- Vous êtes président de Femu Quì depuis 2015. Quel bilan tirez-vous de votre mandat ?
- Femu Quì a connu une forte croissance, ces six dernières années. Nous avons été guidés par deux objectifs que nous avions posés dès le départ : le premier était d’assurer l’indépendance de Femu Qui, le second était de participer à créer un environnement favorable à l’innovation et à l’émergence de start-up en Corse. Femu Quì i, c’est, au départ, en 1992, un fonds historique, créé par 1300 actionnaires. Ce fond a connu plusieurs augmentations de capital en 2001 avec l’entrée de la Collectivité de Corse et de la Caisse des dépôts, puis en 2014 auprès de personnes physiques principalement, ce qui a porté le fond historique à plus de 5 millions d’euros. Mais nous ne pouvions pas proposer le même avantage fiscal que les Fonds d’investissement de proximité (fonds FIP) de sociétés de gestion parisiennes ou marseillaises, qui s’étaient beaucoup développés à partir du début des années 2010. Il fallait créer une société de gestion régulée par l’AMF (Autorité des marchés financiers) qui nous donnerait la possibilité de lever des fonds FIP. L’enjeu était double parce que gérer des fonds FIP offrait une opportunité intéressante, à la fois, pour les épargnants en raison des conditions fiscales attractives, mais aussi pour nous et les entrepreneurs corses parce que nous pouvions réaliser des investissements plus importants. Nous avons, donc, en 2016, fait le pari de créer une société de gestion, la première en Corse, qui s’appelle Femu Quì Ventures, pour gérer notre fonds et lever de nouveau fonds.
- Et finalement, ce fut une réussite ?
- Oui ! La création de cette société de gestion nous a permis de multiplier par cinq les fonds gérés par Femu Quì et d’atteindre 27,5 millions d’euros. Nous avons levé quatre FIP successifs en six ans. Ce sont des fonds fiscaux avec de bonnes incitations fiscales. Nous avons gagné 3 000 nouveaux épargnants. L’actionnariat historique a suivi, et des actionnaires nouveaux sont venus, attirés par les réductions d’impôt. Mais, quelques soit l’intérêt de départ, qu’il soit militant ou fiscal, au final, c’est de l’argent qui va dans l’économie corse.
- Femu Quì a connu une forte croissance, ces six dernières années. Nous avons été guidés par deux objectifs que nous avions posés dès le départ : le premier était d’assurer l’indépendance de Femu Qui, le second était de participer à créer un environnement favorable à l’innovation et à l’émergence de start-up en Corse. Femu Quì i, c’est, au départ, en 1992, un fonds historique, créé par 1300 actionnaires. Ce fond a connu plusieurs augmentations de capital en 2001 avec l’entrée de la Collectivité de Corse et de la Caisse des dépôts, puis en 2014 auprès de personnes physiques principalement, ce qui a porté le fond historique à plus de 5 millions d’euros. Mais nous ne pouvions pas proposer le même avantage fiscal que les Fonds d’investissement de proximité (fonds FIP) de sociétés de gestion parisiennes ou marseillaises, qui s’étaient beaucoup développés à partir du début des années 2010. Il fallait créer une société de gestion régulée par l’AMF (Autorité des marchés financiers) qui nous donnerait la possibilité de lever des fonds FIP. L’enjeu était double parce que gérer des fonds FIP offrait une opportunité intéressante, à la fois, pour les épargnants en raison des conditions fiscales attractives, mais aussi pour nous et les entrepreneurs corses parce que nous pouvions réaliser des investissements plus importants. Nous avons, donc, en 2016, fait le pari de créer une société de gestion, la première en Corse, qui s’appelle Femu Quì Ventures, pour gérer notre fonds et lever de nouveau fonds.
- Et finalement, ce fut une réussite ?
- Oui ! La création de cette société de gestion nous a permis de multiplier par cinq les fonds gérés par Femu Quì et d’atteindre 27,5 millions d’euros. Nous avons levé quatre FIP successifs en six ans. Ce sont des fonds fiscaux avec de bonnes incitations fiscales. Nous avons gagné 3 000 nouveaux épargnants. L’actionnariat historique a suivi, et des actionnaires nouveaux sont venus, attirés par les réductions d’impôt. Mais, quelques soit l’intérêt de départ, qu’il soit militant ou fiscal, au final, c’est de l’argent qui va dans l’économie corse.
- Qu’est-ce qui vous a rendu le plus fier ?
