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Les étourneaux sont de retour à Ajaccio : Le maître fauconnier aussi !


José Fanchi le Mercredi 28 Novembre 2018 à 17:38

Avec l’automne, les étourneaux ont fait leur retour à Ajaccio. Avec eux, le bruit, l'odeur et les fientes. Les riverains sont incommodés par toutes ces nuisances. La ville a lancé une campagne d'effarouchement new-look. Et ça marche



(Photo Michel Luccioni)
(Photo Michel Luccioni)
Combien de fois, peu avant la tombée de la nuit, avons-nous été émerveillés par un ciel urbain magnifié par un vol d'étourneaux ? Nous avons tous été fascinés par les mouvements synchronisés de ces oiseaux qui déroulent sous nos yeux un extraordinaire ballet. Ils volent de manière coordonnée d’arbre en arbre en dessinant de superbes formes, qui se font et se défont  au gré de leurs réactions en masse. Du point de vue scientifique, le vol des étourneaux a donné lieu à de très nombreuses études, toutes ayant plus ou moins fonctionné un temps mais la problématique est souvent devenue récurrente.
Ajaccio comme beaucoup de villes de l’hexagone, est située sur un couloir migratoire. Des milliers d’oiseaux ont élu domicile dans les platanes. Un abri idéal qui les protège de la lumière et de leurs prédateurs. Idéal pour eux mais pas pour les riverains. Le bruit est insupportable et aux nuisances sonores, s’ajoutent les nuisances olfactives. Les fientes d’oiseaux recouvrent les trottoirs, les véhicules et les habitations. Rien n’est épargné. Les fientes ont une odeur âcre et dégagent des vapeurs un peu toxiques. Elles sont également corrosives et abîment tout. Les employés municipaux passent leur temps à nettoyer les déjections, mais à peine ont-ils terminé qu’il faut recommencer…


Avec de vrais rapaces
Au fil des années, les services municipaux d’Ajaccio ont lancé plusieurs campagnes d’effarouchement. Il y a eu les lasers, méthode qui fait ses preuves au début, mais par la suite, les étourneaux revenaient. Autres moyens utilisés, pour faire fuir les étourneaux : élaguer les arbres, tirer des fusées pour perturber leur tranquillité ou encore diffuser des cris de rapaces prédateurs. Les effets ont été de courre durée. Il a fallu faire appel à de véritables spécialistes -  ils sont une demi-douzaine en France - à l’image de Ludwig Verschatse, authentique fauconnier capacitaire national et formateur.
Il faut savoir que l’étourneau sansonnet a la particularité de vivre en groupe, c’est un oiseau grégaire. Pour se protéger des prédateurs comme l’épervier, le faucon ou la buse, il passe la journée en plaine où il trouve de quoi se nourrir  puis le soir, il rejoint  les dortoirs communautaires, notamment les  boulevards bordés de platanes.
Le fauconnier a donc été mandaté par la mairie et connait bien la ville pour y avoir déjà exercé. Il est à Ajaccio depuis quelques jours et sa mission s’achève. Il nous explique :
« Durant la journée, l’étourneau est dans les champs pour se nourrir puis revient le soir pour s’installer en ville. L’oiseau choisit chaque fois le même emplacement, à savoir le rond point de la gare, les platanes situés le long du port jusqu’à l’ancien marché, certains se situent un peu plus loin au niveau du casino vers le cours Grandval. »


Pourquoi le platane ?
« Simplement parce qu’il y a encore des feuilles qui lui permettent de se cacher. Ils passent ainsi l’hiver en ville dès le début de l’automne et s’en vont courant février. Si on intervient assez tôt, on peut réussir très vite à les chasser de la ville. Ce que je fais tous les ans. Ainsi, avec mes rapaces – trois buses et un faucon gerfaut  - que je laisse évoluer quelques jours, ils finissent par les pousser hors de la ville en leur évitant de se poser dans les arbres. »


Et ça marche ?
« Très bien même. Dès lors que les rapaces sont lâchés, l’étourneau qui n’ose plus descendre en ville du fait de la présence des rapaces, ne se pose plus. Il s’en va ailleurs. C’est là que l’effarouchement joue pleinement son rôle. L’oiseau a une très bonne mémoire des lieux et du prédateur, de fait il préfère éviter les quelques sites qu’il a l’habitude de fréquenter. »


Depuis près de quatre ans, le fauconnier commence à avoir une certaine habitude et cela lui permet de bloquer les étourneaux dès les premiers jours de sa tournée en ville, de sorte que les volatiles rentrent rarement en ville ou très peu. Il y a quatre ans, les étourneaux avaient été comptabilisés à près de 180 000 unités. Cette année il y en aurait sensiblement moins.
J. F.

(Photos Michel Luccioni)