François Alfonsi, nouveau président de l'ALE (Alliance libre européenne), maire d'Osani et membre de l'Exécutif du PNC.
- Que représente R&PS et l'ALE, politiquement, aujourd'hui ?
- L'ALE regroupe, au sein de l'Union européenne (UE), des partis parfois très puissants, comme le parti catalan, le parti flamand ou le parti écossais. Nous sommes présents dans toute l'Europe : en Grande-Bretagne à travers les Écossais et les Gallois, en Espagne à travers les Basques, les Catalans, les Galiciens, les Aragonais..., en Italie à travers les Sardes, les Tyroliens, les Valdôtains, les Vénitiens, en Belgique avec les Flamands, les Germanophones, en Allemagne avec les minorités danoise, frisonne... En France, nous regroupons des revendications autonomistes plus ou moins importantes que nous avons fédérées dans R&PS.
- Quel bilan tirez-vous de ces 20 ans d'existence ?
- Une construction politique s'inscrit dans la durée. Déjà, nous avons réussi à donner un visage et une forme à l'ALE en France. En Corse, la réalité autonomiste est en progrès. Le parti basque a connu, ces dernières années, une augmentation assez sensible de son audience. Ailleurs, la situation est plus difficile, notamment en Occitanie. Le parti breton a une position plus assise grâce à son député Paul Molac et à une représentation de 4 membres au sein du Conseil régional. Mais, l'ensemble de cette force politique doit gagner en crédibilité au plan national. Quand un Corse se présente en Occitanie, comme je l'ai fait, ou un Breton hors de la Bretagne, il a du mal à trouver un électorat.
- Quel est l’utilité de cette force nationale ?
- Lancer le message que la France, ce pays jacobin, doit renoncer à cette structure anti-européenne, anti-régionale et anti-économique et s'adapter à de nouvelles normes administratives européennes. Des normes où l'autonomie est généralisée dès l'instant où il y a une demande des peuples concernés, dont certains, aujourd'hui, veulent avancer vers l'indépendance et l'autodétermination. La France n'a jamais fait cette adaptation européenne malgré 50 ans d'existence au sein de l'UE.
- Quelque chose a-t-il vraiment changé en 20 ans ?
- Les 1ères lois de décentralisation françaises datent de 1981-82. Les lois Joxe sont allées plus en profondeur. Disons que les décennies 80 et 90 ont vu un frémissement, des efforts de décentralisation, les années 2010 marquent un retour en arrière. Les lois, actuellement en discussion et les mécanismes de décisions, qui y conduisent, sont de plus en plus inspirés par une logique de pouvoir centraliste et parisienne. La philosophie de l’aménagement du territoire date du siècle dernier et n’arrive pas à s’inscrire dans une réalité nouvelle où les peuples ne veulent pas renoncer à leur appartenance à la France, mais, en même temps, réfléchissent à leur intégration dans un espace européen, non limité à l’hexagone.
- N'y a-t-il pas un paradoxe entre la progression régionaliste et le repli jacobin du pouvoir central ?
- Oui et non ! Si la revendication régionaliste végétait partout, elle n'inquièterait personne à Paris ! C'est parce qu'elle s'exprime avec de plus en plus de force dans des régions comme la Corse ou le Pays Basque qu'il y a cette rétraction du sommet de l'Etat. Elle représente un danger pour le modèle dominant qui est celui de la France du 19ème siècle et qui ne correspond pas aux nécessités d'un pays membre de l'UE. Une France européenne est obligée d'admettre que le bassin rhénan est une réalité humaine, un bassin de vie qui doit s'organiser de manière transfrontalière. Or, aujourd'hui, la France raisonne à l'intérieur de ses frontières et refuse d'imaginer qu'un peuple, comme les Basques, les Catalans ou les Alsaciens, puissent avoir une réalité transfrontalière. Ce modèle doit être remis en cause.
- Comment ?
- Il faudrait des dirigeants éclairés à Paris, il n'y en a pas ! Il faut des forces locales pour porter cette revendication politique, elles sont inégales ! La fédération R&PS est là pour donner à tous, en se regroupant, le moyen d'être mieux armés pour mener ce combat.
