Les anciennes villas ont été rénovées
Fin des années cinquante. Ajaccio s’étend. Au Sud, Saint Jean, les Cannes, les Salines. Au Nord, la Grotte, le Parc Berthault, au centre, le lycée Laetitia et les Jardins de l’Empereur. Et au beau milieu de ces constructions, Marc Paoli, notre barde, qui chante « les résidences », les bien nommées, qui s’adressent à ceux qui ont déserté les vieux quartiers. Sur le ton de la plaisanterie ça va de soi. De la dérision surtout.
Un quartier où il fait bon vivre…
De la pierre, des couleurs, la salle de bain et le parking, c’est nouveau, tout beau et ça embelli la vie. Saint Jean s’ouvre aux familles ajacciennes et l’ambiance est de rigueur dans ces nouveaux quartiers qui explosent dans la campagne environnante.
Il fait bon vivre lorsque, à la tombée du jour, au retour de la plage, on prend l’apéritif devant le portail, entre voisins et amis. Les temps ont changé, la joie de vivre marque les visages, les gens paraissent heureux. Tiens, voici Mathieu un ancien du San Carlu. Il s’avance et lance : «Comme notre vie a changé depuis que nous sommes là. Nous n’en pouvions plus dans nos trente mètres carrés, serrés comme des anchois. Pièces noires, pas de salle de bain mais un lavabo pour toute la famille, les WC à l’étage, cela devenait insupportable au fil des mois et des années. Heureusement, tout a changé. C’est vrai, le quartier nous manque, les amis, les habitudes, mais si nous revenons un jour, ce sera dans un appartement entièrement refait, moderne… »
La nostalgie n’a jamais quitté les habitants des vieux quartiers et depuis plusieurs décennies, bon nombre sont d’ailleurs revenus vivre au centre ville. Ont-ils gardé la nostalgie des résidences ? Qui sait…
En quelques années, St Jean est devenu un quartier vivant, organisé. Des commerces se sont montés, des écoles ont ouvert et si à l’époque des « bandes organisées » celle de Saint Jean s’est avérée solide et grandement efficace, les choses ont changé depuis et tout est rentré dans l’ordre.
Boxe, l’école de la vie
De la rue des Trois Marie où il avait élu domicile, le Ring Ajaccien qui se développait à la vitesse grand V grâce à la carrière des Chiocca, Vannucci, Pantalacci, Antona, trouva un espace à peine plus grand à St Jean, dans une ancienne baraque de chantier qu’Antoine Filippi et les siens convertirent en salle de boxe. Roland Battistini, qui s’entrainait avec sérieux avant de devenir champion de Provence se rappelle du déménagement : « Nous n’avions pas grand-chose à transporter. Nous manquions de tout, même pour construire le ring. En ce qui concerne la douche, ce fut très rapidement réglé : Une outre accroché à la branche d’un arbre près de la cabane. Les plus courageux affrontaient l’hiver pour se doucher. Il fallait y aller… »
Mais le Ring attira très vite de nombreux jeunes du quartier et ses effectifs s’étoffèrent en quelques mois. Antoine Filippi, comme à son habitude, savait les attirer, leur parler, les détourner d’une autre vie beaucoup plus dangereuse que d’enfiler des gants et d’apprendre la vraie vie. C’était sa mission, celle qu’il aimait.
La boxe marchait bien à Saint Jean mais le foot était roi et les terrains, même petits, ne faisaient pas défaut autour des immeubles, cela dans la redescente vers la route d’Alata et les immeubles Versini qui attiraient de plus en plus d’Ajacciens tout comme les Cannes, en plein développement. Les jeunes des quartiers ne tardèrent pas à se rencontrer et former une vie associative autour de mille et une disciplines que l’on pratiquait sur les terrains vagues ou dans les caves des résidences. Saint Jean, devenu quartier à part entière, s’était finalement bien intégré à la ville qui s’étirait vers les Cannes, les Salines et Pietralba quelques années plus tard, sans parler de la route de Mezzavia et bien entendu la Rocade et ses nouvelles résidences.
