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Semaines d'information corses sur la santé mentale : immersion dans le quotidien d'un malade


Pierre-Manuel Pescetti le Samedi 9 Octobre 2021 à 09:15

Pour les semaines d'information sur la santé mentale les bénévoles de l'UNAFAM prévoient plusieurs évènements pour sensibiliser le public sur le quotidien des malades, informer les familles sur les dispositifs d'aides et réfléchir sur l'offre de soins proposée en Corse. Ce samedi 9 octobre, l'espace Diamant d'Ajaccio sera l'hôte de plusieurs manifestations pour libérer la parole autour des troubles psychiques graves.



Les bénévoles de l'UNAFAM testent leur atelier d'immersion prévu le samedi 9 octobre à Ajaccio. Crédits Photo : UNAFAM
Les bénévoles de l'UNAFAM testent leur atelier d'immersion prévu le samedi 9 octobre à Ajaccio. Crédits Photo : UNAFAM
Jusqu'au 17 octobre 2021 se tiennent les semaines d’information sur la santé mentale au niveau national. Des journées pour sensibiliser la population aux difficultés connues par les personnes atteintes de troubles psychiques graves de type schizophrénie, bipolarité, dépression. Conférence, débat, ateliers, projection de films. Plusieurs évènements sont prévus également en Corse pour déstigmatiser la maladie, orienter les familles et réfléchir autour d’un accompagnement plus adapté des malades et des aidants.

Selon les chiffres de l’UNAFAM (Union Nationale de Familles et Amis de personnes Malades et/ou handicapées psychiques), s’appuyant sur le rapport Piel et Roelandt, en 2001, 9 500 personnes environ sont atteintes de troubles psychiques graves en Corse. « Des chiffres à revoir à la hausse » pour Dominique Andreani, déléguée régionale de l’UNAFAM. D’une part car 20 ans nous séparent de la publication de ce rapport. D’autre part car la crise sanitaire de la Covid-19 a eu un fort impact psychologique sur la population.

La Covid-19, coup de massue psychologique

Le constat est sans appel pour les bénévoles de l’UNAFAM, en contact quotidien avec les malades et leurs familles. Dominique Andreani l’avoue : « après la crise sanitaire, nous avons constaté une augmentation des cas de troubles psychiques. De plus en plus de familles viennent nous voir pour trouver une oreille attentive à leurs problèmes ». Une augmentation des cas surtout signalée chez les plus jeunes, privés de contact social aux heures les plus dures du confinement. Une situation des plus complexes dans une période de la jeunesse qui l’est tout autant. Certains comportements, souvent attribués à la crise d’adolescence n’alarment pas la plupart des familles.

Isolement, violence, perte de l’appétit sont parfois les premiers signes d’une maladie mentale pouvant s’aggraver si elle n’est pas prise en charge à temps. « On fait souvent l’amalgame entre la crise d’adolescence et des maladies telles que la bipolarité et la dépression. Les jeunes aussi ont besoin d’aide et beaucoup de familles l’ont compris pendant la crise. Certaines sont venues nous voir après des passages à l’acte », raconte Dominique Andreani. L’intérêt de ces semaines d’information pour l’UNAFAM et ses bénévoles est de sensibiliser le plus grand nombre aux risques de la maladie mentale, à sa prise en charge avant une aggravation et aux différents traitements disponibles.

Sortir de la vision classique du traitement psychiatrique.

« Les malades atteints de maladies psychiques ont des droits eux-aussi. C’est un handicap et comme pour d’autres handicaps des dispositifs d’accompagnement existent, explique Dominique Andreani, souvent les familles ne les connaissent pas ». Aujourd’hui plusieurs dispositifs d’Etat permettent aux malades d’accéder à des consultations de psychologues totalement remboursées. Souvent stéréotypé, le traitement des maladies mentales « doit se détacher de la vision classique de l’internement et des foyers inadaptés » pour Dominique Andreani.  Pour elle, il faut continuer sur la voie d’un traitement global, laissant plus d’autonomie au malade pour une vie la plus inclusive possible.

Des méthodes basées sur la complémentarité avec d’autres pratiques comme la sophrologie et la relaxation. Des offres de soins complémentaires nécessitant des infrastructures adaptées et des personnels formés. C’est là que le bât blesse. Pour Dominique Andreani, « le tissu sanitaire insulaire a été implanté tardivement et est encore en retard ». Elle prend l’exemple de l’hôpital psychiatrique de Castelluccio mis en place en 1974. Pour les bénévoles de l’UNAFAM, une réflexion autour des offres de soins psychiques en Corse doit s’installer. « Il faut absolument plus de structures médicosociales et d’hébergements adaptés pour les malades. Des hébergements leur permettant plus d’autonomie », prêche Dominique Andreani.

Plongée dans le quotidien d’un malade

Après Porto-Vecchio où s’est tenu une conférence le 6 octobre dernier c’est au tour d’Ajaccio d’accueillir un évènement de la semaine d’information sur la santé mentale. Ce samedi 9 octobre à l’espace Diamant deux moments forts seront proposés au public. Le premier à partir de 10h : une animation ludique et pédagogique avec des casques de réalité virtuelle pour expérimenter l'univers à la fois lumineux et chaotique des personnes touchées par des troubles psychiques. Le second de 18h30 à 21h avec la projection du film "La Maladroite" suivie d’une table ronde-débat avec le public.

De quoi « libérer les maux » comme le suggère le slogan de cette édition 2021 des semaines de la santé mentale.