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"Résistantes corses déportées" : La langue corse entre avec elles à l’Assemblée Nationale


Marilyne SANTI le Samedi 30 Janvier 2016 à 22:46

"Résistantes Corses déportées" le documentaire de Jackie Poggioli, a été projeté mardi dans la salle de projection de l’Assemblée Nationale Il consacre 90 minutes à la mémoire de dix-huit résistantes corses, un film comme un hommage, et une première pour un documentaire corse ; jamais il n'en avait été présenté en ce lieu.



L’évènement était d’autant plus inédit qu’il s’agissait d’un film réalisé à l’interne par ViaStella et le Service Public de l’Audiovisuel insulaire, pas d’une Coproduction, et que ce documentaire est l’une des créations de l’émission en langue corse « Ghjenti ». Ce documentaire a été tourné en Corse et en français. Si c’est la version française du film qui a été projetée à l’Assemblée Nationale, les interviews en langue corse ont été maintenues mais sous-titrées.
Une irruption linguistique symbolique au Palais-Bourbon, alors que la France n’a pas ratifié la Charte européenne des langues régionales tout un symbole, mais symbolique également, la mise en lumière, en ce lieu, de femmes corses qui ont été les grandes oubliées de l’Histoire Officielle, jusqu’à l’investigation menée par Jackie Poggioli.
Pour la plupart en effet, ces héroïnes ont été totalement absentes, dans l’hexagone et même sur leur terre natale, de tous les hommages, commémorations et publications consacrés à la résistance et à la déportation ! La réalisatrice du film s’est attachée à retrouver leurs traces, au prix d’une enquête très ardue, vu notamment les changements patronymiques des femmes, à cause du régime matrimonial. Par son investigation, Jackie Poggioli a voulu leur ouvrir la porte d’un…Panthéon immatériel : celui de la mémoire collective, que l’Audiovisuel Public permet de retisser, au fil de productions consacrées à l’Histoire.
Ce sont ainsi 18 femmes d’honneur, toutes nées en Corse, dont les parcours ont été extirpés d’un stupéfiant oubli de 70 ans. Les Archives et les témoignages de leurs descendants révèlent, tout au long du film, un fait lui aussi souvent occulté : la plupart des arrestations de ces héroïnes n’ont pas été opérée seulement par les forces d’occupation mais avec l’aide de la police française de Vichy. Et n’en déplaise là aussi à certaines réécritures cocardières de l’Histoire, le Général de Gaulle avait à l’époque été …déchu par l’Etat de la nationalité française !
La projection du documentaire à l’Assemblée Nationale est à mettre à l’actif de Paul Giacobbi, dont le grand-père a été l’un des peu nombreux parlementaires à voter contre les pleins pouvoirs donnés à Pétain le 10 juillet 1940.