- Au plan opérationnel, c’est d’avoir réussi à lever un tiers de ses fonds via Internet. En 2016, il y avait des clauses suspensives à l’agrément de notre premier FIP : si on n’arrivait pas à lever 2 millions d’euros, on aurait été contraint de rembourser les épargnants. Nous avons parié sur l’aura historique de Femu Qui et nous avons mis en place des collectes sur Internet. Personne d’autre ne le faisait en direct. Tous les autres fonds, qui opéraient sur la Corse, passaient par des plates-formes. Ce fut une réussite, non seulement parce que nous avons multiplié par cinq les fonds de Femu Qui, mais aussi parce que cela nous a permis de multiplier par quatre l’investissement maximum dans une boîte.
- C’est-à-dire ? Quelle somme pouvez-vous investir ?
- Aujourd’hui, nous pouvons investir jusqu’à 2 millions d’euros dans une même boîte. C’est très important ! Auparavant, nos plus gros investissements atteignaient à peine 500 000 €. Femu Qui rentrait dans une entreprise corse au démarrage, prenait tous les risques de départ, mais quand l’entreprise grossissait, nous n’avions pas l’argent pour suivre, et d’autres fonds venaient récolter les fruits des risques que nous avions pris. C’était un paradoxe ! La taille de nos investissements ne nous permettait pas d’accompagner sur la durée les entreprises qui avaient une forte croissance. L’exemple le plus marquant a été la très belle affaire de Gloria Maris que nous avons soutenue lorsqu’elle a traversé des difficultés. Avec d’autres entrepreneurs, nous avons mis de l’argent au pot pour sauver la boîte. Quand Gloria Maris s’est redressée, elle a eu besoin de fonds importants pour se développer, acheté des fermes en France et ailleurs, mais Femu Qui, qui avait pris tous les risques au moment où personne ne voulait mettre de l’argent, n’en avait plus assez pour investir. En moyenne, on ne peut pas mettre plus de 10 % des sommes que l’on gère sur une entreprise. Nous étions donc limités. Gloria Maris est allée voir la concurrence qui l’a financée. C’était un peu rageant pour nous. Le fait d’avoir augmenté la taille de nos fonds nous permet, désormais, de suivre les entrepreneurs plus longtemps. C’est une accélération historique pour Femu Qui.
- Au plan opérationnel, c’est d’avoir réussi à lever un tiers de ses fonds via Internet. En 2016, il y avait des clauses suspensives à l’agrément de notre premier FIP : si on n’arrivait pas à lever 2 millions d’euros, on aurait été contraint de rembourser les épargnants. Nous avons parié sur l’aura historique de Femu Qui et nous avons mis en place des collectes sur Internet. Personne d’autre ne le faisait en direct. Tous les autres fonds, qui opéraient sur la Corse, passaient par des plates-formes. Ce fut une réussite, non seulement parce que nous avons multiplié par cinq les fonds de Femu Qui, mais aussi parce que cela nous a permis de multiplier par quatre l’investissement maximum dans une boîte.
- C’est-à-dire ? Quelle somme pouvez-vous investir ?
- Aujourd’hui, nous pouvons investir jusqu’à 2 millions d’euros dans une même boîte. C’est très important ! Auparavant, nos plus gros investissements atteignaient à peine 500 000 €. Femu Qui rentrait dans une entreprise corse au démarrage, prenait tous les risques de départ, mais quand l’entreprise grossissait, nous n’avions pas l’argent pour suivre, et d’autres fonds venaient récolter les fruits des risques que nous avions pris. C’était un paradoxe ! La taille de nos investissements ne nous permettait pas d’accompagner sur la durée les entreprises qui avaient une forte croissance. L’exemple le plus marquant a été la très belle affaire de Gloria Maris que nous avons soutenue lorsqu’elle a traversé des difficultés. Avec d’autres entrepreneurs, nous avons mis de l’argent au pot pour sauver la boîte. Quand Gloria Maris s’est redressée, elle a eu besoin de fonds importants pour se développer, acheté des fermes en France et ailleurs, mais Femu Qui, qui avait pris tous les risques au moment où personne ne voulait mettre de l’argent, n’en avait plus assez pour investir. En moyenne, on ne peut pas mettre plus de 10 % des sommes que l’on gère sur une entreprise. Nous étions donc limités. Gloria Maris est allée voir la concurrence qui l’a financée. C’était un peu rageant pour nous. Le fait d’avoir augmenté la taille de nos fonds nous permet, désormais, de suivre les entrepreneurs plus longtemps. C’est une accélération historique pour Femu Qui.
