Jeune plantation de Ghjermana à Castellare di Casinca.
- Quel est l’objet de ces assemblées générales ?
- Nous avons choisi de tenir ces assemblées générales dans les locaux de l’AREFLEC à San Giuliano, pour faire un focus sur les plants d’oliviers. En partenariat avec l’AREFLEC, nous avons, enfin, mis en place la production de plants d’oliviers locaux. Cela fait, 20 ans, que la filière le souhaite ! L’actualité Xylella Fastidiosa a poussé l’ensemble de nos partenaires techniques et financiers à se mobiliser très rapidement. Nous avons pu, sur la base de travaux de recherches conduits depuis 20 ans, effectuer des prélèvements de boutures sur des arbres pluri-centenaires et les installer dans une serre spécifique et protégée de l’AREFLEC. Une fois ces boutures enracinées, dans environ un mois, elles seront confiées à des pépiniéristes ou conservées à l’AREFLEC, qui feront l’élevage des plants. Ceux-ci seront vendus dans un délai de 16 ou 18 mois. Ce seront les premiers plants d’oliviers corses, produits en Corse à partir d’oliviers centenaires, et les premiers plants certifiés français !
- Quelles variétés corses avez-vous sélectionnées ?
- Nous avons sélectionné l’ensemble des six variétés inscrites dans l’AOP. Des producteurs nous ont autorisés à prélever des boutures sur un certain nombre d’arbres centenaires qui ont, tous, fait l’objet d’analyses génétiques et phytosanitaires. Ces dernières ont porté sur la xylella, mais aussi sur des maladies comme la tuberculose de l’olivier (Pseudomonas), ou certains virus dont on ne connaissait même pas l’existence. Nous avons écarté les arbres qui n’étaient pas sains, toutes les boutures sont, donc, indemnes de xylella. Les analyses génétiques ont confirmé qu’il s’agissait bien de variétés locales. Le profil génétique de ces variétés a été refait 100 à 150 fois sur chaque arbre pour s’assurer que la variété était bien la Ghjermana de Casinca, la Capanacce du Cap Corsa, la Zinzala du Sud ou l’Oliva Nera de l’Alta Rocca.
- Qu’ont montré ces analyses ?
- Elles ont confirmé les profils génétiques que l’on connaissait déjà depuis 15 ans puisqu’ils avaient fait l’objet d’une thèse sur laquelle s’est basée la reconnaissance de l’AOP. Le premier objectif de cette thèse était de définir les variétés locales. La Corse compte 50 dénominations différentes d’oliviers pour 6 variétés locales. D’une vallée à l’autre, les noms diffèrent, mais l’analyse ADN a montré que, même si on l’appelle Oliva Bianca à Vico, Sabina en Balagne ou Biancaghja dans le Nebbiu, c’est la même variété partout. Nous avons, aussi, comparé ces variétés locales avec toutes les banques de données mondiales existant sur la génétique de l’olivier. Nous nous sommes aperçus que deux variétés locales, la Ghjermana de Casinca et l’Oliva Nera d’Alta Rocca, sont deux variétés génoises, Frantoio et Moraiolo. C’est logique, vu qu’on a été génois pendant 400 ans.
- Pourquoi avoir choisi des plants centenaires ? Sont-ils plus sains et plus résistants à la xylella ?
- Même si on peut estimer qu’un arbre en place depuis 400 ans a su traverser différents écueils, c’est plutôt pour s’assurer de l’origine géographique des arbres. Au-delà de la multiplication des plants, nous souhaitons procéder à la sélection des arbres. L’AREFLEC va conserver certaines boutures dans des serres insect-proof pour les protéger de l’introduction de nouvelles maladies, notamment celles transmises par les insectes. Ces arbres sous cloche seront nos pieds-mère et serviront à préserver le capital génétique des oliviers corses. Une bouture de chaque arbre sera installée dans différents vergers corses afin de regarder, pendant 15 à 20 ans, son aptitude à produire. Si on s’aperçoit que sur les 30 plants de Sabina, trois sont, soit plus résistants aux maladies, soit plus aptes à produire, ils serviront, dans le futur, de pieds-mère pour alimenter nos nouveaux vergers. En 2017, nous aurons les premiers plants certifiés issus de la production locale. Dans dix ans, nous aurons les premiers plants sélectionnés et certifiés.
