Nouveau rebondissement dans le "dossier SNCM" avec la proposition sous conditions de deux armateurs. (Photo d'archive : Yannis-Christophe Garcia)
Alors que le syndicat CGT des marins déposait lundi un préavis de grève reconductible à partir du 1er janvier 2014 à la SNCM et à la CMN (notamment sur le contenu du décret en préparation au ministère des Transports concernant les règles sociales appliquées aux travailleurs étrangers dans le secteur maritime qui, selon le syndicat majoritaire, ferait les affaires de la compagnie concurrente Corsica Ferries), chaque jour semble désormais réserver son lot de surprises dans le dossier critique de la SNCM.
Selon l’AFP qui cite une source proche du dossier, deux armateurs (dont l’identité précise demeure pour l’heure encore inconnue) ont déclaré être prêts à entrer au capital de la compagnie. C'est-à-dire à injecter des fonds sonnants et trébuchants dans la compagnie, minée par un remboursement de 440 millions d’euros que réclame Bruxelles avec insistance.
« Prêts à mettre de l’argent sur la table à partir du moment où l’Etat gère son problème avec l’Europe et où Veolia s’en va ». (source proche du dossier)
Toutefois, cette proposition (dont on ne connait pour l’heure ni les éventuels tenants ni les possibles aboutissants en termes de maintien des emplois et de réorientation précise des activités de l’entreprise) se fonde sur deux conditions préalables pour les deux armateurs. C’est en tout cas ce qu’ils ont clairement énoncé lors de leur rencontre avec le président de la société Veolia et celui de Transdev (actionnaires majoritaires de la SNCM avec 66% du capital) rapporte encore l’AFP mardi. Précisant en outre « qu’ils sont allés voir toutes les instances de l’Etat », cette source proche du dossier affirme que les armateurs se disent « prêts à mettre de l’argent sur la table à partir du moment où l’Etat gère son problème avec l’Europe, (Ndlr : l’exigence de remboursement des 440 millions d’euros de la part de Bruxelles) et où Veolia s’en va ».
Toujours selon cette même source citée par l’AFP, les armateurs et possibles nouveaux actionnaires ont précisé qu’ils pourraient reprendre la part de Veolia pour « monter leur projet et développer (la SNCM) notamment sur le Maghreb ».
Le Conseil Général des Bouches-du-Rhône et la ville de Marseille envisageraient « d'étudier le dossier » si les deux mêmes conditions sont réunies
Pour la SNCM (et ses 2600 salariés), confrontée à des problèmes de trésorerie et d'actionnariat, et condamnée au niveau européen à rembourser à l'État ou aux collectivités 440 millions d'euros d'aides liées à sa privatisation en 2005 et à la délégation de service public (DSP) de desserte de la Corse entre 2007 et 2013, cette nouvelle donne pourrait, à priori, signifier une vague lueur d’espoir. A condition évidemment que la double exigence des deux armateurs soit satisfaite, ce qui ne semble pas garanti, loin s’en faut.
Par ailleurs, toujours selon cette source proche du dossier, le Conseil général des Bouches-du-Rhône et la ville de Marseille envisageraient « d'étudier le dossier », si les deux mêmes conditions, de règlement du différend avec l'Europe et de retrait de Veolia, sont réunies.
« Un petit bout de la Corse, un petit bout de PACA et un investisseur industriel » dans la compagnie ?
Les deux collectivités ont des « intérêts régionaux qui sont fondamentaux parce que ça fait vivre l'économie de Marseille, l'économie du port », indiquant qu'elles « ne vont pas devenir actionnaires majoritaires, elles n'ont pas vocation à faire ça, mais cette compagnie peut être bi-régionale, il peut y avoir un petit bout de la Corse, un petit bout de PACA, et un investisseur industriel » indique encore la source.
Joint par l'AFP, le président du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guerini, s'est dit « prêt à participer au capital de la SNCM, moteur économique du port de Marseille, mais rien n'est décidé, c'est une réflexion qui est engagée (…) Je demande que les autres collectivités territoriales fassent la même chose », a-t-il déclaré, tout en affirmant être opposé à « une société régionale ».
