- Le nouveau plan Territoire Santé du gouvernement semble répondre à certaines de vos préoccupations ?
- Ce plan Territoire Santé prévoit diverses choses, dont une des mesures que nous préconisons dans Corsica 21, notre projet politique pour la Corse. Cette mesure est l’installation, à partir de 2015, d’antennes SMUR, donc un accès aux soins d’urgence, à moins de 30 minutes pour la population, quelque soit l’endroit du territoire. Nous ne pouvons que nous réjouir de voir certaines de nos propositions reprises.
- Quel est le but de cette mesure ?
- C’est de favoriser l’installation de jeunes médecins généralistes dans les zones en voie de démédicalisation, c’est-à-dire en difficulté sanitaire parce qu’il y a de moins en moins de médecins. Les jeunes médecins ne veulent plus, comme les anciens, assumer, seuls, la charge de l’urgence. Un SMUR se compose, selon le code de la Santé, d’un médecin et d’un infirmier urgentistes ainsi que d’un conducteur. L’installation de SMUR dans ces régions augmenterait l’attrait de ces territoires pour les jeunes médecins généralistes. Aujourd’hui, la couverture sanitaire est bonne, mais il faut savoir que d’ici à 10 ans, plus de 60 % des médecins généralistes qui ont, aujourd’hui, plus de 55 ans, partiront à la retraite. Donc, si nous n’anticipons pas ce phénomène, nous aurons de gros problèmes sanitaires et de nouveaux déserts médicaux. La situation risque de devenir catastrophique.
- Les SMUR suffiront-ils pour anticiper ce renouvellement ?
- Cela ne suffira pas. C’est pour cela qu’il faut prendre, assez rapidement, deux mesures. D’abord, une mesure d’urgence avec la mise en place de SMUR dans des régions qui n’en disposent pas et qui sont en manque de médecins généralistes, comme le Niolu, le Cap Corse, le Taravu, les dui Sevi et les dui Sorru. Ensuite, les études menées par le ministère de la Santé montrent que 60 % des jeunes nouveaux médecins généralistes s’installent dans la région où ils ont été formés. Donc, pour augmenter la possibilité d’installation de jeunes médecins, il faut en former. Et le seul moyen d’en former est de proposer des stages d’internat validant dans des hôpitaux qui ont le statut administratif de Centre hospitalier régional (CHR).
- Ce que nous n’avons pas actuellement en Corse ?
- Non. Nos deux hôpitaux principaux d’Ajaccio et de Bastia ne sont que des Centres hospitaliers généraux (CHG) et ne proposent donc pas de stage validant d’internat. Ils n’ont donc pas de médecins internes. Le passage en CHR est important pour trois raisons : pour installer de nouveaux généralistes, pour la manne financière puisqu’un CHR est considéré hors normes. Il ne négocie plus avec l’ARS, mais avec le ministère. Les moyens alloués sont plus importants. Enfin, ce sont les internes qui, aujourd’hui, en France, font tourner les hôpitaux. C’est pour cela que tous les hôpitaux, qui marchent, sont des CHR. L’apport pour les structures insulaires serait considérable en termes de moyens humains, de compétences, de prise en charge des patients et de diminution de la charge de travail.
- Que faut-il pour obtenir un statut de CHR ?
- Pour passer en CHR, il faudrait fusionner les deux entités administratives de la Miséricorde à Ajaccio et de Falconaja à Bastia et créer une Assistance publique régionale pour gérer toutes les structures publiques de l’île. Rappelons que la Corse est la seule région, Outre-mer compris, à ne pas avoir de CHR.
- Que pensez-vous des mesures prises au niveau local pour remédier à la pénurie ?
- Les collectivités locales essayent de remédier aux problèmes en mettant sur pied des structures avec des maisons médicales flambantes neuves et une rémunération des médecins. Mais le problème, c’est qu’à part des médecins roumains ou africains, personne ne veut s’y installer ! On se rend compte que les ¾ de ces projets sont des échecs. Donc, si on veut favoriser l’installation de jeunes médecins, il faut couvrir l’urgence pour que ces médecins soient tranquilles de ce côté-là et qu’ils n’aient que leur travail de généraliste à assurer. Et faire en sorte d’avoir des stages d’internat validant. La Corse est belle, généralement on y reste, si on peut.
- Pourquoi demander un entretien avec l’ARS ?
- Nous demandons à rencontrer le directeur de l’ARS afin de pouvoir échanger avec lui, parler du plan Territoire Santé et formuler nos propositions. Nous pensons qu’il est grand temps d’avoir une vision globale de la situation sanitaire de la Corse. Il ne faut plus faire de saupoudrage administratif et politique, mais régler le problème dans sa globalité. Nous voulons, surtout, éviter que la Corse ne passe à côté des financements qui vont être mis en place pour accompagner le plan. Etant donné que nous sommes en période de crise, il faut réagir rapidement pour pouvoir en bénéficier largement.
- Ne serait-il pas plus efficace d’intervenir dans le cadre de l’Assemblée de Corse avec l’ensemble des élus ?
- Nous sommes les seuls à avoir conçu un véritable projet qui prend en compte la problématique de la santé dans sa globalité, même au niveau économique, puisqu’il est fondé sur la compensation. La santé est un problème important qui touche tous les Corses. Il serait temps que tous les groupes politiques s’en préoccupent. Nous avons leur lancé un appel pour débattre et faire avancer les propositions. Ce serait effectivement bien que la demande vienne de la CTC, même si ce n’est pas de sa compétence et qu’elle a, aujourd’hui, de nombreux autres sujets en débat.