- Justement quelle est votre stratégie en matière d’investissement et de choix d’entreprise ?
- Dès sa création, Femu Quì a établi une charte qui donne l’esprit des investissements dans lesquels elle se reconnaît et a envie d’investir. Aujourd’hui, on parle beaucoup de « choix à impact » économique, environnemental ou social, c’est très en vogue. Dès 1992, les fondateurs de Femu Qui avaient écrit dans la charte qu’ils recherchaient un impact en termes de nombre d’emplois qualifiés créés en Corse, de valorisation des ressources locales et de défense de l’environnement. Par exemple, des affaires, notamment dans l’immobilier, demandent beaucoup de capitaux, mais créent peu d’emplois au final. La stratégie de Femu Quì a toujours été guidée par la recherche de sociétés avec un business plan qui tienne la route et de dirigeants qui ont les qualités pour être des entrepreneurs, mais aussi par le nombre d’emplois qui est créé en Corse. Le but est, donc, de privilégier les investissements avec un fort impact social des activités à forte valeur ajoutée en somme.
- Combien d’entreprises, Femu Quì a-t-elle aidé en 30 ans ?
- Nous avons soutenu 93 entreprises corses et réalisé 131 opérations d’investissements, dont 46 depuis 2015 pour un montant total de 28,6 millions d’euros. Nous avons contribué à créer 147,7 millions d’euros de valeur et 994 emplois nouveaux, mais aussi de consolider au total 1700 emplois existants. Nous avons, chaque année, vérifié la création d’emplois qui est, pour nous, je le répète, un objectif historique.
- Quel est le premier succès qui, historiquement, vous a conforté dans cette stratégie ?
- Le premier succès, qui nous a donné l’impulsion pour continuer, a été celui de la brasserie Pietra. Un investissement dans une brasserie en Corse à la fin des années 90 était quelque chose de très atypique. Le succès de Pietra, c’est une rencontre entre un couple d’entrepreneur exceptionnel, Dominique et Armelle Sialelli, une idée qui défrisait à l’époque, faire de la bière corse, et Femu Qui qui a pris un énorme risque parce que nous avons engagé entre 20 à 30 % de nos fonds sur cette opération. Le succès de Pietra, c’est aussi la démonstration de la pertinence du processus très particulier de création de Femu Qui. A l’origine, c’est une idée de Max Simeoni, alors député européen. Il découvre, au Pays Basque, une coopérative financière qui s’appelle Herrikoa et comprend qu’il faut faire la même chose en Corse. Puis se met en place une dynamique militante impulsée par Edmond Simeoni, Maurice Acquaviva, Michel Angeli, François Alfonsi … En un an, un millier de promesses d’investissement est collecté et, en 1992, FemuQuì S.A voit le jour. Sa mise en œuvre est dirigée par des entrepreneurs comme Jean Nicolas Antoniotti et Jean-Paul Poggioli qui était le fondateur de MIC (Micro Informatique Corse) et qui a été le premier président de FemuQuì .
- Femu Quì est-il pensé comme un outil militant ?
- L’impulsion de départ était un acte militant, mais FemuQuì n’est pas un outil politique. Ce qui demeure dans son ADN, c’est un Conseil d’administration bénévole, toutes les sensibilités politiques y sont représentées avec un état d’esprit commun : une envie d’agir pour le développement de la Corse.
- Dès sa création, Femu Quì a établi une charte qui donne l’esprit des investissements dans lesquels elle se reconnaît et a envie d’investir. Aujourd’hui, on parle beaucoup de « choix à impact » économique, environnemental ou social, c’est très en vogue. Dès 1992, les fondateurs de Femu Qui avaient écrit dans la charte qu’ils recherchaient un impact en termes de nombre d’emplois qualifiés créés en Corse, de valorisation des ressources locales et de défense de l’environnement. Par exemple, des affaires, notamment dans l’immobilier, demandent beaucoup de capitaux, mais créent peu d’emplois au final. La stratégie de Femu Quì a toujours été guidée par la recherche de sociétés avec un business plan qui tienne la route et de dirigeants qui ont les qualités pour être des entrepreneurs, mais aussi par le nombre d’emplois qui est créé en Corse. Le but est, donc, de privilégier les investissements avec un fort impact social des activités à forte valeur ajoutée en somme.
- Combien d’entreprises, Femu Quì a-t-elle aidé en 30 ans ?
