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Législatives. Valérie Bozzi : « Je veux redonner du pouvoir d'achat aux Corses »


le Samedi 22 Juin 2024 à 12:55

Maire de Grosseto-Prugna et co-présidente du groupe Un Soffiu Novu à l’Assemblée de Corse, Valérie Bozzi est à nouveau candidate aux élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud. Aux côtés de son suppléant Pierre Castellani, le maire d’Aullène, et dans le cadre d’une démarche transpartisane, elle entend mener campagne autour des principaux problèmes du quotidien des Corses avec un mot d’ordre : « l’apaisement des esprits ».



Valérie Bozzi et son suppléant, Pierre Castellani, sont candidats aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud.
Valérie Bozzi et son suppléant, Pierre Castellani, sont candidats aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud.
- Après avoir échoué au 2nd tour face à Paul-André Colombani en 2022, vous êtes de nouveau candidate pour ce scrutin anticipé. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous relancer dans la course pour ces législatives ?
- En tant que maire, présidente d’une communauté de 28 communes et conseillère à l’Assemblée de Corse, j’ai une responsabilité. Je dois apporter des réponses aux inquiétudes créées par la crise politique nationale. J'étais candidate en 2022 et naturellement, lorsque la dissolution a été annoncée, mes amis m’ont sollicité et encouragé à être de nouveau candidate. En deux ans, la situation s'est considérablement dégradée. J’ai donc décidé de présenter ma candidature pour représenter une autre voie pour la Corse à l'Assemblée nationale et porter des projets et des réformes pour la France et la Corse. Je crois que nous sommes à un tournant. On savait que la dissolution devait arriver parce que le pays devenait chaque jour un peu plus ingouvernable. Le 49.3 fonctionne à petite dose mais cela ne pouvait pas durer sur toute la mandature. Mon espoir est de faire à nouveau entendre la voix de notre circonscription à l'Assemblée nationale.  
 
- Une nouvelle fois, vous avez choisi de partir sans étiquette. Pourquoi ?
- J’ai fait le choix, en 2021, de poursuivre mon engagement politique en dehors des partis traditionnels. Une façon de reprendre ma liberté et de ne plus dépendre d’une ligne nationale à laquelle je n’adhérais plus et qui a éclaté après cette dissolution. On voit bien que les partis, tant de gauche que de droite, sont en recomposition. Moi, je veux parler à l'ensemble des électeurs de la circonscription, de la droite, du centre, de la gauche-démocrate, aux nationalistes. Je crois que l'heure est au rassemblement. C'est d’ailleurs ma méthode de travail à la mairie de Grosseto-Prugna Porticcio et à la communauté de communes du Taravo-Ornano. 
 
- Comment jugez-vous le bilan député sortant Paul-André Colombani ?
- Pour le juger, il faudrait qu’il en ait un ! Tant sur la première mandature que sur la seconde, il s’est surtout illustré par son absence sur les votes importants et sur les problèmes du quotidien des Corses. Il n’a pris part qu’au vote de 50 textes sur les 266 présentés depuis deux ans. Son activité parlementaire n’est pas consistante et sa proposition de loi tardive n’a pas abouti en raison des divisions de ses collègues députés nationalistes. Même en ce qui concerne le processus d'autonomie, il n’était pas vraiment force de propositions. Pour ma part, je ne l’ai jamais vu dans ma commune ni dans le 6ème canton d’Ajaccio durant ces sept années. Je pense que c'est problématique d'avoir un député transparent, tant sur les débats que sur le terrain. 
 
- Dans cette situation de crise inédite que connaît le pays, quelles sont vos principales thématiques de campagne ?
- Il y a un préalable à tous les discours ou propositions que je ferai : l’apaisement des esprits en France comme en Corse. Le chemin de l’apaisement passe par la nécessité de prendre en compte les problèmes du quotidien. Je veux faire du thème de la sécurisation de l’île un axe fort de la campagne. Il faut prémunir la Corse des dérives que l’on constate sur le continent. La tranquillité et la sécurité doivent être garanties. Je veux renforcer le contrôle des visiteurs au départ du continent et à l’arrivée en Corse. Pour entrer en Corse, il faut passer par les ports et les aéroports. Une fois députée, je demanderai des moyens dédiés et travaillerai à des mesures spécifiques. La sécurisation concerne aussi les projets d’investissement pour créer de l’activité et de l’emploi. Le développement économique est l’angle mort de toutes les politiques publiques en Corse. On doit remettre la formation et le travail au cœur du débat pour que la Corse puisse s'élever et les Corses s’épanouir. Et, enfin, sécuriser le quotidien des retraités, de nos ainés en général, qui connaissent des difficultés d’accès aux soins, pour se déplacer et qui perçoivent des faibles pensions. La question de l’autonomie est majeure chez nous. Les conditions du maintien à domicile doivent refaire l’objet d’un grand débat à l'Assemblée nationale. Lorsque l’on est député d'une circonscription comme la nôtre, avec une population assez vieillissante, il faut rester vigilant. La production et l’offre de logements sont faibles. Je le constate au quotidien. C’est difficile pour les Corses de se loger, tant en location qu'à l'achat à des prix décents. Je proposerai de faciliter l'accès au logement pour les primo-accédants en élargissant le dispositif de prêt à taux zéro pour les territoires en tension. Comme toute la Corse est un territoire en tension, cela permettra de favoriser l'achat pour les primo-accessions.
 
