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Les chauffeurs de taxis montent au créneau : Colère et inquiétudes en Corse-du-Sud


Jean-François Vinciguerra le Mardi 26 Janvier 2016 à 18:57

L’intersyndicale des taxis de la Corse-du-Sud monte au créneau et refuse la mise à mort de ses entreprises et de ses emplois. La loi Macron, les arrivées des VTC et d’Uber sont très mal perçues. Les taxis insulaires sont solidaires de leurs camarades de l’hexagone. Ils reprochent aux conducteurs de véhicules de tourisme avec chauffeur de ne pas respecter la réglementation qui leur est spécifique. Et de rogner ainsi leurs parts de marché. Ils ne descendent pas dans la rue mais la crise est proche



Les chauffeurs de taxis montent au créneau : Colère et inquiétudes en Corse-du-Sud
Emanations de l’économie numérique, ces véhicules de tourisme avec chauffeur, nés en France en 2011 et que l’on commande via des applications de smartphones, concurrencent la profession des cochers mécaniques nés au début du XXe siècle et, jusqu'il y a peu, en situation de monopole dans le pays pour le transport particulier par des conducteurs professionnels. En 2015, près de 60 000 taxis étaient dénombrés sur le territoire français, dont plus d’un quart en Ile-de-France. Soit 40% de plus depuis 1992. Parallèlement, la France compte près de 25 000 conducteurs de VTC détenteurs d’une carte professionnelle, sachant qu’ils ne sont pas tous en activité. Ainsi, un rapport remis au gouvernement affirme que «le nombre d’inscriptions d’exploitants de VTC a quasiment doublé tous les ans» entre 2012 et 2014, mais qu’il «n’est pas encore possible de connaître leur nombre exact»


La Corse aussi…
La profession dit constater une forte baisse de ses recettes depuis l’arrivée des VTC - sans que cela soit vérifiable, faute de transparence au sein de la profession - et mettent en cause les pratiques illicites desdits VTC dans leur fonctionnement : géo-localisation du client avant réservation (privilège réservé aux taxis, tout comme la maraude; soit le chargement à la volée de clients dans la rue sans réservation), occupation de la voie publique sans autorisation (stationnement dans le but d’attendre des clients potentiels à transporter), racolage et utilisation détournée des véhicules Loti (transport collectif de deux à 10 personnes). De plus, les taxis se montrent très remontés sur «l’effectivité» et «l’efficacité» des contrôles, pourtant renforcés à l’été 2015. Enfin, certains chauffeurs de taxis sont opposés aux forfaits prochainement imposés pour les courses vers et depuis les aéroports parisiens.
Pour les taxis de Corse comme d’ailleurs, il y a une forte exaspération qui se manifeste du fait des promesses faites par le gouvernement qui n’ont absolument pas été tenues. M. Emmanuelli, président du syndicat explique :
« En raison des nombreux dérapages gouvernementaux concernant la profession, les trois syndicats unis sont en accord avec les revendications des taxis lors des manifestations et totalement impliqués. Loin de vouloir créer de nouveaux blocages qui créeraient des difficultés pour l’économie insulaire déjà malmenée, nous exprimons notre colère et notre inquiétude.
  • Notre colère car malgré les promesses, aucune n’a été tenue et notre profession subit toujours la concurrence déloyale grâce à l’inertie des pouvoirs publics
  • Concurrence déloyale, aggravée par le statut d’auto-entrepreneur mis en place et adoubé par l’Etat, accroissant les inégalités  devant la loi et les charges publiques
  • Inquiétude car notre profession de taxi devrait cette fois subir une mise à mort avec l’arrivée de la société Uber (qui ne paye pas ses impôts en France) avec la bénédiction de M. Macron.
Nous demandons donc une égalité de traitement pour tous les professionnels taxis et une application homogène de la loi « Thévenoud.» 
Cette société Uber est prête à venir concurrencer les artisans taxis sur le transport des malades assis en proposant à la CPAM une facturation attractive par rapport aux taxis agréés. Cela, au détriment de la qualité du service rendu aux patients par les chauffeurs de taxis, notamment dans le rural et cela sous prétexte de rentabilité. Aussi, face à un présent difficile et un avenir incertain, les artisans taxis de la Corse du Sud ont tenu à avertir les usagers et les pouvoirs publics de leur ras-le-bol face aux assauts auxquels ils doivent faire face. L’Etat, complice de notre disparition programmée doit assumer ses actes. »
Rappelons que cette réunion d’urgence s’est déroulée dans les locaux de la chambre de Métiers de la Corse-du-Sud qui soutient les artisans taxi. François Gabrielli, le président, assistait d’ailleurs à la réunion.
J.-F. V.