Une tonne d’orge de la moisson sera réservée à la brasserie, qui développera au mois de
Septembre une recette exclusive de sa bière de Noël dans laquelle, outre la traditionnelle
farine de châtaigne, sera brassée cette orge corse.
Les explications de Ange-Noël Luigi et de Armelle Sialelli qui se sont rencontrés vendredi matin à Aleria en présence de Cyril Caria, coordinateur du projet pour le Syndicat des Jeunes Agriculteurs de Haute‐Corse et Olivia Mattei, animatrice du Syndicat des Jeunes Agriculteurs de Haute‐Corse.
Ange-Noël Luigi : "Un nouveau débouché pour l'orge"
Ange-Noël Luigi, est un jeune agriculteur, diplômé en agronomie et propriétaire récoltant à Aleria, qui, premier fournisseur d'orge pour Pietra, aime et se passionne pour ce qu'il fait.
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- Nous avons une exploitation qui est située à Aleria sur laquelle nous produisons essentiellement des céréales à paille - de l'orge et du fourrage. Cette matinée peut offrir de nouveaux débouchés à cette orge qui aujourd'hui est essentiellement destinée à l'alimentation animale.
- Vous en produisez combien ?
- Ce ne sont pas des volumes très importants. Aujourd'hui, toutes céréales confondues, on tourne autour de 180 tonnes.
- L'orge, c'est nouveau ?
- Cela fait très longtemps que nous en faisons à destination des élevages ovins, bovins et caprins. C'est donc essentiellement de l'orge fourragère.
- Ce nouveau débouché peut être intéressant pour vous ?
- Ça peut être sympa. Cela fait plusieurs années que nous y pensons. Le fait de pouvoir développer et donner une autre orientation à ce produit; peut être, c'est vrai, intéressant financièrement.
- Qu'allez vous apporter à la Pietra ?
- La matière première : l'orge avec laquelle elle pourra faire son malt pour au final produire une bière d'exception.
- De quel ordre sera votre apport ?
- Il s'agit là d'un premier essai. On verra ce qu'il en sortira. Ensuite il y aura, sans doute, possibilité de tisser des liens et de pouvoir travailler commercialement sur du long terme.
- Votre produit ?
- Nous sommes sur de l'agriculture raisonnée. Il n'y a pas d'insecticide, pas de fongicide. Il est vrai que l'on apporte de l'engrais. Il nous arrive aussi parfois de désherber, mais dans l'ensemble notre produit est relativement sain. Le grain, en épi, est battu. La machine dans laquelle l'orge est introduite fait un pré-nettoyage. Elle va ensuite dans une fosse de réception. La chaîne de distribution fait le reste. On récupère alors le grain, on le nettoie, on le stocke et on le conserve sans insecticide. Comment ? En le soufflant. Jusqu'à la bonne température qui va nous éviter d'être confrontés au problème du Charançon, super ravageur du grain.
- Votre orge dans une bière corse : c'est une belle satisfaction ?
- En tout cas, cela me ferait plaisir de savoir que mon produit a contribué à la fabrication d'une bonne bière corse. Notre production, que nous écoulons dans sa totalité, n'en serait que plus valorisée.
Armelle Sialelli : "Une première marche..."
- L'orge c'est la matière première matière noble et ancestrale de la bière. Il y a plusieurs années que l'on imagine pouvoir intégrer de l'orge corse pour fabriquer nos bières. La difficulté est que l'orge va être malté pour donner un grain cuit (le malt). Dans ce cas on va utiliser de l'orge cru, donc du grain cru. Nous avons donc un peu adapté notre outil, en particulier au niveau des moulins, pour pouvoir utiliser cet orge. Nous avons prévu de faire un premier brassin (cuve où l’on brasse la bière) avec l'orge corse pour la recette de notre bière de Noël.
- Combien d'orge faudra t-il ?
- Nous allons commencer par faire ce premier brassin de Noël avec 1 tonne d'orge, ce qui va nous permettre de remplir environ 30 000 bouteilles.
- Vous comptez aller plus loin ?
- J'espère que nous allons continuer à pouvoir collaborer. Il faut savoir qu'en Corse l'on plante essentiellement de l'orge fourragère alors que pour la bière ou le Whisky, on utilise de l'orge pour brasserie. Mais il va falloir trouver un moyen pour sécher ce grain d'orge afin qu'il ne soit plus cru. Tant qu'il en sera ainsi nous serons obligés de faire un mélange malt et orge pour pouvoir brasser, mais tout cela ouvre, malgré tout, des perspectives. Nous sommes en train de les explorer et confiants des développements positifs et dans la réussite de cette initiative à moyen terme.
- Aujourd'hui c'est un ballon d'essai.
- C'est plutôt un premier pas. Une première marche qu'une rencontre avec les Jeunes Agriculteurs nous a permis de franchir. Le projet est aujourd'hui activé. Nous allons travailler avec les agriculteurs car, ce sont eux qui seront en charge, un peu comme nous le faisons, déjà, avec le groupement de producteurs de farine châtaignes, de nous fournir en orge.
La première Pietra à l'orge corse c'est pour la fin de l'année ?
- Ce sera la bière de Noël dans laquelle on n'oubliera pas notre farine de châtaigne parce que c'est l'ADN de la Pietra.…