- Quelle sera votre 1ère action si vous devenez députée ?
Redonner du pouvoir d'achat aux Corses ! C’est possible. J’ai fait d'ailleurs une proposition très concrète qui concerne les carburants. On sait qu’ils pèsent lourd dans le budget des familles, en particulier dans cette circonscription où il y a peu de transports publics, et où on est obligé de souvent circuler en voiture. Dès que je serai élue, je ferai un amendement à loi de finances 2025 portant sur une réduction de 25 centimes par litre pour la Corse en proposant une baisse de TVA. Dans le même temps, je réunirai tous les distributeurs pour discuter d’une baisse équivalente. Tout cela en garantissant aux revendeurs, les stations de proximité, nos petits commerçants, leur marge. Je serai aussi attentive à la prorogation des arrêtés Miot que le Nouveau Front Populaire veut supprimer à l’instar de toutes les niches fiscales. Je veux durablement inscrire la dérogation et les abattements sur les droits de succession pour les biens situés en Corse. Il en va de la survie de notre patrimoine et des maisons de villages
 
- En matière de santé, quelles actions porterez-vous pour permettre un meilleur accès des Corses aux soins de santé ? Est-ce que vous poursuivrez le travail entamé pour la création d'un CHU sur l'île ?
- Le CHU était un point prioritaire de mon projet en 2022 et il le reste en 2024. C'est un projet fédérateur et consensuel. Par rapport au continent, il y a un manque en Corse que l'on doit aujourd'hui rattraper. Il faut également lutter contre les déserts médicaux. On le voit, de plus en plus de villages sont privés de médecins par les départs à la retraite. Sur le territoire intercommunal, je suis en train de créer deux maisons de santé en partenariat avec l'ARS. Je crois que c'est une priorité parce qu’il y a deux choses qui sont essentielles pour n'importe quel citoyen : c'est vivre en sécurité et pouvoir être soigné rapidement et dans de bonnes conditions. En Corse, nous avons du retard qu’il faudra rattraper par la structuration d’une offre de santé appropriée et de qualité. 
 
- Quid de vos propositions en matière environnementale ?
- L’avenir est aux énergies propres et la Corse doit devenir un exemple en la matière et attirer des investissements. Je crois en l’économie verte. Déjà, en 2022, j’avais lancé l’idée de faire de la Corse un territoire pilote en matière de décarbonation. A Grosseto, j’ai multiplié les partenariats pour faire émerger, à l'échelle d'une petite commune, des projets pour décarboner l’activité, verdir l’espace public, développer les transports collectifs et la mobilité douce, comme le vélo. Voilà des projets qu'il faut généraliser à l'île. La difficulté, et c’est le rôle d’un parlementaire, est de réussir à peser sur l'Europe, qui est aujourd'hui compétente en termes de réglementation climatique.
 
- Si vous êtes élue, comment poursuivrez-vous le travail parlementaire pour le statut d'autonomie ?
- Comme je l'ai fait pendant deux ans. Avec sincérité, sans a priori, et fidèle à mes convictions qui sont bien loin de l’étiquette que l'on m'avait collée. Pour son avenir, en raison de sa spécificité, la Corse a un réel intérêt à être inscrite dans la Constitution. Le statut d’autonomie et la capacité à produire des normes, dans certains domaines, répond à la particularité de notre territoire. Au quotidien, en tant que maire, je me heurte à des textes, réglementaires ou législatifs, adaptés soit au continent soit aux grandes villes, mais pas du tout à notre spécificité. Par exemple, on voit bien que le transfert de la compétence eau aux communautés de communes sera problématique. La loi SRU n'est aussi pas du tout adaptée sur à nos communes de plus de 3500 habitants. J’ai évoqué ces sujets avec le ministre de l’Intérieur pendant le processus et s’il reprend, je les défendrai avec toute la puissance d’une députée. Le processus a été un moment de vérité pour tous les protagonistes. Il a fallu faire des compromis. De part et d’autre. Il a fallu discuter, négocier, trouver les moyens de nous rassembler, et nous avons réussi. Il faudra encore certainement des discussions pour convaincre le Sénat et même l'Assemblée nationale. Et j’estime être la mieux placée pour les conduire et défendre un pacte respectueux des parties.
 
- Avec l’implosion de la droite et l’incertaine majorité présidentielle où, imaginez-vous vous siéger à l'Assemblée nationale si vous êtes élue ?
- Il est trop tôt pour le dire. Attendons les résultats. Aujourd’hui nous ignorons les équilibres qui seront trouvés au sein de l’Assemblée. Une chose est sûre, je siègerai où l'intérêt de la Corse me portera et, en tout cas, ce ne sera pas dans les extrêmes.