- Que vous inspire la politique de coofficialité en vigueur au Pays Basque Sud ?
- Le voyage d’études, que nous avons fait au Pays Basque, a été très intéressant. Il nous a montré que le bilinguisme était vraiment un outil majeur et qu’il a joué un rôle important dans le développement économique. En dehors de la problématique politique, c’est le sujet qui a fait progresser les deux régions les plus riches d’Espagne que sont le Pays Basque et la Catalogne.
- Qu’avez-vous retenu de l’approche linguistique proprement dite ?
- Nous avons rencontré trois approches institutionnelles différentes de prise en compte de la réalité linguistique, qui nous ont ouvert des perspectives. L’expérience la plus aboutie est celle du Pays Basque espagnol avec un statut de coofficialité et une vraie politique de développement de la langue qui ont donné des résultats tangibles. La progression de 6% à 7% de locuteurs, en dix ans, prouve que les efforts consentis portent leurs fruits. La 2ème expérience est celle de la Navarre avec 3 zones linguistiques différentes. D’abord, le statut de coofficialité dans la partie Nord bascophone qui est la moins peuplée. Une zone mixte où est pratiqué un enseignement bilingue. Enfin, une zone Sud où l’enseignement est en castillan avec le basque en option. Là aussi, il y a néanmoins des résultats avec le maintien ou, même, un petit accroissement de la pratique de la langue basque.
- Que pensez-vous du retard français ?
- Dans la partie Nord française, il n’y a pas de reconnaissance officielle de la langue basque, mais un vrai travail de fond est, quand même, réalisé par l’Office public de la langue basque. Cet Office, qui regroupe l’Etat et les collectivités territoriales, effectue un effort important en matière d’enseignement et de promotion de la langue.
- Vous parlez de perspectives. Ce voyage vous a-t-il donné des idées à mettre en œuvre en Corse ?
- Non. Il m’a conforté dans l’idée que l’outil de coofficialité était indispensable pour sauver la langue puisque, au vu des trois expériences, c’est quand même le plus efficace. Il nous faut donc travailler sur cet outil, pas avec les mêmes problématiques qu’au Pays Basque, mais en l’adaptant à la situation de l’administration française qui n’est pas la même qu’en Espagne. J’ai été étonné de la quasi-absence de l’administration centrale espagnole sur le territoire basque. Les fonctionnaires de la fonction publique de l’Etat central ne représentent que 15% à 20% de tous les fonctionnaires basques. Ce qui n’est pas le cas en Corse où la fonction publique d’Etat est majoritaire.
- Quelle comparaison faites-vous entre les situations linguistiques corse et basque ?
- Les Basques ont pris le problème linguistique à bras-le-corps avant nous, mais le point de départ en Corse est peut-être plus solide. Notre pool corsophone est supérieur à celui qu’avaient les Basques quand ils ont impulsé leur politique linguistique. Ce constat me rend optimiste. Ensuite, bien que le corse soit une langue polynomique, il y a moins de différences linguistiques chez nous entre le Nord et le Sud qu’il peut y en avoir entre toutes les régions du Pays Basque qui ont des dialectes assez différents. Ce qui nous simplifie les choses ! C’est pour cela que notre situation n’est pas trop mauvaise.
- Quel est le principal enseignement que vous tirez de ce voyage ?
- C’est que le statut de coofficialité est la seule voie possible, l’outil idoine, si on veut sauver la langue et en faire un outil de développement économique et de cohésion sociale.
- Est-ce lié, selon vous, au fait que, sous ce statut, on parle basque dans les entreprises et les administrations ?
- Oui. Parler basque au travail est le résultat de la politique de formation. A partir du moment où un pool de gens est formé à parler et à écrire le basque, il est tout à fait normal, naturel que, dans les administrations, le basque s’impose comme langue de travail. S’y ajoute la volonté du patron du privé de mettre en place une politique de promotion de la langue dans son entreprise. Mais, c’est le résultat de 20 ans de politique linguistique.
- Que répondez-vous à ceux qui, en Corse, opposent au bilinguisme la complexité qu’il va générer dans le cadre professionnel ?
- L’expérience basque prouve tout le contraire. Beaucoup de Basques espagnols sont trilingues et parlent castillan, basque et français. Je le répète : Ce n’est pas innocent que les régions bilingues soient les plus riches d’Espagne, les plus industrieuses ! Je suis persuadé que le fait que les gens adaptent leur mode de pensée à plusieurs langues induit une réussite supérieure dans le milieu économique. Ils ne sont pas dans un système figé, mais sont obligés d’être inventifs. Le bilinguisme est un atout, à la fois, pour la personne et pour la société qui le pratiquent. En plus, il est très facile d’être bilingue.
