Ni la veille pour l’Uffiziu di vigilia cù a cunfratèrnità San Martinu di Patrimoniu, ni ce 11 novembre, pour la fête patronale, le froid et la bruine n’ont découragé les Corses de venir nombreux, et de toute l’île, assister à cette célébration qui, chaque année, rencontre le même succès. San Martinu, Patrimoniu et le vin, c’est une vieille histoire, une tradition qui se perpétue et qui prend tout son sens dans la Via Sancti Martini, itinéraire européen saint Martin de Tours, qui fait de Patrimoniu un pilier de ce chemin de partage citoyen et de développement durable qui se met en place de la Hongrie à la France.
La légende de San Martinu
Le lien entre San Martinu et Patrimoniu est très ancien comme en atteste une vieille légende du village. Lors d’un séjour en Corse, San Martinu gravit les pentes du col de Teghime et découvre la vallée de la Conca d’Oru qui s’offre à lui. Devant la beauté du site, il tend son doigt en disant : « Ecce mio patrimoniu. Ceci est mon patrimoine ». Patrimoniu est né.
Le diable, toujours en conflit avec San Martinu, lui dispute ce territoire, mais ce dernier le boute hors de la plaine et le précipite dans les remous du Golfe de Saint Florent. Descendant vers son territoire, le saint croise des gens inquiets et malheureux à cause de la sécheresse : il n’a pas plu depuis de nombreux mois. Les récoltes sont en péril, la famine menace. San Martinu et les villageois partent en procession et… la pluie tombe ! Ce 11 novembre, quelques gouttes de pluie tombent à la sortie de la messe. « San Martinu se manifeste », commente un vigneron.
Le vin nouveau
Depuis, San Martinu est devenu le saint patron de Patrimoniu, le patron des vignerons qui l’ont préféré à Saint Vincent. A la San Martinu, on goûte le vin nouveau. « C’est une vieille tradition. Les vignerons allaient de cave en cave. Ceux, qui arrivaient, criaient : « San Martinu ! ». Celui, qui recevait, répondait : « Divizia qui signifie abondance ». C’était une façon de conjurer le mauvais sort. Depuis 15 ans, nous procédons différemment. Les 33 caves de l’AOC donnent, chacune, une dizaine ou une vingtaine de litres que l’on mélange dans un fût de 220 litres, appelé une Bordelaise. Ce mélange de vin rosé de l’année est mis en perce à l’occasion de A San Martinu », explique Jean-Laurent de Bernardi, vigneron et président du syndicat de promotion et de défense des viticulteurs de l’AOC (Appellation d’origine contrôlée) Patrimoniu.
Des confrères de toute l’île
La journée a débuté par une messe solennelle chantée par la Confrérie San Martinu di Patrimoniu et par des représentants de plus d’une dizaine de confréries venus de toute la Corse, notamment Bastia avec les confréries San Roccu, Santa Croce ou San Ghjisé, mais aussi Sainte Devote de Luciana, A Santa di u Niolu, Santa Croce de Saint Florent et même des confrères de Piana, de Balagne, de Forcioli… ainsi que par la chorale interparoissiale San Florent – Patrimoniu. Après la bénédiction du vin nouveau, le saint a été porté en procession jusqu’au théâtre de verdure pour une nouvelle cérémonie devant le Monument aux morts. Le tonneau de San Martinu, contenant le vin nouveau, a été mis en perce en présence, notamment du président de l’Union nationale des sommeliers et de deux prestigieux parrains : Gisèle Marguin, présidente de l’association des sommeliers d’Alpes-Marseille-Provence, longtemps chef sommelier dans son propre restaurant étoilé Michelin, et Serge Dubs, chef sommelier à l’Auberge de Lille en Alsace, ex-président de l’union de la sommellerie française, vice-président de l’ASI, ex-meilleur sommelier du monde.
Des œnologues prestigieux
Cette année, la fête revêt un caractère particulier puisque se tient, mardi, à Bastia le congrès des œnologues de France qui ont profité de l’occasion pour venir fêter San Martinu in Patrimoniu. « C’est une opportunité, je dirais presque : une aubaine, pour des vignerons d’avoir devant soi autant d’ambassadeurs du vin et de la vigne. Nous les avons reçus et nous leur avons fait visité le vignoble. Ils ont dégusté nos vins et, apparemment, les ont appréciés et pourront, de retour chez eux, en faire la promotion. Que demander de plus ? », se réjouit Jean-Laurent de Bernardi. D’autant que c’est la crème, l’élite des œnologues qui s’est déplacée à Patrimoniu : l’ex-champion du monde, plusieurs champions d’Europe et des chefs d’établissements prestigieux. « On croit que nous ne sommes que des marchands de vin, alors que nous sommes des marchands de bonheur. Le partage et la convivialité, que l’on perpétue ici, sont les principes de la philosophie des sommeliers », déclare Serge Dubs.
