Mme Soad Baba Aïssa
La journée internationale de la femme, célébrée le 8 mars à travers le monde entier, puise ses racines dans la lutte qui mènent les femmes depuis des siècles pour l’égalité, la justice, la liberté. Chaque année ce jour est l'occasion de réveiller les esprits sur les politiques qui sont susceptibles d'améliorer la condition des femmes dans le monde entier.
Ce mardi à l’auditorium de l’IRA de Bastia, Soad Baba Aïssa syndicaliste et militante féministe laïque, membre de Femmes solidaires, connue en France pour avoir développé une conscience citoyenne sur la question des droits de femmes, a tenu une conférence pour parler de la laïcité et des droits des femmes.
Quelle est l’histoire des liens entre laïcité et féminisme ? Aujourd’hui, à l’heure de l’interdiction du port de signes religieux à l’école, quels sont les enjeux du rapport entre laïcité et droits des femmes ?
Soad Baba Aïssa a répondu à nos questions.
- Pourquoi est si importante la laïcité pour la liberté des femmes ?
- Il faut rappeler d’abord ce qui veut dire laïcité. La laïcité est le principe de séparation de l'Etat et de la religion et donc l'impartialité ou la neutralité de l'État à l'égard des confessions religieuses. Aujourd’hui il y a de la confusion et chacun donne à la laïcité la définition qui lui convient. Il y en a qui pensent que laïcité c’est synonyme de tolérance, on l’adjective en parlant de laïcité ouverte et positive mais la laïcité est surtout la liberté de conscience, de croire ou de ne pas croire, de changer de religion. La conférence d’aujourd’hui a servi à rappeler pourquoi la laïcité est importante pour les droits des femmes. Elle en est vraiment un rempart.
- Pourquoi ?
- Parce que c’est un principe de privilégier la loi civile par apport à la loi divine, car là où le religieux se mêle à l’Etat il y a une intrusion dans la loi. Pensons à la Pologne avec l’Eglise catholique en force qui remets en cause l’avortement alors que auparavant ce droit ne posait aucun problème, ou encore l’Irlande dont la constitution criminalise l’avortement ou encore les pays de la Méditerranée comme le Maghreb et le Moyen Orient avec des codes de la famille qui infériorisent les femmes…Il n’y a pas un seul endroit dans le monde où lorsque le religieux a une incursion dans la loi il n’y a pas une régression pour les droits des femmes et même dans nos démocraties occidentales on est en train de reculer idéologiquement. Le Ministère des Droits des femmes qui existait au début du mandat de François Hollande a disparu et il s’est mélangé à celui de la famille, des enfants comme si les femmes n’étaient vouées qu’au rôle de mère et d’épouse.
- Cette journée internationale 2016 est placée sous le signe du slogan "Planète 50-50 d'ici 2030 ». La parité homme-femme existe ?
- Nous sommes toujours dans des sociétés patriarcales avec un pouvoir de domination et des lois faites par les hommes… Regardez la composition des institutions en France, la parité où est-elle ? La parité est aujourd’hui un outil et nous sommes encore sur une égalité formelle et pas réelle, je pense qu’on arrivera à l’égalité réelle quand les hommes auront brisée dans leurs tètes les prisons du patriarcat, du masculinise et du sexisme dans lesquels ils sont enfermés.
Ce mardi à l’auditorium de l’IRA de Bastia, Soad Baba Aïssa syndicaliste et militante féministe laïque, membre de Femmes solidaires, connue en France pour avoir développé une conscience citoyenne sur la question des droits de femmes, a tenu une conférence pour parler de la laïcité et des droits des femmes.
Quelle est l’histoire des liens entre laïcité et féminisme ? Aujourd’hui, à l’heure de l’interdiction du port de signes religieux à l’école, quels sont les enjeux du rapport entre laïcité et droits des femmes ?
Soad Baba Aïssa a répondu à nos questions.
- Pourquoi est si importante la laïcité pour la liberté des femmes ?
- Il faut rappeler d’abord ce qui veut dire laïcité. La laïcité est le principe de séparation de l'Etat et de la religion et donc l'impartialité ou la neutralité de l'État à l'égard des confessions religieuses. Aujourd’hui il y a de la confusion et chacun donne à la laïcité la définition qui lui convient. Il y en a qui pensent que laïcité c’est synonyme de tolérance, on l’adjective en parlant de laïcité ouverte et positive mais la laïcité est surtout la liberté de conscience, de croire ou de ne pas croire, de changer de religion. La conférence d’aujourd’hui a servi à rappeler pourquoi la laïcité est importante pour les droits des femmes. Elle en est vraiment un rempart.
