Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Corse (CTC).
- Comment réagissez-vous à la lettre que vous a envoyée Pierre-Jean Luciani ?
- Sur la forme, je relève qu’elle m’a été remise en mains propres quelques dizaines de secondes après le vote du Sénat. Ce qui démontre bien qu’elle a été préparée et rédigée bien avant ledit vote et que tout cela participe d’une stratégie concertée, restée souterraine pendant de nombreux jours. La Droite, notamment les amis de Mr Luciani, a effectué, jusqu’à la dernière heure, un lobbying clandestin auprès des sénateurs. Le vote de rejet du Sénat n’a pu être obtenu qu’à travers une majorité de circonstance entre une grande partie des Républicains, les Communistes et les Centristes. Ces derniers ont remis en cause l’engagement qu’ils avaient pris de voter pour, et ont voté contre !
- Que vous inspire le contenu de cette lettre ?
- Je l’ai lue avec attention ! Cette lettre confirme qu’il s’agit bien de manœuvres, de stratégies dilatoires qui ont peu à voir avec la volonté exprimée en commun de construire ensemble la future collectivité de Corse et de nous donner les moyens de la réussir.
- La volonté de Pierre-Jean Luciani a toujours été récalcitrante au sujet de la Collectivité unique. Son attitude actuelle vous surprend-elle ?
- Non ! Elle ne me surprend pas ! Mais, je fais toujours le pari de l’intelligence et de la bonne foi ! Le 18 novembre 2016, après plus d’un an de tergiversations, le président Luciani avait pris l’initiative de nous contacter, Jean-Guy Talamoni et moi-même, pour nous dire que, cette fois-ci, c’était décidé : nous allions travailler ensemble ! Nous nous en sommes réjouis sincèrement et sans arrière-pensée. Et ce, d’autant mieux que cette intention a été exprimée dans une conférence de presse publique à travers un texte fort et solennel que nous avons rédigé. Elle a été réitérée, de façon tout aussi intentionnelle et forte, devant l’ensemble des agents et fonctionnaires des trois collectivités. A partir de là, je considérais que ce qui avait été promis devait normalement être respecté. Manifestement, ce n’est pas le cas ! J’en prends acte.
- Comprenez-vous quand il parle de l’amertume des Conseils départementaux ?
- Cette amertume n’est invoquée que pour les besoins de la cause ! Tous les éléments, auxquels fait référence le président du Conseil départemental de Corse du Sud, sont dans le débat depuis des mois. Ils ont été abordés à de nombreuses reprises, y compris entre les présidents. Ils étaient considérés comme purgés, notamment depuis le 18 novembre 2016 et notre conférence de presse commune. On voit bien que c’est un pur prétexte !
- Il invoque son souci du devenir des personnels. A-t-il lieu de s’inquiéter ?
- Non ! C’est une excuse ! Le devenir des personnels est au cœur de notre démarche, comme nous l’avons réaffirmé lors de la réunion au Conseil départemental de Haute-Corse, en décembre dernier, en présence des représentants syndicaux des trois collectivités. Nous avons acté une méthode de travail et des engagements qui leur ont donné satisfaction et les ont rassurés. De ce côté-là, les choses sont sur les rails.
- Le président Luciani appelle, pourtant, à la tenue d’une conférence avec les syndicats ?
- Cette conférence existe déjà ! Il y a non seulement une instance qui regroupe les présidents et leurs plus proches collaborateurs, une instance avec les élus, mais aussi une instance permanente avec l’ensemble des syndicats des trois collectivités. Sur ce dernier point, nous avons la volonté de nous réunir chaque fois que de besoin ! Cet appel est un argument d’opportunité, voire opportuniste !
- Il précise aussi qu’il faut « clarifier les positions de chacun ». Ne sont-elles pas encore claires ?
- Les positions sont extrêmement claires ! Elles sont claires pour tout le monde ! Elles sont claires, d’abord et surtout, pour les syndicats avec lesquels nous avons discuté et auxquels nous avons donné les assurances et les garanties qu’ils étaient en droit d’attendre. Faire semblant de croire que tout cela n’a pas été fait démontre la parfaite mauvaise foi du rédacteur de la lettre !
- Il explique, aussi, que « pour retrouver le chemin du consensus, il faut élargir aux parlementaires, aux principaux maires et présidents d'EPCI de Corse ». Agréez-vous ?
