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Stéphanie Grimaldi : « J’ai été entravée dans mes fonctions de présidente de la fédération de Haute-Corse »


Nicole Mari le Vendredi 29 Janvier 2016 à 23:23

Les 30 et 31 janvier, les adhérents du parti des Républicains votent, dans toute la France, pour renouveler les instances internes. Chaque fédération départementale va élire, - et c’est une première - au suffrage universel, son président et l’ensemble des cadres qui constitueront les futures équipes dirigeantes. En Haute-Corse, la présidente sortante, Stéphanie Grimaldi, maire de La Porta et conseillère territoriale, brigue un deuxième mandat. Le député-maire de Biguglia, Sauveur Gandolfi-Scheit, un moment sur les rangs, s’est retiré suite à la candidature surprise de Marie Pierre D’Ulivo, conseillère municipale de Bastia. Stéphanie Grimaldi, dont le bilan est contesté, explique, à Corse Net Infos, qu’elle a été entravée dans son action. Avec une équipe renouvelée, elle entend refonder la droite de Haute-Corse.



La présidente sortante de la Fédération de Haute-Corse des Républicains, Stéphanie Grimaldi, maire de La Porta et conseillère territoriale, en lice pour un second mandat. Photo Marcu-Antone Costa.
La présidente sortante de la Fédération de Haute-Corse des Républicains, Stéphanie Grimaldi, maire de La Porta et conseillère territoriale, en lice pour un second mandat. Photo Marcu-Antone Costa.
- Pourquoi avez-vous décidé de rempiler ?
- A la tête de la fédération depuis quatre ans, je n’ai pas eu la possibilité de réaliser toutes les actions pour mettre en marche réellement le parti, comme je le souhaitais. Ayant été entravée dans l’exercice de mes fonctions et, surtout, ayant pris en compte l’échec des élections territoriales et le message très fort que nous ont adressé les électeurs qu’il faut renouveler profondément les instances de notre parti et reconquérir le terrain, j’ai voulu, avec une nouvelle équipe, essayer de relever ce défi. Mon but est d’y arriver sereinement en mettant en place des référents locaux et des sections locales qui nous ont manqués dans cette élection. L’équipe, qui m’entoure, est aux trois quarts renouvelée avec des jeunes talents qui peuvent remobiliser notre électorat et donner envie aux gens d’adhérer au parti.
 
- Qui vous a entravé ou quoi ?
- J’avais, d’abord, un problème de relations avec le patron du parti, Jean François Copé, mes relations avec lui n’ont jamais été excellentes. Ensuite, selon nos statuts, un binôme travaille à la tête de la fédération départementale : un président et un secrétaire qui n’était pas du tout sur la même longueur d’ondes que moi. Il n’a jamais voulu mettre en œuvre les initiatives que je souhaitais prendre.
 
- Marie-Pierre D’Ulivo estime que vous n’avez rien fait en quatre ans. Elle légitime sa candidature par une nécessaire refondation de la fédération. Que lui répondez-vous ?
- Il n’y a aucun problème lorsqu’au sein d’un parti, des divergences de vue et diverses personnalités s’expriment à l’occasion d’élections internes. Ce rendez-vous doit être un grand rendez-vous démocratique. Je sais que l’ensemble des adhérents, qui sont au nombre de 970 et que j’ai eu, pour la plupart, au téléphone, souhaitent m’apporter leur confiance et leur soutien parce qu’ils savent les difficultés que j’ai pu rencontrer dans l’exercice de mon mandat. J’espère le démontrer, samedi soir, par le score que je souhaite obtenir. Mon adversaire est la bienvenue pour toutes les initiatives et les actions qu’elle pourrait mener. Il est sûr que, sur certains sujets, nous ne sommes pas du tout sur la même longueur d’ondes !
 
- Lesquels ?
- Elle fait partie d’une majorité au sein de la mairie de Bastia. Lorsque j’ai voulu mettre en place une cellule UMP Bastia, je n’ai pas rencontré beaucoup de soutien, ni de sa part, ni de la part de l’équipe à laquelle elle appartient. Il y a une divergence entre nous sur la ligne forte du parti et sur l’appartenance à une famille politique de manière très claire. Mon but est de jouer collectif et de défendre l’intérêt de la droite sur le département et, notamment, sur Bastia. Je pense que les Bastiais se sentent malheureux parce qu’ils n’ont pas la sensation que la droite bastiaise soit représentée de manière légitime par les personnes qui font, aujourd’hui, partie de la municipalité. Le score des élections territoriales sur Bastia l’a clairement démontré.
 
