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Pascal Zagnoli : "Parler de compromis ne veut pas dire que c'est uniquement aux nationalistes de revoir leurs intentions à la baisse"


le Lundi 25 Septembre 2023 à 20:11

C’est un moment politique important et attendu qui devrait s’ouvrir en milieu de semaine avec le déplacement d’Emmanuel Macron sur l’île. À quelques heures de celui-ci, le secrétaire national du Partitu di a Nazione Corsa (PNC) dresse les enjeux que revêt cette séquence pour le mouvement



- Quelles sont les attentes du PNC à quelques heures de cette visite présidentielle ?
- Le PNC attend surtout une clarification du Gouvernement. Lors de sa venue, il y a quelques jours, Gérald Darmanin avait indiqué qu’il ne ferait pas d'annonces et qu'il les réservait au Président Macron lorsqu'il viendrait à la fin du mois. Aujourd'hui, nous y sommes. Et après le vote du 5 juillet dernier où la Corse a rendu sa copie au Gouvernement, à travers ce rapport que nous avons co-construit avec les élus du groupe Avanzemu, nous attendons tout simplement une réponse de Paris. Je pense que nos revendications sont claires et comprises. Nous demandons l'inscription de la Corse via un titre dans la Constitution, le transfert du pouvoir normatif, ainsi que le transfert d'un certain nombre de compétences et les moyens qui y sont associés. Paris doit tout simplement nous dire s'il est toujours enclin ou non à nous donner l'autonomie. Si on nous transfère des compétences, si on nous transfère le pouvoir législatif et si la Corse est inscrite dans un titre de la Constitution, à ce moment- là on pourra parler d’autonomie et de réussite politique.
 
- Ne craignez-vous pas des annonces a minima face à ces attentes fortes vis-à-vis de ce discours présidentiel ?
- Il y a eu un cheminement depuis l'assassinat d'Yvan Colonna. Nos revendications fondamentales n'ont pas bougé véritablement et il y a eu un travail qui a été réalisé pendant un an, en montant à Paris pratiquement toutes les six semaines. Paris nous avait demandé de rendre une copie unique, c’est ce que nous avons essayé de faire en travaillant de concert avec tous les élus de toutes les sensibilités politiques. D'ailleurs, c'est pour cela aussi que nous n'avons pas voté contre la proposition de la droite lors de la session du 5 juillet dernier. Maintenant c'est à Paris de nous dire où il souhaite aller avec la Corse. En ce qui nous concerne, on continuera de défendre chacune des revendications qui ont été votées le 5 juillet.
 
- Justement, lors de son récent déplacement à Ajaccio, Gérald Darmanin a indiqué qu'il regrettait que la Corse n'ait pas fait entendre une voix unique et a appelé à la recherche d'un consensus. Comment arriver à trouver celui-ci en amont de cette venue d'Emmanuel Macron ?
- Il y aura une rencontre avec les groupes nationalistes qui ont voté le rapport du 5 juillet, mardi, en amont de la venue du président Macron. À ma connaissance, il n'y a pas à l'heure actuelle de rencontre prévue avec les élus de droite, même si les uns et les autres continuent d'échanger. Pour notre part, ce que nous avons dit le 5 juillet dernier, nous continuons de le dire aujourd'hui : nous regrettons qu'il n'y ait pas pu y avoir un accord, y compris avec les forces non-nationalistes. Je crois qu'aujourd'hui, si on souhaite aller vers un consensus politique, il va falloir que tout le monde soit capable, à un moment donné, de faire des compromis. L'essentiel étant de ne pas se compromettre sur le fond et de ne pas dénaturer la tenue de nos échanges depuis un an et surtout le fond politique qui doit prévaloir, à savoir la reconnaissance du fait politique entre la Corse et Paris et surtout l'inscription de la Corse dans la Constitution.
 
- Gérald Darmanin a prévenu : le train ne repassera pas deux fois. Pensez-vous que les élus de la Corse dans leur ensemble seront en mesure de parler d’une voix unique pour ne pas le rater ? 
- Justement, c'est parce que ce train ne repassera pas forcément deux fois qu'on ne peut pas se permettre aujourd'hui de le rater. Il faut aller à l'accord et pour ce faire, il faut que chacun y mette du sien. Bien sûr qu'il faut prendre en compte les différentes sensibilités politiques de l’île, mais en même temps, on ne peut pas non plus nier le fait que 70 % des électeurs aux dernières territoriales aient soutenu des listes nationalistes et ni nier le fait qu'il y ait une délibération qui ait été votée par plus des 2/3 de l'Assemblée de Corse. Quand on parle de compromis, cela ne veut pas forcément dire que c'est uniquement aux nationalistes de revoir leurs intentions à la baisse. Il faut qu'il y ait une prise en compte du fait démocratique à Paris et en Corse et il faut travailler en bonne intelligence entre toutes les sensibilités politiques.