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Polémique autour du château du prince Pierre : Droit de réponse de Jean-Raphael et Jean-Vincent Grisoli


le Mercredi 26 Juillet 2017 à 00:11

Nous prenons connaissance du communiqué de l'association Luzzibeu Falasorma rédigé par Mme Laetitia Simeoni, ainsi que la tribune de l’éleveur Mr Jean-Christophe Savelli dans le journal Corse Matin de ce 24 juillet dernier. Ces accusations sont calomnieuses et nous regrettons que Mme Laetitia Simeoni n'ait pas jugé opportun de venir s'enquérir d'informations à propos de notre projet avant de publier de tels procès d’intentions, infondés. Aussi, par ce droit de réponse nous présenterons le déroulé de notre démarche puis nous répondrons aux fausses accusations qui nous sont opposées.



Polémique autour du château du prince Pierre : Droit de réponse de Jean-Raphael et Jean-Vincent Grisoli
Issus d’une famille Balanine, nous étions, depuis plus de 2 ans, à la recherche de terres en Balagna pour y développer un projet viticole et agricole de qualité. Jean-Vincent envisageait avec passion et depuis plusieurs années de créer son exploitation viticole sur sa terre de Corse. Nous avons prospecté et effectué des recherches pour apprendre en juillet 2016 que le domaine du Prince Pierre sur la commune de Calenzana, était à vendre. Il s’agissait alors d’une opportunité inespérée, compte tenu que notre maison familiale se situe à 2 km du lieu. 


Nous avons ainsi débuté nos échanges, il y a plus d'un an, avec les précédents propriétaires (continentaux) du domaine. Lorsque nous avons eu la certitude que nos discussions avec les vendeurs pourraient aboutir (fin décembre), Jean-Vincent a pu s'inscrire à la MSA dès le début du mois de janvier 2017 afin d'entamer sa reconversion. 
Dès le départ, notre démarche a été effectuée en toute transparence.                                
Tout de suite, dès le mois d'aout 2016, nous avions rencontré la SAFER pour présenter notre projet viticole. Nous avons rencontré plusieurs responsables de la filière viticole corse et le Président de la Chambre d’Agriculture pour exposer notre projet. Nous avons également informé le Conservatoire du Littoral. Enfin, nous avons exposé ce même projet à la commune de Calenzana qui l’a accueilli favorablement. Pour poursuivre dans cette démarche transparente nous avons tenu à contacter la famille voisine, Simeoni. Pour plus de précision : nous avions appelé le père de Madame Simeoni, en tant que futur voisin, à trois reprises afin de lui présenter notre projet. Celui-ci n’a cependant jamais pris la peine de nous recontacter. 


Ensuite, entre le mois de janvier et le mois de mai, nous avons :
 - Présenté notre projet à la CDAF qui après audition a rejeté la demande de Mr Savelli de classification en du domaine en terres incultes. La CDAF est un organisme où sont représentés le Conseil Départemental (tout bord politique confondu), la SAFER et les services de l’Etat. L’ensemble des participants de cette commission ont à l’unanimité statué sur ce dossier et rejeté la demande de Mr Savelli.
- Obtenu la confirmation de la part du GIAC du classement AOC Corse Calvi des parcelles composant le domaine. 
- Déposé une inscription auprès des douanes de Bastia pour obtenir notre casier viticole informatisé
- Déposé une première demande de droits de plantation auprès de France agrimer pour une surface de 25 hectares.
- Finalisé les études agronomiques qui ont confirmé le potentiel viticole du domaine.
- Sélectionné un œnologue de premier plan.  
Tout cela démontre que notre projet viticole est sérieux, structuré et transparent. 
 

