Pierre-Noël Luiggi, PDG d’Oscaro
- Quand avez-vous débuté vos actions de sponsoring en Corse ?
- Il y a plus de 3 ans. La 1ère action a commencé avec un sponsoring de 30 000 € sur le short du Sporting qui jouait, alors, en National. Il s’agissait de notre premier pas dans le marketing sportif. Suite à ce soutien, aux premiers échanges que nous avons eus avec les dirigeants et les premiers retours, nous avons avancé dans la compréhension de cet univers. Mais, c’est une expérience qui reste récente.
- Sponsorisez-vous d’autres clubs sportifs insulaires ?
- Le seul vrai budget professionnel concerne le Sporting. Nous apportons une petite participation au CAB, dont les montants ne sont pas significatifs et ne réclament pas un retour sur investissement immédiat. C’est autre chose ! C’est plus par passion, parce que je suis Bastiais.
- Pourquoi avez-vous signé une convention avec la Ligue corse des échecs ?
- La convention consiste, d’abord, en une aide financière, puis en un partenariat pour développer un site Internet tout à fait original qui serait une plateforme pédagogique autour des échecs. Notre intérêt, au-delà de la symbolique de concourir à ce succès extraordinaire que connaît la Ligue des échecs en Corse, est de faire connaître Oscaro dans sa complexité.
- C’est-à-dire ?
- Nous ne sommes pas seulement un site de e-commerce, mais une entreprise de big data, c’est-à-dire que nous traitons énormément de données. Nous totalisons 100 millions de références, ce qui équivaut à 100 millions de combinaisons possibles entre un véhicule et une pièce. En comparaison, Amazon aux Etats-Unis, représente 150 millions de références. Oscaro est, donc, dans la cour des très grands au niveau technologique. Nous employons beaucoup d’ingénieurs.
- En quoi votre compétence technologique intéresse-t-elle le monde des échecs ?
- La Ligue des Echecs nous donne un moyen de mettre en avant toute l’intelligence qui est au service d’Oscaro, à la fois d’un point de vue de la technologie du numérique et des programmes informatiques. C’est une manière ludique et sensible de nous adresser aux jeunes ingénieurs que nous pourrions recruter, aujourd’hui en France, demain dans le reste de l’Europe. Et de leur montrer l’intérêt que nous avons dans les domaines technologiques et mathématiques et dans des sujets de réflexion et de stratégie, secteurs symbolisés par les Echecs.
- Le partenariat avec le Sporting a coûté 500 000 €. Combien coûte celui-ci ?
- Le montant n’est pas de cet ordre là, mais est très important quand même.
- Pourquoi sponsorisez-vous le Festival du vent à Calvi ?
- Ce festival donne une immense ouverture d’esprit et un bol d’air à la Corse. Il permet un grand rayonnement de la pensée qui s’exprime sur ce territoire. Cette année, il fête le 10ème anniversaire de l’initiative « Une île sans sac plastique » qu’il a inventée et pensée. Nous devons être beaucoup plus fiers que nous ne le sommes d’avoir été les premiers en France et parmi les premiers en Europe à avoir ce type d’initiatives sur un territoire d’une telle taille. Le Festival du vent a permis de créer cela et bien d’autres choses extraordinaires.
- Vous multipliez les sponsorings dans l’île. Comment choisissez-vous les évènements à soutenir ?
- Nous soutenons des initiatives qui nous paraissent avoir un rayonnement fort sur toute la population en Corse. Par exemple, les Echecs : 40 000 jeunes ont été formés dans l’île depuis 1999. De plus, la Ligue corse a un rayonnement important dans l’Europe entière. Ces deux critères sont essentiels pour nous. Le Sporting plait beaucoup à nos clients sur tout le territoire français puisque les amateurs de football aiment, généralement aussi, l’automobile, les deux sont donc liés.
- Le fait d’être Corse joue-t-il en faveur des sponsorings locaux ?
- Oui, évidemment, mais dans la mesure du raisonnable. Nous cherchons, par définition, lorsque les montants sont significatifs, un sponsoring sur des actions dépassant le cadre de la Corse. Nous apportons aussi un petit soutien aux Nuits de la guitare de Patrimoniu, plus par goût personnel, mais ce festival a aussi un rayonnement important.
- Est-ce important pour un chef d’entreprise de faire du mécénat ?
- Oui. C’est d’autant plus important pour Oscaro parce que lorsque l’internaute, qui est devant un écran, voit s’afficher une page Internet, il imagine qu’il n’y a personne derrière. Or, cette économie du numérique génère énormément d’emplois. Oscaro représente, à lui tout seul, 800 emplois directs en France et une vingtaine aux USA et beaucoup d’emplois indirects chez nos prestataires et nos fournisseurs dont certains se trouvent en Corse.
