- Le 2 août dernier, vous avez été élu président du conseil de l’Interprofession des vins de Corse (CIVCorse). Une élection qui vient récompenser une vie d’engagement au service de la filière ?
- Quelque part, oui. Après une formation au lycée agricole de Hyères pendant trois ans, je suis revenu sur l’exploitation familiale en 1987 et je me suis installé en 1990. Et puis, l'engagement syndical m'a pris très vite. Dès 1994, je suis rentré chez les Jeunes Agriculteurs. En 1999, j’ai été élu à la Chambre d'agriculture de Haute-Corse et à partir de là, je n’ai jamais cessé mon engagement professionnel. D'ailleurs, je suis toujours élu à la Chambre d'agriculture, mais en parallèle je suis rentré dans l’interprofessionnelle. Cette élection est donc une récompense pour une vie d'engagement, mais quand on s’engage c’est uniquement par conviction.
- Quel est le rôle de ce CIVCorse ?
- Il a plusieurs rôles. Il a d'abord un rôle dans la promotion des vins de Corse, en Corse, en France et à l'étranger. Il y a également le côté communication, qui est un des rôles prépondérants de l'interprofession. Mais il sert aussi d'Observatoire économique ou à gérer les différents problèmes que peuvent rencontrer le bassin de production. En ce moment nous réfléchissons par exemple sur le bouleversement climatique, sur la crise viticole que subit le vignoble français, ou sur la mauvaise saison touristique que nous rencontrons. D’ailleurs, un des premiers chantiers que nous aurons à mener à la fin des vendanges, ce sera une rencontre avec les professionnels du tourisme pour voir ce qu'on peut faire pour l'année prochaine pour améliorer l'offre, quels partenariats on peut tisser avec eux.
- Vous parlez de cette crise que rencontre le monde viticole français. On voit notamment que les jeunes ne sont pas la génération la plus friande de vin. Comment relancer la consommation et moderniser l’image du vin ?
- On constate effectivement une baisse de consommation de vin, au profit de produits comme la bière. Au tout début des années 2000, la Corse a amorcé un virage dans les rosés vers lesquels la consommation de vin s'orientait. Aujourd’hui, on se rend compte que la consommation de rosés est un peu en train de s’user. Les jeunes veulent boire autre chose, et il faut être à leur écoute, voir ce qu'ils aiment. Par exemple, il faut faire des rouges plus adaptés à la jeunesse, plus axés sur le fruit, et même des rouges qui se boivent un peu frais, qui sont beaucoup moins tanniques. Il faut aussi développer le blanc, ce qui veut dire qu'il faut planter des raisins blancs. Il faut se réinventer, être à l'écoute des consommateurs, afin de s’adapter au goût des consommateurs comme l’ont fait d’autres professionnels de l’agroalimentaires.
- Justement, depuis plusieurs années le Conseil interprofessionnel des vins de Corse souhaite insuffler une nouvelle dynamique à la filière. Par quoi cela se traduit-il ?
- Cela peut passer par plusieurs choses. On envisage déjà de faire un séminaire de réflexion sur les différents problèmes que nous avons devant nous. Ensuite, il faut être à l'écoute des jeunes consommateurs, mais aussi des jeunes vignerons qui ont des idées intéressantes grâce aux études qu'ils ont faites ou à leurs expériences professionnelles. Il y a plusieurs pistes de réflexion. Il ne faut rien omettre, ne se priver de rien. C'est un travail en commun que nous voulons réaliser.
- Aujourd'hui, comment se porte la filière viticole en Corse ?
- La filière viticole corse ne se porte pas trop mal. Par rapport à la crise économique que traverse la quasi-totalité filière viticole française, que ce soit le Languedoc, la Bordelais, les côtes du Rhône, la filière viticole Corse n'en est pas au même stade, mais elle n'est quand même pas non plus au niveau de la Champagne. La crise des années 2000 était très difficile pour la viticulture corse. Aujourd'hui, les vins de Corse se sont faits connaître et sont reconnus, que ce soit au niveau national ou à l'international. Nous avons de grands défis à relever, mais la crise qui est devant nous, nous allons l'affronter avec d'autres armes.
- Une des missions du CIVCorse est aussi d’accompagner les vignerons corses à l’export. Comment conquérir de nouveaux marchés ?
- C’est quelque chose sur lequel nous travaillons depuis que le CIVCorse existe. Nous menons des actions de communications dans différents salons. À l’époque, nous faisions le Vin'Expo à l'époque à Bordeaux et le Vinisud à Montpellier. Désormais, nous faisons le Wine Paris, qui regroupe les deux salons. C'est un salon international où les acheteurs arrivent de toute la planète. On a aussi fait des salons comme Prowein à Düsseldorf. Nous sommes aussi allés en Asie, aux États-Unis, et, à l'automne, le CIVCorse emmène 12 vignerons au Canada. L'année prochaine, il y aura une action sur la Belgique, qui est un pays très friand de vin et surtout de rouge. Et puis nous continuons à réfléchir à d'autres pays.