- Nous avons choisi de tenir ces assemblées générales dans les locaux de l’AREFLEC à San Giuliano, pour faire un focus sur les plants d’oliviers. En partenariat avec l’AREFLEC, nous avons, enfin, mis en place la production de plants d’oliviers locaux. Cela fait, 20 ans, que la filière le souhaite ! L’actualité Xylella Fastidiosa a poussé l’ensemble de nos partenaires techniques et financiers à se mobiliser très rapidement. Nous avons pu, sur la base de travaux de recherches conduits depuis 20 ans, effectuer des prélèvements de boutures sur des arbres pluri-centenaires et les installer dans une serre spécifique et protégée de l’AREFLEC. Une fois ces boutures enracinées, dans environ un mois, elles seront confiées à des pépiniéristes ou conservées à l’AREFLEC, qui feront l’élevage des plants. Ceux-ci seront vendus dans un délai de 16 ou 18 mois. Ce seront les premiers plants d’oliviers corses, produits en Corse à partir d’oliviers centenaires, et les premiers plants certifiés français !
- Quelles variétés corses avez-vous sélectionnées ?
- Nous avons sélectionné l’ensemble des six variétés inscrites dans l’AOP. Des producteurs nous ont autorisés à prélever des boutures sur un certain nombre d’arbres centenaires qui ont, tous, fait l’objet d’analyses génétiques et phytosanitaires. Ces dernières ont porté sur la xylella, mais aussi sur des maladies comme la tuberculose de l’olivier (Pseudomonas), ou certains virus dont on ne connaissait même pas l’existence. Nous avons écarté les arbres qui n’étaient pas sains, toutes les boutures sont, donc, indemnes de xylella. Les analyses génétiques ont confirmé qu’il s’agissait bien de variétés locales. Le profil génétique de ces variétés a été refait 100 à 150 fois sur chaque arbre pour s’assurer que la variété était bien la Ghjermana de Casinca, la Capanacce du Cap Corsa, la Zinzala du Sud ou l’Oliva Nera de l’Alta Rocca.
- Qu’ont montré ces analyses ?
- Elles ont confirmé les profils génétiques que l’on connaissait déjà depuis 15 ans puisqu’ils avaient fait l’objet d’une thèse sur laquelle s’est basée la reconnaissance de l’AOP. Le premier objectif de cette thèse était de définir les variétés locales. La Corse compte 50 dénominations différentes d’oliviers pour 6 variétés locales. D’une vallée à l’autre, les noms diffèrent, mais l’analyse ADN a montré que, même si on l’appelle Oliva Bianca à Vico, Sabina en Balagne ou Biancaghja dans le Nebbiu, c’est la même variété partout. Nous avons, aussi, comparé ces variétés locales avec toutes les banques de données mondiales existant sur la génétique de l’olivier. Nous nous sommes aperçus que deux variétés locales, la Ghjermana de Casinca et l’Oliva Nera d’Alta Rocca, sont deux variétés génoises, Frantoio et Moraiolo. C’est logique, vu qu’on a été génois pendant 400 ans.
- Pourquoi avoir choisi des plants centenaires ? Sont-ils plus sains et plus résistants à la xylella ?
- Même si on peut estimer qu’un arbre en place depuis 400 ans a su traverser différents écueils, c’est plutôt pour s’assurer de l’origine géographique des arbres. Au-delà de la multiplication des plants, nous souhaitons procéder à la sélection des arbres. L’AREFLEC va conserver certaines boutures dans des serres insect-proof pour les protéger de l’introduction de nouvelles maladies, notamment celles transmises par les insectes. Ces arbres sous cloche seront nos pieds-mère et serviront à préserver le capital génétique des oliviers corses. Une bouture de chaque arbre sera installée dans différents vergers corses afin de regarder, pendant 15 à 20 ans, son aptitude à produire. Si on s’aperçoit que sur les 30 plants de Sabina, trois sont, soit plus résistants aux maladies, soit plus aptes à produire, ils serviront, dans le futur, de pieds-mère pour alimenter nos nouveaux vergers. En 2017, nous aurons les premiers plants certifiés issus de la production locale. Dans dix ans, nous aurons les premiers plants sélectionnés et certifiés.
- Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?