- Que réserve ce 19ème congrès ?
- Le congrès, qui a lieu en Corse, nous permet de matérialiser une avancée intéressante puisque nous allons fédérer des partis d'Outremer. C'est, pour nous, une première de sortir de l'espace territorial européen ! En Outremer, la question de la tutelle administrative centraliste française se pose de manière tout aussi forte et même davantage qu'en Corse.
- La réforme territoriale en cours privilégie les supra-régions françaises plutôt qu'européennes. Que vous inspire-t-elle ?
- La réforme a été scindée en deux : d'abord, refaire une carte des régions et, ensuite, discuter d'éventuelles compétences. La carte, telle qu'elle a été pensée, est vraiment issue d'un cerveau qui ignore, délibérément, les réalités du terrain. Mettre dans un même espace régional des gens qui vivent au Pays Basque et des gens qui vivent au bord du Rhône dans le Gard, c'est être complètement à côté des réalités d'organisation dont une société a besoin.
- C'est-à-dire ?
- C'est-à-dire de s'organiser dans son espace de proximité, là où les gens se reconnaissent. Les Corses se reconnaissent en Corse. S'il n'y avait pas eu le rapport de forces du mouvement nationaliste en Corse, cette logique de découpage aurait rattaché l’île à la région Provence-Alpes-Côté d'Azur. Les Corses comprennent, tout de suite, que ce rapprochement est insupportable ! Nous sommes une île avec une histoire. Nous voulons vivre un destin à partir de notre réalité de Corses ! Et, cette réalité ne peut pas s’exprimer avec deux strapontins dans une assemblée de 50 Provençaux ! Ça n’a pas de sens !
- Ces supra-régions sont-elles, donc, un moyen de noyer les identités régionales ?
- Oui ! C’est un moyen de nier encore plus les identités. On se rend compte que les nouveaux découpages sont faits pour nier la réalité des régions à forte identité, pour essayer de la faire disparaître. On va raccrocher un bout de l’Occitanie à la région Rhône-Alpes, les Savoyards vont fusionner avec les Ardéchois… Il n’y a aucune relation entre ces communautés, ni aucun intérêt, même pas économique ! Si ce n’est d’additionner des populations pour faire un grand nombre. Dans ce cas-là, pourquoi ne pas faire qu’une seule région de 60 millions d’habitants ! On aura la plus grande région d’Europe et on aura reconstruit la France, comme entité non régionalisée et centraliste ! Ce qui peut provoquer une certaine révolte !
- L’Etat semble prêt à lâcher plus de compétences à ces supra-régions. Est-ce un bien ?
- Il faudrait encore le vérifier ! Les textes, circulant aujourd’hui, indiquent que les régions pourraient bien disposer d’un pouvoir règlementaire, mais sous contrôle étroit du Préfet. Ce qui signifie que l’aspect règlementaire des lois votées par l’Assemblée nationale pourrait être décidé à Lyon, mais par quelqu’un qui serait nommé par Paris ! Les délibérations du pouvoir régional seront soumises à l’autorité préfectorale ! Les directives territoriales d’aménagement, qui sont le principal pouvoir délégué, restent des pouvoirs assez théoriques. Il faut des années pour qu’un schéma territorial d’aménagement se concrétise ! Sans que ce soit, pour autant, toujours efficace !
- Est-ce donc une fausse décentralisation ?
- C’est une rétractation jacobine ! L’Etat est engorgé et, donc, accepte de se désengorger par le biais des régions, mais veut, encore, garder le contrôle du pouvoir. Pour cela, il s’organise avec ses succursales régionales pour être un Etat éclaté. Mais, un Etat central, qui s’éclate, ne fait pas un Etat décentralisé !
- Quel parti la Corse peut-elle tirer de cette réforme ?