- Pourquoi ?
- Parce que c’est un principe de privilégier la loi civile par apport à la loi divine, car là où le religieux se mêle à l’Etat il y a une intrusion dans la loi. Pensons à la Pologne avec l’Eglise catholique en force qui remets en cause l’avortement alors que auparavant ce droit ne posait aucun problème, ou encore l’Irlande dont la constitution criminalise l’avortement ou encore les pays de la Méditerranée comme le Maghreb et le Moyen Orient avec des codes de la famille qui infériorisent les femmes…Il n’y a pas un seul endroit dans le monde où lorsque le religieux a une incursion dans la loi il n’y a pas une régression pour les droits des femmes et même dans nos démocraties occidentales on est en train de reculer idéologiquement. Le Ministère des Droits des femmes qui existait au début du mandat de François Hollande a disparu et il s’est mélangé à celui de la famille, des enfants comme si les femmes n’étaient vouées qu’au rôle de mère et d’épouse.
- Cette journée internationale 2016 est placée sous le signe du slogan "Planète 50-50 d'ici 2030 ». La parité homme-femme existe ?
- Nous sommes toujours dans des sociétés patriarcales avec un pouvoir de domination et des lois faites par les hommes… Regardez la composition des institutions en France, la parité où est-elle ? La parité est aujourd’hui un outil et nous sommes encore sur une égalité formelle et pas réelle, je pense qu’on arrivera à l’égalité réelle quand les hommes auront brisée dans leurs tètes les prisons du patriarcat, du masculinise et du sexisme dans lesquels ils sont enfermés.
- Sur cette question, quel rôle ont à jouer les élus dans ce domaine ?
- Un grand rôle à jouer car il faut qu’ils prennent conscience que les projets portées par les femmes sont importants et qu’il ne faut pas le sous-estimer. Il ne faut pas avoir que des bonnes intentions et ne pas mettre les moyens humains et financiers pour faire avancer les choses. Les femmes ne demandent pas que de la sécurité dans les villes, ce qui est important quand on voit ce qui s’est passé à Cologne. Il y a la question de la sécurité, certes, mais aussi de la dignité humaine. Je vais donner un exemple, il n’y a pas longtemps des syndicalistes ont fait savoir que dans certains départements françaises des hommes employés dans des sociétés de bus refusaient de serrer la main à leurs collègues femmes ou de prendre service après elle. On a demandé aux femmes de changer leur mode de fonctionnement… Je me demande si un homme avait refusé de prendre service après un collègue noir ou musulman qu’est ce qu’il se serait passé au sein de cette entreprise ? On aurait crié au scandale au racisme mais quand il s’agit des femmes on se tait de la même façon qu’on a fait avec les femmes agressées à Cologne, comme si les femmes étaient une sous-espèce qui n’ont pas à être considérées des êtres humaine à part entière.
- Aujourd’hui en France être femme est un combat ?
- outes les femmes là où elles vivent sont contraintes de se battre pour leurs droits et heureusement qui existent les féministes pour faire avancer la question des droits des femmes parce que ce qu’on oublie souvent de dire c’est que sans le combat des féministes aujourd’hui on n’aurait pas avancé sur toutes ces questions même s’il reste encore des choses à construire
- Le féminisme est aujourd’hui en bonne santé ?
- Il ne se porte pas si mal que ça, il y a des gens qu’ont envie de casser ce mouvement social et qui veulent faire croire qu’il se porte mal mais si aujourd’hui à partir du premier avril prochain une loi permettra le remboursement intégrale de l’IVG c’est bien encore une conquête des féministes. Quand je vais dans les établissements scolaire pour parler de féminisme les jeunes filles me disent que le féminisme c’est vieux et démodé… je leur demande alors de sortir trois choses de leur sac à main : la carte de vote, la plaquette de pilule et la carte bleue… bein, ce sont trois combats féministes qui font qu’aujourd’hui les femmes sont plus autonomes. Ce sont trois conquêtes vers l’autonomie des femmes.