- Vous en parliez plus tôt, un autre défi majeur auquel vous êtes confrontés, c'est le réchauffement climatique. Quelles actions entendez-vous mener avec le CIVCorse pour accompagner la filière dans les bouleversements qu'on peut déjà ressentir actuellement ?
- Tout le monde se pose des questions, tout le monde réfléchit. Nous en avons parlé le jour de l'Assemblée Générale et nous devons nous revoir après les vendanges. Nous avons des périodes de sécheresse qui sont de plus en plus longues. Il y a aussi parfois des périodes de vent qui déshydratent la végétation ou qui dessèchent les sols. Et la façade Est de la Corse, qui était très pluvieuse, ne l’est plus aujourd’hui alors que c’est là où il y a le plus de cultures. Nous réfléchissons à comment nous adapter. Il faut avoir plusieurs pistes de réflexion, mais il faut que ce soit aussi réalisable par les femmes et les hommes que nous sommes. Parce que quand on nous dit qu’il faut planter de la vigne en altitude, il est illusoire de penser qu’on puisse trouver des terres arables pour transférer un vignoble comme celui que nous avons sur la Plaine à 600 ou 700 mètres d'altitude. D’ores et déjà, nous sommes obligés de mettre de l'irrigation dans les vignobles pour essayer de pallier à cette déficience de pluviométrie. Mais les réserves d'eau pourront-elles continuer à nous permettre de faire cela ? Il y a là-aussi un grand défi devant nous.
- La Corse est un des vignobles les plus en en matière de conversion vers l'agriculture biologique. Une démarche que vous souhaitez appuyer ?
- Je pourrais difficilement vous dire le contraire parce que je suis moi-même en bio. On encourage cette démarche parce qu'il y a un véritable défi sociétal. Parfois les gens se font tout un monde du bio, mais il y a des choses qui sont faciles à mettre en place. D'autres le sont moins, mais il faut réfléchir, s'entourer, se faire appuyer techniquement. En plus, commercialement, c'est un atout commercial pour nous. Avec le côté sauvage de la Corse, quand on peut afficher en plus des vins issus de raisins d'agriculture biologique, c'est un atout non négligeable.
- Quelque part, oui. Après une formation au lycée agricole de Hyères pendant trois ans, je suis revenu sur l’exploitation familiale en 1987 et je me suis installé en 1990. Et puis, l'engagement syndical m'a pris très vite. Dès 1994, je suis rentré chez les Jeunes Agriculteurs. En 1999, j’ai été élu à la Chambre d'agriculture de Haute-Corse et à partir de là, je n’ai jamais cessé mon engagement professionnel. D'ailleurs, je suis toujours élu à la Chambre d'agriculture, mais en parallèle je suis rentré dans l’interprofessionnelle. Cette élection est donc une récompense pour une vie d'engagement, mais quand on s’engage c’est uniquement par conviction.
- Quel est le rôle de ce CIVCorse ?
- Il a plusieurs rôles. Il a d'abord un rôle dans la promotion des vins de Corse, en Corse, en France et à l'étranger. Il y a également le côté communication, qui est un des rôles prépondérants de l'interprofession. Mais il sert aussi d'Observatoire économique ou à gérer les différents problèmes que peuvent rencontrer le bassin de production. En ce moment nous réfléchissons par exemple sur le bouleversement climatique, sur la crise viticole que subit le vignoble français, ou sur la mauvaise saison touristique que nous rencontrons. D’ailleurs, un des premiers chantiers que nous aurons à mener à la fin des vendanges, ce sera une rencontre avec les professionnels du tourisme pour voir ce qu'on peut faire pour l'année prochaine pour améliorer l'offre, quels partenariats on peut tisser avec eux.
- Vous parlez de cette crise que rencontre le monde viticole français. On voit notamment que les jeunes ne sont pas la génération la plus friande de vin. Comment relancer la consommation et moderniser l’image du vin ?
- On constate effectivement une baisse de consommation de vin, au profit de produits comme la bière. Au tout début des années 2000, la Corse a amorcé un virage dans les rosés vers lesquels la consommation de vin s'orientait. Aujourd’hui, on se rend compte que la consommation de rosés est un peu en train de s’user. Les jeunes veulent boire autre chose, et il faut être à leur écoute, voir ce qu'ils aiment. Par exemple, il faut faire des rouges plus adaptés à la jeunesse, plus axés sur le fruit, et même des rouges qui se boivent un peu frais, qui sont beaucoup moins tanniques. Il faut aussi développer le blanc, ce qui veut dire qu'il faut planter des raisins blancs. Il faut se réinventer, être à l'écoute des consommateurs, afin de s’adapter au goût des consommateurs comme l’ont fait d’autres professionnels de l’agroalimentaires.