Après le veau offert par les vignerons, la procession a ramené la statue du saint à l’église et les fidèles ont salué le saint Sacrement.
N.M.
La légende de San Martinu
Le lien entre San Martinu et Patrimoniu est très ancien comme en atteste une vieille légende du village. Lors d’un séjour en Corse, San Martinu gravit les pentes du col de Teghime et découvre la vallée de la Conca d’Oru qui s’offre à lui. Devant la beauté du site, il tend son doigt en disant : « Ecce mio patrimoniu. Ceci est mon patrimoine ». Patrimoniu est né.
Le diable, toujours en conflit avec San Martinu, lui dispute ce territoire, mais ce dernier le boute hors de la plaine et le précipite dans les remous du Golfe de Saint Florent. Descendant vers son territoire, le saint croise des gens inquiets et malheureux à cause de la sécheresse : il n’a pas plu depuis de nombreux mois. Les récoltes sont en péril, la famine menace. San Martinu et les villageois partent en procession et… la pluie tombe ! Ce 11 novembre, quelques gouttes de pluie tombent à la sortie de la messe. « San Martinu se manifeste », commente un vigneron.
Le vin nouveau
Depuis, San Martinu est devenu le saint patron de Patrimoniu, le patron des vignerons qui l’ont préféré à Saint Vincent. A la San Martinu, on goûte le vin nouveau. « C’est une vieille tradition. Les vignerons allaient de cave en cave. Ceux, qui arrivaient, criaient : « San Martinu ! ». Celui, qui recevait, répondait : « Divizia qui signifie abondance ». C’était une façon de conjurer le mauvais sort. Depuis 15 ans, nous procédons différemment. Les 33 caves de l’AOC donnent, chacune, une dizaine ou une vingtaine de litres que l’on mélange dans un fût de 220 litres, appelé une Bordelaise. Ce mélange de vin rosé de l’année est mis en perce à l’occasion de A San Martinu », explique Jean-Laurent de Bernardi, vigneron et président du syndicat de promotion et de défense des viticulteurs de l’AOC (Appellation d’origine contrôlée) Patrimoniu.
Des confrères de toute l’île
La journée a débuté par une messe solennelle chantée par la Confrérie San Martinu di Patrimoniu et par des représentants de plus d’une dizaine de confréries venus de toute la Corse, notamment Bastia avec les confréries San Roccu, Santa Croce ou San Ghjisé, mais aussi Sainte Devote de Luciana, A Santa di u Niolu, Santa Croce de Saint Florent et même des confrères de Piana, de Balagne, de Forcioli… ainsi que par la chorale interparoissiale San Florent – Patrimoniu. Après la bénédiction du vin nouveau, le saint a été porté en procession jusqu’au théâtre de verdure pour une nouvelle cérémonie devant le Monument aux morts. Le tonneau de San Martinu, contenant le vin nouveau, a été mis en perce en présence, notamment du président de l’Union nationale des sommeliers et de deux prestigieux parrains : Gisèle Marguin, présidente de l’association des sommeliers d’Alpes-Marseille-Provence, longtemps chef sommelier dans son propre restaurant étoilé Michelin, et Serge Dubs, chef sommelier à l’Auberge de Lille en Alsace, ex-président de l’union de la sommellerie française, vice-président de l’ASI, ex-meilleur sommelier du monde.
Des œnologues prestigieux
Cette année, la fête revêt un caractère particulier puisque se tient, mardi, à Bastia le congrès des œnologues de France qui ont profité de l’occasion pour venir fêter San Martinu in Patrimoniu. « C’est une opportunité, je dirais presque : une aubaine, pour des vignerons d’avoir devant soi autant d’ambassadeurs du vin et de la vigne. Nous les avons reçus et nous leur avons fait visité le vignoble. Ils ont dégusté nos vins et, apparemment, les ont appréciés et pourront, de retour chez eux, en faire la promotion. Que demander de plus ? », se réjouit Jean-Laurent de Bernardi. D’autant que c’est la crème, l’élite des œnologues qui s’est déplacée à Patrimoniu : l’ex-champion du monde, plusieurs champions d’Europe et des chefs d’établissements prestigieux. « On croit que nous ne sommes que des marchands de vin, alors que nous sommes des marchands de bonheur. Le partage et la convivialité, que l’on perpétue ici, sont les principes de la philosophie des sommeliers », déclare Serge Dubs.
Après le veau offert par les vignerons, la procession a ramené la statue du saint à l’église et les fidèles ont salué le saint Sacrement.
N.M.