- La Corse offre une résistance, un rapport de forces à l’Etat central qui a obligé ce dernier à renoncer à son idée de rattacher la Corse à la région PACA. Il y renonce car il sait que cette idée susciterait une telle protestation sur l’île qu’il en serait déstabilisé. Aussi utilise-t-il l’argument de l’insularité pour justifier la dérogation à la réforme tout en ne cédant pas sur l’essentiel, c’est-à-dire reconnaître le peuple corse et lui donner le cadre juridique dans lequel il peut s’épanouir ! De ce fait, la Corse se trouve à l’écart de cette réforme territoriale. C’est un grand bien !
- L’Etat ne cède en rien sur les décisions de l’Assemblée de Corse. Que pensez-vous de cette résistance ?
- Sur les questions essentielles de la coofficialité et du statut de résident votées par l’Assemblée de Corse, l’Etat fait plus que de la résistance, il fait un refus ! Un refus catégorique qui est un vrai déni de démocratie ! A partir du moment où l’on admet que le peuple corse existe, aucune instance non-corse n’a de légitimité sur la question de coofficialité. Quelle est la légitimité d’un Conseil constitutionnel pour décider du statut de la langue corse ? Si le peuple corse veut la coofficialité, celle-ci devient légitime ! Le refus est illégitime ! Et, pourtant, il est là ! Le gouvernement s’abrite derrière la Constitution française qui n’est pas un argument. Pourquoi dans tous les autres pays d’Europe, la coofficialité est-elle possible et serait-elle impossible en France ? Comment font les Italiens avec le français ou l’allemand, les Espagnols avec le basque et le catalan, les Allemands avec le danois parlé par 60000 personnes ? Le gouvernement refuse de voir que la coofficialité se fait partout ailleurs en Europe. C’est intenable !
- Que faire alors ?
- La Corse est véritablement attachée à cette revendication. Le vote de l’Assemblée de Corse, réalisé dans l’actuelle mandature, ne peut être qu’encore plus fort dans la prochaine. Il n’y aura pas de retour en arrière ! Il faut continuer jusqu’à ce que l’Etat cède parce qu’il y a urgence pour la langue corse ! De toute façon, nous ne pouvons pas accepter le déni de démocratie et le refus du dialogue tel qu’il est, aujourd’hui, promu par Valls 1 ou Valls 2. Je crains que la nomination d’un nouveau gouvernement ne change pas grand chose !
Propos recueillis par Nicole MARI
- L'ALE regroupe, au sein de l'Union européenne (UE), des partis parfois très puissants, comme le parti catalan, le parti flamand ou le parti écossais. Nous sommes présents dans toute l'Europe : en Grande-Bretagne à travers les Écossais et les Gallois, en Espagne à travers les Basques, les Catalans, les Galiciens, les Aragonais..., en Italie à travers les Sardes, les Tyroliens, les Valdôtains, les Vénitiens, en Belgique avec les Flamands, les Germanophones, en Allemagne avec les minorités danoise, frisonne... En France, nous regroupons des revendications autonomistes plus ou moins importantes que nous avons fédérées dans R&PS.
- Quel bilan tirez-vous de ces 20 ans d'existence ?
- Une construction politique s'inscrit dans la durée. Déjà, nous avons réussi à donner un visage et une forme à l'ALE en France. En Corse, la réalité autonomiste est en progrès. Le parti basque a connu, ces dernières années, une augmentation assez sensible de son audience. Ailleurs, la situation est plus difficile, notamment en Occitanie. Le parti breton a une position plus assise grâce à son député Paul Molac et à une représentation de 4 membres au sein du Conseil régional. Mais, l'ensemble de cette force politique doit gagner en crédibilité au plan national. Quand un Corse se présente en Occitanie, comme je l'ai fait, ou un Breton hors de la Bretagne, il a du mal à trouver un électorat.
- Quel est l’utilité de cette force nationale ?
- Lancer le message que la France, ce pays jacobin, doit renoncer à cette structure anti-européenne, anti-régionale et anti-économique et s'adapter à de nouvelles normes administratives européennes. Des normes où l'autonomie est généralisée dès l'instant où il y a une demande des peuples concernés, dont certains, aujourd'hui, veulent avancer vers l'indépendance et l'autodétermination. La France n'a jamais fait cette adaptation européenne malgré 50 ans d'existence au sein de l'UE.
