Une vue partielle de la propriété située au-dessus du golf de Sperone et qui s'étend sur plus de 9 hectares.
Un lot de deux parcelles de terrain d’une superficie de 3500 m2 vendu 9000 €, le 3 août dernier en Corse. Un prix très alléchant pour ces terrains constructibles avec présence de bâti, situés au lieu-dit Saint-Jean sur la commune de Bunifaziu, au-dessus du fameux golf de Sperone, un endroit où la pression urbanistique est intense et où le prix au m2 est parmi le plus élevé de l’île. Les parcelles sont revendues le jour même, intégrées dans une propriété plus vaste de 9,21 hectares, également constructible, située dans la même zone et comportant plusieurs bâtis, dont un château avec piscine, le tout est cédé pour la somme de 6,72 millions €. Les notifications des deux ventes arrivent un mois plus tard, tout début septembre, à la SAFER qui a un droit de préemption sur toute vente de foncier de plus de 2000 m2. Elles suscitent un émoi assez légitime et surtout beaucoup d’interrogations chez les instances agricoles.
Un prix cadeau !
« Ce sont deux ventes qui se font simultanément, le même jour, presqu’à la même heure avec un léger décalé. Quand vous voyez le prix de la première vente : 9000 € pour deux parcelles constructibles au-dessus de Sperone, c’est cadeau ! Le prix courant est de 300 € le m2 constructible ! Rien que le foncier aurait du être vendu 1 million € ! Et là, vous vous dites : mais qui vend à ce prix-là ? C’est l’armée ! C’est l’Etat ! », explique Joseph Colombani, président de la Chambre d’agriculture et la FDSEA de Haute-Corse. L’armée française possède encore quelques beaux restes de son ancien domaine datant du temps où elle était implantée sur la commune de l’Extrême-Sud. « L’armée vend à une certaine Mme Marie-Caroline Thibeau-Masurel, née Derville, résidant dans le Var, et qui, le même jour, en profite pour revendre sa propriété qu’elle possède déjà, enrichie de l’achat qu’elle vient de faire quelques minutes avant. La propriété comporte 1,5 ha en bord de mer, classé en ENS (Espace naturel sensible), près du plateau de Pertusato, un château avec piscine et des petites maisons ». Tout est constructible et est vendu, lui aussi, à un prix « très raisonnable » et qui ne manque pas de surprendre au vu des prix habituels pratiqués dans le secteur.
Une affaire à tiroirs
Au vu de ces informations, les instances agricoles s’étonnent que la double vente n’ait pas fait l’objet de préemption, ni du Conservatoire du littoral, ni de la commune, « or ce sont des zones protégées, donc préemptables à cause notamment de la partie littorale et de la partie en ENS ». Il y a de quoi effectivement s’interroger ! Elles s’intéressent, ensuite, au bénéficiaire de la vente, la SCI Berchem Bonifacio : « Derrière cette société, il y a Grégoire Chertok, un banquier d’affaires spécialisé dans les fusions-acquisitions. Mais ce n'est pas n'importe quel banquier ! C'est un associé-gérant et un membre du Comité exécutif de la banque Rothschild et, donc, un ancien collaborateur d'Emmanuel Macron. Et là, tout s’éclaire ! On comprend pourquoi l'armée a vendu à ce prix, pourquoi le Conservatoire du littoral ne préempte pas.... », estime le président de la Chambre d’agriculture. Pour lui, c'est une affaire à tiroirs, comme il l’explique en vidéo à Corse Net Infos :
Un prix cadeau !
« Ce sont deux ventes qui se font simultanément, le même jour, presqu’à la même heure avec un léger décalé. Quand vous voyez le prix de la première vente : 9000 € pour deux parcelles constructibles au-dessus de Sperone, c’est cadeau ! Le prix courant est de 300 € le m2 constructible ! Rien que le foncier aurait du être vendu 1 million € ! Et là, vous vous dites : mais qui vend à ce prix-là ? C’est l’armée ! C’est l’Etat ! », explique Joseph Colombani, président de la Chambre d’agriculture et la FDSEA de Haute-Corse. L’armée française possède encore quelques beaux restes de son ancien domaine datant du temps où elle était implantée sur la commune de l’Extrême-Sud. « L’armée vend à une certaine Mme Marie-Caroline Thibeau-Masurel, née Derville, résidant dans le Var, et qui, le même jour, en profite pour revendre sa propriété qu’elle possède déjà, enrichie de l’achat qu’elle vient de faire quelques minutes avant. La propriété comporte 1,5 ha en bord de mer, classé en ENS (Espace naturel sensible), près du plateau de Pertusato, un château avec piscine et des petites maisons ». Tout est constructible et est vendu, lui aussi, à un prix « très raisonnable » et qui ne manque pas de surprendre au vu des prix habituels pratiqués dans le secteur.
