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Parcours de femme : Marie-Florence Dabrin, le courage et la solidarité


Pierre BERETTI le Mardi 5 Mars 2019 à 11:58

Il y a des parcours qui sont semés d’embûches mais dont il ne ressort ni amertume ni haine mais au contraire générosité et solidarité. C’est le cas de celui de Marie-Florence Dabrin qui prône le développement économique par l’économie sociale et solidaire.



Lorsqu’on réside en Balagne, nul ne peut ignorer Marie-Florence Dabrin, sa bonne humeur et sa générosité. Il y a quelques années, à la suite d’une perte d’emploi elle met à exécution un projet qu’elle murissait depuis un moment en posant le triste constat d’une précarité grandissante dans l’île et sur son territoire. C’est ainsi qu’armée de courage et de détermination et accompagnée par son conjoint Philippe Andreani, elle crée l’association Corse Mobilité Solidaire qui engendrera un garage solidaire et une recyclerie créative. Et le public est malheureusement au rendez-vous puisque ce sont environ 900 personnes qui ont bénéficié des services à moindre coût du garage solidaire. Corse Net Infos s’est intéressé au parcours de cette femme dynamique et solidaire. 
 
Pouvez-vous nous parler de votre enfance ? 
« Mon père était marseillais et éducateur spécialisé, ma mère, balanine et aide-soignante. Mes parents travaillaient au foyer de l’Enfance, lorsqu’ils se sont rencontrés. Comme beaucoup de Corses dans les années 60, ma mère avait quitté sa Balagne natale avec 3 de ses frères et sœurs pour travailler sur le continent… Fille unique, j’ai donc grandi au Puy Sainte Réparade entre Aix et Marseille, au sein d’une famille unie. 
J’étais une petite fille sage, polie, assez lisse en fait. Bonne élève, déléguée de classe, populaire, j’étais aussi un vrai garçon manqué… je passais mon temps libre dehors, à faire des cabanes dans les arbres, à la chasse avec mon père…
Très proche de mes parents, ils m’ont transmis très tôt le gout des voyages et surtout une véritable passion pour la Méditerranée… la Provence, l’Italie, la Corse sont mes patries. 
Pour les études ça s’est un peu corsé après le collège., mais j’ai quand même obtenu un bac D a Aix, puis un diplôme de droit/compta et ai ensuite suivie la voie du Management Public à l’IEP d’Aix. 
Jeune, j’étais déjà très impliquée socialement. Surement la rançon d’avoir grandi dans le giron d’un homme politique provençal, haut en couleur, socialiste, ami cher de mon père que j’affectionnais particulièrement et qui m’a donné le goût pour la vie publique ». 
 
Quel est votre parcours professionnel et personnel ? 
« J’ai démarré mon premier vrai job, le jour de mes 25 ans dans une « boite » marseillaise qui faisait de l’accompagnement à la création d’entreprise et de la coopération méditerranéenne. Curieux choix pour une fille de fonctionnaire qui n’avais jamais approché d’entreprise autre que publique…J’y suis restée presque 7 ans. J’ai été affecté aux quartiers nords de Marseille. J’y ai appris un métier : l’accompagnement. Et compris une réalité : la fragilité de certains publics, leur précarité, leur solitude. Ç’est surement cette expérience qui m’a conduit à me forger la conviction que la société doit être en mesure de rendre ce qu’elle a pris. Et que nous sommes tous en capacité de contribuer à ça. 
Après avoir exercé sur Marseille, la Corse m’a tendu les bras. Je suis rentrée à la BGE pour développer la couveuse d’entreprises. Cela fait plus de 13 ans maintenant que je suis revenue et je ne regrette rien. Je m’y suis construit un avenir même si ça n’a pas toujours été facile. J’ai vécu des drames familiaux, connu l’adversité, la maladie, les déplacements sur le continent pour se soigner, le chômage par deux fois ! Mais je n’ai jamais baissé les bras. Cela aurait été plus facile, mais ça n’est pas dans ma nature je crois ». 
 
Aujourd’hui où en êtes vous ? Et quels sont vos projets à venir?
« Aujourd’hui, j’ai 42 ans; j’ai essayé de créer mon propre emploi dans l’entrepreneuriat social; rien n’est gagné, le modèle économique d’une entreprise associative est toujours fragile, surtout lorsqu’on fait de l’insertion… Mais la non plus je ne relâche pas mes efforts. 
Des projets ? Oui toujours, même sans cesse ! Trop, pense mon entourage d’ailleurs. Mais avoir des projets c’est vivre, surement une revanche sur la maladie. 
J’aimerais juste avoir un peu plus de temps à consacrer à ma fille, qui va fêter ses 6 ans ce mois-ci et qui a besoin d’une maman un peu plus présente ». 
 
Y a t il des femmes qui vous inspirent (corses ou pas)?
« Les femmes inspirent forcément. Elles incarnent la création et la nature. 
Evidemment concernant la condition féminine je citerais en premier lieu Simone de Beauvoir. Puis pour être raccord avec l’actualité, Simone Veil qui était tous les visages de la femme. Forte, mais féminine, meurtrie, mais combattante. 
Ses combats dans un monde dominé par la gente masculine et la force de sa conviction sont les marqueurs d’une autorité naturelle hors norme et fascinante. Mais pas que. J’aime l’anticonformisme de Marguerite Yourcenar ou encore la capacité de résilience de Mère Teresa…
Plus proche de nous, en Corse, je pense à Nanette Maupertuis. Engagée, militante et déterminée, elle donne un nouveau visage à la politique Corse. Et puis, elle a une qualité fondamentale : elle est balanine! »
 
Que diriez vous à la femme corse en général ? Et aux hommes ? 
« Je leur livrerais la même citation aux deux, celle de Simone de Beauvoir qui dit "On ne naît pas femme : on le devient..."
La vie peut apparaitre comme une succession d’adversités, d’échecs, d’erreurs… mais nous avons en nous la capacité de dépasser ça. Il faut juste accepter l’idée ».