- Quelque chose a-t-il vraiment changé en 20 ans ?
- Les 1ères lois de décentralisation françaises datent de 1981-82. Les lois Joxe sont allées plus en profondeur. Disons que les décennies 80 et 90 ont vu un frémissement, des efforts de décentralisation, les années 2010 marquent un retour en arrière. Les lois, actuellement en discussion et les mécanismes de décisions, qui y conduisent, sont de plus en plus inspirés par une logique de pouvoir centraliste et parisienne. La philosophie de l’aménagement du territoire date du siècle dernier et n’arrive pas à s’inscrire dans une réalité nouvelle où les peuples ne veulent pas renoncer à leur appartenance à la France, mais, en même temps, réfléchissent à leur intégration dans un espace européen, non limité à l’hexagone.
- N'y a-t-il pas un paradoxe entre la progression régionaliste et le repli jacobin du pouvoir central ?
- Oui et non ! Si la revendication régionaliste végétait partout, elle n'inquièterait personne à Paris ! C'est parce qu'elle s'exprime avec de plus en plus de force dans des régions comme la Corse ou le Pays Basque qu'il y a cette rétraction du sommet de l'Etat. Elle représente un danger pour le modèle dominant qui est celui de la France du 19ème siècle et qui ne correspond pas aux nécessités d'un pays membre de l'UE. Une France européenne est obligée d'admettre que le bassin rhénan est une réalité humaine, un bassin de vie qui doit s'organiser de manière transfrontalière. Or, aujourd'hui, la France raisonne à l'intérieur de ses frontières et refuse d'imaginer qu'un peuple, comme les Basques, les Catalans ou les Alsaciens, puissent avoir une réalité transfrontalière. Ce modèle doit être remis en cause.
- Comment ?
- Il faudrait des dirigeants éclairés à Paris, il n'y en a pas ! Il faut des forces locales pour porter cette revendication politique, elles sont inégales ! La fédération R&PS est là pour donner à tous, en se regroupant, le moyen d'être mieux armés pour mener ce combat.
- Que réserve ce 19ème congrès ?
- Le congrès, qui a lieu en Corse, nous permet de matérialiser une avancée intéressante puisque nous allons fédérer des partis d'Outremer. C'est, pour nous, une première de sortir de l'espace territorial européen ! En Outremer, la question de la tutelle administrative centraliste française se pose de manière tout aussi forte et même davantage qu'en Corse.
- La réforme territoriale en cours privilégie les supra-régions françaises plutôt qu'européennes. Que vous inspire-t-elle ?
- La réforme a été scindée en deux : d'abord, refaire une carte des régions et, ensuite, discuter d'éventuelles compétences. La carte, telle qu'elle a été pensée, est vraiment issue d'un cerveau qui ignore, délibérément, les réalités du terrain. Mettre dans un même espace régional des gens qui vivent au Pays Basque et des gens qui vivent au bord du Rhône dans le Gard, c'est être complètement à côté des réalités d'organisation dont une société a besoin.
- C'est-à-dire ?
- C'est-à-dire de s'organiser dans son espace de proximité, là où les gens se reconnaissent. Les Corses se reconnaissent en Corse. S'il n'y avait pas eu le rapport de forces du mouvement nationaliste en Corse, cette logique de découpage aurait rattaché l’île à la région Provence-Alpes-Côté d'Azur. Les Corses comprennent, tout de suite, que ce rapprochement est insupportable ! Nous sommes une île avec une histoire. Nous voulons vivre un destin à partir de notre réalité de Corses ! Et, cette réalité ne peut pas s’exprimer avec deux strapontins dans une assemblée de 50 Provençaux ! Ça n’a pas de sens !
- Ces supra-régions sont-elles, donc, un moyen de noyer les identités régionales ?