- C’est vrai, c’est tard ! On peut regretter de n’avoir pas fait ce travail il y a 15 ans ! L’oléiculture française l’a fait dans les années 60. Les oliviers corses n’ont, à cette époque, pas été pris en considération parce qu’ils n’étaient plus exploités. Ce travail a toujours manqué à la filière, la xylella a permis de mobiliser tous les acteurs pour y parvenir.
- Finalement, la xylella n’est-ce pas une sorte de mal pour un bien ?
- Exactement ! Sans la xylella, on n’aurait pas compris que d’importer une plante, que ce soit l’olivier ou autre, fait courir un risque à la Corse entière ! Sans la xylella, on nous aurait dit : « Oui, c’est important, il faut qu’on en parle… ». C’est ce qu’on nous a dit pendant 20 ans sans jamais réussir à aboutir. Le risque d’introduction de la souche italienne pauca a incité le Préfet de région à prendre un arrêté de limitation d’importation des plants, les producteurs à monter au créneau et nos partenaires techniques et financier à nous entendre et à s’impliquer à fond. Sans l’énorme menace de xylella, nous aurions encore attendu quelques années pour voir aboutir ce projet.
- Une souche de xylella est présente en Corse, mais n’affecte pas les oliviers. Le risque existe-t-il ?
- La Corse n’est pas touchée par la souche Pauca, présente dans les Pouilles, mais par la Multiplex que nous avons découverte en juillet 2015 parce que nous l’avons cherché. Cela ne touchait, d’abord, que le Polygala myrtifolia, donc les plantes ornementales par lesquelles cette maladie a été introduite en Corse. C’est bien parce que la ménagère de moins de 50 ans ne pouvait pas se passer d’une plante à fleurs bleues qu’on a vérolé toute l’île ! On s’est, malheureusement, ensuite, aperçu que d’autres plantes ornementales étaient touchées, également les platanes, les chênes liège, le romarin et, tout récemment, l’immortelle, le genêt à balai, les cistes… La souche est bien diffusée dans le maquis ! La présence d’insectes vecteurs contaminés a été confirmée en Corse, il y a 15 jours. Il n’y a pas de raison qu’ils ne la transmettent pas !
- Rien pour l’instant sur l’olivier ?
- Les services de l’Etat ont effectué près de 800 prélèvements sur les oliviers corses. Aucun n’est contaminé. Par contre, l’infection xylella fastidiosa pauca est loin de régresser dans les Pouilles ! Elle a encore progressé et infecte à peu près 300 000 hectares. La carte de contamination, actualisée la semaine dernière, le montre. Il y a à peine un an, la maladie touchait une trentaine de communes, soit un petit point rouge tout en bas du talon. Aujourd’hui, elle a gagné tout le talon, soit 50 millions d’arbres dont 10 millions infectés et un million morts, et s’étend au-delà. Les rapports d’inspection européens confirment que les mesures ne sont pas prises, que les passeports phytosanitaires n’ont pas de valeur, les plants rentrent dans les pépinières sans passeports et en repartent avec…. C’est bien parce que la maladie n’est pas confinée en Italie que nous, qui sommes une île, devons nous protéger. Si la souche pauca rentrait par malheur en Corse, on ne pourrait pas l’enlever. Il n’y a jamais eu au monde de cas d’éradication réussie.
- Des oléiculteurs ont tenté de contourner l’embargo pour faire rentrer plus de 10 000 plants d’Italie. N’est-ce pas criminel ?
- En effet ! Il y a eu quelques initiatives de gens qui avaient commandés des plants en Italie. Ils ont tenté de faire le forcing à grands renforts de soutiens dans différentes administrations, ici et là… Il faut saluer le sérieux de l’administration, des chambres consulaires et de l’ODARC qui s’y sont opposés. Pour un intérêt particulier tout à fait minime, on ne peut pas faire courir un risque aussi énorme à la Corse ! Il faut être sérieux et cohérent ! C’est ce que la filière oléicole a essayé d’être en produisant nous-mêmes nos plants. La solution est là ! L’Assemblée de Corse a validé le fait que, dorénavant, seuls les plants certifiés produits en Corse seront financés par des crédits publics. C’est une bonne chose ! Idem dans l’AOP où ne pourrons rentrer que les plants certifiés de nos variétés locales. Nous allons dans le bon sens !
- Que pensez-vous de la mise en cause par ces mêmes producteurs d’une variété locale, la Ghjermana ?