- Nous avons soutenu 93 entreprises corses et réalisé 131 opérations d’investissements, dont 46 depuis 2015 pour un montant total de 28,6 millions d’euros. Nous avons contribué à créer 147,7 millions d’euros de valeur et 994 emplois nouveaux, mais aussi de consolider au total 1700 emplois existants. Nous avons, chaque année, vérifié la création d’emplois qui est, pour nous, je le répète, un objectif historique.
- Quel est le premier succès qui, historiquement, vous a conforté dans cette stratégie ?
- Le premier succès, qui nous a donné l’impulsion pour continuer, a été celui de la brasserie Pietra. Un investissement dans une brasserie en Corse à la fin des années 90 était quelque chose de très atypique. Le succès de Pietra, c’est une rencontre entre un couple d’entrepreneur exceptionnel, Dominique et Armelle Sialelli, une idée qui défrisait à l’époque, faire de la bière corse, et Femu Qui qui a pris un énorme risque parce que nous avons engagé entre 20 à 30 % de nos fonds sur cette opération. Le succès de Pietra, c’est aussi la démonstration de la pertinence du processus très particulier de création de Femu Qui. A l’origine, c’est une idée de Max Simeoni, alors député européen. Il découvre, au Pays Basque, une coopérative financière qui s’appelle Herrikoa et comprend qu’il faut faire la même chose en Corse. Puis se met en place une dynamique militante impulsée par Edmond Simeoni, Maurice Acquaviva, Michel Angeli, François Alfonsi … En un an, un millier de promesses d’investissement est collecté et, en 1992, FemuQuì S.A voit le jour. Sa mise en œuvre est dirigée par des entrepreneurs comme Jean Nicolas Antoniotti et Jean-Paul Poggioli qui était le fondateur de MIC (Micro Informatique Corse) et qui a été le premier président de FemuQuì .
- Femu Quì est-il pensé comme un outil militant ?
- L’impulsion de départ était un acte militant, mais FemuQuì n’est pas un outil politique. Ce qui demeure dans son ADN, c’est un Conseil d’administration bénévole, toutes les sensibilités politiques y sont représentées avec un état d’esprit commun : une envie d’agir pour le développement de la Corse.
- Après Pietra, quels sont les autres succès emblématiques de Femu Quì ?
- Il y a eu plusieurs phases. La première, la phase de validation de Femu Quì , court jusqu’à 2001 avec des échecs et des réussites. Le succès de Pietra démontre que la démarche est la bonne parce qu’elle peut contribuer à l’économie de la Corse. La seconde phase, à partir de 2001, est institutionnelle avec l’entrée dans le capital de Femu Quì de la Caisse des dépôts, actuelle BPI, à hauteur de 10% et de la Région à hauteur de 30 %. Femu Quì reste dirigée par les petits porteurs, mais cette reconnaissance institutionnelle la renforce et l’installe dans le paysage. La dernière période s’ouvre en 2015, quand je deviens président, avec le développement de Femu Quì , la création de la société de gestion, la croissance des fonds, et le financement d’une nouvelle génération d’entrepreneurs. Par exemple, Benjamin Pereney et sa société Aflokkat qui est un investissement très important pour Femu Qui parce que c’est, à la fois, un investissement réussi dans une entreprise qui a du succès et un investissement stratégique qui contribue à la formation des jeunes Corses. Des entrepreneurs également comme Paul Rognoni pour l’hôtel E Caselle, ou encore Charly Delsol et sa société Sages Informatique, la plus grosse société corse du numérique qui a créé le logiciel Zeendoc. Nous l’avons aidé à reprendre une société qui s’appelle Copie Conforme et qui œuvre dans le domaine de la bureautique. Cette opération, qui a été l’un de nos plus importants investissements, a été rendue possible grâce à la croissance des fonds.
- Quelles sont les perspectives concrètes à court terme et moyen terme ?
- La première perspective très concrète est le doublement de la taille des fonds gérés par Femu Qui qui va s’opérer dans l’année 2023. Nous avons convaincu BPI, la Région, et les principales institutions financières de l’île qui ont un centre de décision local - le Crédit Agricole, les Mutuelles de la Corse, le Crédit Mutuel, la Caisse d’Epargne, Groupama -, d’abonder un fonds de relance ou de soutien qui devrait dépasser 25 millions d’euros. C’est un fonds très important, à la fois, dans sa taille et dans son timing parce que, dans cette période de crise économique forte, il est essentiel que des fonds puissent investir en Corse. Ces 25 millions d’euros permettront un effet de levier bancaire de 50 à 75 millions, c’est-à-dire que la disponibilité de cet argent permettra de trouver d’autres financements. Donc, la croissance continue avec d’autres sources de financement. La Région a joué le jeu, et nous renforçons l’impact des fond régionaux en fédérant d’autres institutions financières. Nous gérons aussi, depuis 2021, pour le compte de la Collectivité de Corse, le Fonds d’amorçage Alzà qui accompagne le développement des entreprises du secteur technologique et de l’innovation. Une trentaine de dossiers ont déjà été audités et 5 investissements sont en cours.