Saint Jean eut son église très vite, fin 1959 semble-t-il. L’église Saint Jean-Baptiste fut aussitôt adoptée par toute la population et les premières communions au tout début des années soixante lui donnèrent sa pleine dimension de paroisse.
J-.F. V.
Un quartier où il fait bon vivre…
De la pierre, des couleurs, la salle de bain et le parking, c’est nouveau, tout beau et ça embelli la vie. Saint Jean s’ouvre aux familles ajacciennes et l’ambiance est de rigueur dans ces nouveaux quartiers qui explosent dans la campagne environnante.
Il fait bon vivre lorsque, à la tombée du jour, au retour de la plage, on prend l’apéritif devant le portail, entre voisins et amis. Les temps ont changé, la joie de vivre marque les visages, les gens paraissent heureux. Tiens, voici Mathieu un ancien du San Carlu. Il s’avance et lance : «Comme notre vie a changé depuis que nous sommes là. Nous n’en pouvions plus dans nos trente mètres carrés, serrés comme des anchois. Pièces noires, pas de salle de bain mais un lavabo pour toute la famille, les WC à l’étage, cela devenait insupportable au fil des mois et des années. Heureusement, tout a changé. C’est vrai, le quartier nous manque, les amis, les habitudes, mais si nous revenons un jour, ce sera dans un appartement entièrement refait, moderne… »
La nostalgie n’a jamais quitté les habitants des vieux quartiers et depuis plusieurs décennies, bon nombre sont d’ailleurs revenus vivre au centre ville. Ont-ils gardé la nostalgie des résidences ? Qui sait…
En quelques années, St Jean est devenu un quartier vivant, organisé. Des commerces se sont montés, des écoles ont ouvert et si à l’époque des « bandes organisées » celle de Saint Jean s’est avérée solide et grandement efficace, les choses ont changé depuis et tout est rentré dans l’ordre.
Boxe, l’école de la vie
De la rue des Trois Marie où il avait élu domicile, le Ring Ajaccien qui se développait à la vitesse grand V grâce à la carrière des Chiocca, Vannucci, Pantalacci, Antona, trouva un espace à peine plus grand à St Jean, dans une ancienne baraque de chantier qu’Antoine Filippi et les siens convertirent en salle de boxe. Roland Battistini, qui s’entrainait avec sérieux avant de devenir champion de Provence se rappelle du déménagement : « Nous n’avions pas grand-chose à transporter. Nous manquions de tout, même pour construire le ring. En ce qui concerne la douche, ce fut très rapidement réglé : Une outre accroché à la branche d’un arbre près de la cabane. Les plus courageux affrontaient l’hiver pour se doucher. Il fallait y aller… »
Mais le Ring attira très vite de nombreux jeunes du quartier et ses effectifs s’étoffèrent en quelques mois. Antoine Filippi, comme à son habitude, savait les attirer, leur parler, les détourner d’une autre vie beaucoup plus dangereuse que d’enfiler des gants et d’apprendre la vraie vie. C’était sa mission, celle qu’il aimait.
La boxe marchait bien à Saint Jean mais le foot était roi et les terrains, même petits, ne faisaient pas défaut autour des immeubles, cela dans la redescente vers la route d’Alata et les immeubles Versini qui attiraient de plus en plus d’Ajacciens tout comme les Cannes, en plein développement. Les jeunes des quartiers ne tardèrent pas à se rencontrer et former une vie associative autour de mille et une disciplines que l’on pratiquait sur les terrains vagues ou dans les caves des résidences. Saint Jean, devenu quartier à part entière, s’était finalement bien intégré à la ville qui s’étirait vers les Cannes, les Salines et Pietralba quelques années plus tard, sans parler de la route de Mezzavia et bien entendu la Rocade et ses nouvelles résidences.
Saint Jean eut son église très vite, fin 1959 semble-t-il. L’église Saint Jean-Baptiste fut aussitôt adoptée par toute la population et les premières communions au tout début des années soixante lui donnèrent sa pleine dimension de paroisse.
J-.F. V.