Propos recueillis par Nicole MARI
- Ce plan Territoire Santé prévoit diverses choses, dont une des mesures que nous préconisons dans Corsica 21, notre projet politique pour la Corse. Cette mesure est l’installation, à partir de 2015, d’antennes SMUR, donc un accès aux soins d’urgence, à moins de 30 minutes pour la population, quelque soit l’endroit du territoire. Nous ne pouvons que nous réjouir de voir certaines de nos propositions reprises.
- Quel est le but de cette mesure ?
- C’est de favoriser l’installation de jeunes médecins généralistes dans les zones en voie de démédicalisation, c’est-à-dire en difficulté sanitaire parce qu’il y a de moins en moins de médecins. Les jeunes médecins ne veulent plus, comme les anciens, assumer, seuls, la charge de l’urgence. Un SMUR se compose, selon le code de la Santé, d’un médecin et d’un infirmier urgentistes ainsi que d’un conducteur. L’installation de SMUR dans ces régions augmenterait l’attrait de ces territoires pour les jeunes médecins généralistes. Aujourd’hui, la couverture sanitaire est bonne, mais il faut savoir que d’ici à 10 ans, plus de 60 % des médecins généralistes qui ont, aujourd’hui, plus de 55 ans, partiront à la retraite. Donc, si nous n’anticipons pas ce phénomène, nous aurons de gros problèmes sanitaires et de nouveaux déserts médicaux. La situation risque de devenir catastrophique.
- Les SMUR suffiront-ils pour anticiper ce renouvellement ?
- Cela ne suffira pas. C’est pour cela qu’il faut prendre, assez rapidement, deux mesures. D’abord, une mesure d’urgence avec la mise en place de SMUR dans des régions qui n’en disposent pas et qui sont en manque de médecins généralistes, comme le Niolu, le Cap Corse, le Taravu, les dui Sevi et les dui Sorru. Ensuite, les études menées par le ministère de la Santé montrent que 60 % des jeunes nouveaux médecins généralistes s’installent dans la région où ils ont été formés. Donc, pour augmenter la possibilité d’installation de jeunes médecins, il faut en former. Et le seul moyen d’en former est de proposer des stages d’internat validant dans des hôpitaux qui ont le statut administratif de Centre hospitalier régional (CHR).
- Ce que nous n’avons pas actuellement en Corse ?
- Non. Nos deux hôpitaux principaux d’Ajaccio et de Bastia ne sont que des Centres hospitaliers généraux (CHG) et ne proposent donc pas de stage validant d’internat. Ils n’ont donc pas de médecins internes. Le passage en CHR est important pour trois raisons : pour installer de nouveaux généralistes, pour la manne financière puisqu’un CHR est considéré hors normes. Il ne négocie plus avec l’ARS, mais avec le ministère. Les moyens alloués sont plus importants. Enfin, ce sont les internes qui, aujourd’hui, en France, font tourner les hôpitaux. C’est pour cela que tous les hôpitaux, qui marchent, sont des CHR. L’apport pour les structures insulaires serait considérable en termes de moyens humains, de compétences, de prise en charge des patients et de diminution de la charge de travail.
- Que faut-il pour obtenir un statut de CHR ?
- Pour passer en CHR, il faudrait fusionner les deux entités administratives de la Miséricorde à Ajaccio et de Falconaja à Bastia et créer une Assistance publique régionale pour gérer toutes les structures publiques de l’île. Rappelons que la Corse est la seule région, Outre-mer compris, à ne pas avoir de CHR.
- Que pensez-vous des mesures prises au niveau local pour remédier à la pénurie ?
- Les collectivités locales essayent de remédier aux problèmes en mettant sur pied des structures avec des maisons médicales flambantes neuves et une rémunération des médecins. Mais le problème, c’est qu’à part des médecins roumains ou africains, personne ne veut s’y installer ! On se rend compte que les ¾ de ces projets sont des échecs. Donc, si on veut favoriser l’installation de jeunes médecins, il faut couvrir l’urgence pour que ces médecins soient tranquilles de ce côté-là et qu’ils n’aient que leur travail de généraliste à assurer. Et faire en sorte d’avoir des stages d’internat validant. La Corse est belle, généralement on y reste, si on peut.
- Pourquoi demander un entretien avec l’ARS ?
- Nous demandons à rencontrer le directeur de l’ARS afin de pouvoir échanger avec lui, parler du plan Territoire Santé et formuler nos propositions. Nous pensons qu’il est grand temps d’avoir une vision globale de la situation sanitaire de la Corse. Il ne faut plus faire de saupoudrage administratif et politique, mais régler le problème dans sa globalité. Nous voulons, surtout, éviter que la Corse ne passe à côté des financements qui vont être mis en place pour accompagner le plan. Etant donné que nous sommes en période de crise, il faut réagir rapidement pour pouvoir en bénéficier largement.
- Ne serait-il pas plus efficace d’intervenir dans le cadre de l’Assemblée de Corse avec l’ensemble des élus ?
- Nous sommes les seuls à avoir conçu un véritable projet qui prend en compte la problématique de la santé dans sa globalité, même au niveau économique, puisqu’il est fondé sur la compensation. La santé est un problème important qui touche tous les Corses. Il serait temps que tous les groupes politiques s’en préoccupent. Nous avons leur lancé un appel pour débattre et faire avancer les propositions. Ce serait effectivement bien que la demande vienne de la CTC, même si ce n’est pas de sa compétence et qu’elle a, aujourd’hui, de nombreux autres sujets en débat.
Propos recueillis par Nicole MARI