Saveriu Luciani, conseiller exécutif et président de l’Office d’équipement hydraulique de la Corse (OEHC).
- Que vous inspire le rapport d’i Chjassi di u cumunu qui met en cause les gestions précédentes de l’OEHC ?
- Les résultats de ce rapport, qui porte sur les mandatures Santini et Giacobbi à partir de 2009 jusqu’au 31 décembre 2015, ne sont pas étonnants. On savait qu’on récupérait un outil qui était dans une situation extrêmement délicate ! Lorsque le Conseil exécutif a été sollicité par i Chjassi di u cumunu pour fournir l’ensemble des chiffres comptables des agences et offices de la CTC (Collectivité territoriale de Corse), nous les avons transmis. Nous avons été le premier Exécutif à jouer la transparence ! Ce rapport, qui n’est pas officiel, relève un certain nombre de dysfonctionnements et de problèmes liés à la situation financière de l’Office qui, au moment où nous prenons le pouvoir, est dramatique. Cet état des lieux à notre prise de fonction, en quelque sorte un audit officieux, nous a permis de corriger un certain nombre de choses et, surtout, d’anticiper d’autres.
- Ce rapport pointe du doigt un fort taux (37%) de créances non recouvrées et l’absence totale de stratégie de recouvrement. Qu’en est-il exactement ?
- Fin 2015, la créance s’élevait à plus de 12 millions €. Elle a dérapé, année après année, sans aucune stratégie de recouvrement dans un lascià corre total ! Il y a trois types de créances : plusieurs millions € sont dus par les usagers de la CAB (Communauté d’agglomération bastiaise), n’oublions pas qu’à l’époque l’Office hydraulique détenait l’affermage de l’eau potable de la région bastiaise. Une partie importante est due par les collectivités locales. Et une autre partie est due par le monde agricole.
- Avez-vous, depuis un an, tenté de remédier à ce lascià corre ?
- Oui ! Nous avons décliné un plan stratégique pour réhabiliter la vocation et le rôle de l’Office au sein de la CTC. Nous avons, d’abord, rétabli les liens avec le monde agricole. Nous avons, au printemps dernier, initié quatre ateliers pour réfléchir sur la manière de régler cette dette, d’élaborer une nouvelle tarification, d’anticiper les besoins de l’agriculture et, au-delà, de nous inscrire dans une stratégie de développement durable, de préparation et d’adaptation aux changements climatiques. C’est important de le faire pour l’agriculture, mais aussi pour l’ensemble des collectivités qui sont, aujourd’hui, tributaires de l’action de l’Office. L’idée n’est pas de s’inscrire dans une logique comptable, mais dans une gestion politique de la question de l’eau.
- Avez-vous mis en place une stratégie de recouvrement des créances ?
- Oui ! Nous avons, aujourd’hui, à demeure un agent comptable. Nous avons programmé la création rapide d’une agence comptable au sein de l’Office pour gagner en efficacité et mettre en place une véritable gestion de la créance et des arrêtés de recouvrement. Nous avons nommé un chargé de mission pour piloter et coordonner toutes les actions sur le terrain et améliorer les rendements. Entre temps, nous avons actionné les moyens légaux, notamment les OTD (Obligation à tiers détenteur), vis-à-vis des collectivités et des détenteurs. Nous avons sollicité les Préfets pour intervenir sur les créances relevant des collectivités locales. Ceci dit, nous sommes conscients que nous n’obtiendrons pas un recouvrement total. C’est pour cela qu’il faut une discussion au plus haut niveau entre l’Etat et les élus pour aider à régler ce problème de la dette agricole, comme ce fut le cas pour celle de la MSA (Mutualité sociale agricole). L’Office hydraulique doit avoir les moyens de continuer son action.