- Oui ! C’est un moyen de nier encore plus les identités. On se rend compte que les nouveaux découpages sont faits pour nier la réalité des régions à forte identité, pour essayer de la faire disparaître. On va raccrocher un bout de l’Occitanie à la région Rhône-Alpes, les Savoyards vont fusionner avec les Ardéchois… Il n’y a aucune relation entre ces communautés, ni aucun intérêt, même pas économique ! Si ce n’est d’additionner des populations pour faire un grand nombre. Dans ce cas-là, pourquoi ne pas faire qu’une seule région de 60 millions d’habitants ! On aura la plus grande région d’Europe et on aura reconstruit la France, comme entité non régionalisée et centraliste ! Ce qui peut provoquer une certaine révolte !
- L’Etat semble prêt à lâcher plus de compétences à ces supra-régions. Est-ce un bien ?
- Il faudrait encore le vérifier ! Les textes, circulant aujourd’hui, indiquent que les régions pourraient bien disposer d’un pouvoir règlementaire, mais sous contrôle étroit du Préfet. Ce qui signifie que l’aspect règlementaire des lois votées par l’Assemblée nationale pourrait être décidé à Lyon, mais par quelqu’un qui serait nommé par Paris ! Les délibérations du pouvoir régional seront soumises à l’autorité préfectorale ! Les directives territoriales d’aménagement, qui sont le principal pouvoir délégué, restent des pouvoirs assez théoriques. Il faut des années pour qu’un schéma territorial d’aménagement se concrétise ! Sans que ce soit, pour autant, toujours efficace !
- Est-ce donc une fausse décentralisation ?
- C’est une rétractation jacobine ! L’Etat est engorgé et, donc, accepte de se désengorger par le biais des régions, mais veut, encore, garder le contrôle du pouvoir. Pour cela, il s’organise avec ses succursales régionales pour être un Etat éclaté. Mais, un Etat central, qui s’éclate, ne fait pas un Etat décentralisé !
- Quel parti la Corse peut-elle tirer de cette réforme ?
- La Corse offre une résistance, un rapport de forces à l’Etat central qui a obligé ce dernier à renoncer à son idée de rattacher la Corse à la région PACA. Il y renonce car il sait que cette idée susciterait une telle protestation sur l’île qu’il en serait déstabilisé. Aussi utilise-t-il l’argument de l’insularité pour justifier la dérogation à la réforme tout en ne cédant pas sur l’essentiel, c’est-à-dire reconnaître le peuple corse et lui donner le cadre juridique dans lequel il peut s’épanouir ! De ce fait, la Corse se trouve à l’écart de cette réforme territoriale. C’est un grand bien !
- L’Etat ne cède en rien sur les décisions de l’Assemblée de Corse. Que pensez-vous de cette résistance ?
- Sur les questions essentielles de la coofficialité et du statut de résident votées par l’Assemblée de Corse, l’Etat fait plus que de la résistance, il fait un refus ! Un refus catégorique qui est un vrai déni de démocratie ! A partir du moment où l’on admet que le peuple corse existe, aucune instance non-corse n’a de légitimité sur la question de coofficialité. Quelle est la légitimité d’un Conseil constitutionnel pour décider du statut de la langue corse ? Si le peuple corse veut la coofficialité, celle-ci devient légitime ! Le refus est illégitime ! Et, pourtant, il est là ! Le gouvernement s’abrite derrière la Constitution française qui n’est pas un argument. Pourquoi dans tous les autres pays d’Europe, la coofficialité est-elle possible et serait-elle impossible en France ? Comment font les Italiens avec le français ou l’allemand, les Espagnols avec le basque et le catalan, les Allemands avec le danois parlé par 60000 personnes ? Le gouvernement refuse de voir que la coofficialité se fait partout ailleurs en Europe. C’est intenable !
- Que faire alors ?
- La Corse est véritablement attachée à cette revendication. Le vote de l’Assemblée de Corse, réalisé dans l’actuelle mandature, ne peut être qu’encore plus fort dans la prochaine. Il n’y aura pas de retour en arrière ! Il faut continuer jusqu’à ce que l’Etat cède parce qu’il y a urgence pour la langue corse ! De toute façon, nous ne pouvons pas accepter le déni de démocratie et le refus du dialogue tel qu’il est, aujourd’hui, promu par Valls 1 ou Valls 2. Je crains que la nomination d’un nouveau gouvernement ne change pas grand chose !
