- Que représente ce débat pour les nationalistes ?
- C’est une avancée extraordinaire quand on replace ce débat dans la perspective de ce que nous avons vécu depuis tant de décennies. Nous avons toujours du faire face à un vent défavorable et à une classe politique traditionnelle très hostile à toute avancée. Là, d’un coup, des gens de toutes sensibilités viennent parler avec les nationalistes. Le La est donné aussi par la présence de Pierre Chaubon. Quand on entend le président d’une des principales Commissions de l’Assemblée territoriale parler comme il l’a fait à la tribune, c’est une étape considérable qui est franchie.
- Ce débat ouvre-t-il des perspectives d’espoir pour la Corse ?
- Ce qui ouvre des perspectives d’espoir considérables, ce sont d’abord les orientations du PADDUC, telles que la CTC les a votées, fin juillet. C’est une grande étape. Maintenant, il faut concrétiser ce que nous avons inscrit dans ces orientations. C’est pour cela que ce débat était important parce qu’il nous a permis de clarifier un peu les choses, de voir quels sont les axes d’attaque, notamment la langue et le foncier, et, in fine, la réforme constitutionnelle qui va couronner le tout et qui exige une négociation avec Paris. Mais, il est hors de question de négocier avec Paris s’il n’y a pas, en Corse, une majorité nette, bien identifiée, de gens qui, au delà de leur diversité, sont décidés à avancer.
- Le consensus, qui semble se dégager de ce débat, augure-t-il que vous arracherez un consensus lors du vote de ces questions à la CTC ?
- Non. Je pense que les affrontements seront forts parce que beaucoup de groupes politiques vont être déchirés en interne par ces avancées. Par exemple, la droite, où tous les élus ne sont pas sur la même ligne. La même chose pour le Front de gauche et, de toute évidence, pour la majorité territoriale. Il va falloir, d’abord, que chacun de ces groupes règle ses problèmes internes. Je ne doute pas qu’il finira par sortir, de toute cela, une majorité de progrès. Après, il faudra avancer sur le plan technique et définir le contenu des dossiers du foncier, de la langue… La Commission Chaubon aura un rôle important à jouer, mais pas elle seulement. Dès septembre, se tiendra, à la CTC, le débat sur la coofficialité de la langue. Quand nous aurons inscrit très clairement nos choix, nous passerons à l’étape finale qui se jouera à Paris. Mais, je le répète, il est hors de question d’aller négocier à Paris si nous n’avons pas, en Corse, édifier un socle puissant et une majorité forte.
- Etes-vous favorable à un référendum local sur ces questions ?
- Oui. Je suis tout à fait partisan d’un débat public qui débouche sur un référendum. Il faut que ce soit vraiment l’opinion de la Corse entière qui monte à Paris.
- Avec le référendum, ne craignez-vous pas que se pose le même risque qu’en 2003 ?
- Le risque, il faut toujours le prendre de face ! Je fais partie de ceux qui pensent que l’opinion corse a avancé dans le très bon sens. Déjà, à l’époque du référendum, où les conditions étaient largement moins favorables qu’aujourd’hui, le NON est passé de peu. Depuis, les choses ont évolué. De toute façon, quelque soit l’hypothèse, en démocratie, il faut affronter le suffrage universel, confronter les opinions et débattre. Je dis que nous avons raison, que notre façon de voir les choses est positive. A partir du moment où je le pense, je défends ces idées devant n’importe qui ! Les gens voteront en leur âme et conscience. Je ne doute pas que, cette fois-ci, il y aura une majorité de progrès dans le corps électoral corse.
- Quelle est votre attitude face à l’acte III de la décentralisation en cours d’élaboration ? Y-a-t-il un risque pour la Corse de retomber dans le droit commun ?
- C’est le débat de fond. La Corse doit faire entendre sa voix. Je ne pense pas que l’on puisse nous faire revenir en arrière, nous banaliser, nous faire entrer dans un étau commun où nous ne serions plus reconnus. C’est, à mon avis, exactement le contraire qui est en train de se passer. Néanmoins, il faudra voir. Il est vrai que la conjoncture générale est très mauvaise, que ce débat institutionnel a lieu dans un contexte de récession économique très sévère, où les perspectives de sortie de crise sont, pour le moins, floues. Raison de plus pour gérer mieux nos budgets, pour demander davantage de compétences fiscales et pour faire vraiment du développement autocentré parce que nous avons les moyens en Corse, non pas d’éviter la crise, mais, sans doute, d’en atténuer les effets.
- Lors du débat, certains ont plaidé pour agir vite, d’autres ont conseillé de prendre le temps de la réflexion pour éviter les erreurs. Quel est votre sentiment ?
- Il ne faut, ni aller vite, ni aller lentement. Un rythme va s’imposer, celui de l’Assemblée et de la succession de toutes les questions qui vont arriver au débat. Si les choses avancent comme elles doivent le faire, à mon avis, dans un an, nous aurons vraiment mûri la question.
- Certains disent qu’il faut être prêt, début 2013, au moment où le projet de loi sur la décentralisation sera débattu au Parlement…
- On ne peut pas gérer l’avenir d’une île dans l’urgence. Il faut avancer en analysant, sans bricolage, en réfléchissant, en débattant, parfois longuement, sur des questions qui le nécessitent. Nous avons déjà énormément travaillé. On ne bâtit pas une Corse du futur en 5 minutes. Il faudra également discuter sur la réforme interne à la Corse, sur ce qui va advenir des départements. Il y a, là-dessus, des positions et des intérêts très divergents. Le débat, qui peut avoir lieu en France continentale, ne va pas nous enfermer, nous avons notre propre rythme. Nous avançons avec beaucoup de bonne volonté dans une conjoncture insulaire vraiment nouvelle.