- Les résultats de ce rapport, qui porte sur les mandatures Santini et Giacobbi à partir de 2009 jusqu’au 31 décembre 2015, ne sont pas étonnants. On savait qu’on récupérait un outil qui était dans une situation extrêmement délicate ! Lorsque le Conseil exécutif a été sollicité par i Chjassi di u cumunu pour fournir l’ensemble des chiffres comptables des agences et offices de la CTC (Collectivité territoriale de Corse), nous les avons transmis. Nous avons été le premier Exécutif à jouer la transparence ! Ce rapport, qui n’est pas officiel, relève un certain nombre de dysfonctionnements et de problèmes liés à la situation financière de l’Office qui, au moment où nous prenons le pouvoir, est dramatique. Cet état des lieux à notre prise de fonction, en quelque sorte un audit officieux, nous a permis de corriger un certain nombre de choses et, surtout, d’anticiper d’autres.
- Ce rapport pointe du doigt un fort taux (37%) de créances non recouvrées et l’absence totale de stratégie de recouvrement. Qu’en est-il exactement ?
- Fin 2015, la créance s’élevait à plus de 12 millions €. Elle a dérapé, année après année, sans aucune stratégie de recouvrement dans un lascià corre total ! Il y a trois types de créances : plusieurs millions € sont dus par les usagers de la CAB (Communauté d’agglomération bastiaise), n’oublions pas qu’à l’époque l’Office hydraulique détenait l’affermage de l’eau potable de la région bastiaise. Une partie importante est due par les collectivités locales. Et une autre partie est due par le monde agricole.
- Avez-vous, depuis un an, tenté de remédier à ce lascià corre ?
- Oui ! Nous avons décliné un plan stratégique pour réhabiliter la vocation et le rôle de l’Office au sein de la CTC. Nous avons, d’abord, rétabli les liens avec le monde agricole. Nous avons, au printemps dernier, initié quatre ateliers pour réfléchir sur la manière de régler cette dette, d’élaborer une nouvelle tarification, d’anticiper les besoins de l’agriculture et, au-delà, de nous inscrire dans une stratégie de développement durable, de préparation et d’adaptation aux changements climatiques. C’est important de le faire pour l’agriculture, mais aussi pour l’ensemble des collectivités qui sont, aujourd’hui, tributaires de l’action de l’Office. L’idée n’est pas de s’inscrire dans une logique comptable, mais dans une gestion politique de la question de l’eau.
- Avez-vous mis en place une stratégie de recouvrement des créances ?
- Oui ! Nous avons, aujourd’hui, à demeure un agent comptable. Nous avons programmé la création rapide d’une agence comptable au sein de l’Office pour gagner en efficacité et mettre en place une véritable gestion de la créance et des arrêtés de recouvrement. Nous avons nommé un chargé de mission pour piloter et coordonner toutes les actions sur le terrain et améliorer les rendements. Entre temps, nous avons actionné les moyens légaux, notamment les OTD (Obligation à tiers détenteur), vis-à-vis des collectivités et des détenteurs. Nous avons sollicité les Préfets pour intervenir sur les créances relevant des collectivités locales. Ceci dit, nous sommes conscients que nous n’obtiendrons pas un recouvrement total. C’est pour cela qu’il faut une discussion au plus haut niveau entre l’Etat et les élus pour aider à régler ce problème de la dette agricole, comme ce fut le cas pour celle de la MSA (Mutualité sociale agricole). L’Office hydraulique doit avoir les moyens de continuer son action.
- Certaines créances sont déjà au contentieux et susceptibles de poursuites. Allez-vous poursuivre ?
- Nous essayons, autant que faire se peut, de régler cela à l’amiable. Nous avons réussi, ces derniers mois, à recouvrer un demi-million d’euros de dette agricole. C’est énorme ! C’est un changement de paradigme en termes de gestion de clientèle. Le monde agricole commence à jouer le jeu. Nous avons bien fait sentir que l’Office est un outil d’aménagement et a besoin d’être financé. Le fait d’avoir ouvert la porte à la discussion depuis plusieurs mois fait que tout le monde, aujourd’hui, veut converger vers une solution qui satisfasse les uns et les autres parce que l’agriculture a besoin de l’Office hydraulique et que l’Office hydraulique a besoin de l’agriculture !