Propos recueillis par Nicole MARI
Josep Maria Terricabras, président des députés de l’ALE au Parlement européen et responsable de « Esquerra Republicana de Catalunya », Paul Molac, député breton R&PS à l’Assemblée Nationale, Gilles Simeoni, maire de Bastia, François Alfonsi, président de l’ALE, et Gustave Alirol, président occitan de R&PS.
Les membres de R&PS reçus par le maire de Bastia
Les participants à la 19ème université d’été Régions & Peuples Solidaires (R&PS), co-organisée avec l’Alliance Libre Européenne (ALE), ont été reçus, lundi soir, à Bastia, dans les jardins suspendus du palais des gouverneurs par le maire, Gilles Simeoni. Etaient notamment présents Gustave Alirol, président occitan de R&PS, Paul Molac, député breton R&PS à l’Assemblée Nationale, Josep Maria Terricabras, président catalan des députés de l’ALE au Parlement européen et responsable de « Esquerra Republicana de Catalunya », premier parti de Catalogne, et François Alfonsi, président de l’ALE. Egalement, les conseillers territoriaux de Femu a Corsica, membres du PNC et d’Inseme per Bastia, plusieurs élus de la majorité municipale, du Grand Bastia et du Cap Corse, dont Michel Rossi, maire de Ville-di-Pietrabugno, Pierre Chaubon, conseiller territorial et maire de Nonza, Ange-Pierre Vivoni, maire de Sisco, François Orlandi, maire de Tomino et conseiller général du canton de Capu-Biancu… et Henri Malosse, president du Conseil économique et social européen.
Le sens de l’histoire
Dans une brève allocution de bienvenue, le maire Gilles Simeoni a remercié « ceux qui luttent pour l’émancipation des peuples, chacun dans sa région ». Il explique que « la société corse est en train de partager une cohésion, un espoir commun, de construire un avenir en étant nous-mêmes tout en apprenant des autres. Pour nous Corses, la Méditerranée et l’Union européenne sont des horizons féconds ». Il, estime que les peuples européens, en lutte pour leur émancipation, sont « les miroirs de nos angoisses et de nos inquiétudes, mais aussi de nos espoirs. Nous sommes dans le sens de l’histoire ! ». A sa suite, François Alfonsi évoque les processus d’autodétermination en cours en Ecosse et en Catalogne, le premier se faisant avec l’appui de Londres, le second contre l’avis de Madrid. « Ces deux évènements majeurs concernent 15 millions d’Européens. Le message que nous partageons est que la volonté des peuples soit écoutée et respectée ».
L’exemple corse
L’Occitan Gustave Alirol enchaîne en saluant la victoire des Nationalistes modérés à Bastia. « C’est une victoire importante. La Corse est à un tournant de son histoire. Le peuple corse a fait des pas décisifs…Vous vous êtes engagés dans le chemin de la réussite démocratique. Vous êtes un exemple qui nous encourage ». Le Breton Paul Molac surenchérit : « Ce petit peuple corse, confronté tout au long de son histoire à ses voisins un peu trop gourmands, est un exemple. Vous êtes un laboratoire qui nous inspire, un modèle qui peut être transposable sur le continent et qui nous permet d’espérer. Nous avons du chemin à parcourir pour amener la France à plus de démocratie et à plus de respect des peuples qui la composent ».
Pour le Catalan Josep Maria Terricabras, l’Europe a deux faces : la justice et la liberté et doit être guidée par trois idées : le désir de connaissance, la nécessité d’amour et la douleur insupportable pour la souffrance de l’humanité. « Nous devons lutter pour nos droits collectifs en Corse, en Catalogne, mais aussi en Europe car la justification du droit est toujours collective, même si son application est individuelle. Ce n’est pas facile, mais il est important de penser que l’on peut réussir, avancer et faire des choix intéressants. Le temps arrive où nous obtiendrons de bons résultats. Nous devons être patients car nous avons raison ».