- Non ! Cette méthode ne vise pas à faire réussir la future collectivité de Corse, mais, au contraire, à la faire échouer ! Les trois présidents des trois Exécutifs et le président de l’Assemblée de Corse se sont engagés à travailler ensemble afin que les trois collectivités concernées par la fusion se mettent en ordre de marche. Dire maintenant, qu’il faut repartir sur un débat très large, est une façon de vouloir nous priver des moyens de réussir. Là encore, c’est une manœuvre ! Je pense qu’elle ne réussira pas et qu’elle sera jugée de façon très sévère par les Corses.
- Pierre-Jean Luciani ne propose-t-il pas tout simplement un retour à la case Départ ?
- Tout à fait ! Alors que nous avons pris un engagement commun et que nous devrions amorcer la phase décisionnelle et d’achèvement des travaux pour pouvoir, cette année, se trouver sur la rampe de lancement qui nous permettra au 1er janvier 2018 d’être en ordre de marche ! Alors que la future collectivité de Corse doit, d’ores et déjà, être une réalité tangible dans le comportement de chacune des trois collectivités appelées à fusionner, le président du Conseil départemental de Corse du Sud propose de remettre les compteurs à zéro et de revenir à la case départ. C’est une volonté manifeste de faire capoter le processus !
- Etes-vous inquiet ?
- Oui ! Cet état d’esprit et cette volonté de blocage pèsent forcément sur le processus en cours. Les premières victimes de cette attitude seront les agents et fonctionnaires des trois collectivités et l’ensemble des Corses. C’est pour cela que cette attitude n’est absolument pas à la hauteur des enjeux. Les Corses apprécieront !
- L’attitude de la Droite peut-elle remettre en cause la Collectivité unique ?
- La première chose est d’obtenir du Parlement qu’il vote définitivement les ordonnances afin que la loi soit adoptée. Il faudra, ensuite, se mettre au travail. J’ai confiance dans la dynamique d’ensemble. Les manœuvres inspirées par le conservatisme et la mauvaise foi seront nécessairement marginalisées par la volonté commune de tous ceux, élus, agents, fonctionnaires, ou tout simplement citoyens, qui savent que la collectivité unique est le bon choix pour la Corse et qu’elle doit entrer en vigueur le plus vite possible, c’est-à-dire le 1er janvier 2018, comme le prévoit la loi.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Sur la forme, je relève qu’elle m’a été remise en mains propres quelques dizaines de secondes après le vote du Sénat. Ce qui démontre bien qu’elle a été préparée et rédigée bien avant ledit vote et que tout cela participe d’une stratégie concertée, restée souterraine pendant de nombreux jours. La Droite, notamment les amis de Mr Luciani, a effectué, jusqu’à la dernière heure, un lobbying clandestin auprès des sénateurs. Le vote de rejet du Sénat n’a pu être obtenu qu’à travers une majorité de circonstance entre une grande partie des Républicains, les Communistes et les Centristes. Ces derniers ont remis en cause l’engagement qu’ils avaient pris de voter pour, et ont voté contre !
- Que vous inspire le contenu de cette lettre ?
- Je l’ai lue avec attention ! Cette lettre confirme qu’il s’agit bien de manœuvres, de stratégies dilatoires qui ont peu à voir avec la volonté exprimée en commun de construire ensemble la future collectivité de Corse et de nous donner les moyens de la réussir.
- La volonté de Pierre-Jean Luciani a toujours été récalcitrante au sujet de la Collectivité unique. Son attitude actuelle vous surprend-elle ?
- Non ! Elle ne me surprend pas ! Mais, je fais toujours le pari de l’intelligence et de la bonne foi ! Le 18 novembre 2016, après plus d’un an de tergiversations, le président Luciani avait pris l’initiative de nous contacter, Jean-Guy Talamoni et moi-même, pour nous dire que, cette fois-ci, c’était décidé : nous allions travailler ensemble ! Nous nous en sommes réjouis sincèrement et sans arrière-pensée. Et ce, d’autant mieux que cette intention a été exprimée dans une conférence de presse publique à travers un texte fort et solennel que nous avons rédigé. Elle a été réitérée, de façon tout aussi intentionnelle et forte, devant l’ensemble des agents et fonctionnaires des trois collectivités. A partir de là, je considérais que ce qui avait été promis devait normalement être respecté. Manifestement, ce n’est pas le cas ! J’en prends acte.
- Comprenez-vous quand il parle de l’amertume des Conseils départementaux ?