- Le rapport explique que ces créances plombent la capacité d’investissement de l’Office qui est devenue dérisoire. Etes-vous d’accord ?
- Non ! L’investissement sous les anciennes mandatures avoisinaient 4 millions € par an. Aujourd’hui, il est dynamique. Le rapport a omis un point important, celui de la maitrise d’ouvrage : Il y a deux maitrises d’ouvrage : une de l’Office hydraulique et une de la CTC gérée par l’Office hydraulique. L’Office gère, à la fois, son investissement et celui de la CTC, par exemple, 20 millions € au titre du PEI (Programme exceptionnel d’investissement).
- Le budget d’investissement est-il structurellement déficitaire, comme le prétend le rapport ?
- Non ! Pas du tout ! Le total des travaux déjà engagés ou en passe de l’être est d’environ 20 millions €, dont 14,5 millions € au titre du PEI. C’est loin des chiffres donnés par le rapport ! L’investissement est même colossal, mais il n’est pas à la hauteur des enjeux. Entre 20 et 30 millions € sont prévus dans la 4ème convention du PEI, or la Corse a besoin de 200 millions € pour devenir indépendante sur le plan hydraulique. On est loin du compte !
- Quel est l’enjeu ?
- L’enjeu est la gestion de la ressource et l’équipement de l’île. La mythologie de la SOMIVAC disait que la Corse était très équipée, alors qu’elle est sous-équipée ! L’Office stocke, en tout et pour tout, environ 45 millions de m3, et plus de 100 millions de m3 avec EDF. Or, notre voisine sarde stocke près de 2 milliards de m3 ! Nous avons un retard considérable en termes d’équipements ! Même si le PEI permet un investissement important, il n’assurera jamais le rattrapage historique qui nécessite un financement dix fois supérieur à celui donné aujourd’hui !
- Le rapport fustige un budget très dépendant des subventions de la CTC qui représentent 25% des recettes.
- L’Office hydraulique a besoin de cette dotation de fonctionnement, mais on ne peut pas parler de dépendance. Les autres agences et offices ont un budget de fonctionnement jusqu’à 100% dépendant de la dotation de la CTC. L’OEHC est un véritable EPIC (Etablissement public à caractère industriel et commercial), le seul à envoyer des factures. Il est le moins dépendant des Offices de la CTC, le rapport ne le met pas en évidence.
- Nous essayons, autant que faire se peut, de régler cela à l’amiable. Nous avons réussi, ces derniers mois, à recouvrer un demi-million d’euros de dette agricole. C’est énorme ! C’est un changement de paradigme en termes de gestion de clientèle. Le monde agricole commence à jouer le jeu. Nous avons bien fait sentir que l’Office est un outil d’aménagement et a besoin d’être financé. Le fait d’avoir ouvert la porte à la discussion depuis plusieurs mois fait que tout le monde, aujourd’hui, veut converger vers une solution qui satisfasse les uns et les autres parce que l’agriculture a besoin de l’Office hydraulique et que l’Office hydraulique a besoin de l’agriculture !
- Le rapport explique que ces créances plombent la capacité d’investissement de l’Office qui est devenue dérisoire. Etes-vous d’accord ?
- Non ! L’investissement sous les anciennes mandatures avoisinaient 4 millions € par an. Aujourd’hui, il est dynamique. Le rapport a omis un point important, celui de la maitrise d’ouvrage : Il y a deux maitrises d’ouvrage : une de l’Office hydraulique et une de la CTC gérée par l’Office hydraulique. L’Office gère, à la fois, son investissement et celui de la CTC, par exemple, 20 millions € au titre du PEI (Programme exceptionnel d’investissement).
- Le budget d’investissement est-il structurellement déficitaire, comme le prétend le rapport ?
- Non ! Pas du tout ! Le total des travaux déjà engagés ou en passe de l’être est d’environ 20 millions €, dont 14,5 millions € au titre du PEI. C’est loin des chiffres donnés par le rapport ! L’investissement est même colossal, mais il n’est pas à la hauteur des enjeux. Entre 20 et 30 millions € sont prévus dans la 4ème convention du PEI, or la Corse a besoin de 200 millions € pour devenir indépendante sur le plan hydraulique. On est loin du compte !