Les participants ont, ensuite, posé devant l’objectif avec des pancartes marquées : « Yes », « Aye » et « Si », et envoyé ce message de soutien aux Ecossais et aux Catalans qui préparent leur référendum d'autodétermination.
N.M.
Les participants à la 19ème université d’été Régions & Peuples Solidaires (R&PS), co-organisée avec l’Alliance Libre Européenne (ALE), ont été reçus, lundi soir, à Bastia, dans les jardins suspendus du palais des gouverneurs par le maire, Gilles Simeoni. Etaient notamment présents Gustave Alirol, président occitan de R&PS, Paul Molac, député breton R&PS à l’Assemblée Nationale, Josep Maria Terricabras, président catalan des députés de l’ALE au Parlement européen et responsable de « Esquerra Republicana de Catalunya », premier parti de Catalogne, et François Alfonsi, président de l’ALE. Egalement, les conseillers territoriaux de Femu a Corsica, membres du PNC et d’Inseme per Bastia, plusieurs élus de la majorité municipale, du Grand Bastia et du Cap Corse, dont Michel Rossi, maire de Ville-di-Pietrabugno, Pierre Chaubon, conseiller territorial et maire de Nonza, Ange-Pierre Vivoni, maire de Sisco, François Orlandi, maire de Tomino et conseiller général du canton de Capu-Biancu… et Henri Malosse, president du Conseil économique et social européen.
Le sens de l’histoire
Dans une brève allocution de bienvenue, le maire Gilles Simeoni a remercié « ceux qui luttent pour l’émancipation des peuples, chacun dans sa région ». Il explique que « la société corse est en train de partager une cohésion, un espoir commun, de construire un avenir en étant nous-mêmes tout en apprenant des autres. Pour nous Corses, la Méditerranée et l’Union européenne sont des horizons féconds ». Il, estime que les peuples européens, en lutte pour leur émancipation, sont « les miroirs de nos angoisses et de nos inquiétudes, mais aussi de nos espoirs. Nous sommes dans le sens de l’histoire ! ». A sa suite, François Alfonsi évoque les processus d’autodétermination en cours en Ecosse et en Catalogne, le premier se faisant avec l’appui de Londres, le second contre l’avis de Madrid. « Ces deux évènements majeurs concernent 15 millions d’Européens. Le message que nous partageons est que la volonté des peuples soit écoutée et respectée ».
L’exemple corse
L’Occitan Gustave Alirol enchaîne en saluant la victoire des Nationalistes modérés à Bastia. « C’est une victoire importante. La Corse est à un tournant de son histoire. Le peuple corse a fait des pas décisifs…Vous vous êtes engagés dans le chemin de la réussite démocratique. Vous êtes un exemple qui nous encourage ». Le Breton Paul Molac surenchérit : « Ce petit peuple corse, confronté tout au long de son histoire à ses voisins un peu trop gourmands, est un exemple. Vous êtes un laboratoire qui nous inspire, un modèle qui peut être transposable sur le continent et qui nous permet d’espérer. Nous avons du chemin à parcourir pour amener la France à plus de démocratie et à plus de respect des peuples qui la composent ».
Pour le Catalan Josep Maria Terricabras, l’Europe a deux faces : la justice et la liberté et doit être guidée par trois idées : le désir de connaissance, la nécessité d’amour et la douleur insupportable pour la souffrance de l’humanité. « Nous devons lutter pour nos droits collectifs en Corse, en Catalogne, mais aussi en Europe car la justification du droit est toujours collective, même si son application est individuelle. Ce n’est pas facile, mais il est important de penser que l’on peut réussir, avancer et faire des choix intéressants. Le temps arrive où nous obtiendrons de bons résultats. Nous devons être patients car nous avons raison ».
Les participants ont, ensuite, posé devant l’objectif avec des pancartes marquées : « Yes », « Aye » et « Si », et envoyé ce message de soutien aux Ecossais et aux Catalans qui préparent leur référendum d'autodétermination.
N.M.
Message de soutien envoyé aux Ecossais
Message de soutien envoyé aux Catalans.