Pour revenir sur les accusations de Mr Jean Christophe Savelli et de Mme Simeoni.
Il n’y a aucun montage suspect pas plus que de prix exorbitant.
Sur la transaction : Entre le mois d’aout 2016 et le mois de Janvier 2017, plusieurs acquéreurs sans projet agricole étaient intéressés par l’acquisition du domaine. Nous avons dû surenchérir à deux reprises. Nous avons alors demandé au vendeur la possibilité d’étaler le paiement de la vente sur 3 ans. Le vendeur n’y était pas opposé mais souhaitait la prise d’une hypothèque pour garantir le paiement du prix complémentaire. Cependant, celle-ci aurait dû être de second rang afin de permettre à notre banque de bénéficier de l’hypothèque de premier rang. Les vendeurs ont alors proposé de conserver l’usufruit afin de conserver un rendement intermédiaire et de leur garantir un recours efficace en cas de non paiement du prix complémentaire. Si nous avions voulu agir dans le secret et exclure la SAFER, nous n’aurions en aucun cas, contacté l’ensemble de ces acteurs plusieurs mois à l’avance pour leur faire part de notre projet !!
Sur le prix : Le prix est 20% supérieur à l’estimation de la SAFER. Il n’est donc pas « exorbitant » ou 4 fois supérieur à la valorisation de la SAFER comme l’indique Mme Siméoni. Il intègre non pas uniquement des terres agricoles comme Mme Simeoni l’a écrit mais également les ruines d’un château du XIXème (que la SAFER avait également valorisé) et la dénomination « château » qui associée au nom Napoléon Bonaparte sera un outil marketing puissant pour exporter notre vin.


Contrairement à ce que prétendent Mr Savelli et Mme Simeoni, il ne s’agit pas de l’arrivée d’un investisseur spéculateur inconnu venant de l’étranger mais d’une famille présente sur la commune depuis plusieurs générations et en Balagna depuis plusieurs siècles. Ce projet s’inscrit dans la continuité de l’amour et du respect que notre famille a toujours eu pour ce coin.
Contrairement à ce qu’essayent de faire croire Mme Simeoni, la vallée de Luzzibeu n’est pas et n’a pas été uniquement à vocation pastorale. Il y a eu dans le passé, plusieurs exploitations viticoles à Luzzibeu, ce qui explique d’ailleurs que notre domaine soit intégré au classement AOC. Un pressoir à raisin était d’ailleurs présent dans l’enceinte du château. 
L’affirmation de la part de Mme Simeoni est d’autant plus étonnante que le père de celle-ci s’est installé à Luzzibeu dans les années 70 en louant des terres à la commune de Calenzana sur lesquelles une exploitation viticole était présente et dont les plants ont été ensuite arrachés.


L’accusation de spéculation foncière est particulièrement risible. Le domaine est classé en zone N ne permettant même pas la rénovation du bâti existant tel que l’a confirmé la Mairie de Calenzana. Par ailleurs, aucune condition liée à l’urbanisme n’a été intégrée dans le compromis de vente. 
Quant à Jean Christophe Savelli, il semble avoir la mémoire courte, sachant qu’il y a un peu moins de 15 ans, ancien cadre de banque, il s’est installé à Luzzibeu pour se reconvertir en éleveur caprin après avoir épousé sa femme avec qui notre famille a toujours entretenu de très bons rapports. A cette occasion, aucun d’entre nous n’a, lors de sa reconversion, pointé du doigt une crainte spéculative de la part d’un cadre de banque ou la déstabilisation du tissus agricole local. Au contraire, nous l’avions alors accueilli avec bienveillance et nous aurions souhaité qu’il fasse de même vis à vis de nous et que la bonne entente entre nos familles se perpétue.
Il exploite plus de 130 hectares de terres agricoles, soit 50 hectares de plus que notre domaine. Pensez-vous que les 8 hectares de terre qu’il vise vont réellement mettre en péril son exploitation ?
 

Nous pensons que la raison du mauvais procès mené par Jean Christophe Savelli est ailleurs :
Suite à son échec face à la CDAF, Il a tenté de s’associer à un des acquéreurs pour surenchérir face à nous. Cet acquéreur (ou plutôt intermédiaire, selon le discours qu’il tenait) avait évoqué y compris devant la CDAF être à la recherche d’investisseurs venant du Moyen Orient ou de Russie ! Mr Savelli semblait alors très peu préoccupé par la réelle spéculation à laquelle se livrait son associé de circonstance. Cet acquéreur, fort heureusement a été écarté par les précédents propriétaires. Son comportement avait d’ailleurs même alerté les membres de la CDAF sur le risque réel que cette personne faisait courir au domaine. Cette information n’a fait que renforcer notre détermination à acquérir ce domaine !