- Quel est l’enjeu ?
- L’enjeu est la gestion de la ressource et l’équipement de l’île. La mythologie de la SOMIVAC disait que la Corse était très équipée, alors qu’elle est sous-équipée ! L’Office stocke, en tout et pour tout, environ 45 millions de m3, et plus de 100 millions de m3 avec EDF. Or, notre voisine sarde stocke près de 2 milliards de m3 ! Nous avons un retard considérable en termes d’équipements ! Même si le PEI permet un investissement important, il n’assurera jamais le rattrapage historique qui nécessite un financement dix fois supérieur à celui donné aujourd’hui !
- Le rapport fustige un budget très dépendant des subventions de la CTC qui représentent 25% des recettes.
- L’Office hydraulique a besoin de cette dotation de fonctionnement, mais on ne peut pas parler de dépendance. Les autres agences et offices ont un budget de fonctionnement jusqu’à 100% dépendant de la dotation de la CTC. L’OEHC est un véritable EPIC (Etablissement public à caractère industriel et commercial), le seul à envoyer des factures. Il est le moins dépendant des Offices de la CTC, le rapport ne le met pas en évidence.
- A quoi sert exactement la dotation territoriale ?
- A financer les missions d’aménagements hydrauliques. L’Office a un bureau d’étude, une sorte de service ingénierie, des moyens administratifs importants qui n’ont pas de retour sur investissement puisque ces aménagements sont des ouvrages structurants en eau brute. Par contre, nous travaillons pour la Corse ! Depuis un an, nous avons impulsé une dynamique en termes de projets organisationnels. Le rapport pointe une absence de schéma d’organisation adapté au défi de l’heure, un organigramme obsolète, des statuts qui doivent évoluer, une capacité d’autofinancement nulle, une trésorerie en situation de rupture… Tout est lié. Ces constats nous ont contraints à réfléchir à une nouvelle organisation qui ne se limite pas aux missions classiques, mais prend en compte la collectivité unique. Et à se poser la question : quel Office voulons-nous pour demain ?
- Le rapport souligne l’importance de la masse salariale. Quelle est votre politique en la matière ?
- La masse salariale n’a pas bougé en un an, sinon qu’une soixantaine d’agents a rejoint Acqua Publica, la régie bastiaise. Il n’y a pas eu de recrutement, excepté une création de poste prévue sur le budget précédent. Ce poste a été créé par redéploiement. De toute façon, tout recrutement, s’il se fait, passera par une commission de recrutement pour correspondre à la fiche de poste demandé. Nous ne menons pas de politique clientéliste ! La maîtrise de la masse salariale est un des premiers efforts que nous avons mené. Nous continuons à mettre en place des outils de contrôle, notamment un contrôle de gestion.
- Après un contentieux juridico-administratif, Ange De Cicco a réintégré son poste de directeur. Comment se passe son retour ?
- Le rapport dit que jusqu’à décembre 2015, il n’y avait pas de capitaine dans le navire et pas de cap. Ce n’est plus le cas aujourd’hui ! Avec l’ancien directeur, nous avons commencé à impulser, dès janvier 2016, un nouveau cap que l’arrivée du nouveau directeur ne fait que renforcer. Je pense qu’il a compris parfaitement notre vision et l’objectif politique que nous poursuivons. Il y participe et l’accompagne de manière constructive parce que c’est un enjeu majeur pour notre pays.
- Quelles sont les priorités pour 2017 ?
- Il y en a beaucoup ! D’abord assurer les missions classiques et les travaux engagés dans le cadre du PEI. Nous essayons de mettre en cohérence toutes les actions. La consigne est de lutter contre le gaspillage, préserver les ressources et rénover l’ensemble des installations. Par exemple, plusieurs millions € de m3 d’eau ne sont pas facturés parce qu’ils sont perdus ou piratés. Le rendement est très important dans le Sud, par contre en Plaine Orientale ou dans le Nebbiu, les rendements sont insuffisants et tournent autour de 50% à 60%. Il faut renforcer le réseau et améliorer ces rendements par des contrôles et par une gestion comptable et commerciale à la hauteur de l’enjeu. Nous devons transformer cet EPIC en une véritable machine de guerre commerciale !