- Un petit groupe de personnes a affirmé que la Ghjermana de Casinca serait différente de la Frantoio italienne. Ceci sur la base d’une bouture prélevée on ne sait pas comment, ni sur quel arbre, et analysée par un laboratoire compétent en Italie. Le travail de ce laboratoire n’est pas à mettre en cause, mais on a de forts doutes sur l’arbre prélevé. Nous disposons de 200 analyses dans les travaux menés il y a 15 ans et une centaine dans ceux menés cette année. Tous les marqueurs confirment 300 fois que la la Ghjermana de Casinca est bien identique à la Frantoio italienne. Ce qui est tout à fait cohérent puisque les Génois ont introduit des variétés d’oliviers en Corse au temps où l’île était génoise. Si quelqu’un multiplie une variété qui n’est pas identique à celle-ci, il multiplierait une variété qui n’est pas locale.
- Y-a-t-il en Corse des variétés qui ne sont pas locales ?
- Oui ! Il existe des arbres anciens, présents à 10 ou 20 exemplaires dans un lieu, qui ne sont pas des variétés locales. Par exemple, les 20 arbres vieux de 400 ans du rond-point de Migliacciaru ou la variété Janus d’Espagne sur une parcelle privée à Levie. Ce n’est pas parce que les arbres sont vieux que ce sont des variétés locales. Ceux qui plantent ces arbres-là, les multiplient ou les vendent à d’autres personnes prennent le risque d’être hors AOP. L’huile, issue de ces vergers, ne rentre pas dans l’AOP Corsica. Elle sera sur le marché sous le label « Huile d’olive de France » qui est beaucoup moins rémunérateur et pas du tout porteur de la même typicité et de la même qualité.
- C’est vrai, c’est tard ! On peut regretter de n’avoir pas fait ce travail il y a 15 ans ! L’oléiculture française l’a fait dans les années 60. Les oliviers corses n’ont, à cette époque, pas été pris en considération parce qu’ils n’étaient plus exploités. Ce travail a toujours manqué à la filière, la xylella a permis de mobiliser tous les acteurs pour y parvenir.
- Finalement, la xylella n’est-ce pas une sorte de mal pour un bien ?
- Exactement ! Sans la xylella, on n’aurait pas compris que d’importer une plante, que ce soit l’olivier ou autre, fait courir un risque à la Corse entière ! Sans la xylella, on nous aurait dit : « Oui, c’est important, il faut qu’on en parle… ». C’est ce qu’on nous a dit pendant 20 ans sans jamais réussir à aboutir. Le risque d’introduction de la souche italienne pauca a incité le Préfet de région à prendre un arrêté de limitation d’importation des plants, les producteurs à monter au créneau et nos partenaires techniques et financier à nous entendre et à s’impliquer à fond. Sans l’énorme menace de xylella, nous aurions encore attendu quelques années pour voir aboutir ce projet.
- Une souche de xylella est présente en Corse, mais n’affecte pas les oliviers. Le risque existe-t-il ?
- La Corse n’est pas touchée par la souche Pauca, présente dans les Pouilles, mais par la Multiplex que nous avons découverte en juillet 2015 parce que nous l’avons cherché. Cela ne touchait, d’abord, que le Polygala myrtifolia, donc les plantes ornementales par lesquelles cette maladie a été introduite en Corse. C’est bien parce que la ménagère de moins de 50 ans ne pouvait pas se passer d’une plante à fleurs bleues qu’on a vérolé toute l’île ! On s’est, malheureusement, ensuite, aperçu que d’autres plantes ornementales étaient touchées, également les platanes, les chênes liège, le romarin et, tout récemment, l’immortelle, le genêt à balai, les cistes… La souche est bien diffusée dans le maquis ! La présence d’insectes vecteurs contaminés a été confirmée en Corse, il y a 15 jours. Il n’y a pas de raison qu’ils ne la transmettent pas !
- Rien pour l’instant sur l’olivier ?