- Cette amertume n’est invoquée que pour les besoins de la cause ! Tous les éléments, auxquels fait référence le président du Conseil départemental de Corse du Sud, sont dans le débat depuis des mois. Ils ont été abordés à de nombreuses reprises, y compris entre les présidents. Ils étaient considérés comme purgés, notamment depuis le 18 novembre 2016 et notre conférence de presse commune. On voit bien que c’est un pur prétexte !
- Il invoque son souci du devenir des personnels. A-t-il lieu de s’inquiéter ?
- Non ! C’est une excuse ! Le devenir des personnels est au cœur de notre démarche, comme nous l’avons réaffirmé lors de la réunion au Conseil départemental de Haute-Corse, en décembre dernier, en présence des représentants syndicaux des trois collectivités. Nous avons acté une méthode de travail et des engagements qui leur ont donné satisfaction et les ont rassurés. De ce côté-là, les choses sont sur les rails.
- Le président Luciani appelle, pourtant, à la tenue d’une conférence avec les syndicats ?
- Cette conférence existe déjà ! Il y a non seulement une instance qui regroupe les présidents et leurs plus proches collaborateurs, une instance avec les élus, mais aussi une instance permanente avec l’ensemble des syndicats des trois collectivités. Sur ce dernier point, nous avons la volonté de nous réunir chaque fois que de besoin ! Cet appel est un argument d’opportunité, voire opportuniste !
- Il précise aussi qu’il faut « clarifier les positions de chacun ». Ne sont-elles pas encore claires ?
- Les positions sont extrêmement claires ! Elles sont claires pour tout le monde ! Elles sont claires, d’abord et surtout, pour les syndicats avec lesquels nous avons discuté et auxquels nous avons donné les assurances et les garanties qu’ils étaient en droit d’attendre. Faire semblant de croire que tout cela n’a pas été fait démontre la parfaite mauvaise foi du rédacteur de la lettre !
- Il explique, aussi, que « pour retrouver le chemin du consensus, il faut élargir aux parlementaires, aux principaux maires et présidents d'EPCI de Corse ». Agréez-vous ?
- Non ! Cette méthode ne vise pas à faire réussir la future collectivité de Corse, mais, au contraire, à la faire échouer ! Les trois présidents des trois Exécutifs et le président de l’Assemblée de Corse se sont engagés à travailler ensemble afin que les trois collectivités concernées par la fusion se mettent en ordre de marche. Dire maintenant, qu’il faut repartir sur un débat très large, est une façon de vouloir nous priver des moyens de réussir. Là encore, c’est une manœuvre ! Je pense qu’elle ne réussira pas et qu’elle sera jugée de façon très sévère par les Corses.
- Pierre-Jean Luciani ne propose-t-il pas tout simplement un retour à la case Départ ?
- Tout à fait ! Alors que nous avons pris un engagement commun et que nous devrions amorcer la phase décisionnelle et d’achèvement des travaux pour pouvoir, cette année, se trouver sur la rampe de lancement qui nous permettra au 1er janvier 2018 d’être en ordre de marche ! Alors que la future collectivité de Corse doit, d’ores et déjà, être une réalité tangible dans le comportement de chacune des trois collectivités appelées à fusionner, le président du Conseil départemental de Corse du Sud propose de remettre les compteurs à zéro et de revenir à la case départ. C’est une volonté manifeste de faire capoter le processus !
- Etes-vous inquiet ?
- Oui ! Cet état d’esprit et cette volonté de blocage pèsent forcément sur le processus en cours. Les premières victimes de cette attitude seront les agents et fonctionnaires des trois collectivités et l’ensemble des Corses. C’est pour cela que cette attitude n’est absolument pas à la hauteur des enjeux. Les Corses apprécieront !
- L’attitude de la Droite peut-elle remettre en cause la Collectivité unique ?
- La première chose est d’obtenir du Parlement qu’il vote définitivement les ordonnances afin que la loi soit adoptée. Il faudra, ensuite, se mettre au travail. J’ai confiance dans la dynamique d’ensemble. Les manœuvres inspirées par le conservatisme et la mauvaise foi seront nécessairement marginalisées par la volonté commune de tous ceux, élus, agents, fonctionnaires, ou tout simplement citoyens, qui savent que la collectivité unique est le bon choix pour la Corse et qu’elle doit entrer en vigueur le plus vite possible, c’est-à-dire le 1er janvier 2018, comme le prévoit la loi.
Propos recueillis par Nicole MARI.