- Il y a eu plusieurs phases. La première, la phase de validation de Femu Quì , court jusqu’à 2001 avec des échecs et des réussites. Le succès de Pietra démontre que la démarche est la bonne parce qu’elle peut contribuer à l’économie de la Corse. La seconde phase, à partir de 2001, est institutionnelle avec l’entrée dans le capital de Femu Quì de la Caisse des dépôts, actuelle BPI, à hauteur de 10% et de la Région à hauteur de 30 %. Femu Quì reste dirigée par les petits porteurs, mais cette reconnaissance institutionnelle la renforce et l’installe dans le paysage. La dernière période s’ouvre en 2015, quand je deviens président, avec le développement de Femu Quì , la création de la société de gestion, la croissance des fonds, et le financement d’une nouvelle génération d’entrepreneurs. Par exemple, Benjamin Pereney et sa société Aflokkat qui est un investissement très important pour Femu Qui parce que c’est, à la fois, un investissement réussi dans une entreprise qui a du succès et un investissement stratégique qui contribue à la formation des jeunes Corses. Des entrepreneurs également comme Paul Rognoni pour l’hôtel E Caselle, ou encore Charly Delsol et sa société Sages Informatique, la plus grosse société corse du numérique qui a créé le logiciel Zeendoc. Nous l’avons aidé à reprendre une société qui s’appelle Copie Conforme et qui œuvre dans le domaine de la bureautique. Cette opération, qui a été l’un de nos plus importants investissements, a été rendue possible grâce à la croissance des fonds.
- Quelles sont les perspectives concrètes à court terme et moyen terme ?
- La première perspective très concrète est le doublement de la taille des fonds gérés par Femu Qui qui va s’opérer dans l’année 2023. Nous avons convaincu BPI, la Région, et les principales institutions financières de l’île qui ont un centre de décision local - le Crédit Agricole, les Mutuelles de la Corse, le Crédit Mutuel, la Caisse d’Epargne, Groupama -, d’abonder un fonds de relance ou de soutien qui devrait dépasser 25 millions d’euros. C’est un fonds très important, à la fois, dans sa taille et dans son timing parce que, dans cette période de crise économique forte, il est essentiel que des fonds puissent investir en Corse. Ces 25 millions d’euros permettront un effet de levier bancaire de 50 à 75 millions, c’est-à-dire que la disponibilité de cet argent permettra de trouver d’autres financements. Donc, la croissance continue avec d’autres sources de financement. La Région a joué le jeu, et nous renforçons l’impact des fond régionaux en fédérant d’autres institutions financières. Nous gérons aussi, depuis 2021, pour le compte de la Collectivité de Corse, le Fonds d’amorçage Alzà qui accompagne le développement des entreprises du secteur technologique et de l’innovation. Une trentaine de dossiers ont déjà été audités et 5 investissements sont en cours.
- Le second axe fort de votre mandat était justement de favoriser l’innovation et l’émergence de start-up en Corse. Qu’en est-il ?
- L’innovation est, effectivement, un axe fort de mon mandat de président, c’est mon ADN. Notre stratégie consiste, d’une part à former et sensibiliser les jeunes, d’autre part à trouver les ressources pour que les start-ups se développent en Corse. Par exemple, nous avons accompagné Aflokkat dans son projet d’école d’ingénieurs, grâce notamment à nos relations avec Herrikoa qui a investi dans Estia, une école d’ingénieurs reconnue qui forme un millier d’élèves au Pays Basque. Estia est devenue un partenaire très important d’Aflokkat. Cela illustre la double mission de Femu Quì de financement, mais également de matrice. Si dans cinq ans, il y a deux écoles d’ingénieurs en Corse, c’est toute l’économie corse qui en sera plus forte. Concernant la formation des jeunes, Aflokkat forme aujourd’hui 88 étudiants dans le digital. Pour la Corse, c’est énorme ! Nous participons au côté de la Fondation de l’Université de Corse à des événements pour sensibiliser les jeunes à la création de start-up, en expliquant les codes et la façon dont se développe une start-up. Concernant la partie ressources, nous avons fait beaucoup de lobbying pour que soit votée la Loi sur le Crédit Impôt Recherche Innovation. Malheureusement, le texte a été amputé par la Commission européenne sur la partie Recherche & Développement, mais a gardé le bonus Crédit Impôt Innovation de 40 % pour la Corse contre 20 % en France. Cela contribue à créer un espace favorable aux start-ups.