- Les services de l’Etat ont effectué près de 800 prélèvements sur les oliviers corses. Aucun n’est contaminé. Par contre, l’infection xylella fastidiosa pauca est loin de régresser dans les Pouilles ! Elle a encore progressé et infecte à peu près 300 000 hectares. La carte de contamination, actualisée la semaine dernière, le montre. Il y a à peine un an, la maladie touchait une trentaine de communes, soit un petit point rouge tout en bas du talon. Aujourd’hui, elle a gagné tout le talon, soit 50 millions d’arbres dont 10 millions infectés et un million morts, et s’étend au-delà. Les rapports d’inspection européens confirment que les mesures ne sont pas prises, que les passeports phytosanitaires n’ont pas de valeur, les plants rentrent dans les pépinières sans passeports et en repartent avec…. C’est bien parce que la maladie n’est pas confinée en Italie que nous, qui sommes une île, devons nous protéger. Si la souche pauca rentrait par malheur en Corse, on ne pourrait pas l’enlever. Il n’y a jamais eu au monde de cas d’éradication réussie.
- Des oléiculteurs ont tenté de contourner l’embargo pour faire rentrer plus de 10 000 plants d’Italie. N’est-ce pas criminel ?
- En effet ! Il y a eu quelques initiatives de gens qui avaient commandés des plants en Italie. Ils ont tenté de faire le forcing à grands renforts de soutiens dans différentes administrations, ici et là… Il faut saluer le sérieux de l’administration, des chambres consulaires et de l’ODARC qui s’y sont opposés. Pour un intérêt particulier tout à fait minime, on ne peut pas faire courir un risque aussi énorme à la Corse ! Il faut être sérieux et cohérent ! C’est ce que la filière oléicole a essayé d’être en produisant nous-mêmes nos plants. La solution est là ! L’Assemblée de Corse a validé le fait que, dorénavant, seuls les plants certifiés produits en Corse seront financés par des crédits publics. C’est une bonne chose ! Idem dans l’AOP où ne pourrons rentrer que les plants certifiés de nos variétés locales. Nous allons dans le bon sens !
- Que pensez-vous de la mise en cause par ces mêmes producteurs d’une variété locale, la Ghjermana ?
- Un petit groupe de personnes a affirmé que la Ghjermana de Casinca serait différente de la Frantoio italienne. Ceci sur la base d’une bouture prélevée on ne sait pas comment, ni sur quel arbre, et analysée par un laboratoire compétent en Italie. Le travail de ce laboratoire n’est pas à mettre en cause, mais on a de forts doutes sur l’arbre prélevé. Nous disposons de 200 analyses dans les travaux menés il y a 15 ans et une centaine dans ceux menés cette année. Tous les marqueurs confirment 300 fois que la la Ghjermana de Casinca est bien identique à la Frantoio italienne. Ce qui est tout à fait cohérent puisque les Génois ont introduit des variétés d’oliviers en Corse au temps où l’île était génoise. Si quelqu’un multiplie une variété qui n’est pas identique à celle-ci, il multiplierait une variété qui n’est pas locale.
- Y-a-t-il en Corse des variétés qui ne sont pas locales ?
- Oui ! Il existe des arbres anciens, présents à 10 ou 20 exemplaires dans un lieu, qui ne sont pas des variétés locales. Par exemple, les 20 arbres vieux de 400 ans du rond-point de Migliacciaru ou la variété Janus d’Espagne sur une parcelle privée à Levie. Ce n’est pas parce que les arbres sont vieux que ce sont des variétés locales. Ceux qui plantent ces arbres-là, les multiplient ou les vendent à d’autres personnes prennent le risque d’être hors AOP. L’huile, issue de ces vergers, ne rentre pas dans l’AOP Corsica. Elle sera sur le marché sous le label « Huile d’olive de France » qui est beaucoup moins rémunérateur et pas du tout porteur de la même typicité et de la même qualité.
- Combien de plants corses mettrez-vous sur le marché dans 18 mois ?
- Nous avons prévu de livrer 15 000 plants. Cette première livraison ne permet pas de répondre à toutes les demandes, mais couvre, dès la première année, l’ensemble des demandes formulées par les jeunes agriculteurs. C’est un choix que nous avons fait ! Les années suivantes, nous servirons tous les projets de plantation existants. Depuis 5 ans, une trentaine d’hectares d’oliviers sont plantés chaque année, soit 200 à 250 arbres par hectare, pour 700 hectares déjà en production en AOP. C’est notre rythme de croisière. On aurait besoin d’en planter plus, ne serait-ce que pour garnir les trouées dans les vergers anciens.
- La rénovation des oliveraies est également à l’ordre du jour. Quelle est la politique du syndicat en la matière ?