Nous nous interrogeons, par ailleurs, sur la présence au côté de Mr Savelli, de Mme Laetitia Simeoni. Nous n’avons pas eu le plaisir de la rencontrer, selon sa volonté, mais renseignements pris, la situation de cette dernière fait l’objet de nombreuses contestations de la part d’agriculteurs qui sont scandalisés par le fait qu’elle bénéficie de plus de 600 hectares de terres louées à la commune pour y élever une cinquantaine de vaches. Peut-être, cherche-t-elle à attirer l’attention sur notre projet afin d’éviter que Mr Savelli ou d’autres agriculteurs ne viennent lui demander de partager une partie de ces terres sous-exploitées ? Enfin, Mme Simeoni et son père font l’objet d’une procédure devant les tribunaux pour construction illicite de bungalows destinés à la location estivale sur les terrains qu’ils louent à la commune de Calenzana. Son commentaire sur la pression touristique de la Balagna semble donc mal venu !


Pour conclure, notre projet est un projet de passion qui met en valeur le patrimoine agricole et culturel Corse et qui au travers de la production d’un vin de qualité permettra à la micro région et à la Corse plus généralement de rayonner positivement dans le monde. Après plus de 120 ans d’abandon, le site sur lequel le Prince Pierre Napoléon avait développé une ferme modèle va retrouver une seconde jeunesse. Enfin, nous ne sommes pas avec mon frère des ordures qui mettrait en péril la situation économique d’un berger père de famille. Ayant de nombreux amis agriculteurs et bergers, nous savons et prenons la mesure de l’importance qu’ils revêtent dans la gestion de l’espace agricole corse. Si Mr Savelli nous démontrait que la non exploitation de 8 hectares sur 130 hectares mettrait en péril son exploitation, nous serions naturellement ouverts pour trouver une solution transitoire afin de l’aider.
 
Jean-Vincent et Jean-Raphael Grisoli
 

Jean-Felix Acquaviva, député de la seconde circonscription de Haute-Corse et président du comité de massif en appelle à une sortie de crise par le haut.

«  Demain, à Luzzipeu, au domaine Prince-Pierre,  des agriculteurs inquiets de la vente enclenchée sur ce terrain  de 87 hectares,  vont se mobiliser. Leur cri d’alarme est d’autant plus légitime que des  bergers  exploitent  par bail oral ces terres depuis de longues années déjà. Le prix d’acquisition élevé pour des terres agricoles, le niveau d’investissement important pour le projet viticole qui serait mis en place par des nouveaux propriétaires, la manière dont a été mené le processus de vente sont autant d’éléments qui font naître des questionnements  légitimes quant à la future destination du lieu. L’avenir de l’activité pastorale sur le site est, lui aussi, source d’interrogations.  

Ne pouvant être présent ce Mercredi en Corse en raison de mes activités de parlementaire à l’Assemblée nationale, dès mon retour,  j’en appelle à une réunion de concertation sous l’égide la collectivité territoriale de Corse, réunion  associant les différents acteurs. L’enjeu est de sortir de cette crise par le haut. Et de définir une solution qui garantisse tout à la fois la préservation environnementale du lieu  autant que sa vocation pastorale et agricole. Cette concertation doit être réalisée avec le souci partagé par tous de lever les zones d’ombres qui planent actuellement sur cette vente.  Quant aux  intérêts des bergers, il va de soi qu’ils doivent être préservés et défendus. Nous devons en effet déboucher sur une réelle politique qui garantisse la maîtrise foncière par la Corse.  »

 

 


La chambre d 'agriculture souhaite "qu’une solution de cohabitation intelligente soit trouvée"

La Chambre d’agriculture de la Haute Corse tient à apporter son soutien à Jean Christophe Savelli éleveur sur le territoire de l’Argentella dont l’exploitation risque d’être amputée d’une partie de sa surface productive suite à la vente du domaine de Luzibei. Cette vente a été possible par l’utilisation d’un montage juridique non approprié à la situation n’ayant pas permis à la Safer d’exercer son droit de préemption.

Le respect des usages locaux de la part de futurs exploitants désireux de s’intégrer sereinement dans le paysage agricole Corse, aurait voulu que les acquéreurs tiennent compte de la présence sur le site d’un agriculteur implanté depuis de nombreuses années. Ceci prend d’autant plus d’importance dans le contexte actuel de difficulté que connait le monde de  l’élevage  qui a plus besoin de solidarités que d’exclusions. La Chambre d’agriculture veillera à ce que les intérêts de Monsieur Savelli soient préservés et souhaite  qu’une solution de cohabitation intelligente soit trouvée.