CGPME Corsica : "SNCM, une compagnie en perdition, un Conseil Exécutif Corse sans anticipation
Un énième préavis de grève, un énième coup porté à notre économie, nos entreprises et les emplois qui en dépendent. A l’aube d’une saison touristique et alors que la situation se dégrade depuis des mois et chaque semaine un peu plus, nos appels sont restés sans réponses.
L’exécutif a-t-il envisagé des scenarios alternatifs, comme l’affrètement de bateaux afin d’assurer la continuité du service maritime, prévoit il un dédommagement des entreprises pour leurs pertes d’exploitations… ?
L’exécutif a-t-il conscience de l’impact sur l’économie touristique et l’activité générale de l’île d’une situation qui perdure depuis trente ans ?
Aux inquiétudes du monde économique, aucunes réponses ne sont apportées !
Quand les élus politiques prendront-ils conscience qu’il n’y aura pas d’épanouissement pour notre île sans une économie performante !
Les entreprises et leurs salariés ne resteront pas sans réagir !
Michel Stefani : Un impératif légitime pour les personnels de la SNCM et de la CMN
Les personnels de la SNCM, à la veille d’un scrutin important pour la vie quotidienne de tous, expriment leur inquiétude quant à l’avenir de leur entreprise et de leurs emplois. Le rapport avec les élections municipales se confond dans la dimension nationale des enjeux liés aux décisions prises en cette période particulière.
Fidèle a son attachement indéfectible à la compagnie transnationale Corsica Ferries, domiciliée à Genève, la CGPME a donc été la première à protester contre le préavis des marins, des sédentaires et des officiers de la compagnie de service public.
Cela peut déplaire mais la SNCM et la CMN ont été retenues par la CTC pour exécuter la délégation de service public de continuité territoriale pendant 10 ans. La compensation financière qui leur sera versée sera d’1 milliard d’euros, 400 millions d’euros pour la CMN et 600 millions d’euros pour la SNCM.
Ainsi ces grands stratèges de l’économie corse, qui s’expriment sans retenue en faveur du dépôt de bilan de la SNCM, font mine d’ignorer cette garantie publique qui ne la met pas à l’abri des manœuvres de la Commission européenne et des dirigeants de Corsica Ferries, mais offre une perspective d’avenir pour peu que son plan à long terme soit mis en œuvre.
Aujourd’hui ceux qui ne voulaient pas que la DSP soit attribuée, qui ne voulaient pas qu’elle débute, ne veulent pas qu’elle se poursuive avec la SNCM. Dans cet objectif de sape le PDG de Veolia tient le pompon et se fait le meilleur allié du PDG de Corsica Ferries pour tuer la SNCM. L’intérêt privé les réunit. C’est la spécificité du capital que d’annihiler ses contradictions et d’en faire payer le prix fort aux travailleurs.
Face à cela les ambiguïtés du gouvernement sont inacceptables car il lui appartient de faire prévaloir l’intérêt public. Autrement dit, celui des travailleurs et des usagers du service public. Il en a tous les moyens mais la volonté politique lui faisant défaut il tergiverse sur deux points essentiels le renouvellement de la flotte indispensable au bon équilibre financier de la DSP et la stabilisation du capital de la SNCM avec le départ de Veolia et la montée de la CDC.
Des milliers d’emplois sont concernés en Corse et sur le continent. C’est l’autre aspect ignoré par le syndicat des petits patrons corses sachant que des dizaines d’entreprises insulaires vivent de la commande faite par la SNCM. Plus largement il s’agit du service public de continuité territoriale dont l’Etat se doit d’être le garant au titre de la solidarité nationale et des principes républicains.
Aucune des décisions européennes scélérates ne met véritablement en danger la compagnie. En réalité, seul l’Etat serait contraint de répondre des conditions, il est vrai scandaleuses, dans lesquelles le gouvernement Villepin-Sarkozy à privatiséla compagnie en 2005. Dans un autre domaine celui des énergies renouvelables où les tarifs de rachat de ces productions par EDF sont considérés comme des avantages anticoncurrentiels, l’amende européenne serait de plusieurs milliards d’euros. Pourtant personne n’imagine un dépôt de bilan d’EDF.
La CGPME demande par anticipation des dédommagements. Alors que le préavis commence à peine elle pourrait insister pour obtenir du gouvernement la confirmation de ses engagements, non elle se tourne vers la CTC et toute honte bue tend la sébile. Que ferait-elle demain si les consommateurs grugés réclamaient le remboursement des réfactions de TVA détournées ? Que ne dit-elle à propos du vol de la taxe de transport opéré par des compagnies low cost ?
Enfin les dirigeants de ce syndicat ne sont pas choqués par les bas salaires pratiqués dans les entreprises locales. Ils trouvent cela normal comme le fait qu’on puisse recensés 5 fois plus de contributeurs à l’ISF en 25 ans et 1 600 ménages dont les revenus déclarés flirtent avec les 180 000 euros.
Voila pourquoi, à cet instant, les élus communistes, le Parti communiste français, demandent au gouvernement d’apporter les réponses attendues par les organisations syndicales afin que la grève ne devienne pas un impératif légitime des personnels de la SNCM et de la CMN, pour la défense de l’emploi et du service public de continuité territoriale.