- Quels prestataires avez-vous en Corse ?
- Nos experts-comptables, nos assureurs et une partie de nos banquiers. Nous avons aussi quelques salariés sur place, essentiellement des informaticiens et des gens qui s’occupent du marketing. L’agence de communication, qui réalise notre newsletters, est basée à Bastia. Quelques personnes sont, donc, déjà, concernées par Oscaro en Corse.
- Pensez-vous que votre spectaculaire réussite puisse servir d’exemple dans une île qui compte relativement peu d’entrepreneurs ?
- Je suis fondamentalement persuadé qu’il y a une très vieille culture d’entreprise en Corse. Tout le monde sait que les marins du Cap Corse partaient naviguer, faire du cabotage avec l’Italie. C’était très risqué. Le port d’Erbalunga était, il y a 300 ans, le grand port de commerce avec l’Italie. Tous les endroits de l’île recèlent d’exemples extraordinaires de Corses qui ont réussi et qui prouvent qu’il y a un esprit d’entreprise en Corse. Mais, ce n’est un secret pour personne, l’esprit d’entreprise, aujourd’hui, en France est contrecarré, mis à mal, dénigré et, évidemment, cela nous fait du mal aussi en Corse. En Allemagne ou en Italie du Nord, l’entrepreneur est une figure importante de la société. Il faut que ça le redevienne en Corse.
- Que faudrait-il faire pour y remédier dans une région où 40% des jeunes veulent être fonctionnaires ?
- Fondamentalement, quand on veut être fonctionnaire ou entrepreneur, on recherche la même chose : une certaine forme de liberté. Ensuite, les voies et moyens sont différents. On sait très bien que lorsqu’on est fonctionnaire, on renonce à certaines choses, mais on en gagne beaucoup d’autres. Ce n’est pas un mauvais choix. Ce qui est plus embêtant, c’est quand on veut être entrepreneur, on en est interdit à cause de l’état de l’économie, des exigences de l’administration ou parce que le terreau décourage. Il y a des entrepreneurs partout dans le monde, dans des pays en guerre, dans des pays où il y a 300% d’inflation… Ce qui manque, c’est la reconnaissance et quelques mots de l’entourage pour dire : « Toi aussi, tu peux le faire ! C’est une bonne idée. Lance-toi dans ton entreprise. On sera là si ça ne marche pas ». Il manque la confiance.
Propos recueillis par Nicole MARI
- Il y a plus de 3 ans. La 1ère action a commencé avec un sponsoring de 30 000 € sur le short du Sporting qui jouait, alors, en National. Il s’agissait de notre premier pas dans le marketing sportif. Suite à ce soutien, aux premiers échanges que nous avons eus avec les dirigeants et les premiers retours, nous avons avancé dans la compréhension de cet univers. Mais, c’est une expérience qui reste récente.
- Sponsorisez-vous d’autres clubs sportifs insulaires ?
- Le seul vrai budget professionnel concerne le Sporting. Nous apportons une petite participation au CAB, dont les montants ne sont pas significatifs et ne réclament pas un retour sur investissement immédiat. C’est autre chose ! C’est plus par passion, parce que je suis Bastiais.
- Pourquoi avez-vous signé une convention avec la Ligue corse des échecs ?
- La convention consiste, d’abord, en une aide financière, puis en un partenariat pour développer un site Internet tout à fait original qui serait une plateforme pédagogique autour des échecs. Notre intérêt, au-delà de la symbolique de concourir à ce succès extraordinaire que connaît la Ligue des échecs en Corse, est de faire connaître Oscaro dans sa complexité.
- C’est-à-dire ?
- Nous ne sommes pas seulement un site de e-commerce, mais une entreprise de big data, c’est-à-dire que nous traitons énormément de données. Nous totalisons 100 millions de références, ce qui équivaut à 100 millions de combinaisons possibles entre un véhicule et une pièce. En comparaison, Amazon aux Etats-Unis, représente 150 millions de références. Oscaro est, donc, dans la cour des très grands au niveau technologique. Nous employons beaucoup d’ingénieurs.
- En quoi votre compétence technologique intéresse-t-elle le monde des échecs ?
- La Ligue des Echecs nous donne un moyen de mettre en avant toute l’intelligence qui est au service d’Oscaro, à la fois d’un point de vue de la technologie du numérique et des programmes informatiques. C’est une manière ludique et sensible de nous adresser aux jeunes ingénieurs que nous pourrions recruter, aujourd’hui en France, demain dans le reste de l’Europe. Et de leur montrer l’intérêt que nous avons dans les domaines technologiques et mathématiques et dans des sujets de réflexion et de stratégie, secteurs symbolisés par les Echecs.