- La politique essentielle du syndicat est de développer la rénovation de l’olivier traditionnel. Nous avons créé la double gamme : « Huile d’olive récolte à l’ancienne » / « Huile d’olive récolte sur l’arbre ». La récolte à l’ancienne représente peu de chose sur le marché, mais est très demandée. Les projets de rénovation de l’olivier ancien sont les bienvenus, ils sont rémunérateurs pour l’exploitant et peuvent faire vivre un ménage. Dans le cadre du nouveau règlement des aides qui a été tout récemment validé par l’ODARC, la filière a mis en avant un barème pour les coûts de rénovation, en particulier les coûts de taille, qui sont les meilleurs qu’on ait jamais obtenus. Point par point, la filière soutiendra mordicus tout projet de rénovation des oliviers traditionnels avec un plan de financement important, notamment dans le cadre des AFP (Associations foncières pastorales).
- L’an dernier a été une année de faible production. Comment se présente la prochaine récolte ?
- L’année dernière, on n’a effectivement pas produit beaucoup d’huile d’olive en Corse, mais c’était assez normal. Une oliveraie produit en alternance et c’était une année de faible récolte. Cette année, la floraison a été belle, la récolte semble prometteuse, mais nous ne pouvons plus utiliser un produit contre la mouche, le Diméthoate, qui est désormais interdit en France, mais pas en Italie et en Espagne. Les vols de mouche de l’olive sont très importants en Corse qui est la zone française la plus impactée, notamment en septembre et octobre. Depuis plusieurs années, les oléiculteurs limitaient leurs traitements en fin de saison. Si on ne traite pas contre la mouche, on perd entre 60 % et 100 % de la récolte. Donc, la question de ne pas lutter contre la mouche ne se pose pas ! Elle se pose de façon différente en plaine ou en montagne. Il y a moins de mouche à 800 mètres d’altitude, à Levie ou à La Porta, qu’en bord de mer, à Lucciana ou à Porto-Vecchio.
- Comment allez-vous lutter sans cet insecticide ?
- Beaucoup de producteurs vont tenter de passer en Bio. Depuis 15 ans, nous essayons les méthodes Bio qui sortent : les argiles, le piégeage massif, les appareils insecticides, les phéromones... C’est compliqué ! Si le Bio marche en Corse, il marchera partout puisque nous sommes un des endroits de Méditerranée où la pression de la mouche est très forte à cause du temps idéal pour elle. Il fait trop froid dans la Drôme et trop chaud à Marrakech. En Corse, l’olivier est dans son élément et jouit de conditions optimales, la mouche aussi ! Pour l’instant, nous ne pouvons pas donner beaucoup d’assurances au producteur. Dans 15 jours apparaîtront les premiers vols de mouche, il faudra intervenir et nous ne savons pas exactement comment, même si nous avons plusieurs pistes. Aucune ne garantit le résultat.
- Là aussi, n’est-ce pas un mal pour un bien ?
- Oui ! Interdire ce produit est dommageable, cela nous pose de gros problèmes et nous fait courir de gros risques. Peut-être, cela va-t-il nous inciter à amener la filière vers le Bio et vers des pratiques respectueuses de l’environnement. Les oléiculteurs sont, par nature, dans le Bio, ils plantent des oliviers pour plusieurs générations, s’occupent du sol, de l’arbre, ont des pratiques plus proches de la forêt que de l’agriculture... Le Bio colle bien à l’olivier qui symbolise l’éternité, la sagesse, le long terme. Notre malchance, c’est que la mouche se porte très bien en Corse !
Propos recueillis par Nicole MARI.
La filière AOP Oliu di Corsica compte 188 adhérents et près de 678 hectares. De nombreux producteurs ne sont pas en AOP. En 2015, la production d’huile d’olive a atteint 76 tonnes contre 250 tonnes en 2014. C’est la seconde production en arboriculture derrière les clémentiniers. D’un recensement agricole à l’autre, c’est la seule filière végétale qui a progressé de 15% de sa surface.
- Nous avons prévu de livrer 15 000 plants. Cette première livraison ne permet pas de répondre à toutes les demandes, mais couvre, dès la première année, l’ensemble des demandes formulées par les jeunes agriculteurs. C’est un choix que nous avons fait ! Les années suivantes, nous servirons tous les projets de plantation existants. Depuis 5 ans, une trentaine d’hectares d’oliviers sont plantés chaque année, soit 200 à 250 arbres par hectare, pour 700 hectares déjà en production en AOP. C’est notre rythme de croisière. On aurait besoin d’en planter plus, ne serait-ce que pour garnir les trouées dans les vergers anciens.