- Peut-on dire que ces six dernières années et celles à-venir précipitent Femu Quì dans une nouvelle dimension ?
- Oui ! Femu Qui a connu et va continuer à connaître une forte croissance, mais c’est le fruit de trente ans de travail. Sans le travail des fondateurs, sans le souffle donné au départ, sans la ténacité de Jean-Nicolas Antoniotti, Jean-François Stefani et toute la famille FemuQuì , nous n’aurions aujourd’hui aucune chance de gérer des fonds d’investissement. C’est tout l’actif historique de Femu Qui qui nous a permis de changer de dimension pour nous approcher de ce qui existe en Europe. Les fondateurs n’avaient pas une simple vision financière, mais une vision à long terme. Ils croyaient en la Corse, c’est ce qui a fait la force de Femu Qui. La première phrase du préambule de la Charte l’annonce clairement : « Femu Quì veut contribuer à rétablir la confiance entre le peuple corse et son économie ». Ce qui transparait et ce qui nous porte encore aujourd’hui, c’est la conviction qu’il n’y a pas de liberté sans indépendance économique. Nous nous inscrivons dans cette même vision de long terme en ayant à cœur de développer un outil financier indépendant, innovant au service du développement régional et qui permet aux Corses de se réapproprier leur économie.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- L’innovation est, effectivement, un axe fort de mon mandat de président, c’est mon ADN. Notre stratégie consiste, d’une part à former et sensibiliser les jeunes, d’autre part à trouver les ressources pour que les start-ups se développent en Corse. Par exemple, nous avons accompagné Aflokkat dans son projet d’école d’ingénieurs, grâce notamment à nos relations avec Herrikoa qui a investi dans Estia, une école d’ingénieurs reconnue qui forme un millier d’élèves au Pays Basque. Estia est devenue un partenaire très important d’Aflokkat. Cela illustre la double mission de Femu Quì de financement, mais également de matrice. Si dans cinq ans, il y a deux écoles d’ingénieurs en Corse, c’est toute l’économie corse qui en sera plus forte. Concernant la formation des jeunes, Aflokkat forme aujourd’hui 88 étudiants dans le digital. Pour la Corse, c’est énorme ! Nous participons au côté de la Fondation de l’Université de Corse à des événements pour sensibiliser les jeunes à la création de start-up, en expliquant les codes et la façon dont se développe une start-up. Concernant la partie ressources, nous avons fait beaucoup de lobbying pour que soit votée la Loi sur le Crédit Impôt Recherche Innovation. Malheureusement, le texte a été amputé par la Commission européenne sur la partie Recherche & Développement, mais a gardé le bonus Crédit Impôt Innovation de 40 % pour la Corse contre 20 % en France. Cela contribue à créer un espace favorable aux start-ups.
- Peut-on dire que ces six dernières années et celles à-venir précipitent Femu Quì dans une nouvelle dimension ?
- Oui ! Femu Qui a connu et va continuer à connaître une forte croissance, mais c’est le fruit de trente ans de travail. Sans le travail des fondateurs, sans le souffle donné au départ, sans la ténacité de Jean-Nicolas Antoniotti, Jean-François Stefani et toute la famille FemuQuì , nous n’aurions aujourd’hui aucune chance de gérer des fonds d’investissement. C’est tout l’actif historique de Femu Qui qui nous a permis de changer de dimension pour nous approcher de ce qui existe en Europe. Les fondateurs n’avaient pas une simple vision financière, mais une vision à long terme. Ils croyaient en la Corse, c’est ce qui a fait la force de Femu Qui. La première phrase du préambule de la Charte l’annonce clairement : « Femu Quì veut contribuer à rétablir la confiance entre le peuple corse et son économie ». Ce qui transparait et ce qui nous porte encore aujourd’hui, c’est la conviction qu’il n’y a pas de liberté sans indépendance économique. Nous nous inscrivons dans cette même vision de long terme en ayant à cœur de développer un outil financier indépendant, innovant au service du développement régional et qui permet aux Corses de se réapproprier leur économie.
Propos recueillis par Nicole MARI.