- Le partenariat avec le Sporting a coûté 500 000 €. Combien coûte celui-ci ?
- Le montant n’est pas de cet ordre là, mais est très important quand même.
- Pourquoi sponsorisez-vous le Festival du vent à Calvi ?
- Ce festival donne une immense ouverture d’esprit et un bol d’air à la Corse. Il permet un grand rayonnement de la pensée qui s’exprime sur ce territoire. Cette année, il fête le 10ème anniversaire de l’initiative « Une île sans sac plastique » qu’il a inventée et pensée. Nous devons être beaucoup plus fiers que nous ne le sommes d’avoir été les premiers en France et parmi les premiers en Europe à avoir ce type d’initiatives sur un territoire d’une telle taille. Le Festival du vent a permis de créer cela et bien d’autres choses extraordinaires.
- Vous multipliez les sponsorings dans l’île. Comment choisissez-vous les évènements à soutenir ?
- Nous soutenons des initiatives qui nous paraissent avoir un rayonnement fort sur toute la population en Corse. Par exemple, les Echecs : 40 000 jeunes ont été formés dans l’île depuis 1999. De plus, la Ligue corse a un rayonnement important dans l’Europe entière. Ces deux critères sont essentiels pour nous. Le Sporting plait beaucoup à nos clients sur tout le territoire français puisque les amateurs de football aiment, généralement aussi, l’automobile, les deux sont donc liés.
- Le fait d’être Corse joue-t-il en faveur des sponsorings locaux ?
- Oui, évidemment, mais dans la mesure du raisonnable. Nous cherchons, par définition, lorsque les montants sont significatifs, un sponsoring sur des actions dépassant le cadre de la Corse. Nous apportons aussi un petit soutien aux Nuits de la guitare de Patrimoniu, plus par goût personnel, mais ce festival a aussi un rayonnement important.
- Est-ce important pour un chef d’entreprise de faire du mécénat ?
- Oui. C’est d’autant plus important pour Oscaro parce que lorsque l’internaute, qui est devant un écran, voit s’afficher une page Internet, il imagine qu’il n’y a personne derrière. Or, cette économie du numérique génère énormément d’emplois. Oscaro représente, à lui tout seul, 800 emplois directs en France et une vingtaine aux USA et beaucoup d’emplois indirects chez nos prestataires et nos fournisseurs dont certains se trouvent en Corse.
- Quels prestataires avez-vous en Corse ?
- Nos experts-comptables, nos assureurs et une partie de nos banquiers. Nous avons aussi quelques salariés sur place, essentiellement des informaticiens et des gens qui s’occupent du marketing. L’agence de communication, qui réalise notre newsletters, est basée à Bastia. Quelques personnes sont, donc, déjà, concernées par Oscaro en Corse.
- Pensez-vous que votre spectaculaire réussite puisse servir d’exemple dans une île qui compte relativement peu d’entrepreneurs ?
- Je suis fondamentalement persuadé qu’il y a une très vieille culture d’entreprise en Corse. Tout le monde sait que les marins du Cap Corse partaient naviguer, faire du cabotage avec l’Italie. C’était très risqué. Le port d’Erbalunga était, il y a 300 ans, le grand port de commerce avec l’Italie. Tous les endroits de l’île recèlent d’exemples extraordinaires de Corses qui ont réussi et qui prouvent qu’il y a un esprit d’entreprise en Corse. Mais, ce n’est un secret pour personne, l’esprit d’entreprise, aujourd’hui, en France est contrecarré, mis à mal, dénigré et, évidemment, cela nous fait du mal aussi en Corse. En Allemagne ou en Italie du Nord, l’entrepreneur est une figure importante de la société. Il faut que ça le redevienne en Corse.
- Que faudrait-il faire pour y remédier dans une région où 40% des jeunes veulent être fonctionnaires ?
- Fondamentalement, quand on veut être fonctionnaire ou entrepreneur, on recherche la même chose : une certaine forme de liberté. Ensuite, les voies et moyens sont différents. On sait très bien que lorsqu’on est fonctionnaire, on renonce à certaines choses, mais on en gagne beaucoup d’autres. Ce n’est pas un mauvais choix. Ce qui est plus embêtant, c’est quand on veut être entrepreneur, on en est interdit à cause de l’état de l’économie, des exigences de l’administration ou parce que le terreau décourage. Il y a des entrepreneurs partout dans le monde, dans des pays en guerre, dans des pays où il y a 300% d’inflation… Ce qui manque, c’est la reconnaissance et quelques mots de l’entourage pour dire : « Toi aussi, tu peux le faire ! C’est une bonne idée. Lance-toi dans ton entreprise. On sera là si ça ne marche pas ». Il manque la confiance.
Propos recueillis par Nicole MARI