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Les hôpitaux corses sous tension et les soignants épuisés


Livia Santana le Lundi 3 Janvier 2022 à 19:00

En pleine 5ème vague de Covid-19, les centres hospitaliers insulaires peinent à faire fonctionner leurs services. En cause, l'importance du personnel infecté ainsi que l'épuisement des soignants qui sont sur le front depuis deux ans.



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Ce lundi 3 janvier, c'est la première fois que l'hôpital de Bastia recense 99 arrêts de travail pour cause de Covid. "On a jamais vu ça avant", s'étonne Françoise Vesperini, directrice des ressources humaines au centre hospitalier de Bastia. 

Depuis une dizaine de jours, sur fond de variant Omicron, les hôpitaux corses relèvent un taux d'absentéisme sans précédent, créant de véritables tensions au sein des services. "Nous fonctionnons de manière dégradée, avec du personnel présent épuisé",  regrette de son côté Pascal Derudas, directeur adjoint de l'hôpital d'Ajaccio qui assure que"cette nouvelle vague n'épargne aucun service". En cause, les fêtes de fin d'année : le personnel hospitalier a été majoritairement contaminé dans le cercle familial comme le reste de la population sur l'île. 

Afin de pallier le manque, depuis ce lundi 3 janvier, les soignants vaccinés positifs à la Covid-19 peuvent être appelés à travailler à condition qu'ils soient asymptomatiques. Toutefois, cette mesure rend sceptique Pascal Derudas qui comprend que des salariés puissent être réticents à l'idée de travailler avec une personne contaminée. "Il va falloir y aller prudemment pour ne pas créer une crise dans la crise", assure-t-il en se remémorant "la chasse aux sorcières" des mois précédents, lorsque la vaccination des soignants avait été rendue obligatoire et avait causé quelques départs. 

L'épuisement du personnel

Après deux ans de combat quotidien contre l'épidémie, dans le Nord comme dans le Sud de l'île, les directeurs constatent une fatigue générale de leurs équipes qui se battent pour soigner les patients atteints du virus. 
Karine Galleyn, cadre de santé aux urgences de l'hôpital de la Miséricorde d'Ajaccio ressent l'épuisement des 70 personnes qu'il a sous sa responsabilité : "En réanimation ou aux urgences Covid, les soignants n'ont eu aucun répit, ils n'ont jamais arrêté de soigner des patients. Que ce soit à la maison ou au travail, on parle de partout de la situation sanitaire. La fatigue est aussi bien physique que mentale." 
Pascal Derudas confirme cette détresse. "Parfois quand on croise certains soignants, on a l'impression de parler avec des zombies", confie-t-il. 

A Falcunaghja, cet épuisement s'est traduit par une vague de démissions depuis septembre dernier. "Notre personnel est désabusé, il ne voit plus la fin. Cela fait quelques mois que l'on voit de plus en plus de soignants qui tirent leur révérence, sans même passer par la case mise à disposition. Ils changent complètement de voie malgré une revalorisation salariale annoncée par le gouvernement", explique Françoise Vesperini. 

Pour combler l'absentéisme, les hôpitaux corses ont fait appel à la réserve nationale sanitaire.
A Bastia, la direction a aussi proposé des heures supplémentaires sur la base du volontariat et, malgré la fatigue, les soignants ont bien répondu présent. "Cela nous permet, pour le moment, de pouvoir tenir encore un peu le coup", poursuit la directrice des ressources humaines qui se félicite de la résilience des salariés.