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Paul-Félix Benedetti : "Nous faisons le constat d'une incapacité à continuer ensemble"


Nicole Mari le Vendredi 7 Septembre 2012 à 11:15

Elu territorial et chef de file d’U Rinnovu Naziunali, Paul-Félix Benedetti explique, à Corse Net Infos, les raisons de la scission avec Corsica Libera. Refusant la polémique, il entend se concentrer sur les enjeux à venir : reconstituer le mouvement et l’adosser à un projet nationaliste d’A Scelta Patriottica.



Paul-Félix Benedetti : "Nous faisons le constat d'une incapacité à continuer ensemble"

- Quels sont les motifs de votre départ ?

- C’est la conjonction de plusieurs faits qui se sont accumulés depuis quelques mois. D’abord, l’Assemblée générale extraordinaire, à laquelle nous avions refusé de participer à cause des enjeux. Ensuite, nous avons essayé de nous organiser en tendance en pensant coexister sur la notion de constitution de tendances qui avait été à la genèse de Corsica Libera. Passé l’été, nous avons fait le constat de l’impossibilité d’organiser une tendance avec droit à l’expression externe. Devant la position de l’exécutif majoritaire actuel donnant voix à une dimension uniquement portée sur le discours majoritaire avec les tendances s’exprimant en interne, nous avons acté que, dans ces conditions, la séparation devenait inéluctable.

- Cette séparation s’est-elle vraiment faite dans la sérénité ?

- Oui. Elle est le résultat du constat d’une incapacité  à continuer à travailler ensemble. A partir de là, il faut être pragmatique et constructif.

- Etes-vous amer par rapport à ce qui s’est passé au sein de Corsica Libera ?

- Non. Pas du tout. On acte une vie politique faite de développements qui, souvent, sont programmés, certaines fois, sont constatés. A partir de là, il faut faire avec !

- Qu’allez-vous dire aux militants qui risquent de ne pas comprendre cette énième scission ?

- Rien de plus que ce que nous avons déjà dit à tout le monde. La Corse a une grande conscience politique. Les militants comprendront que chacun a ses raisons. Il n’y a pas à  épiloguer. Il n’y a pas à envenimer. Il y a, maintenant, à  construire, peut-être, autrement et à tenir compte des fondamentaux.

- Vous avez décidé de garder votre mandat d’élu territorial. Vous ne démissionnez pas ?

- A l’origine de Corsica Libera, il y avait plusieurs composantes dont la nôtre qui était Rinnovu Naziunali. Dans l’immédiat, nous allons rester dans une logique politique, nous nous séparons en conservant le label d’origine tout en sachant que des militants sont venus rejoindre notre sensibilité sans être au départ sur U Rinnovu. Dans les semaines à venir, nous évoluerons pour positionner un courant qui pourra, soit rester Rinnovu, soit changer d’appellation.

- Allez-vous entreprendre une restructuration interne d’U Rinnovu ?

- Nous sommes obligés de structurer le mouvement qui a été démantelé pour la création de Corsica Libera et qui n’existe absolument plus. Aujourd’hui, nous devons faire un travail de fédération politique autour d’un courant à reconstituer.

- De combien de militants disposez-vous ?

- On verra. On fera une assemblée générale. Aujourd’hui, nous ne sommes pas en mesure de quantifier les personnes qui nous représentent. Cet espace politique n’a jamais été formatisé. Nous avons fait une réunion à Corte avec une centaine de militants, maintenant cela ne veut pas dire que toutes ces personnes rejoindront la démarche, ni qu’il n’y en aura pas plus. Nous ne sommes pas, aujourd’hui, dans une comptabilité arithmétique, nous essayons de promouvoir, en politique, des idées. Bien entendu, plus il y a de personnes pour les promouvoir, plus leur pertinence sera validée. Nous entreprenons un travail de reconstruction de cet espace qui sera, de toute façon, adossé à tous les autres mouvements nationalistes qui, aujourd’hui, veulent faire évoluer la Corse dans un 3ème millénaire plus harmonieux.

- Comment comptez-vous l’adosser ?

- Dans un mouvement général, fondateur d’une composante plurielle, «a Scelta Patriottica » qui sera porteuse d’un projet politique au travers de toutes les composantes de la Corse, mais surtout des composantes nationalistes.

- Pensez-vous discuter avec les modérés ?

- Les nationalistes doivent d’abord discuter entre eux. Ils représentent, globalement aujourd’hui, la 1ère force politique de Corse. On ne va pas commencer à discuter avec les partis traditionnels avant d’avoir purgé les discussions politiques stratégiques pour voir comment on va affronter les modalités techniques et politiques des propositions visant, par exemple, à demander une réforme constitutionnelle et institutionnelle qui fera évoluer la Corse.

- Ne craignez-vous pas que cette scission vous fragilise ?

- Aucune démarche, faite dans des logiques non positives, ne génère, immédiatement, des résultats probants. Ce sera à nous, à ceux qui sont constitués autour de cette tendance, d’avoir une pertinence politique qui nous permettra d’obtenir une aura représentative que nous n’avons pas aujourd’hui. Ce qui est certain, c’est que nous avons confiance en nous-mêmes.

- Pensez-vous réussir à remonter un mouvement ?

- Nous en avons, en tous cas, l’ambition.

- Toute l’histoire du nationalisme est jalonnée de fractures et de scissions. Pourquoi les nationalistes n’arrivent-ils pas à rester unis ?

- Ces mouvements sont à la pointe du combat politique en Corse. A un moment donné, des positionnements provoquent des fractures humaines qui, plus que des fractures politiques, génèrent des séparations. Là, c’est peut-être le cas. Maintenant, il faut se servir de l’expérience des fractures du passé pour positiver et essayer de construire dans la diversité et ne pas commettre les erreurs fatales d’hier.

 

                                                                     Propos recueillis par Nicole MARI