La mairie de Marseille assure « ne pas être au courant du projet »
A la mairie de Marseille, on assure toutefois « ne pas être au courant » du projet. « S'il s'agit d'un tour de table pour participer aux discussions, volontiers, mais ce n'est pas aux collectivités territoriales de participer financièrement à ce genre d'opérations », estime le premier adjoint au maire Roland Blum.
Par ailleurs, le géant mondial de l'eau et des déchets devait au plus tard le 31 octobre sceller avec la Caisse des dépôts un accord sur le désengagement de Veolia de leur coentreprise de transport collectif Transdev. Cet accord prévoyait le transfert à Veolia des 66% de la SNCM détenus par Transdev, ce qui aurait fait de Veolia le nouvel actionnaire majoritaire de la compagnie.
Mais ce plan a été rendu « impossible » parce que - assure l'AFP - les représentants du personnel de la SNCM ont tardé à donner un avis sur l'opération, mais aussi à cause de la situation financière aggravée de la SNCM, qui a été placée en procédure de conciliation judiciaire en octobre à la demande de sa direction.
Quid du rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale sur les conditions de la privatisation de la SNCM ?
Enfin, autre volet du « dossier SNCM », la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale sur les conditions de la privatisation de la compagnie (présidée par Arnaud Leroy et dont le rapporteur est le président de l’Exécutif de Corse Paul Giacobbi) a terminé ses travaux. Arnaud Leroy et Paul Giacobbi présenteront le rapport à la presse mercredi aux alentours de 12h30 avant de le remettre au président de l’Assemblée Nationale Claude Bartolone, jeudi 12 décembre.
La résolution créant une commission d’enquête sur les conditions de la privatisation de la SNCM avait été adoptée par l’Assemblée Nationale le 12 juin dernier.
Les arguments pour la création de la commission évoquaient clairement « un risque de cessation d’activité de la SNCM »
Les motifs avancés pour la création de cette commission d'enquête étaient clairs: « le premier (soulignait le Rapport N°1111) concerne l’ampleur des enjeux de la situation de la SNCM. Celle-ci est menacée d’une charge de remboursement de 450 millions d’euros. Or, le prix payé en 2006 par BCP et Transdev valorise le total du capital de la SNCM à 35 millions d’euros. L’opération particulièrement profitable faite par BCP fin 2008 le valorise à 192 millions d’euros. Le chiffre d’affaires de la société est de 300 millions d’euros. L’ordre de grandeur des remboursements à envisager est sans commune mesure avec ces données. Le risque pour la SNCM, c’est tout simplement la cessation d’activité ».
Yannis-Christophe GARCIA
Selon l’AFP qui cite une source proche du dossier, deux armateurs (dont l’identité précise demeure pour l’heure encore inconnue) ont déclaré être prêts à entrer au capital de la compagnie. C'est-à-dire à injecter des fonds sonnants et trébuchants dans la compagnie, minée par un remboursement de 440 millions d’euros que réclame Bruxelles avec insistance.
« Prêts à mettre de l’argent sur la table à partir du moment où l’Etat gère son problème avec l’Europe et où Veolia s’en va ». (source proche du dossier)
Toutefois, cette proposition (dont on ne connait pour l’heure ni les éventuels tenants ni les possibles aboutissants en termes de maintien des emplois et de réorientation précise des activités de l’entreprise) se fonde sur deux conditions préalables pour les deux armateurs. C’est en tout cas ce qu’ils ont clairement énoncé lors de leur rencontre avec le président de la société Veolia et celui de Transdev (actionnaires majoritaires de la SNCM avec 66% du capital) rapporte encore l’AFP mardi. Précisant en outre « qu’ils sont allés voir toutes les instances de l’Etat », cette source proche du dossier affirme que les armateurs se disent « prêts à mettre de l’argent sur la table à partir du moment où l’Etat gère son problème avec l’Europe, (Ndlr : l’exigence de remboursement des 440 millions d’euros de la part de Bruxelles) et où Veolia s’en va ».
Toujours selon cette même source citée par l’AFP, les armateurs et possibles nouveaux actionnaires ont précisé qu’ils pourraient reprendre la part de Veolia pour « monter leur projet et développer (la SNCM) notamment sur le Maghreb ».