- A financer les missions d’aménagements hydrauliques. L’Office a un bureau d’étude, une sorte de service ingénierie, des moyens administratifs importants qui n’ont pas de retour sur investissement puisque ces aménagements sont des ouvrages structurants en eau brute. Par contre, nous travaillons pour la Corse ! Depuis un an, nous avons impulsé une dynamique en termes de projets organisationnels. Le rapport pointe une absence de schéma d’organisation adapté au défi de l’heure, un organigramme obsolète, des statuts qui doivent évoluer, une capacité d’autofinancement nulle, une trésorerie en situation de rupture… Tout est lié. Ces constats nous ont contraints à réfléchir à une nouvelle organisation qui ne se limite pas aux missions classiques, mais prend en compte la collectivité unique. Et à se poser la question : quel Office voulons-nous pour demain ?
- Le rapport souligne l’importance de la masse salariale. Quelle est votre politique en la matière ?
- La masse salariale n’a pas bougé en un an, sinon qu’une soixantaine d’agents a rejoint Acqua Publica, la régie bastiaise. Il n’y a pas eu de recrutement, excepté une création de poste prévue sur le budget précédent. Ce poste a été créé par redéploiement. De toute façon, tout recrutement, s’il se fait, passera par une commission de recrutement pour correspondre à la fiche de poste demandé. Nous ne menons pas de politique clientéliste ! La maîtrise de la masse salariale est un des premiers efforts que nous avons mené. Nous continuons à mettre en place des outils de contrôle, notamment un contrôle de gestion.
- Après un contentieux juridico-administratif, Ange De Cicco a réintégré son poste de directeur. Comment se passe son retour ?
- Le rapport dit que jusqu’à décembre 2015, il n’y avait pas de capitaine dans le navire et pas de cap. Ce n’est plus le cas aujourd’hui ! Avec l’ancien directeur, nous avons commencé à impulser, dès janvier 2016, un nouveau cap que l’arrivée du nouveau directeur ne fait que renforcer. Je pense qu’il a compris parfaitement notre vision et l’objectif politique que nous poursuivons. Il y participe et l’accompagne de manière constructive parce que c’est un enjeu majeur pour notre pays.
- Quelles sont les priorités pour 2017 ?
- Il y en a beaucoup ! D’abord assurer les missions classiques et les travaux engagés dans le cadre du PEI. Nous essayons de mettre en cohérence toutes les actions. La consigne est de lutter contre le gaspillage, préserver les ressources et rénover l’ensemble des installations. Par exemple, plusieurs millions € de m3 d’eau ne sont pas facturés parce qu’ils sont perdus ou piratés. Le rendement est très important dans le Sud, par contre en Plaine Orientale ou dans le Nebbiu, les rendements sont insuffisants et tournent autour de 50% à 60%. Il faut renforcer le réseau et améliorer ces rendements par des contrôles et par une gestion comptable et commerciale à la hauteur de l’enjeu. Nous devons transformer cet EPIC en une véritable machine de guerre commerciale !
- Quels travaux effectuerez-vous cette année ?
- Dans le domaine des pompages et interconnexions, par exemple, la remise à niveau de la station de pompage d’Alzitone débute dès février pour un achèvement prévu en avril 2018. Le transfert entre Teppe Rosse et Bravona débutera avant l’été 2017 pour un achèvement prévu en 2018. Au programme également : la réserve de Guazza, celle d’Ocana, l’oxygénation du barrage d’E Cotule, l’extension et l’alimentation en eau brute de Sarrula e Carcupinu… Nous lançons, pour un total de 2 millions €, des études sur quatre barrages : Taravu, Liamone, Cavu pour le Sud-Est, et Sambuccu en Balagne. Nous réfléchissons aussi au stockage dans les régions déficitaires, au transfert et à la qualité de l’eau pour diminuer le risque de cyanobactéries. Sous maîtrise d’ouvrage de la CTC, les crédits, qui devraient être alloués en 2017, s’élèvent à 7 millions € pour un programme de réalisation estimé à 8,545 millions €.