Propos recueillis par Nicole MARI
- Le voyage d’études, que nous avons fait au Pays Basque, a été très intéressant. Il nous a montré que le bilinguisme était vraiment un outil majeur et qu’il a joué un rôle important dans le développement économique. En dehors de la problématique politique, c’est le sujet qui a fait progresser les deux régions les plus riches d’Espagne que sont le Pays Basque et la Catalogne.
- Qu’avez-vous retenu de l’approche linguistique proprement dite ?
- Nous avons rencontré trois approches institutionnelles différentes de prise en compte de la réalité linguistique, qui nous ont ouvert des perspectives. L’expérience la plus aboutie est celle du Pays Basque espagnol avec un statut de coofficialité et une vraie politique de développement de la langue qui ont donné des résultats tangibles. La progression de 6% à 7% de locuteurs, en dix ans, prouve que les efforts consentis portent leurs fruits. La 2ème expérience est celle de la Navarre avec 3 zones linguistiques différentes. D’abord, le statut de coofficialité dans la partie Nord bascophone qui est la moins peuplée. Une zone mixte où est pratiqué un enseignement bilingue. Enfin, une zone Sud où l’enseignement est en castillan avec le basque en option. Là aussi, il y a néanmoins des résultats avec le maintien ou, même, un petit accroissement de la pratique de la langue basque.
- Que pensez-vous du retard français ?
- Dans la partie Nord française, il n’y a pas de reconnaissance officielle de la langue basque, mais un vrai travail de fond est, quand même, réalisé par l’Office public de la langue basque. Cet Office, qui regroupe l’Etat et les collectivités territoriales, effectue un effort important en matière d’enseignement et de promotion de la langue.
- Vous parlez de perspectives. Ce voyage vous a-t-il donné des idées à mettre en œuvre en Corse ?
- Non. Il m’a conforté dans l’idée que l’outil de coofficialité était indispensable pour sauver la langue puisque, au vu des trois expériences, c’est quand même le plus efficace. Il nous faut donc travailler sur cet outil, pas avec les mêmes problématiques qu’au Pays Basque, mais en l’adaptant à la situation de l’administration française qui n’est pas la même qu’en Espagne. J’ai été étonné de la quasi-absence de l’administration centrale espagnole sur le territoire basque. Les fonctionnaires de la fonction publique de l’Etat central ne représentent que 15% à 20% de tous les fonctionnaires basques. Ce qui n’est pas le cas en Corse où la fonction publique d’Etat est majoritaire.
- Quelle comparaison faites-vous entre les situations linguistiques corse et basque ?
- Les Basques ont pris le problème linguistique à bras-le-corps avant nous, mais le point de départ en Corse est peut-être plus solide. Notre pool corsophone est supérieur à celui qu’avaient les Basques quand ils ont impulsé leur politique linguistique. Ce constat me rend optimiste. Ensuite, bien que le corse soit une langue polynomique, il y a moins de différences linguistiques chez nous entre le Nord et le Sud qu’il peut y en avoir entre toutes les régions du Pays Basque qui ont des dialectes assez différents. Ce qui nous simplifie les choses ! C’est pour cela que notre situation n’est pas trop mauvaise.
- Quel est le principal enseignement que vous tirez de ce voyage ?
- C’est que le statut de coofficialité est la seule voie possible, l’outil idoine, si on veut sauver la langue et en faire un outil de développement économique et de cohésion sociale.
- Est-ce lié, selon vous, au fait que, sous ce statut, on parle basque dans les entreprises et les administrations ?
- Oui. Parler basque au travail est le résultat de la politique de formation. A partir du moment où un pool de gens est formé à parler et à écrire le basque, il est tout à fait normal, naturel que, dans les administrations, le basque s’impose comme langue de travail. S’y ajoute la volonté du patron du privé de mettre en place une politique de promotion de la langue dans son entreprise. Mais, c’est le résultat de 20 ans de politique linguistique.
- Que répondez-vous à ceux qui, en Corse, opposent au bilinguisme la complexité qu’il va générer dans le cadre professionnel ?
- L’expérience basque prouve tout le contraire. Beaucoup de Basques espagnols sont trilingues et parlent castillan, basque et français. Je le répète : Ce n’est pas innocent que les régions bilingues soient les plus riches d’Espagne, les plus industrieuses ! Je suis persuadé que le fait que les gens adaptent leur mode de pensée à plusieurs langues induit une réussite supérieure dans le milieu économique. Ils ne sont pas dans un système figé, mais sont obligés d’être inventifs. Le bilinguisme est un atout, à la fois, pour la personne et pour la société qui le pratiquent. En plus, il est très facile d’être bilingue.
Propos recueillis par Nicole MARI