- La rénovation des oliveraies est également à l’ordre du jour. Quelle est la politique du syndicat en la matière ?
- La politique essentielle du syndicat est de développer la rénovation de l’olivier traditionnel. Nous avons créé la double gamme : « Huile d’olive récolte à l’ancienne » / « Huile d’olive récolte sur l’arbre ». La récolte à l’ancienne représente peu de chose sur le marché, mais est très demandée. Les projets de rénovation de l’olivier ancien sont les bienvenus, ils sont rémunérateurs pour l’exploitant et peuvent faire vivre un ménage. Dans le cadre du nouveau règlement des aides qui a été tout récemment validé par l’ODARC, la filière a mis en avant un barème pour les coûts de rénovation, en particulier les coûts de taille, qui sont les meilleurs qu’on ait jamais obtenus. Point par point, la filière soutiendra mordicus tout projet de rénovation des oliviers traditionnels avec un plan de financement important, notamment dans le cadre des AFP (Associations foncières pastorales).
- L’an dernier a été une année de faible production. Comment se présente la prochaine récolte ?
- L’année dernière, on n’a effectivement pas produit beaucoup d’huile d’olive en Corse, mais c’était assez normal. Une oliveraie produit en alternance et c’était une année de faible récolte. Cette année, la floraison a été belle, la récolte semble prometteuse, mais nous ne pouvons plus utiliser un produit contre la mouche, le Diméthoate, qui est désormais interdit en France, mais pas en Italie et en Espagne. Les vols de mouche de l’olive sont très importants en Corse qui est la zone française la plus impactée, notamment en septembre et octobre. Depuis plusieurs années, les oléiculteurs limitaient leurs traitements en fin de saison. Si on ne traite pas contre la mouche, on perd entre 60 % et 100 % de la récolte. Donc, la question de ne pas lutter contre la mouche ne se pose pas ! Elle se pose de façon différente en plaine ou en montagne. Il y a moins de mouche à 800 mètres d’altitude, à Levie ou à La Porta, qu’en bord de mer, à Lucciana ou à Porto-Vecchio.
- Comment allez-vous lutter sans cet insecticide ?
- Beaucoup de producteurs vont tenter de passer en Bio. Depuis 15 ans, nous essayons les méthodes Bio qui sortent : les argiles, le piégeage massif, les appareils insecticides, les phéromones... C’est compliqué ! Si le Bio marche en Corse, il marchera partout puisque nous sommes un des endroits de Méditerranée où la pression de la mouche est très forte à cause du temps idéal pour elle. Il fait trop froid dans la Drôme et trop chaud à Marrakech. En Corse, l’olivier est dans son élément et jouit de conditions optimales, la mouche aussi ! Pour l’instant, nous ne pouvons pas donner beaucoup d’assurances au producteur. Dans 15 jours apparaîtront les premiers vols de mouche, il faudra intervenir et nous ne savons pas exactement comment, même si nous avons plusieurs pistes. Aucune ne garantit le résultat.
- Là aussi, n’est-ce pas un mal pour un bien ?
- Oui ! Interdire ce produit est dommageable, cela nous pose de gros problèmes et nous fait courir de gros risques. Peut-être, cela va-t-il nous inciter à amener la filière vers le Bio et vers des pratiques respectueuses de l’environnement. Les oléiculteurs sont, par nature, dans le Bio, ils plantent des oliviers pour plusieurs générations, s’occupent du sol, de l’arbre, ont des pratiques plus proches de la forêt que de l’agriculture... Le Bio colle bien à l’olivier qui symbolise l’éternité, la sagesse, le long terme. Notre malchance, c’est que la mouche se porte très bien en Corse !
Propos recueillis par Nicole MARI.
La filière AOP Oliu di Corsica compte 188 adhérents et près de 678 hectares. De nombreux producteurs ne sont pas en AOP. En 2015, la production d’huile d’olive a atteint 76 tonnes contre 250 tonnes en 2014. C’est la seconde production en arboriculture derrière les clémentiniers. D’un recensement agricole à l’autre, c’est la seule filière végétale qui a progressé de 15% de sa surface.