- Quelles sont les régions déficitaires en eau ?
- La région la plus sensible est le Sud-Ouest de la Corse. Nous devons sécuriser le Grand Ajaccio, dépendant du seul barrage de Tolla, avec le Liamone, voire le Taravu dans une interconnexion. Egalement, le Sud-Est et la Balagne qui ont, aussi, besoin d’une ressource complémentaire, notamment au pic de l’été avec l’activité touristique. Au niveau de l’agriculture, le PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse) a promis de sanctuariser 106 000 hectares de terres agricoles, mais seulement un tiers sont, aujourd’hui, irrigués. Pour irriguer le reste, il faudra réfléchir à l’adéquation entre le développement de la surface agricole et l’évaluation des besoins hydrauliques dans une perspective de changement climatique. Nous avons, à ce sujet, lancé la piste d’une coopération internationale assez serrée entre la Corse et la Sardaigne pour établir ensemble un plan stratégique de gestion durable de la ressource.
- Avez-vous d’autres axes d’actions ?
- Oui ! Dans l’innovation et la recherche, nous travaillons sur l’aspect hydro-énergie. Nous renforçons la transversalité avec l’Office de l’environnement et l’ODARC (Office de développement agricole et rural de la Corse) avec lequel nous développons déjà un projet de station agricole expérimentale à Migliacciaru. Nous mettons l’accent sur la formation des hommes en convention avec l’AFPA (Agence pour la formation professionnelle des adultes) et l’université. Nous travaillons aussi en interne sur l’identité commerciale de l’Office et la rénovation de son image afin d’accueillir au mieux les usagers et améliorer les conditions de travail des agents. Nous lançons un projet à destination des élèves des classes bilingues pour, à la fois, étudier le vocabulaire de l’eau en langue corse, faire de la pédagogie sur le cycle de l’eau et leur permettre de visiter des sites, notamment une station d’eau potable. La gestion de l’eau n’est pas seulement le problème de l’Office hydraulique, c’est un problème de société et un problème éminemment politique qui embrasse l’ensemble de la problématique corse.
- Est-ce l’objet du plan « Acqua Nostra 2050 » que vous voulez lancer ?
- Tout à fait ! L’eau est un enjeu stratégique. Elle est, dans le monde, source de guerre. Dans l’île, la ressource a baissé depuis 20 ans. On sait que, dans 30 ans, elle aura encore diminué d’un tiers. La Corse reçoit 8 milliards de m3 d’eau, elle sera, demain, à moins de 6 milliards. Les stockages actuels seront bientôt insuffisants, il faut anticiper et repenser un nouveau schéma hydraulique. Nous avons, donc, proposé en Conseil exécutif un plan stratégique opérationnel à long terme, une gestion durable de la ressource à 30 ans. Notre objectif est de changer le rapport à l’eau. On ne peut plus conserver les mêmes comportements culturels. Il faut dépasser cette image de tuyau et de plombier que traine l’Office hydraulique et parler d’Office de l’eau. Il faudra élargir le cadre des missions, aller sur le marché de l’affermage, prendre les défis du temps à bras le corps et actualiser la démarche politique vis-à-vis du changement climatique. C’est un combat politique, mais mon combat n’est pas celui d’un président de l’Office hydraulique, c’est le combat d’un militant pour la Corse. C’est l’un des grands enjeux de cette mandature et des mandatures à-venir.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Dans le domaine des pompages et interconnexions, par exemple, la remise à niveau de la station de pompage d’Alzitone débute dès février pour un achèvement prévu en avril 2018. Le transfert entre Teppe Rosse et Bravona débutera avant l’été 2017 pour un achèvement prévu en 2018. Au programme également : la réserve de Guazza, celle d’Ocana, l’oxygénation du barrage d’E Cotule, l’extension et l’alimentation en eau brute de Sarrula e Carcupinu… Nous lançons, pour un total de 2 millions €, des études sur quatre barrages : Taravu, Liamone, Cavu pour le Sud-Est, et Sambuccu en Balagne. Nous réfléchissons aussi au stockage dans les régions déficitaires, au transfert et à la qualité de l’eau pour diminuer le risque de cyanobactéries. Sous maîtrise d’ouvrage de la CTC, les crédits, qui devraient être alloués en 2017, s’élèvent à 7 millions € pour un programme de réalisation estimé à 8,545 millions €.