- Justement, depuis plusieurs années le Conseil interprofessionnel des vins de Corse souhaite insuffler une nouvelle dynamique à la filière. Par quoi cela se traduit-il ?
- Cela peut passer par plusieurs choses. On envisage déjà de faire un séminaire de réflexion sur les différents problèmes que nous avons devant nous. Ensuite, il faut être à l'écoute des jeunes consommateurs, mais aussi des jeunes vignerons qui ont des idées intéressantes grâce aux études qu'ils ont faites ou à leurs expériences professionnelles. Il y a plusieurs pistes de réflexion. Il ne faut rien omettre, ne se priver de rien. C'est un travail en commun que nous voulons réaliser.
- Aujourd'hui, comment se porte la filière viticole en Corse ?
- La filière viticole corse ne se porte pas trop mal. Par rapport à la crise économique que traverse la quasi-totalité filière viticole française, que ce soit le Languedoc, la Bordelais, les côtes du Rhône, la filière viticole Corse n'en est pas au même stade, mais elle n'est quand même pas non plus au niveau de la Champagne. La crise des années 2000 était très difficile pour la viticulture corse. Aujourd'hui, les vins de Corse se sont faits connaître et sont reconnus, que ce soit au niveau national ou à l'international. Nous avons de grands défis à relever, mais la crise qui est devant nous, nous allons l'affronter avec d'autres armes.
- Une des missions du CIVCorse est aussi d’accompagner les vignerons corses à l’export. Comment conquérir de nouveaux marchés ?
- C’est quelque chose sur lequel nous travaillons depuis que le CIVCorse existe. Nous menons des actions de communications dans différents salons. À l’époque, nous faisions le Vin'Expo à l'époque à Bordeaux et le Vinisud à Montpellier. Désormais, nous faisons le Wine Paris, qui regroupe les deux salons. C'est un salon international où les acheteurs arrivent de toute la planète. On a aussi fait des salons comme Prowein à Düsseldorf. Nous sommes aussi allés en Asie, aux États-Unis, et, à l'automne, le CIVCorse emmène 12 vignerons au Canada. L'année prochaine, il y aura une action sur la Belgique, qui est un pays très friand de vin et surtout de rouge. Et puis nous continuons à réfléchir à d'autres pays.
- Vous en parliez plus tôt, un autre défi majeur auquel vous êtes confrontés, c'est le réchauffement climatique. Quelles actions entendez-vous mener avec le CIVCorse pour accompagner la filière dans les bouleversements qu'on peut déjà ressentir actuellement ?
- Tout le monde se pose des questions, tout le monde réfléchit. Nous en avons parlé le jour de l'Assemblée Générale et nous devons nous revoir après les vendanges. Nous avons des périodes de sécheresse qui sont de plus en plus longues. Il y a aussi parfois des périodes de vent qui déshydratent la végétation ou qui dessèchent les sols. Et la façade Est de la Corse, qui était très pluvieuse, ne l’est plus aujourd’hui alors que c’est là où il y a le plus de cultures. Nous réfléchissons à comment nous adapter. Il faut avoir plusieurs pistes de réflexion, mais il faut que ce soit aussi réalisable par les femmes et les hommes que nous sommes. Parce que quand on nous dit qu’il faut planter de la vigne en altitude, il est illusoire de penser qu’on puisse trouver des terres arables pour transférer un vignoble comme celui que nous avons sur la Plaine à 600 ou 700 mètres d'altitude. D’ores et déjà, nous sommes obligés de mettre de l'irrigation dans les vignobles pour essayer de pallier à cette déficience de pluviométrie. Mais les réserves d'eau pourront-elles continuer à nous permettre de faire cela ? Il y a là-aussi un grand défi devant nous.
- La Corse est un des vignobles les plus en en matière de conversion vers l'agriculture biologique. Une démarche que vous souhaitez appuyer ?
- Je pourrais difficilement vous dire le contraire parce que je suis moi-même en bio. On encourage cette démarche parce qu'il y a un véritable défi sociétal. Parfois les gens se font tout un monde du bio, mais il y a des choses qui sont faciles à mettre en place. D'autres le sont moins, mais il faut réfléchir, s'entourer, se faire appuyer techniquement. En plus, commercialement, c'est un atout commercial pour nous. Avec le côté sauvage de la Corse, quand on peut afficher en plus des vins issus de raisins d'agriculture biologique, c'est un atout non négligeable.
Le nouveau bureau du CIVCorse : François Franceschi (Cave d'Aleria), président ; Marie-Françoise Devichi (présidente AOP Patrimonio, Melle D), vice-présidente ; Gilles Seroin (président AOP Corse Sartène, Domaine Sant'Armettu), vice-président ; Jean-André Guidici (président des vignerons d'Aghione), vice-président ; Pierre-Michel Tardy (directeur général d'Uval), trésorier ; Simon-Pierre Fazi (président de la cave coopérative de Saint Antoine), secrétaire général.