Une affaire à tiroirs
Au vu de ces informations, les instances agricoles s’étonnent que la double vente n’ait pas fait l’objet de préemption, ni du Conservatoire du littoral, ni de la commune, « or ce sont des zones protégées, donc préemptables à cause notamment de la partie littorale et de la partie en ENS ». Il y a de quoi effectivement s’interroger ! Elles s’intéressent, ensuite, au bénéficiaire de la vente, la SCI Berchem Bonifacio : « Derrière cette société, il y a Grégoire Chertok, un banquier d’affaires spécialisé dans les fusions-acquisitions. Mais ce n'est pas n'importe quel banquier ! C'est un associé-gérant et un membre du Comité exécutif de la banque Rothschild et, donc, un ancien collaborateur d'Emmanuel Macron. Et là, tout s’éclaire ! On comprend pourquoi l'armée a vendu à ce prix, pourquoi le Conservatoire du littoral ne préempte pas.... », estime le président de la Chambre d’agriculture. Pour lui, c'est une affaire à tiroirs, comme il l’explique en vidéo à Corse Net Infos :
Juge et partie
Pour la petite histoire, Grégoire Chertok a été classé meilleur banquier français en 2013. Il est également conseiller régional d’Ile-de-France depuis 2020 et conseiller de Paris depuis 2014. Cet « extraordinaire concours de circonstances » qui permet au banquier parisien d’acheter ladite propriété rend les représentants agricoles perplexes. La Safer (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural), qui dispose d'un délai de deux mois pour exercer son droit de préemption à compter de la réception de la notification des projets de cession transmis par le notaire, a décidé de préempter. Et, c’est là où l’affaire se corse un peu plus. Pour préempter, la Safer doit faire, après une enquête de terrain, une demande à France Domaine et ne peut engager la préemption qu’après accord de l’État. Or, France Domaine est le vendeur ! « C’est France Domaine qui vend le terrain. Il est, à la fois, dans cette affaire, juge et partie. Il va refuser la préemption », affirme Joseph Colombani. Le président de la Chambre d’agriculture et le syndicat agricole, la FDSEA de Haute-Corse, lancent un appel à un rassemblement, samedi prochain, à 10 heures sur le site de Saint-Jean au niveau de la propriété litigieuse. D’ici là, ils voudraient bien avoir des réponses des services de l’Etat et des autorités locales aux interrogations que cette affaire soulève. Avec une question en prime : l’Etat va-t-il diligenter une enquête ?
N.M.
Pour la petite histoire, Grégoire Chertok a été classé meilleur banquier français en 2013. Il est également conseiller régional d’Ile-de-France depuis 2020 et conseiller de Paris depuis 2014. Cet « extraordinaire concours de circonstances » qui permet au banquier parisien d’acheter ladite propriété rend les représentants agricoles perplexes. La Safer (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural), qui dispose d'un délai de deux mois pour exercer son droit de préemption à compter de la réception de la notification des projets de cession transmis par le notaire, a décidé de préempter. Et, c’est là où l’affaire se corse un peu plus. Pour préempter, la Safer doit faire, après une enquête de terrain, une demande à France Domaine et ne peut engager la préemption qu’après accord de l’État. Or, France Domaine est le vendeur ! « C’est France Domaine qui vend le terrain. Il est, à la fois, dans cette affaire, juge et partie. Il va refuser la préemption », affirme Joseph Colombani. Le président de la Chambre d’agriculture et le syndicat agricole, la FDSEA de Haute-Corse, lancent un appel à un rassemblement, samedi prochain, à 10 heures sur le site de Saint-Jean au niveau de la propriété litigieuse. D’ici là, ils voudraient bien avoir des réponses des services de l’Etat et des autorités locales aux interrogations que cette affaire soulève. Avec une question en prime : l’Etat va-t-il diligenter une enquête ?
N.M.