Le Conseil Général des Bouches-du-Rhône et la ville de Marseille envisageraient « d'étudier le dossier » si les deux mêmes conditions sont réunies
Pour la SNCM (et ses 2600 salariés), confrontée à des problèmes de trésorerie et d'actionnariat, et condamnée au niveau européen à rembourser à l'État ou aux collectivités 440 millions d'euros d'aides liées à sa privatisation en 2005 et à la délégation de service public (DSP) de desserte de la Corse entre 2007 et 2013, cette nouvelle donne pourrait, à priori, signifier une vague lueur d’espoir. A condition évidemment que la double exigence des deux armateurs soit satisfaite, ce qui ne semble pas garanti, loin s’en faut.
Par ailleurs, toujours selon cette source proche du dossier, le Conseil général des Bouches-du-Rhône et la ville de Marseille envisageraient « d'étudier le dossier », si les deux mêmes conditions, de règlement du différend avec l'Europe et de retrait de Veolia, sont réunies.
« Un petit bout de la Corse, un petit bout de PACA et un investisseur industriel » dans la compagnie ?
Les deux collectivités ont des « intérêts régionaux qui sont fondamentaux parce que ça fait vivre l'économie de Marseille, l'économie du port », indiquant qu'elles « ne vont pas devenir actionnaires majoritaires, elles n'ont pas vocation à faire ça, mais cette compagnie peut être bi-régionale, il peut y avoir un petit bout de la Corse, un petit bout de PACA, et un investisseur industriel » indique encore la source.
Joint par l'AFP, le président du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guerini, s'est dit « prêt à participer au capital de la SNCM, moteur économique du port de Marseille, mais rien n'est décidé, c'est une réflexion qui est engagée (…) Je demande que les autres collectivités territoriales fassent la même chose », a-t-il déclaré, tout en affirmant être opposé à « une société régionale ».
La mairie de Marseille assure « ne pas être au courant du projet »
A la mairie de Marseille, on assure toutefois « ne pas être au courant » du projet. « S'il s'agit d'un tour de table pour participer aux discussions, volontiers, mais ce n'est pas aux collectivités territoriales de participer financièrement à ce genre d'opérations », estime le premier adjoint au maire Roland Blum.
Par ailleurs, le géant mondial de l'eau et des déchets devait au plus tard le 31 octobre sceller avec la Caisse des dépôts un accord sur le désengagement de Veolia de leur coentreprise de transport collectif Transdev. Cet accord prévoyait le transfert à Veolia des 66% de la SNCM détenus par Transdev, ce qui aurait fait de Veolia le nouvel actionnaire majoritaire de la compagnie.
Mais ce plan a été rendu « impossible » parce que - assure l'AFP - les représentants du personnel de la SNCM ont tardé à donner un avis sur l'opération, mais aussi à cause de la situation financière aggravée de la SNCM, qui a été placée en procédure de conciliation judiciaire en octobre à la demande de sa direction.
Quid du rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale sur les conditions de la privatisation de la SNCM ?
Enfin, autre volet du « dossier SNCM », la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale sur les conditions de la privatisation de la compagnie (présidée par Arnaud Leroy et dont le rapporteur est le président de l’Exécutif de Corse Paul Giacobbi) a terminé ses travaux. Arnaud Leroy et Paul Giacobbi présenteront le rapport à la presse mercredi aux alentours de 12h30 avant de le remettre au président de l’Assemblée Nationale Claude Bartolone, jeudi 12 décembre.
La résolution créant une commission d’enquête sur les conditions de la privatisation de la SNCM avait été adoptée par l’Assemblée Nationale le 12 juin dernier.
Les arguments pour la création de la commission évoquaient clairement « un risque de cessation d’activité de la SNCM »
Les motifs avancés pour la création de cette commission d'enquête étaient clairs: « le premier (soulignait le Rapport N°1111) concerne l’ampleur des enjeux de la situation de la SNCM. Celle-ci est menacée d’une charge de remboursement de 450 millions d’euros. Or, le prix payé en 2006 par BCP et Transdev valorise le total du capital de la SNCM à 35 millions d’euros. L’opération particulièrement profitable faite par BCP fin 2008 le valorise à 192 millions d’euros. Le chiffre d’affaires de la société est de 300 millions d’euros. L’ordre de grandeur des remboursements à envisager est sans commune mesure avec ces données. Le risque pour la SNCM, c’est tout simplement la cessation d’activité ».
Yannis-Christophe GARCIA