Propos recueillis par Nicole MARI
- C’est une avancée extraordinaire quand on replace ce débat dans la perspective de ce que nous avons vécu depuis tant de décennies. Nous avons toujours du faire face à un vent défavorable et à une classe politique traditionnelle très hostile à toute avancée. Là, d’un coup, des gens de toutes sensibilités viennent parler avec les nationalistes. Le La est donné aussi par la présence de Pierre Chaubon. Quand on entend le président d’une des principales Commissions de l’Assemblée territoriale parler comme il l’a fait à la tribune, c’est une étape considérable qui est franchie.
- Ce débat ouvre-t-il des perspectives d’espoir pour la Corse ?
- Ce qui ouvre des perspectives d’espoir considérables, ce sont d’abord les orientations du PADDUC, telles que la CTC les a votées, fin juillet. C’est une grande étape. Maintenant, il faut concrétiser ce que nous avons inscrit dans ces orientations. C’est pour cela que ce débat était important parce qu’il nous a permis de clarifier un peu les choses, de voir quels sont les axes d’attaque, notamment la langue et le foncier, et, in fine, la réforme constitutionnelle qui va couronner le tout et qui exige une négociation avec Paris. Mais, il est hors de question de négocier avec Paris s’il n’y a pas, en Corse, une majorité nette, bien identifiée, de gens qui, au delà de leur diversité, sont décidés à avancer.
- Le consensus, qui semble se dégager de ce débat, augure-t-il que vous arracherez un consensus lors du vote de ces questions à la CTC ?
- Non. Je pense que les affrontements seront forts parce que beaucoup de groupes politiques vont être déchirés en interne par ces avancées. Par exemple, la droite, où tous les élus ne sont pas sur la même ligne. La même chose pour le Front de gauche et, de toute évidence, pour la majorité territoriale. Il va falloir, d’abord, que chacun de ces groupes règle ses problèmes internes. Je ne doute pas qu’il finira par sortir, de toute cela, une majorité de progrès. Après, il faudra avancer sur le plan technique et définir le contenu des dossiers du foncier, de la langue… La Commission Chaubon aura un rôle important à jouer, mais pas elle seulement. Dès septembre, se tiendra, à la CTC, le débat sur la coofficialité de la langue. Quand nous aurons inscrit très clairement nos choix, nous passerons à l’étape finale qui se jouera à Paris. Mais, je le répète, il est hors de question d’aller négocier à Paris si nous n’avons pas, en Corse, édifier un socle puissant et une majorité forte.
- Etes-vous favorable à un référendum local sur ces questions ?
- Oui. Je suis tout à fait partisan d’un débat public qui débouche sur un référendum. Il faut que ce soit vraiment l’opinion de la Corse entière qui monte à Paris.
- Avec le référendum, ne craignez-vous pas que se pose le même risque qu’en 2003 ?
- Le risque, il faut toujours le prendre de face ! Je fais partie de ceux qui pensent que l’opinion corse a avancé dans le très bon sens. Déjà, à l’époque du référendum, où les conditions étaient largement moins favorables qu’aujourd’hui, le NON est passé de peu. Depuis, les choses ont évolué. De toute façon, quelque soit l’hypothèse, en démocratie, il faut affronter le suffrage universel, confronter les opinions et débattre. Je dis que nous avons raison, que notre façon de voir les choses est positive. A partir du moment où je le pense, je défends ces idées devant n’importe qui ! Les gens voteront en leur âme et conscience. Je ne doute pas que, cette fois-ci, il y aura une majorité de progrès dans le corps électoral corse.
- Quelle est votre attitude face à l’acte III de la décentralisation en cours d’élaboration ? Y-a-t-il un risque pour la Corse de retomber dans le droit commun ?
- C’est le débat de fond. La Corse doit faire entendre sa voix. Je ne pense pas que l’on puisse nous faire revenir en arrière, nous banaliser, nous faire entrer dans un étau commun où nous ne serions plus reconnus. C’est, à mon avis, exactement le contraire qui est en train de se passer. Néanmoins, il faudra voir. Il est vrai que la conjoncture générale est très mauvaise, que ce débat institutionnel a lieu dans un contexte de récession économique très sévère, où les perspectives de sortie de crise sont, pour le moins, floues. Raison de plus pour gérer mieux nos budgets, pour demander davantage de compétences fiscales et pour faire vraiment du développement autocentré parce que nous avons les moyens en Corse, non pas d’éviter la crise, mais, sans doute, d’en atténuer les effets.
- Lors du débat, certains ont plaidé pour agir vite, d’autres ont conseillé de prendre le temps de la réflexion pour éviter les erreurs. Quel est votre sentiment ?
- Il ne faut, ni aller vite, ni aller lentement. Un rythme va s’imposer, celui de l’Assemblée et de la succession de toutes les questions qui vont arriver au débat. Si les choses avancent comme elles doivent le faire, à mon avis, dans un an, nous aurons vraiment mûri la question.
- Certains disent qu’il faut être prêt, début 2013, au moment où le projet de loi sur la décentralisation sera débattu au Parlement…
- On ne peut pas gérer l’avenir d’une île dans l’urgence. Il faut avancer en analysant, sans bricolage, en réfléchissant, en débattant, parfois longuement, sur des questions qui le nécessitent. Nous avons déjà énormément travaillé. On ne bâtit pas une Corse du futur en 5 minutes. Il faudra également discuter sur la réforme interne à la Corse, sur ce qui va advenir des départements. Il y a, là-dessus, des positions et des intérêts très divergents. Le débat, qui peut avoir lieu en France continentale, ne va pas nous enfermer, nous avons notre propre rythme. Nous avançons avec beaucoup de bonne volonté dans une conjoncture insulaire vraiment nouvelle.
Propos recueillis par Nicole MARI