- Quelles sont les régions déficitaires en eau ?
- La région la plus sensible est le Sud-Ouest de la Corse. Nous devons sécuriser le Grand Ajaccio, dépendant du seul barrage de Tolla, avec le Liamone, voire le Taravu dans une interconnexion. Egalement, le Sud-Est et la Balagne qui ont, aussi, besoin d’une ressource complémentaire, notamment au pic de l’été avec l’activité touristique. Au niveau de l’agriculture, le PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse) a promis de sanctuariser 106 000 hectares de terres agricoles, mais seulement un tiers sont, aujourd’hui, irrigués. Pour irriguer le reste, il faudra réfléchir à l’adéquation entre le développement de la surface agricole et l’évaluation des besoins hydrauliques dans une perspective de changement climatique. Nous avons, à ce sujet, lancé la piste d’une coopération internationale assez serrée entre la Corse et la Sardaigne pour établir ensemble un plan stratégique de gestion durable de la ressource.
- Avez-vous d’autres axes d’actions ?
- Oui ! Dans l’innovation et la recherche, nous travaillons sur l’aspect hydro-énergie. Nous renforçons la transversalité avec l’Office de l’environnement et l’ODARC (Office de développement agricole et rural de la Corse) avec lequel nous développons déjà un projet de station agricole expérimentale à Migliacciaru. Nous mettons l’accent sur la formation des hommes en convention avec l’AFPA (Agence pour la formation professionnelle des adultes) et l’université. Nous travaillons aussi en interne sur l’identité commerciale de l’Office et la rénovation de son image afin d’accueillir au mieux les usagers et améliorer les conditions de travail des agents. Nous lançons un projet à destination des élèves des classes bilingues pour, à la fois, étudier le vocabulaire de l’eau en langue corse, faire de la pédagogie sur le cycle de l’eau et leur permettre de visiter des sites, notamment une station d’eau potable. La gestion de l’eau n’est pas seulement le problème de l’Office hydraulique, c’est un problème de société et un problème éminemment politique qui embrasse l’ensemble de la problématique corse.
- Est-ce l’objet du plan « Acqua Nostra 2050 » que vous voulez lancer ?
- Tout à fait ! L’eau est un enjeu stratégique. Elle est, dans le monde, source de guerre. Dans l’île, la ressource a baissé depuis 20 ans. On sait que, dans 30 ans, elle aura encore diminué d’un tiers. La Corse reçoit 8 milliards de m3 d’eau, elle sera, demain, à moins de 6 milliards. Les stockages actuels seront bientôt insuffisants, il faut anticiper et repenser un nouveau schéma hydraulique. Nous avons, donc, proposé en Conseil exécutif un plan stratégique opérationnel à long terme, une gestion durable de la ressource à 30 ans. Notre objectif est de changer le rapport à l’eau. On ne peut plus conserver les mêmes comportements culturels. Il faut dépasser cette image de tuyau et de plombier que traine l’Office hydraulique et parler d’Office de l’eau. Il faudra élargir le cadre des missions, aller sur le marché de l’affermage, prendre les défis du temps à bras le corps et actualiser la démarche politique vis-à-vis du changement climatique. C’est un combat politique, mais mon combat n’est pas celui d’un président de l’Office hydraulique, c’est le combat d’un militant pour la Corse. C’est l’un des grands enjeux de cette mandature et des mandatures à-venir.
Propos recueillis par Nicole MARI.