Le procureur Eric Bouillard (à gauche) et les juges du siège du TGI d'Ajaccio, ce mercredi lors de l'audience de rentrée.
La grave crise qui secoue actuellement les prisons françaises s’est invitée au menu de la rentrée judiciaire ajaccienne, ce mercredi. Alors que de l’autre côté du col de Vizzavona, le centre de détention de Borgo reste bloqué par les surveillants depuis l’agression de deux d’entre eux par un détenu, vendredi dernier, le procureur d’Ajaccio a évoqué un « choc » et tenu des paroles compréhensives : « Nous ne pouvons qu’entendre la crainte de personnels parfois démunis face à cette violence qui n’est certes pas nouvelle mais qui, quelle qu’en soit la forme, est intolérable et doit faire l’objet d’une répression sans faille. »
Citant l’ancienne ministre et magistrate Simone Veil, qui avait « le sentiment de plonger dans le Moyen-Âge » en visitant les prisons françaises, Eric Bouillard a ainsi convenu que les personnels pénitentiaires, notamment à Ajaccio, devaient « composer avec un environnement de travail peu digne d’un pays développé ». Si la prise de conscience des pouvoirs publics a bien eu lieu, s’est félicité le procureur, elle est encore « trop récente pour avoir permis une véritable amélioration de la situation générale ».
"La situation des détenus ajacciens continue de nous préoccuper"
Localement, la décision de construire une nouvelle prison à Ajaccio a été actée l’an dernier, mais sa réalisation prendra du temps. « Dans cette attente, la situation des détenus ajacciens continue de nous préoccuper », a déclaré le représentant du parquet. « Il nous appartient à veiller à la sécurité de l’établissement. »
Ainsi selon Eric Bouillard, l’agression au couteau de Borgo « justifie malheureusement, a posteriori » les fouilles organisées dans la prison l’an dernier, lesquelles avaient donné lieu « à des explications voire à des polémiques ». « La réponse à ces actes, ce n’est jamais la division. C’est l’Etat de droit. Continuons à faire étalage de nos forces : courage, discernement et modération », a encore insisté le procureur ajaccien, avant de passer à l’exercice classique du bilan de l’année écoulée.
Délinquance en légère baisse, mais "frémissement" criminel
La délinquance générale a évolué « légèrement en baisse » en 2017 en Corse-du-Sud, en zone police comme en zone gendarmerie, a indiqué Eric Bouillard, anticipant la publication des chiffres officiels. « Le travail a payé », s’est-il notamment félicité au sujet des cambriolages, après une « hausse inquiétante » en 2016. Même satisfaction s’agissant de la délinquance routière, avec certes encore 10 morts sur les routes, mais quatre de moins que l’année précédente.
Sur les 11 000 procédures reçues en 2017, le parquet de Corse-du-Sud a en revanche observé un « frémissement » en matière criminelle, qui fait suite à une année 2016 « historiquement faible ». En 2017, pas moins de 10 vols à main armée, 3 homicides et 8 tentatives, ainsi que 7 attentats à l’explosif ont été recensés. « Les saisies d’armes continuent de progresser, preuve que nous sommes loin d’avoir fini de travailler sur le sujet », a relevé le procureur.
Le trafic de stups, une "réalité" en Corse
Autre sujet de préoccupation : le trafic de stupéfiants, héroïne et cocaïne en tête, est une « réalité » insulaire, démontrée par nombre d’élucidations et de saisies, a souligné Eric Bouillard. Et pour réprimer ce trafic, la justice n’hésite pas à taper dans le patrimoine des délinquants, « afin que le crime ne paye enfin plus » : 6,7 millions d’euros d’avoirs ont ainsi été saisis en 2017 par la direction régionale de la police judiciaire de Corse. Aussi, de plus en plus de confiscations de biens sont ordonnées par le tribunal correctionnel dans ses condamnations. « Nous devons nous attaquer dans la durée à la puissance financière des délinquants », a plaidé le procureur d’Ajaccio.
De son côté, la présidente du TGI, Véronique Imbert, a souligné l’arrivée de deux nouveaux juges d’instruction en septembre dernier. Composé de trois magistrats, le service est ainsi au complet, après « de nombreux mois, voire des années » de souffrance. De quoi espérer prochainement un « apurement » de l'important stock de dossiers en cours.
