Nous venons vers vous ce jour dans une très grande urgence compte tenue des difficultés qui n’ont cessé de s’accroître depuis l’abandon du projet industriel de la SNCM.
Par la voix du Premier inistre au journal télévisé de TF1, comme à l’Assemblée Nationale le 9 juillet 2014, le Gouvernement a arbitré dans un sens contraire aux engagements donnés pendant quelques dix-huit mois.
Ainsi, il a été annoncé publiquement que la restructuration de la SNCM pourrait passer par un redressement judiciaire qualifié de « technique » par les cabinets. Tel qu’annoncé, il apparaissait impensable qu’un consensus autour d’une méthode et d’un repreneur ne soit pas acté entre TRANSDEV, Etat, Commission Européenne et Collectivité de Corse avant même le lancement d’une procédure de redressement judiciaire.
Les conditions de cessation de paiement non réunies pour novembre, le Président Directeur Général du groupe TRANSDEV n’a pas caché le 03 octobre, à la SNCM et ses instances représentatives, son intention de la déclencher, fusse en demandant le remboursement anticipé des prêts d’actionnaires début novembre.
Le risque est donc imminent d’engager une procédure irréversible sans en maîtriser les conséquences sur la SNCM et ses activités, l’emploi de ses 2000 salariés et des 2000 salariés de sociétés sous-traitantes en CORSE et PACA, la filière maritime Française déjà terriblement affectée, l’équilibre de la continuité territoriale vers la CORSE, le devenir même de la desserte, et enfin la place stratégique des rotations entre Marseille et le MAGHREB.
L’actionnaire Etat, certes minoritaire, aujourd’hui seul en discussion avec la Commission Européenne, devient de fait le seul coordinateur possible d’une restructuration quelle qu’elle soit.
Aujourd’hui, après deux ans de débats et de revirements multiples bloquant la mise en œuvre d’un véritable redressement, l’exposition médiatique permanente, largement orchestrée par des actionnaires défaillants, a entraîné une crise financière dont la SNCM, en l’état, risque de ne pas se remettre.
Cependant, la responsabilité de nos actionnaires TRANSDEV et Etat, pour des raisons différentes, est pleine et entière. Les conflits de 2014 ne sont pas ceux de salariés contre des réformes mais bien de salariés signataires d’un pacte de productivité, et jusqu’alors engagés dans la réduction de 500 postes sur 2000 mais mis au pied du mur par leurs actionnaires.
Des actionnaires qui pour certains ont programmé la disparition de leur filiale depuis plusieurs années avec l’accord VEOLIA – CAISSE DES DEPÔTS de mars 2012, funeste pour la SNCM, et, pour d’autres, ont contribué à retarder cette échéance pour ne pas en assumer les conséquences sociales avant un scrutin électoral ?
Devant un tel constat, à l’opposé de notre volonté de construction et de dialogue, quelle n’a pas été notre surprise quand, au lieu de nous recevoir dans les 45 jours d’alerte sociale puis de préavis pour discuter de l’ensemble des solutions, décision gouvernementale a été prise d’afficher une fermeté calculée devant une opinion publique manipulée par une véritable campagne de désinformation sur la SNCM et ses salariés.
Cette évolution particulièrement hostile de juin-juillet aboutissant à une médiation artificiellement prolongée par des actionnaires ayant parié sur le pourrissement avant l’aveu interministériel des nouveaux arbitrages intervenus.
Aujourd’hui, TRANSDEV s’apprête à déclencher artificiellement en novembre l’une des plus importantes procédures collectives du quinquennat. Votre éclairage s’impose car force est de constater qu’à cette heure nous sommes très éloignés d’un Redressement Judiciaire « technique » mais bien au contraire, y compris dans les positions exprimées par le Management de l’entreprise, il n’y a qu’augmentation des risques et diminution des garanties.
Pour l’encadrement de la SNCM, comme pour les actionnaires salariés, nous avons depuis le mois de juillet tout entrepris pour analyser les positions de chacun. Le constat est affligeant :
Malgré l’investissement du Médiateur, Gilles BELIER, tous les acteurs ne cherchent pas la concertation autour d’une solution commune. Un certain nombre de pistes sont évoquées sans réelle certitude de leur faisabilité juridique et les calendriers d’actions des différentes parties apparaissent discordants.
Nous faisions le constat en septembre d’une médiation vidée de son contenu par les actionnaires et la Direction de la SNCM, hors dialogue sincère et loyal avec les partenaires sociaux et actionnaires salariés.
Le premier thème de travail, sur les contentieux, essentiel pour définir le moyen de restructuration, reste sans garantie tant sur l’abandon des poursuites que sur la transmissibilité du contrat de Délégation de Service Public.
Les nouvelles réunions de médiation du 7 puis du 28 octobre peuvent donner lieu pour partie à un rattrapage pour autant que les volontés soient au rendez-vous.
Suivant les différents scénarii déjà étudiés en 2013 par de multiples cabinets d’audit et de conseil, les conséquences en termes de réduction d’emplois sont connues :
Elles vont d’un millier d’emplois directs supprimés si, avec accord de la Commission Européenne, les quatre cargos de la Délégation de Service Public et deux lignes sur le Maghreb étaient maintenus, à 2000 en cas de liquidation.
Aujourd’hui, après bientôt deux ans de mises en garde répétées, nous sommes plus que jamais convaincus que le déclenchement d’un redressement judiciaire, hérésie commerciale pour une société en milieu extrêmement concurrentiel, qui plus est extrêmement dépendante d’une sous-traitance à son tour mise en difficulté, entraînerait de manière très rapide une perte de contrôle et une très possible mise en liquidation judiciaire de la SNCM.
Il y a là un chemin vers une aventure aux risques incalculables pour les emplois comme pour la CORSE et sa Collectivité Territoriale.
En voulant croire encore qu’il n’est pas trop tard, nous demandons l’appui de l’Etat dans le temps de la Médiation pour l’émergence d’une solution, qu’il a annoncée, pour assurer un avenir durable à l’entreprise.
Les lourdes défaillances et la passivité de l’actionnaire VEOLIA lors et depuis la privatisation lui imposent une exemplarité dans le suivi financier de la mise en œuvre de cette restructuration. Tant sur le temps nécessaire que sur le volet social.
Nous vous adressons nos plus respectueuses salutations et vous sollicitons pour un entretien d’urgence,
Pour l’ensemble des élu(e)s CFE-CGC de la SNCM, les membres du Conseil de surveillance
Pierre Maupoint de Vandeul, représentant élu des Cadres et officiers, président du SNCNMM