de s'intéresser à la Corse, parce qu’elle mérite qu'on l'écoute, qu'on l'entende. C'est l'action que je mènerai fort de l'expérience antérieure qui est la mienne et je pense aussi de la crédibilité que j'ai pu acquérir au cours des deux dernières années en tant que président de groupe à l'Assemblée nationale.