Citant l’ancienne ministre et magistrate Simone Veil, qui avait « le sentiment de plonger dans le Moyen-Âge » en visitant les prisons françaises, Eric Bouillard a ainsi convenu que les personnels pénitentiaires, notamment à Ajaccio, devaient « composer avec un environnement de travail peu digne d’un pays développé ». Si la prise de conscience des pouvoirs publics a bien eu lieu, s’est félicité le procureur, elle est encore « trop récente pour avoir permis une véritable amélioration de la situation générale ».
"La situation des détenus ajacciens continue de nous préoccuper"
Localement, la décision de construire une nouvelle prison à Ajaccio a été actée l’an dernier, mais sa réalisation prendra du temps. « Dans cette attente, la situation des détenus ajacciens continue de nous préoccuper », a déclaré le représentant du parquet. « Il nous appartient à veiller à la sécurité de l’établissement. »
Ainsi selon Eric Bouillard, l’agression au couteau de Borgo « justifie malheureusement, a posteriori » les fouilles organisées dans la prison l’an dernier, lesquelles avaient donné lieu « à des explications voire à des polémiques ». « La réponse à ces actes, ce n’est jamais la division. C’est l’Etat de droit. Continuons à faire étalage de nos forces : courage, discernement et modération », a encore insisté le procureur ajaccien, avant de passer à l’exercice classique du bilan de l’année écoulée.
Délinquance en légère baisse, mais "frémissement" criminel
La délinquance générale a évolué « légèrement en baisse » en 2017 en Corse-du-Sud, en zone police comme en zone gendarmerie, a indiqué Eric Bouillard, anticipant la publication des chiffres officiels. « Le travail a payé », s’est-il notamment félicité au sujet des cambriolages, après une « hausse inquiétante » en 2016. Même satisfaction s’agissant de la délinquance routière, avec certes encore 10 morts sur les routes, mais quatre de moins que l’année précédente.
Sur les 11 000 procédures reçues en 2017, le parquet de Corse-du-Sud a en revanche observé un « frémissement » en matière criminelle, qui fait suite à une année 2016 « historiquement faible ». En 2017, pas moins de 10 vols à main armée, 3 homicides et 8 tentatives, ainsi que 7 attentats à l’explosif ont été recensés. « Les saisies d’armes continuent de progresser, preuve que nous sommes loin d’avoir fini de travailler sur le sujet », a relevé le procureur.
Le trafic de stups, une "réalité" en Corse
Autre sujet de préoccupation : le trafic de stupéfiants, héroïne et cocaïne en tête, est une « réalité » insulaire, démontrée par nombre d’élucidations et de saisies, a souligné Eric Bouillard. Et pour réprimer ce trafic, la justice n’hésite pas à taper dans le patrimoine des délinquants, « afin que le crime ne paye enfin plus » : 6,7 millions d’euros d’avoirs ont ainsi été saisis en 2017 par la direction régionale de la police judiciaire de Corse. Aussi, de plus en plus de confiscations de biens sont ordonnées par le tribunal correctionnel dans ses condamnations. « Nous devons nous attaquer dans la durée à la puissance financière des délinquants », a plaidé le procureur d’Ajaccio.
De son côté, la présidente du TGI, Véronique Imbert, a souligné l’arrivée de deux nouveaux juges d’instruction en septembre dernier. Composé de trois magistrats, le service est ainsi au complet, après « de nombreux mois, voire des années » de souffrance. De quoi espérer prochainement un « apurement » de l'important stock de dossiers en cours.
Me Stéphane Nesa, nouveau bâtonnier
Cette rentrée judiciaire a été la première en tant que bâtonnier pour Me Stéphane Nesa. L’avocat a succédé le 1er janvier à Me Jean-François Casalta (fraîchement élu dans la majorité à l’Assemblée de Corse), à la tête d’un barreau ajaccien composé de 130 professionnels. Dans son discours, Me Nesa a déploré l’essor de services de conseil en ligne et la tentation d’y céder : « Le justiciable qui prépare seul sa défense devant son ordinateur, ce n’est pas notre tasse de thé. (…) Aucune plate-forme informatique ne pourra remplacer l’avocat, dont l’humain est le cœur de métier. Le numérique sans l’avocat est un leurre. »