- Si vous êtes élue, qu’allez-vous faire concrètement ?
- Nous souhaitons, tout d’abord, de février jusqu’au printemps, occuper le terrain en organisant, une fois par semaine, des rencontres avec tous les élus du département et en remettant en place, commune par commune, toutes les sections locales. Il s’agira, ensuite, de mettre le parti en ordre de marche en vue de l’organisation des primaires qui seront le grand rendez-vous démocratique des Républicains, cette année. Il s’agira, également, de mettre en place des rendez-vous thématiques sur des problèmes particuliers tels que les déchets, les transports, les arrêtés Miot... Le but est de faire venir des experts, de faire remonter les attentes des citoyens et de faire émerger des propositions qui pourront, je l’espère, être prises en compte par notre parti lors des prochaines élections territoriales. Enfin, il faudra organiser des réunions, canton par canton, pour élargir au maximum les sections locales. Des objectifs seront donnés aux référents locaux de ramener de plus en plus de militants et d’adhérents pour préparer le grand rendez-vous des présidentielles, puis des législatives et se mettre en ordre de marche derrière le candidat qui, je pense, sera Sauveur Gandolfi-Scheit dans la 1ère circonscription, et le candidat désigné par le parti dans la 2ème.
 
- Serez-vous candidate dans la 2ème circonscription ?
- J’ai pour habitude dans ma vie d’avancer, chaque jour, pas à pas. L’objectif, aujourd’hui, est mon élection à la tête des Républicains, samedi. Le 2ème objectif, si les adhérents me font confiance et me réélisent, est de mettre en place l’équipe de cadres que j’aimerais avoir autour de moi. Ensuite, d’aller travailler sur le terrain. A partir de là, la légitimité d’un candidat, quel qu’il soit, apparaîtra naturellement dans le courant de l’année.
 
- Votre base militante est âgée. De quelle façon comptez-vous séduire les jeunes qui se sont détournés des partis traditionnels ?
- Vous avez raison de dire que notre électorat est plutôt vieillissant. Je pense que pour attirer les jeunes, il est important de montrer que nous n’avons pas peur d’aborder tous les sujets, surtout sociétaux. Nous devons, en tant qu’élus responsables, tenir compte de l’évolution de la société. Depuis mars 2010, il y a trois gros blocs politiques de force égale : la droite, la gauche et les Nationalistes. C’est pour cela qu’il ne faut pas laisser aux Nationalistes l’apanage de certains sujets. Nous allons démontrer à la nouvelle génération que nous sommes capables de les aborder. Nous irons à leur rencontre avec d’autres jeunes. Je pense que, de cette manière, nous pourrons mobiliser un nouvel électorat.
 
- La fédération de Corse du Sud a déposé, auprès des instances nationales, une demande de fusion des deux fédérations corses. Y êtes-vous favorable ?
- Non ! Pas du tout ! Avec plus de 970 adhérents, notre fédération est une fédération à part entière. Il se trouve qu’il y a eu des carences et des soucis dans son fonctionnement, mais elle va désormais fonctionner comme il se doit. Il est important de respecter les deux fédérations départementales avec deux équipes différentes, même si nous marchons main dans la main pour les grands rendez-vous nationaux comme les primaires et les présidentielles. Je sais, pour en avoir discuté avec une grande majorité d’adhérents de la Haute-Corse, qu’ils n’accepteraient pas cette fusion. Je pense que dans le cadre d’une demande qui serait faite par Paris, cette demande serait largement rejetée par la Haute-Corse. C’est un projet qui ne recueille pas du tout mon assentiment.
 
- Quel regard portez-vous sur la situation de la droite en Haute-Corse ?
- La situation ne date pas d’aujourd’hui, mais de mars 98 lorsque Paul Giacobbi a pris les rênes du Conseil général de la Haute-Corse et, ensuite, en mars 2010, quand il a pris les rênes de la CTC (Collectivité territoriale de Corse). Tout le monde sait très bien que l’emprise de Paul Giacobbi sur tout le département a été très forte depuis 1998 et a conditionné tout ce qui s’est passé aux différentes élections. Le fait que certains élus de notre famille se soient laissés tenter par les sirènes de la gauche en est l’une des conséquences. Il y a, aujourd’hui, un travail important de reconstruction et de refondation à réaliser. A partir du moment où notre électorat, que l’on voit se mobiliser fortement pour les élections nationales, est toujours là, nous devrions arriver à le remobiliser, à le motiver et à rassembler notre famille.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.

Seront élus :
- Le président de la fédération de Haute-Corse
- Une cinquantaine de cadres dont :
- Le délégué de circonscription,
- Les membres du Conseil national, communs aux deux circonscriptions corses
- Les membres du comité départemental qui doit voter les grandes orientations du  parti, ou répondre aux moments forts du parti.